Aout 1944

Témoignage d'un Africain (2)


Témoignage de Jean Mayens (vidéo FR3 côte d'Azur 2002
)

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Souvenirs de Jean MAYENS

Jean MAYENS né le 30 juin 1922 à Alger, Champion d'AFN de water-polo de 1947 à 1949 avec l'A.S.Montpensier (Tournants Rovigo).

Engagé volontaire en  mai 1941 au 2° Chasseurs d'Afrique à MASCARA (ORAN) pour éviter les chantiers de jeunesse en Kabylie à la suite de la tournée de WEYGAND en AFN qui préparait la reconstruction de l'Armée d'Afrique.
Fin 1941 le régiment est regroupé à ORAN ; après le débarquement américain du 8 novembre 1942 la reconstruction de l'armée française avec le matériel américain est décidée.
Tous les mobilisables (17% des PN) ont été rappelés pour former les régiments de l'Armée d'Afrique.
En 43, avec tous ces rappelés le 2° Chasseurs d'Afrique s'est retrouvé avec 12 escadrons.
Le commandement a donc décidé de fractionner le régiment en deux et de reconstituer le 2° cuirassier.
 Ce régiment a été créé par LOUIS XIV et dans la débâcle de 1940, un civil français avait récupéré son étendard et l'avais mis en sécurité à LYON, puis  s'enfuyant avec lui à ORAN, il l'avait remis aux mains des autorités militaires qui se sont empressés de reconstituer le 2° cuirassier

Jean MAYENS s'y retrouvé  en tant que brigadier dans le 4° escadron du 2° cuirassier.

Rappelons la devise de ce régiment « NEC PLUR IBUS IMPAR » devise  inventée  par Louis XIV.
Beaucoup de jeunes métropolitains évadés par l'Espagne se sont retrouvés en AFN et mobilisés dans les différents corps de l'Armée Française.
Jean MAYENS ainsi que toutes ces recrues feront pendant un an et demi l'entraînement et la prise en main du matériel américain afin de préparer le débarquement de Provence.
D'autres Français d'Algérie avec les tirailleurs marocains, algériens, tunisiens... sous les ordres de Juin participèrent au Débarquement en Italie. (Armée JUIN).

Le 10 août 1944, la 1° DB constituée de plusieurs dizaines de cargos  L.S.T. (landing-ship-tank) où se trouvaient l'infanterie, l'artillerie et la cavalerie un escadron de 17  chars SHERMAN (avec un équipage de 5 personnes : le conducteur, son aide, le radio-chargeur, le tireur et le chef de char) dans la cale et sur le pont une compagnie de ZOUAVES (200 environs) .
L'équipage  de ce L.S.T était grecque, du Commandant au moussaillon !
Pour éviter les sous-marins allemands le convoi a longé les côtes algériennes et a fait plein NORD au large de la SICILE  et la CORSE pour atterrir devant Sainte MAXIME .
Pour garantir le top secret de la mission, les officiers ont décacheté les plis secrets en pleine mer et c'est à ce moment que la troupe a connu son lieu de débarquement, primitivement prévu à FREJUS.
Le 16 au matin, protégés par les tirs de la Marine Nationale  (le  Lorraine,  le Georges LEYGUES et l'Emile BERTIN) ainsi que la Marine Américaine, les combattants débarquent à La NARTELLE, dans une brèche ouverte dans le Mur de la Méditerranée, par le Génie Américain  la veille et l'artillerie de Marine.
Une incompétence du Commandant grec a failli coûter cher à nos vaillants soldats : il avait oublié d'actionner les ventilateurs chargés d'évacuer les gaz d'échappement des chars et GMC qui tournèrent une demie-heure avant le débarquement et qui provoqua une intoxication générale.
Ce qui obligea les hommes à récupérer à l'abri d'un bosquet pendant 4 ou 6 heures derrière la Nationale 98 (par chance il n'y avait pas d'allemand !)

Le premier engagement eu lieu au LUC le 17 août, le 4° escadron (commandé par le Capitaine ARDISSON) était désigné pour l'opération .
Jean MAYENS, pilote du char VERDUN commandé par le sous Lieutenant Bernard GIRAUD, (fils du général) participa avec le 3° peloton.
Le char TONNERRE (2° peloton) fut touché par un canon anti-char  de 75 mm. PAK ; il n'y eu qu'un seul survivant ; voici la liste des tués : BERNIER Maurice, MILLERAND Roger, BACLAY Raymond, BISBAL Henry, petit algérois de 20 ans, enterré au Luc.
Le régiment du 2° CUIR  ainsi  que la 1° DB, avec plus ou moins de pertes,  libéra : AUBAGNE (21 août), Marseille (du 23 au 25 août), et toutes les villes et les villages  de la vallée du RHONE jusqu'à TOURNON (1° septembre).
Saint ETIENNE et Saint GALMIER le furent le 3 septembre. Dans la plupart des cas les allemands avaient fui la veille.
« Tout le long des routes, une haie presque ininterrompue d'hommes, de femmes et d'enfants couvrent les chars de fleurs » (page 38 du livre de marche du 2° Cuirassier).
La progression freinée par le manque d'essence, les amena à BEAUNES (7 septembre)  puis DIJON (du 9 au 11 septembre)
Après la libération des VOSGES qui fut difficile à cause de l'ennemi et du climat  MULHOUSE (du 10 février au 14 avril) fut libérée.
Le régiment  passa le RHIN à ROPPENHEIM le 18 avril 1945 pour s'arrêter le 24  à ULM en compagnie des Américains et attendre l'armistice du 8 mai.

Nos jeunes Français d'Algérie et de métropole eurent une pensée pour l'Empereur NAPOLEON.

L'humilité et la modestie de Jean MAYENS m'obligent à préciser qu'il n'était pas le seul dans cette douloureuse épreuve  et qu'il a toujours une pensée pour ses amis de combat, morts ou survivants.

Propos recueillis par Hervé CUESTA le 10 juillet 2004

Mis en page par RP le 18/08/2009