Commémorations en Dracénie
 
   

L'assistance pendant le discours de Mr Diaz

Dépôt d'une gerbe par Mr Piselli, maire de Draguignan

 


Recueillement après le dépot de la gerbe

Discours du Président Vincent Diaz

26 MARS 2011

Monsieur le Maire, mesdames et messieurs, chers amis,

  Mes enfants sont Français, je suis né Français ou j'ai opté pour comme mes parents, mes grands parents ou mes arrières grands parents, et avec tous mes concitoyens, nous sommes venus aujourd'hui 26 Mars 1962, manifester contre ce blocus ignoble imposé par les autorités de la France, sur une partie de nos compatriotes de Bab-el-Oued, coupables selon la plus haute autorité de l'Etat de vouloir rester français en Algérie alors que nous avons toujours entendu dire que la France allait de Dunkerque à Tamamasset.

  Nous sommes là aussi pour exprimer notre désarroi, notre inquiétude quant à notre avenir, pour dire la douleur que nous ressentons à devoir quitter la terre qui nous a vu naître et nous aimons si profondément.

   Et puis tous ces gens, homes, femmes, vieux et jeunes qui ne possèdent d'autres armes que la voix, celle des pauvres sans défense, manifestent dans le calme quand soudain quelqu'un, sans doute télécommande, a allumé une mèche et l'enfer s'est abattu sur eux, sur ce rassemblement pacifique, le bruit de balles, le gémissement des blessés, le râle des mourants, le hurlement des gens apeurés qui fuient, c'est à peine si l'on entend au loin le cri de cet officier qui demande, qui crie de cesser le feu.

   Et puis soudain le silence, lourd, pesant, après l'enfer de Dante, le silence des agneaux, et surtout, surtout nous venons de comprendre que l'irréparable, l'inconcevable vient d'être commis, l'Armée, notre Armée vient de tirer sur ce peuple qui croyait encore être des leurs.

   Alors ce jour là, toute notre communauté a compris que le tocsin venait de sonner sur une aventure de 130 années et de 5 ou 6 générations de présence sur cette terre, que nous n'avions plus qu'à faire nos valises et partir très vite, fuir sans se retourner, en ravalant nos larmes et nos douleurs.

   Nous étions devenus des Parias.

   Parias et indésirables les Algériens se sont chargés de nous le rappeler le 5 juillet à Oran, quand des hordes d'excités se sont rués sur les européens sans défense, tuant, blessant, enlevant des centaines de gens dont certains seront retrouvés égorgés ou pendus à des crocs de boucher, d'autres ont disparu à jamais et tout cela sous le regard des troupes Françaises qui avaient reçu l'ordre de ne pas intervenir. Combien étaient-ils ? 100, 500, 1000, plus 1'on ne sait pas. Combien ont-ils disparus ? On ne sait pas non plus. Mais ce que nous savons maintenant, c'est le peu de cas que compte le peuple contre le soi-disant intérêt de l'Etat.

   Rappelez vous, un jour nous avons appelé l'Homme Providentiel, il est venu, nous a vu, nous a compris, il a été élu et nous, nous avons étés exclus.

   Je vous remercie d'avoir bien voulu m'écouter radoter, c'est le privilège de l'âge, mais 49 ans après la plaie n'est toujours pas refermée.

Merci encore de votre présence.