Souvenirs de
Jean MAYENS
Jean MAYENS né le 30 juin 1922 à Alger, Champion
d'AFN de water-polo de 1947 à 1949 avec l'A.S.Montpensier (Tournants
Rovigo).
Engagé volontaire en mai
1941 au 2° Chasseurs d'Afrique à MASCARA (ORAN) pour
éviter les chantiers de jeunesse en Kabylie à la suite
de la tournée de WEYGAND en AFN qui préparait la reconstruction
de l'Armée d'Afrique.
Fin 1941 le régiment est regroupé à ORAN ;
après le débarquement américain du 8 novembre
1942 la reconstruction de l'armée française avec le matériel
américain est décidée.
Tous les mobilisables (17% des PN) ont été rappelés
pour former les régiments de l'Armée d'Afrique.
En 43, avec tous ces rappelés le 2° Chasseurs d'Afrique
s'est retrouvé avec 12 escadrons.
Le commandement a donc décidé de fractionner le régiment
en deux et de reconstituer le 2° cuirassier.
Ce régiment a été créé
par LOUIS XIV et dans la débâcle de 1940, un civil français
avait récupéré son étendard et l'avais
mis en sécurité à LYON, puis s'enfuyant
avec lui à ORAN, il l'avait remis aux mains des autorités
militaires qui se sont empressés de reconstituer le 2°
cuirassier
Jean MAYENS s'y retrouvé en tant
que brigadier dans le 4° escadron du 2° cuirassier.
Rappelons la devise de ce régiment « NEC
PLUR IBUS IMPAR » devise inventée par Louis XIV.
Beaucoup de jeunes métropolitains évadés par l'Espagne se sont retrouvés
en AFN et mobilisés dans les différents corps de l'Armée Française.
Jean MAYENS ainsi que toutes ces recrues feront pendant un an et
demi l'entraînement et la prise en main du matériel américain afin
de préparer le débarquement de Provence.
D'autres Français d'Algérie avec les tirailleurs marocains, algériens,
tunisiens... sous les ordres de Juin participèrent au Débarquement
en Italie. (Armée JUIN).
Le 10 août 1944, la 1° DB
constituée de plusieurs dizaines de cargos L.S.T. (landing-ship-tank)
où se trouvaient l'infanterie, l'artillerie et la cavalerie
un escadron de 17 chars SHERMAN (avec un équipage de
5 personnes : le conducteur, son aide, le radio-chargeur, le
tireur et le chef de char) dans la cale et sur le pont une compagnie
de ZOUAVES (200 environs) .
L'équipage de ce L.S.T était grecque, du Commandant
au moussaillon !
Pour éviter les sous-marins allemands le convoi a longé les côtes
algériennes et a fait plein NORD au large de la SICILE
et la CORSE pour atterrir devant Sainte MAXIME .
Pour garantir le top secret de la mission, les officiers ont décacheté
les plis secrets en pleine mer et c'est à ce moment que la troupe
a connu son lieu de débarquement, primitivement prévu à FREJUS.
Le 16 au matin, protégés par les tirs de la Marine
Nationale (le Lorraine, le Georges LEYGUES et
l'Emile BERTIN) ainsi que la Marine Américaine, les combattants
débarquent à La NARTELLE, dans une brèche ouverte
dans le Mur de la Méditerranée, par le Génie
Américain la veille et l'artillerie de Marine.
Une incompétence du Commandant grec a failli coûter cher à nos vaillants
soldats : il avait oublié d'actionner les ventilateurs chargés
d'évacuer les gaz d'échappement des chars et GMC qui tournèrent
une demie-heure avant le débarquement et qui provoqua une intoxication
générale.
Ce qui obligea les hommes à récupérer à
l'abri d'un bosquet pendant 4 ou 6 heures derrière la Nationale
98 (par chance il n'y avait pas d'allemand !)
Le premier engagement eu lieu au LUC
le 17 août, le 4° escadron (commandé par le Capitaine ARDISSON)
était désigné pour l'opération .
Jean MAYENS, pilote du char VERDUN commandé par le sous Lieutenant
Bernard GIRAUD, (fils du général) participa avec le 3° peloton.
Le char TONNERRE (2° peloton) fut touché par un canon anti-char
de 75 mm. PAK ; il n'y eu qu'un seul survivant ; voici
la liste des tués : BERNIER Maurice, MILLERAND Roger, BACLAY
Raymond, BISBAL Henry, petit algérois de 20 ans, enterré au Luc.
Le régiment du 2° CUIR ainsi que la 1° DB, avec plus
ou moins de pertes, libéra : AUBAGNE (21 août), Marseille
(du 23 au 25 août), et toutes les villes et les villages de
la vallée du RHONE jusqu'à TOURNON (1° septembre).
Saint ETIENNE et Saint GALMIER le furent le 3 septembre. Dans la
plupart des cas les allemands avaient fui la veille.
« Tout le long des routes, une haie presque ininterrompue d'hommes,
de femmes et d'enfants couvrent les chars de fleurs » (page
38 du livre de marche du 2° Cuirassier).
La progression freinée par le manque d'essence, les amena à BEAUNES
(7 septembre) puis DIJON (du 9 au 11 septembre)
Après la libération des VOSGES qui fut difficile à cause de l'ennemi
et du climat MULHOUSE (du 10 février au 14 avril) fut libérée.
Le régiment passa le RHIN à ROPPENHEIM le 18 avril 1945 pour
s'arrêter le 24 à ULM en compagnie des Américains et attendre
l'armistice du 8 mai.
Nos jeunes Français d'Algérie et de
métropole eurent une pensée pour l'Empereur NAPOLEON.
L'humilité et la modestie de Jean MAYENS
m'obligent à préciser qu'il n'était pas le seul dans cette douloureuse
épreuve et qu'il a toujours une pensée pour ses amis de combat,
morts ou survivants.
Propos recueillis par Hervé CUESTA le
10 juillet 2004
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