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Le coup de gueule d'Alain Sanders

Parce qu'il est tout à fait bien con�u, je m'apprê�tais à faire une recension élogieuse du «  Petit Futé » 2020 (un des grands noms des guides de voyage) consacré aux Chemins de Compostelle (Camino francés et Camino del Norte). Mais je suis tombé sur une interview de la rédactrice du «  Petit Futé » 2020-2021 sur l'Algérie. Et �ça m'a refroidi.

La rédactrice en question, par ailleurs journaliste sur Beur FM, Saliha Hadj-Djilani, répond aux questions de l'officine algérienne Visa & Voyages. Ce qui n'a rien de peccamineux en soi. A condition de ne pas nous faire prendre l'Helvétie pour une lanterne (comme disent les Suisses...).

Saliha Hadj-Djilani nous explique, par exemple, que l'Algérie n'est pas tombée, à la différence de la Tunisie et du Maroc, dans le tourisme de masse. Comme s'il s'agissait là d'une politique délibérée des gouvernements algériens... De qui se moque-t-on ? L'Algérie rèverait d'�tre devenue une destination prisée et privilégiée comme ses deux voisins maghrébins. Elle n'en a pas été capable. Parce que les touristes ont souvent été reç�us comme des chiens dans un jeu de quilles. Parce que les infrastructures hôtelières se sont dégradées, ainsi que les sites archéologiques pourtant remarquables.

La rédactrice de ce «  Petit Futé » Algérie nous dit encore : «  Aujourd'hui, tout le monde sait que l'Algérie est un pays sûr ». Vraiment ? Au point de laisser des touristes circuler, de nuit, sur des itinéraires de l'intérieur du pays ? Et dans ces endroits (les zones de djebels par exemple) qui sont à ce point dangereux que l'armée algérienne -quand elle y va- ne s'y déplace qu'en force ? Si c'est pour se focaliser sur Alger, les régions côtières et les sites antiques, on est loin du «  vrai pays » que la rédactrice se vante de vouloir faire découvrir...

Recommandant à juste titre les sites archéologiques, Saliha Hadj-Djilali indique : «  On n'y pense pas forcément quand on est un touriste extérieur sans origine algérienne, mais l'Algérie a des sites numides et romains qui sont époustouflants. » Merci du renseignement... Mais nous autres, on est d'autant plus au courant que ce sont les notres qui ont relevé et mis en valeur lesdits sites dénoncés, voire démantelés, parce que roumis, avant 1830...

A l'occasion, la rédactrice du «  Petit Futé » sort de la langue de bois (qu'on peut comprendre : si elle veut continuer à rédiger le guide sur l'Algérie, elle n'a pas intérêt à sortir de la doxa officielle) : «  Un autre élément consisterait peut-être à développer le personnel hôtelier au niveau professionnel, notamment dans certains établissements. Les gens ne sont pas forcément formés et la formation est souvent approximative, ce qui fait trè�s mal au tourisme, car quand on arrive dans un hôtel et que l'accueil n'est pas bon, tout le séjour est ruiné. » Tu l'as dit bouffie...

On rappellera au passage que, dès les années 1850, les plus petits bourgs des bleds les plus reculés disposaient de relais de poste, de cantines, de pensions de famille, d'auberges, d'hôtels...

Comme elle est aussi chargée du «  Petit Futé » sur Cuba, Saliha Hadj-Djilali ne tarit pas d'éloges sur ce goulag des tropiques : «  A Cuba, ils me disent : tu es une soeur, pas une touriste. Ils adorent les Algériens. » Parce que, rappelle-t-elle pour s'en féliciter, Che Guevara est venu à Alger (que ce soit un tueur sanguinaire qui a abattu les opposants de ses propres mains ne la gêne apparemment pas) et que, «  jusqu'à la fin de sa vie », le vieux tyran communiste Fidel Castro a porté régulièrement le maillot de l'équipe nationale algérienne... Je ne sais pas si Saliha Hadj-Djilali est française, algérienne, franco-algérienne (et quel maillot elle arbore...). Ce que je sais, c'est que je vais éviter ce «  Petit Futé » sur l'Algérie fatalement trop «  Guide du Routard » à mon goût...

Mis en page le 11/03/2020