LES PORTEUSES DE FEU / LES VRAIS HÉROS
NE TUENT PAS D'ENFANTS
A Mr le médiateur Info France 3 : mediateurinfo@france3.fr
Monsieur le médiateur,
Sachant que vous n'êtes pas directement concerné
par les critiques faites par les télespectateurs de France
3, je vous remercie de bien vouloir transmettre aux responsables
de l'émission tres contestable de samedi 26 janvier "Les
porteuses de feu" de Faouzia Fekiri, la critique et les remarques
que j'apporte sur cette oeuvre en LETTRE OUVERTE qui sera donc,
en tant que telle, diffusée tres largement.
- Je demande expréssement une réponse de la part
de la direction de FR3.
- Je demande également que la direction ainsi que Mme Fekiri
s'associent à une condamnation universelle, sans réserves
d'aucune sorte, des violences quelles qu'elles soient, commises
délibéremment contre des victimes civiles innocentes.
- Vous pouvez évidemment vous associer vous aussi à
cette condamnation.
Il est par ailleurs inutile de m'envoyer la réponse
stéréotypée que tous ceux ayant écrit
leur vive désapprobation sur ce film ont reçue.
Je connais déja cette réponse, et n'ai pas de temps
pour la relire.
Merci de votre compréhension.
Nicole Guiraud
Frankfurt/Main
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"LES VRAIS HÉROS NE TUENT PAS D'ENFANTS"
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LETTRE OUVERTE
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AUX RESPONSABLES DE LA PROGRAMMATION ET DIFFUSION
DU DOCUMENTAIRE
APOLOGÉTIQUE DE FAOUZIA FEKIRI "LES
PORTEUSES DE FEU" SUR FR3, 26.01.08
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Comme de nombreuses personnes qui ont déja fait part de
leur indignation à vos services de programmation,je vous
adresse aujourd'hui mon sentiment de dégout devant ce film
de propagande FLN qui fait un éloge indécent de
tueuses d'innocents (particulierement d'enfants) osant se faire
passer pour des "Résistantes" -comme si la Résistance
pouvait consister dans le meurtre de civils innocents, désarmés,
coupables simplement dêtre nés "gaouris",
c'est-à-dire "petits Blancs", Européens
chrétiens ou juifs.
Ceci déja pour situer la connotation clairement "ethnique"
des actes de ces "héroines".
Mais il y a plus grave. Il se trouve que je suis l'une des victimes
de ces "dames", mutilée à10 ans par la
(les?) bombe du Milk-Bar, le 30 septembre 1956, veille de la rentrée
des classes -ce qui explique le grand nombre d'enfants fêtant
leur dernier jour de vacances dans les glaciers et cafés
de la ville: Que ce choix de toucher en priorité des enfants
ne soit pas dû au hasard,mais ait fait partie de la "stratégie
révolutionnaire" des terroristes, voila qui est bien
sûr moins glorieux pour nos "héros", qui
préfèrent le "passer sous silence"....
Les coupables se reconnaitront. Je dois préciser que je
n'étais pas la plus jeune parmi les victimes (morts et
blessés), car il y avait aussi des enfants de 5 ans, 8
ans ... Mais qu'importe, puisqu'il s'agissait de gosses
"Ultra", ultra-colonialistes s'entend.
Le film de Faouzia Fekiri, qui donne une large place à
l'attentat de la rue de Thèbes pour nous expliquer -selon
la thèse officielle- les attentats organisés "en
représailles" par Yacef Saadi, fait malheureusement
l'impasse sur les attentats terroristes précédents,
ayant causé la mort et la mutilation de tres nombreux civils
européens ET musulmans réfractaires au FLN, et ce
depuis 1954...
C'est d'ailleurs bien cet engrenage qui avait poussé Albert
Camus à organiser une Trève civile en 1956, rejetée
(faut-il le rappeler?) non seulement par les "Ultras colonialistes",
mais surtout par les amis FLN de ces "dames", que le
projet de paix dérangeait dans leurs plans ....
De cela le film ne dit mot.
Loin de moi de chercher à justifier cette escalade de la
violence, mais il y a je pense une certaine hypocrisie a vouloir
camoufler ces faits et à inverser les dates. Ceci autant
de la part de la réalisatrice qui, au cas ou elle les "ignorerait",
aurait dû s'informer plus sérieusement avant
le tournage du film, que de la part des poseuses de bombes et
de leur patron Yacef Saadi lesquels, bien évidemment, ont
tout intérêt à les taire et à présenter
une version qui les avantage.
Mais tous les spectateurs n'étant pas des ignares manipulables
à merci, il aurait par conséquent été
plus judicieux, ou tout simplement plus honnête, d'en tenir
compte et de montrer les faits RÉELS dans leur
exacte chronologie et leur enchainement :
Concernant cet "épisode connu et notoire inséré
dans ce qu'on a appelé la bataille d'Alger", je rappelle
que les attentats terroristes n'ont pas débuté en
1957 comme il est dit dans le film - ce qui voudrait dire qu'ils
n'étaient qu'une réponse légitime à
la répression militaire - mais en 1956 - ce qui veut dire
exactement le contraire, la répression militaire ayant
été une réaction logique au terrorisme qui
ensanglantait la ville -. Il convient de ne pas mélanger
les EFFETS et les CAUSES, ou sinon cela s'appelle de la manipulation
de l'information.
J'ajoute que le film-culte d'une certaine époque
déja lointaine, "La bataille d'Alger" de Pontecorvo,
n'est plus aujourd'hui une référence même
s'il a été "très primé"...,
et si "ses images illustrent le documentaire de FR3 de Y.Boisset
et plus récemment 'L'avocat de la terreur de B. Schroeder"
- ces deux films ne faisant que reprendre un discours classique,
complaisant, et entre-temps terriblement banal.
Ce film de Pontecorvo,bien fait sur un plan formel, n'en reste
pas moins contestable aux yeux de ceux qui, comme moi, ont vécu
en VICTIME ces évènements. Léché,
propret, astiqué selon la propagande FLN pour public parisien,
sans une goutte de sang ni blessures visibles (en tout cas pas
chez les Européens), il a fini par ne plus être crédible.
Tout y est trop propre, surtout les explosions ...
La réalité du terrorisme est hélas bien plus
sordide pour les victimes, aussi à l'heure actuelle de
sa recrudescence, version islamiste...
Chaque nation a ses héros, et l'Algérie a le droit
d'avoir les siens.
Mais chez elle en Algérie. Pas chez nous en France.
Car il me semble qu'en 1962, la France est devenue indépendante
de l'Algérie ...
Le documentaire de Mme Fekiri a donc toute sa place dans SON pays,
où ces femmes terroristes peuvent se glorifier d'avoir
"pris les armes contre les colonialistes". Mais lorsqu'il
est montré sur le territoire français, où
vivent les victimes de ces terroristes et leurs familles (toutes
contribuables je le rappelle), la moindre des corrections serait
de respecter leur douleur et de ne pas verser dans la démagogie
en adoptant le "discours du vainqueur". Car pour les
victimes du FLN, ces femmes n'ont pas "pris les armes":
Elles ont jeté des bombes pour tuer et mutiler des civils
innocents... Il n'y a pas là, que je sache,
de quoi en tirer fierté. Les actes terroristes contre des
civils innocents sont des actes criminels gravissimes, universellement
condamnés par la communauté internationale et par
l'ONU.
Cela aussi, faut-il le rappeler ?
Par ailleurs, les actes terroristes commis par ces femmes, s'ils
sont instrumentalisés par certains -et d'abord par elles-mêmes-
comme un modèle d'émancipation pour "la situation
des femmes en pays musulman", sont révélateurs
de l'état de régression avancée dans lequel
se trouve ce malheureux pays.
Et franchement je dois dire que, en ce qui concerne "l'émancipation
de la femme musulmane", ....le 13 mai 1958, nous avions fait
mieux.
Le terrorisme n'a jamais libéré personne.
La culture de la violence non plus.
Qu'on arrête enfin de vouloir nous faire avaler ces sornettes...
Il est également irrecevable d'affirmer que "l'existence
des victimes innocentes est une telle évidence" qu'on
n'a pas besoin de montrer les images. Car cette attitude permet
tous les gommages de réalités dérangeantes,
en allant de la propreté clinique d'un film à la
Pontecorvo à l'escamotage total des victimes, qui deviennent
de fait virtuelles jusqu'à douter de leur existence-même
!
Personne ne "pense aux victimes" lorsqu'elles sont refoulées,
occultées, "PASSÉES SOUS SILENCE", justement ...
La seule maniére d'y "penser", c'est de
les montrer, d'en parler.
De confronter le public avec leur réalité de TORTURE
permanente, ... et ces "dames" avec les conséquences
de leurs oeuvres.
Là s'arrêteraient l'idéologie et l'apologie,
les grands discours, les beaux rôles avantageux, et les
gestes théâtraux.
Là commenceraient la vraie conscience, le vrai courage,
et peut-être aussi -s'il n'est pas trop tard- le vrai dialogue.
L'OBJECTIVITÉ tout simplement, et non plus cet abîme
insondable entre la représentation officielle de ces "Héros",
... et la sinistre réalité de leurs actes...
Mais c'est bien cela qu'il faut éviter à tout prix
... Surtout ne pas montrer la réalité, les preuves
tangibles des "actions" de ces "héros et
héroïnes" qui semblent exercer une telle fascination
sur l'intellectuel "romantique" occidental moyen ...
Séjournant réguliérement en Allemagne depuis
des décennies, j'ai invité récemment un groupe
d'amis -allemands et étrangers- à visionner ce film
"Les porteuses de feu", et à me donner
leur avis.
Tous étaient atterrés. Tous ont remarqué
le ton ouvertement apologétique de cette oeuvre, l'adhésion
terrifiante à la violence et au terrorisme de ces "fidayate"
qui les confondent avec une émancipation en tant que femmes.
Les plus choqués étaient les Espagnols et les Anglais,
encore marqués par les récents attentats terroristes
dans leur pays, mais aussi des opposants iraniens.
Aucun ne comprenait qu'un "tel film ait pû être
diffusé SANS COMMENTAIRE ET SANS DÉBATS sur une
chaîne publique française", "dans un pays
démocratique comme la France", "la patrie des
Droits de l'Homme...!"
Difficile de leur expliquer qu'en France la presse est libre,
mais pas la voix de (certaines) victimes, celles-ci étant
"PASSÉES SOUS SILENCE".
Leurs commentaires étaient unanimes : Les méthodes
terroristes employées contre des civils innocents, QUELLE
QUE SOIT LA CAUSE, sont indéfendables et impardonnables.
Si nous devions avoir appris quelque chose des dernières
décennies, ce serait pourtant bien cela ...
Car, concluaient mes amis : "LES VRAIS HÉROS NE TUENT
PAS D'ENFANTS".
Il y a des jours où j'ai honte d'être française
...
Nicole Guiraud
Frankfurt/Main
- Victime à l'age de 10 ans de l'attentat du Milk-Bar
(30.09.1956)
- Artiste-plasticienne en France et en Allemagne.
- Réalisatrice du court-métrage "La valise
à la mer" (15 mn), primé internationalement,
diffusé sur plusieurs chaines à l'étranger
(dont ARTE), mais jamais en France.
13 rue Farges
34000 Montpellier
F - France
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