6 Octobre 2014

Il est 10H du matin en ce samedi 4 octobre 2014 et c’est sous un soleil éclatant que s’est déroulée l’inauguration des deux magnifiques statues (oeuvre de Toni Mari Sart) tout en acier rouillé, comme si elles étaient posées sur leur socle depuis 52 ans.

Ces deux statues géantes de 2m30 de hauteur trônant sur la belle esplanade d’Alicante et face à la mer, représenteront à jamais l’accueil fait par les Alicantinos aux "Pieds-Noirs" en ce printemps 1962 et qui arrivaient avec toutes leurs souffrances d’Algérie ou plus précisément d’Oranie.

**Ils étaient fatigués hagards, perdus. Ils débarquaient dans un autre monde un monde de paix et de sérénité, alors qu’ils venaient à peine de quitter un monde d’horreurs, de massacres, d’assassinats.

Ils descendaient de deux bateaux de guerre de la marine espagnole, envoyés par Franco, et qu’ils avaient dû rejoindre par leurs propres moyens, hors des eaux territoriales puisque l’entrée du port avait été interdite par les autorités françaises.

Le gouvernement français les avait abandonnés et livrés à l’ennemi FLN avec ordre donné à l’armée de ne pas les protéger ni de les défendre.

J’étais présent pour rendre compte de ce « débarquement » comme envoyé spécial de mon journal « L’Aurore ».

Grand moment d’émotion que de voir environ 300 personnes se presser sur ce coin de l’esplanade pour se rappeler ensemble ce passé gravé dans leurs cœurs !

Mais il y avait également sur ce rond-point Canalejas d’Alicante, des « Pieds-Noirs » venus de France. Ils se souvenaient, eux, de l’accueil indifférent, méprisant et même parfois haineux, des autorités françaises et d’une grande partie de la population marseillaise.

Quelle différence entre ces deux accueils !!!

Ces derniers rentrant en métropole, où ils ont été reniés, rejetés alors que les premiers ont retrouvé la terre d’où étaient originaires leurs parents et grands-parents et des Alicantins qui leur ont donné l’accolade de bienvenue et ouvert leurs maisons.

Les autorités d’Alicante présentent dont le préfet, la municipalité et l’Eglise eurent des paroles plus qu’émouvantes en rappelant cette arrivée mais aussi en les remerciant de l’œuvre accomplie ensuite, par l’apport de nouvelles idées, d’inventions, de progrès et de sens commercial, qui a donné à Alicante et à sa région, un renouveau ainsi que son expansion.

Beaucoup pleuraient et d’autres, comme moi, pensaient qu’ils aimeraient entendre de telles paroles des autorités françaises mais 52 ans après la chose semble toujours impossible.

Pourtant ces mêmes « Pieds-Noirs » qui ont débarqué en « métropole », chez eux, en 1962, ont non seulement participé mais ont joué un rôle important et prépondérant partout où ils se sont installés, dans les villes, les villages et même dans la capitale, sans n’avoir jamais entendu la moindre parole de reconnaissance.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres, il faut que l’Espagne soit bénie puisqu’elle a permis à cette communauté de devenir espagnole à part entière, alors que le million de PN qui a débarqué il y a 52 ans sur les côtes françaises n’est toujours pas considéré comme Français à part entière, mais encore comme Français à part !

Manuel Gomez

Mis en page le 06 octobre 2014 par R.P.