Congrés 2003

France - Algérie 40 ans après

   
   C'est le sujet qui a été retenu par les instances nationales de l'U.N.C. relayées en cela par la Commission nationale d'Action Civique, comme thème de Réflexion Civique à l'horizon du Congrès national, à Rennes, en mai prochain. . . au motif que 2003 a été décrétée année de l'Algérie en France et qu'il est souhaitable que notre Association s ' exprime civilement sur cet événement qui s'accompagnera de nombreuses manifestations et d'un voyage officiel de M. le président de la République à Alger.

  
 Un sujet éminemment sensible que nous voulons aborder et traiter avec beaucoup de sérénité, sans arrières pensées ni a priori, tout d'abord pour ne pas heurter la susceptibilité de tous ceux qui ont été les témoins et les acteurs de cette déchirure historique de 1962 dont les plaies sont loin d'être cicatriséesEt ensuite pour ne pas nuire a l'objectivité que l'on souhaite donner à dans la déclaration d'Action Civique de notre Rassemblement annuel.
   Il semble évident pour cela de nous situer entre histoire, mémoire, réalité du présent et espoirs   qu'il suscite voire intérêt. La passion des rapports

LA MEMOIRE APRES L HISTOIRE

   Une mémoire douloureuse car 40 ans après, deux générations plus tard, le chemin de mémoire qui unit les deux peuples de part et d' autre de la Méditerranée reste marqué par le lourd bilan humain qu'il est difficile d'exorciser, d'une guerre enfin reconnue: pertes militaires, françaises et algériennes, civils massacrés ou disparus dont le nombre précis reste et restera inconnu, I'exode de toute une population, sans oublier les quelques 150 000 Musulmans qui avaient choisi le drapeau tricolore, sacrifiés sur l'autel de l'Indépendance.
   Reste par ailleurs que la coexistence entre les deux états souverains a frôlé souvent la rupture en 40 ans: les carences de la mise en place de la démocratie, I'échec d'une socialisation forcée, suivi d'une crise économique féroce, près de dix ans de terreur radicale islamique frappant sans distinction les expatriés occidentaux et français, la dissidence kabyle -autant de blocages dans lesquels se débat l'Algérie aujourd'hui ont terni les relations bilatérales entre les deux pays sans entacher l'image d'une France qui sert toujours de référence, terre de salut et d'émigration !

entre les deux pays ne s'est jamais démentie au-delà des affrontements vivaces et du choc des souvenirs.

L' HISTOIRE !

   Remontons à 1830 et survolons le chemin parcouru par l'Algérie depuis ce qui était alors un état médiéval, divisé, opprimé depuis trois siècles par des régimes militaires, barbaresques, étrangers. Par une extraordinaire métamorphose, fruit du travail et des sacrifices des pionniers du commencement de la présence française, puis de

Une terre où s'est constituée, au fil des années, une communauté franco-algérienne importante souvent désorientée, qui se sent marginalisée, dans laquelle les Beurs de deuxième et troisième génération accusent l'ancienne métropole de leurs échecs et s'expriment par la violence et les troubles à l'ordre public. Bien évidemment, ceci entraîne la méfiance d'une grande partie de la population, exception faite bien entendu pour la communauté Harkie dont les droits commencent enfin à être reconnus sauf à pouvoir se rendre en toute liberté dans le pays de leurs racines.
Pour ces multiples raisons la France et l'Algérie vivent une difficile relation de couple... mais demain ?

la foule anonyme de tous ceux qui, dans tous les domaines, ont prodigué à l'Algérie leur force et leur labeur. Cet état algérien a été crée, unifié, équipé, cultivé au maximum de ses possibilités et lancé sur la voie du progrès.

   Sur le plan humain, la coexistence entre français d'origine ou d'adoption, européens, juifs, autochtones et musulmans, la bénéfique symbiose avec la masse des indigènes attachés à leur identité, le mutuel respect des religions avaient abouti à une indéniable entité originale, faite des diversités relevant des modes de vie et de civilisations différentes mais complémentaires entre ceux qui pendant plus d'un siècle ont vécu ensemble, même si la cohabitation n' a pas toujours été facile. . . jusqu'aux guerres fratricides dont les communautés furent les victimes.

   Il faut espérer proche le jour ou rancœurs et passions apaisées nous pourrons parler à Alger de notre passé commun et à Paris de ce que le long séjour africain nous a enseigné. Ces 132 ans ne sauraient, parce qu'ils sont derrière nous, être éliminés de notre histoire, pas d'avantage de celle des algériens qui ne pourront indéfiniment nous les reprocher ou feindre de les ignorer. Cela ne pourrait que fausser les relations humaines indispensables entre les deux communautés nationales. Vivre en toute intelligence avec le passé et le présent devrait aboutir à une véritable réconciliation fructueuses et solidaire entre les deux pays.
 
La paix et la prospérité entre les deux rives de la Méditerranée y gagneront. . .


CL Le Barillier

Vice-président national U.N.C., Président C.N.A.C.

La Voix du Combattant, n°1680, Décembre 2002

Mise en page le 06/12/2002 par RPr