En grande difficulté, Macron appelle De Gaulle au secours

Publié le 14 mai 2020 - par Manuel Gomez

La Lettre de Riposte Laïque du 15 mai 2020 Manuel Gomez

Au plus bas dans les sondages, abandonné par quelques dizaines de députés qui ont oublié que, sans son nom affiché en « bandana », ils seraient restés dans l’ombre, tout comme ils le sont d’ailleurs, même depuis leur élection, le président de la République, Emmanuel Macron, est en recherche désespérément de crédibilité et de reconnaissance.

Où peut-il aller les chercher ? Pourquoi pas chez De Gaulle ?

Mais pourquoi avoir retenu la date et le site de Montcornet, on se le demande ?

N’y avait-il pas d’autres dates, d’autres célébrations plus opportunes à rechercher sur De Gaulle, que celle d’une défaite ? Un chef d’État français a-t-il déjà fêté Azincourt, Pavie, Waterloo ou l’armistice de 1940 ?

Il y a des défaites, il est vrai, qui peuvent être considérées comme des victoires : par exemple « Cameron » , ce 30 avril 1863, où 62 légionnaires repoussèrent, jusqu’aux derniers survivants qui chargèrent à la baïonnette, plus de 2 000 soldats mexicains, mais pas Montcornet, certes pas.

Rappelons les faits, pour ceux qui les auraient oubliés :

« Lors de la déclaration de guerre en 1939, le colonel De Gaulle commande toujours le 507e régiment de chars de combat, basé à Metz, mais alors sous les ordres du général Delestraint.

En mai 1940, il se voit confier le commandement de la 4e DCR (365 chars), la plus puissante unité blindée de l’armée française.

Le lendemain de l’impressionnante offensive allemande, qui a traversé avec une facilité dérisoire le front français, sa mission principale est de retarder la progression de l’ennemi dans la région de Laon afin de permettre la mise en place de la 6e armée chargée de s’opposer à l’approche de Paris.

La fameuse ligne de défense Maginot recommandée par les grands chefs militaires Joffre et Foch, dont la construction a coûté à notre pays une fortune, à tel point qu’elle n’a pu être terminée et s’est arrêtée à la frontière belge a, comme l’avait prédit le maréchal Pétain, été contournée sans difficulté par les divisions blindées venues d’outre-Rhin.

La 4e DCR, en cours de constitution, n’avait pas encore connu le cœur de la bataille. Cependant le colonel De Gaulle, à la recherche d’une gloire militaire qu’il n’a pu saisir jusqu’à présent, attaque aux environs de Montcornet, au nord-est de Laon et, dans un premier temps, parvient à stopper puis à repousser les Allemands surpris par une soudaine et si inattendue résistance.

Son objectif est atteint : s’installer à Montcornet. Mais il se trouve très rapidement dans l’obligation de se replier, puisque n’étant soutenu par aucun appui, face à un ennemi mieux organisé et très supérieur en nombre.

Ce fut une hécatombe.

Son adjoint, le colonel Bescond et son équipage périssent carbonisés.

La déroute des chars provoque de très lourdes pertes dans les rangs des fantassins de la 5e DIC, commandée par le chef de bataillon Salan, qu’ils étaient chargés d’appuyer.

Pourtant cette bataille entre dans les annales historiques et donne une impression d’invincibilité de la 4e DCR aux yeux de l’état-major français.

Les historiens retiendront comme unique fait d’arme cet exploit, au lendemain de la guerre, afin de prolonger ainsi le mythe gaullien, parce qu’il n’y en a aucun autre.

Il écrira dans ses « Mémoires » qu’il avait compris ce jour-là que nos armées seraient très rapidement défaites. Il ajoutera que ce même jour, il avait décidé ce que serait son action par la suite, mais de cela on peut parfaitement douter. À moins d’être extra-lucide, comment aurait-il pu prévoir les événements qui l’ont conduit à quitter la France? Comme il est facile d’écrire après, quand on sait !

Avec enfin l’arrivée des renforts, tant attendus mais jamais à l’heure, la 4e DCR peut lancer les 150 chars encore disponibles dans une nouvelle attaque, mais l’aviation d’assaut allemande et la puissance de feu de son artillerie intervenant massivement, elle ne peut se développer.

Le colonel De Gaulle se trouve dans l’obligation de replier sa division sur près de 200 kilomètres, au sud de la Somme à hauteur d’Abbeville, qu’il ne peut occuper devant la supériorité dans tous les domaines des forces ennemies.

Sa résistance oblige cependant ses adversaires à retarder le franchissement de la Somme puis, plus tard, à la franchir au nord de la ville.

Il est vrai que, raconté de la sorte par les historiens de la Seconde Guerre mondiale, cela peut paraître héroïque, mais en réalité il ne s’agit que d’une défaite et le sacrifice de quelques milliers de soldats, sous l’autorité d’un « chef » à la recherche, à cause d’un orgueil démesuré, de crédibilité et de reconnaissance.

Tiens donc, n’est-ce pas à la recherche de ces deux mêmes raisons « crédibilité et reconnaissance » qu’Emmanuel Macron tente de récupérer ce fait d’armes peu glorieux de son prédécesseur ?

Ce n’est pas sa soudaine passion pour le « gaullisme » qui fera oublier sa gestion lamentable de la crise actuelle, ni l’abandon de toutes les réformes majeures qu’il avait promises et le peu de « reconnaissance et de crédibilité » qui lui reste, il les doit à son Premier ministre, le seul, dans son proche entourage de « branquignols », qui a su se montrer à la hauteur des circonstances.

Et la question se pose : dès la fin de cette crise, se débarrassera-t-il de ce Premier ministre, qui lui fait de l’ombre, au risque de le dresser contre lui ? Ou le Premier ministre démissionnera-t-il pour justement se dresser contre lui ? Que Macron se souvienne qu’il était ministre de François Hollande avant de le trahir.

À l’heure actuelle, et dans l’état actuel de notre vide politique, seul Édouard Philippe peut envoyer Emmanuel Macron vers le monde « aigri » des « Oubliés ».

Manuel Gomez

Mis en page le 17 mai 2020 par RP