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Jean BRUA
QUE RABIA ou l'humeur de Dodièze. Chroniques algérianistes (1999-2005) illustrées par l'auteur. (Edition Jacques Gandini)

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Téméraire vieillard dit toujours ça qu'i pense

Plus de soixante ans après ses débuts sur la scène du Colisée d'Alger, Dodièze, le vieux « lion des brochettes » de La Parodie du Cid d'Edmond Brua est un Pied-Noir comme les autres, « rapatrié bessif » à Nice, Marseille, Montpellier, Perpignan, Lyon, Toulouse, Paris ou assaoir où. Jean Brua*, le fils de son créateur, le rencontre périodiquement pour parler de la pluie d'aujourd'hui et du beau temps d'hier. Voilà six ans, déjà, que l'atrabilaire, mais toujours malicieux, père de Roro se prête, pour la revue L'Algérianiste, à un dialogue à bâtons rompus... sur le dos, osera-t-on dire, des têtes de Turc ordinaires de la famille pied-noire: télé, presse, hommes politiques, ignorants et dénigrants divers du passé français de l'Algérie. Rassemblées en recueil, ces 25 interviouves, illustrées par l'auteur, redonnent vie et couleurs ou langage pataouète, fleur sauvage des banlieues « algériennes » d'autrefois.

*Fils de l'écrivain, poète et journaliste Edmond Brua, Jean Brua a été journaliste et dessinateur de presse de 1956 à 1998 à Alger, à Paris et à Nice. il a collaboré à l'adaptation théâtrale des célèbres Fables bônoises d'Edmond Brua, créée au Festival d'Avignon en 1997 par la troupe Rouge Citron d'Henri Talau.

*COMMENTAIRES*

Madone! Qué bonne idée qu'il a eue, jean Brua, en se publiant les rabias qu'y se prend depuis 1999 et qu'y s'écrit dans « l'algérianisse »! Ça, ça va d'venir un classic de la langue à nous'ôtres, le pataouète. Hakarbi, y s'emploie les mots de là-bas, la saint-taxe à nous'ôtres, l'accent même, à de bon, on ne s'l'entend en lisant. Et puis y parle rien que des tchalèfes qui nous montent le bœuf! Y fallait qu'y ait un Brua pour leur dire à ces falampos!

Y N. (L'algérianiste, n°111, septembre 2005)

« Qué rabia ! » c'est le titre. Et le sous-titre « ou l'humeur de Dodièze ». Rabia, la colère ; Dodièze, un personnage d'Edmond Brua dans « La Parodie du Cid », dont les alexandrins ennoblissaient le pataouète ce patois, cet argot qu'on parlait de Bab-el-Oued à Bône. Edmond Brua y voyait une langue naissante : « Le bas latin sortit du latin populaire » et : « le latin de César grogné par les Gaulois » a fini par donner le français. Cet espoir a fait tchoufa, comme dirait Dodièze. Parce qu'il n'y a plus un Européen en Algérie. Et même avant, parce que l'école, les journaux, la radio ramenaient au langage commun, plat, administratif.

Reste Dodièze, c'est-à-dire Jean Brua (le fils d'Edmond) qui le fait parler dans l'excellente revue qu'est L'Algérianiste, notre mémoire vivante. Jean Brua, quatre fois par an, met en scène les colères du vieux marchand de brochettes, furieux des mensonges de nos media sur ce que fut l'Algérie, indigné de voir les porteurs de valise et leurs neveux glorifier le FLN, Boutef' et sa clique truquer le passé et présenter l'Algérie de 1830 à 1962 comme un camp de la mort, alors qu'elle renaissait, et pour la première fois depuis les Romains, connaissait la paix et la prospérité. Les rabias de Dodièze nous soulagent un peu, nous les exclus, seuls vraiment étrangers dans cette caricature de nation qu'on appelle Hexagone. je ne dis pas : la France, ils ne savent plus ce que c'était. Mais lisez Dodièze, il dit cela mieux que moi. Jean Brua a un beau talent de plume, et aussi de crayon : ses dessins sont épatants.

G. LY. (Rivarol, n°2735, 21/10/2005)

Des rabias comme ça on peut pas en avoir plus souvent, dis Mr. Brua. Une fois tous les 4 mois ça fait long.
Heureus'ment qu't'ia tout mis dans le même liv' que quand on s'le lit, on se revoye chez Sento, au café devant la placette à Musette, et qui vient l'envie qu'on s'attrapent à tous ces sacratrapes et qu'on s'les renvoyent en bas le port 'vec leurs tchalefs.

Raphaël PASTOR (de la Basetta)