RPWeb 186 du 5 juillet 2020

5 juillet 1962 Oran

 

Allocution du 5 JUILLET 2020
au Monument des Français d'Algérie et Rapatriés d'Outre-Mer situé au cimetière Saint Pierre à AIX EN PROVENCE

Mesdames, Messieurs,
Les Adjoints-Conseillers-Présidents d'Associations de Français d'Algérie

CHERS AMIS

Le 26 Mars 2020.

Nous n'avons pu nous réunir et nous recueillir pour commémorer lors d'une cérémonie officielle, la tragédie de la fusillade de la rue d'Isly à Alger, il y a 58 ans.
Plus de 80 victimes innocentes, fauchées par des armes de l'armée française.
« Mon Lieutenant... mon lieutenant... Criez HALTE AU FEU, je vous en supplie... »

Cette supplique, résonne encore dans nos têtes, avec les plaintes des blessés et des mourants qui étaient venus pacifiquement apporter leur soutien aux populations assiégées et mitraillées de Bab-EI-Oued.

5 JUILLET 2020.

Mais il était écrit que les Français d'Algérie et les Musulmans attachés à la France devaient continuer de voir leur sang couler, 3 mois plus tard, lors du massacre d'Oran, perpétré par les nouveaux maîtres du pays, barbares sanguinaires déferlant sur une ville où la population se croyait protégée par l'armée française.

Nous savons maintenant ce qu'il advint.

Nous savons aujourd'hui que Paris et le responsable militaire sur place, auraient pu empêcher cela...Nous ne les nommons même pas...

Combien des nôtres périrent dans des conditions atroces ? L'horreur, indicible.
Des centaines de martyrs, jetés au « Petit Lac », sans sépulture.

Aujourd'hui, on ne peut qu'honorer leur Souvenir, leur Mémoire et prier pour eux.
C'est ce que nous faisons dans chacune des villes et villages de France où résident encore des survivants de l'Algérie Française et leurs amis, comme ici à Aix en Provence, à Marseille, à Marignane et ailleurs.

Nous n'oublions pas non plus les 2800 civils assassinés dans les campagnes ou au cours d'attentats dans les villes qui firent des milliers de blessés durant ces 8 années dramatiques.

Nous n'oublions pas les 90 victimes du 20 AOÛT 1955 à El Halia. Nous n'oublions pas les 3000 civils disparus après le 19 MARS.

Nous associons dans nos pensées le sacrifice des 25 000 soldats morts, dont 15500 au combat durant ces 8 années de larmes et de sang. Ils sont rejoints dans nos pensées par les 485 soldats disparus, que nos amis de l'Association SOLDIS, recherchent inlassablement, pour leurs familles.

Qui nous dira combien de Harkis fidèles à la France ont été tués au combat et pire encore ont été abandonnés à la vindicte des tueurs.

Le saura-t-on jamais ?

Ne les oublions pas. Ils ont connu le prix de l'attachement à la France : des larmes et du sang. Et puisque nous sommes en JUILLET, nous nous devons de rappeler un autre triste événement qui s'est produit il y a 80 ans à Mers-EI-Kébir le 3 JUILLET 1940.

Pris au piège dans la baie d'ORAN, 1297 marins perdirent la vie, tués par nos propres "alliés". Que de morts, que de sang, que de larmes sur cette terre Française d'Algérie !

Mais aussi, 4 ans plus tard, sur les pentes de Monte Cassino et sur les côtes de Provence. Aujourd'hui, le monde continue sa course, inexorablement, et parfois dramatiquement, comme nous l'avons vu ces derniers mois.

Nos rangs s'éclaircissent. Mais tant qu'il en restera UN ou UNE parmi nous, chaque 5 JUILLET, chaque 26 MARS, nous nous recueillerons devant une stèle, un monument, ou une plaque pour nous SOUVENIR de ces victimes.

Que ces quelques fleurs que nous allons déposer soient les messagères de toute l'affection que nous leurs portons.

Mesdames, Messieurs, Chers Amis, nous vous remercions.
Robert PEREZ Président du Collectif Aixois des Rapatriés


Mis en page le 06/07/2020 par RP