Lettre au Président (FaceBook Cercle Algérianiste) |
Monsieur le Président Vous venez de confier, vendredi 24 juillet 2020, à Benjamin Stora
une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre
d'Algérie », en vue de favoriser « la réconciliation entre les
peuples français et algérien » Comment cet état des lieux pourra-t-il être « juste » ? « Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé, dimanche,
avoir nommé le docteur Abdelmadjid Chikhi, directeur général du
centre national des archives algériennes » Faisant suite à votre discours du 13 septembre 2018 sur la disparition de Maurice Audin, Je vous avais d'ailleurs interpellé, ainsi que M. Villani, concernant les disparus français, messages sans réponse à ce jour. A propos d'archives, le principe d'égalité des citoyens dans
la République voudrait que les Français d'Algérie aient accès
à l'intégralité des actes d'état-civil pour la période 1830-1962,
disposition prévue par les déclarations gouvernementales d'Evian,
mais jamais respectée par l'Algérie. De son côté, Benjamin Stora, bien que né en Algérie, est parti
avec sa famille en juin 1962 à l'âge de 11 ans ½ : pourquoi sa
famille a-t-elle quitté le pays de ses ancêtres alors que les déclarations
gouvernementales d'Evian lui garantissait la sécurité ? Pourquoi ne pas avoir choisi Jean-Jacques Jordi, Guy Pervillé, Robert Vétillard ... Le 22 décembre 2012, j'écrivais une lettre au président de la République François Hollande suite à son discours lors de son voyage à Alger le 20 décembre 2012 et son discours : " Pendant 132 ans, l'Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal : ce système a un nom, la colonisation ... Je reconnais ici les souffrances que cette colonisation a fait subir au peuple algérien. " Le 14 février 2017, », dans une interview à la chaîne algérienne Echorouk News, vous avez « surenchéri » en qualifiant la colonisation de « crime », de « crime contre l'humanité » et de « vraie barbarie » ! Dans la première partie de ma lettre, je rappelais au président
Hollande qu'il confondait colonisation et colonialisme, colon et
colonialiste. Suite au discours du président Hollande, Nadja Bouzeghrame, éditorialiste du quotidien El Watan écrivait déjà : « C'est très important pour les Algériens d'entendre que c'est toute la colonisation qui est en cause, pas seulement l'administration ou l'armée. » Dans une deuxième partie, je rappelais au président Hollande le
bilan de la présence française en Algérie à savoir que les Français
d'Algérie ont créé de zéro : Les Européens d'Algérie ont aussi développé la pêche et surtout l'agriculture, céréales, primeurs, agrumes ... faisant passer les terres cultivées de 1/2 million d'hectares en 1830 à plus de 10 millions au début des années 1960, notamment en asséchant les marais de la Mitidja et en utilisant les matériels et les méthodes les plus modernes d'exploitation (dry-farming, moissonneuses-batteuses ...) Dans une troisième partie, je revenais sur les massacres de Sétif
et Guelma de mai 1945, dénoncés par le président Hollande alors
qu'il ne parlait pas des assassinats des femmes et des enfants français
(plus de 100) quelques jours avant et qui avaient déclenché ces
représailles. Le 23 avril 2015, j'avais d'ailleurs écrit à Madame Simonnet suite à son « voeu » pour la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945. Ni le président Hollande ni vous n'avez évoqué
les massacres de Philippeville et de la mine d'El Halia en août
1955. Toutes ces victimes se seraient retournées dans leurs tombes si elles avaient pu entendre votre discours, mais elles auraient été dans l'incapacité de le faire, leurs sépultures ayant été pour la plupart sinon profanées, « regroupées » : c'est le terme politiquement correct pour la fosse commune ... Si vous voulez vraiment apaiser la mémoire, et pas seulement celle des Algériens, je vous demande de revoir votre décision et de nommer un autre historien français, moins partial que M. Stora. En vous remerciant par avance du temps et de l'attention que vous voudrez bien consacrer à ma requête Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations Eric Safras, fils de pied-noir et fier de l'être |
Mis en page le11/08/2020 par RP |