Réaction de Jean Monneret

   L’hommage d’E.Macron à Maurice Audin et l’admission que l’état français est responsable de sa mort est un événement capital. Il va bien au-delà de ce qu’avait dit F. Hollande en septembre 2012.Toutes les conséquences n’en sont pas encore discernables, mais, l’une d’elles s’impose déjà avec force : la vision de la Guerre d’Algérie qui prévaut au sommet de l’état est singulièrement hémiplégique. Le Cercle Algérianiste comme les chroniqueurs du Figaro ont employé ce terme avec pertinence.

   En voulant rendre emblématique la tragédie de l’individu Audin, certains ont tenté de stigmatiser globalement l’action de l’Armée française en Algérie. Or, trop souvent, ils ont choisi de taire les crimes de la partie adverse : le FLN. L’Histoire n’a rien à gagner à ces indignations sélectives, ni la justice ni la société française fragmentée .Mesure –t –on bien à l’Elysée ce que ces prises de position peuvent produire dans les zones sensibles qui entourent nos grandes villes ?

   Beaucoup de ceux qu’horrifiaient certaines violences du conflit algérien sont restés aveugles et sourds devant celles de l’autre camp. Que la présidence ait cru bon de conforter ces attitudes obtuses est regrettable. Audin n’est qu’une des victimes de cette guerre, il y en a des milliers  d‘autres.

   Peut-on suggérer qu’à travers lui, hommage fut rendu à toutes les victimes, comme la communication de l’Elysée a maladroitement tenté de le faire croire en direction de la presse ? Pas du tout. Il eût fallu pour cela une grandeur d’âme bien absente des cercles officiels. Le soupçon que des considérations piteusement électorales soient à l’origine de la prise de position de M.Macron pèse d’ailleurs trop lourdement.

   Il eût fallu rappeler maintes autres victimes appartenant à des camps opposés et à des communautés diverses. L’hommage ne va pas à toutes les victimes mais uniquement à celles causées par les activités de l’Armée française. Rien n’est plus erroné, ni plus regrettable.

   Quel président rendra hommage aux victimes du massacre du 5 juillet 62 à Oran ou aux 1580 pieds-noirs enlevés et toujours portés disparus ?

Avec Audin, le président a choisi de saluer une  victime se situant nettement dans le camp indépendantiste. En accédant à la demande de ceux qui lui réclamaient ce geste, il donne à penser qu’il y a de bonnes et de mauvaises victimes du conflit algérien. Pour les familles touchées, ce choix est ressenti comme un outrage supplémentaire.

Jean Monneret.

Mis en page le 17/09/2018 par RP.