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Jean-Paul ANGELELLI
Une guerre au couteau. Algérie 1960-1962, un appelé pied-noir témoigne. (Jean Picollec)

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Ce livre n'est ni un roman ni un manuel militaire nostalgique d'une guerre que l'on a dite “ sale ”, celle d'Algérie dans les années 1950-60. Ce sont les aventures vraies, racontées sans fioritures ni enjolivements, par un garçon appelé au 6e Spahis, qui crapahuta vingt-cinq mois, de pitons en Djebels entre Babors et Hodna dans l'Ouest constantinois.
Enseignant et pied-noir, Jean-Paul Angelelli sait pourquoi il combat les “ fells” : pour son pays, ses souvenirs, sa vie. C'est donc sans états d'âme qu'il évolue dans cet espace guerrier où toutes les contradictions peuvent se présenter, tous les coups durs arriver et où la Mort est au bord des pistes, pour les uns comme pour les autres. De Bordj Bou Arreridj à Sétif en passant par une visite à Alger après le putsch de 1961, cet homme jeune, curieux et passionné semble vivre dans une histoire picaresque taillée à ses mesures où, quoi qu'il arrive, il suivra la vieille devise des Tirailleurs “ Marche la route ”.
Candide en treillis et rangers, il ne se voile pas la face et ne nous cache rien : oui, il fallait faire parler les prisonniers terroristes et oui, tous les moyens étaient bons, mais ceux employés contre le FLN visaient à empêcher de sanglants attentats. Oui, la “ corvée de bois ” existait, des deux côtés d'ailleurs, mais c'était la “ loi ” de, la guerre dans une guerre qui n'en connaissait plus.
Ce témoignage bouleversant qui est comme le carnet de bord d'un jeune homme faisant office d'officier de renseignements est précieux à plus d'un titre : au-delà des clivages et des mensonges historiques, il nous livre des souvenirs vivants, et narrés directement, de plus de deux ans de patrouilles, de traques, de combats et d'accrochages et rectifie bien des erreurs et des impostures
Mais c'est aussi un récit alerte et comme joyeux des souvenirs aventureux de toute une génération. Avoir 20 ans en Algérie, n'était-ce pas aussi exaltant que tragique ?

A.D.G. (Ecrivain-journaliste)

Né en 1934 à Alger, Jean-Paul Angelelli a effectué son service militaire de 1960 à 1962 au 6e Spahis où il a glané la Croix de la Valeur Militaire. Il quitte l'Alqérie en 1962 pour la France où il enseigne l'histoire-géographie.En 1972, il obtient son doctorat en histoire dont le sujet de thèse est "L'Algérie et l'opinion française en 1930". Actuellement, il collabore à plusieurs journaux et publications, notamment Rivarol, Itinéraires, L'Algénaniste et Ecrits de Paris.

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Jean-Paul Angelelli, lauréat du prix littéraire Norbert Cépi

Il a écrit « Une guerre au couteau » quelques mois après être rentré d'Algérie. « Entre l'automne 62 et le printemps 1963 ». Jean-Paul Angelelli devait être publié par La Table Ronde. Mais son livre contient quelques attaques contre le général De Gaulle. Il faut attendre un peu lui dit-on. « Au risque de tomber sous la qualification d'offense au chef de l'Etat. » Le « un peu » va se transformer en quarante ans.
C'est finalement les éditions Jean Picollec qui ont pris le risque l'année dernière de publier l'ouvrage. « Je n'ai presque rien changé. Juste contracté quelques passages pour faire moins long ».
Interrogatoires Jean-Paul Angelelli raconte sa guerre. « Pas celle des états majors, des politiques ou des premiers contingents de 1957. Celle du terrain, dans une zone sensible coincée entre la Kabylie, la région de Sétif et deux massifs de montagne » C'est l'histoire d’un appelé qui se souvient sans langue de bois des interrogatoires et des corvées de bois, « les exécutions sommaires », La guerre du renseignement. « Pour connaître les agents sournois de l'ennemi, de châtier ceux qui avaient assassiné des colons et des musulmans fidèles, de savoir où étaient les caches-relais des commissaires politiques. ». Ni plus ni moins.

Nice-Matin du dimanche 15 mai 2005