Commentaires ou Critique

Le 19 mars 1962 marque la fin de la guerre d'Algérie. Au mois de juillet suivant, les pieds-noirs débarquaient par bateaux entiers sur le sol français. Mais qui étaient ces gens qui se disaient africains et n'avaient pourtant pas la peau noire, dont l'accent paraissait vulgaire aux métropolitains et qui avaient la mauvaise réputation d'avoir maltraité les Arabes et, pire, d'être à l'origine du conflit algérien ? C'est en effet à travers ce prisme déformant que depuis quarante ans nous nous sommes fait une idée de ce qu'était la vie de ce peuple... Avec la volonté de rétablir la vérité, Raphaël Delpard nous livre une enquête à la hauteur de l'homme de la rue, en s'efforçant d'envisager toutes les facettes de l'histoire des Français d'Algérie : une passionnante aventure humaine de plus d'un siècle qui a projeté la communauté arabo-berbère dans la modernité, mais aussi les erreurs commises et la chute d'une société qui avait tout pour réussir mais qui a sombré dans la guerre civile... Alors que la France se prépare à célébrer le quarantième anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie, L'Histoire des pieds-noirs d'Algérie se présente comme un livre on ne peut plus d'actualité et nous permet de mieux connaître ce peuple dont l'épopée est souvent restée méconnue.

De 1954 à 1962, trois millions de jeunes Français ont été projetés dans une guerre pour laquelle ils n'étaient préparés ni militairement, ni psychologiquement. Quand ils sont revenus - parfois de l'enfer -, aucune structure d'accueil n'a été prévue pour les aider à libérer leur mémoire. Or quel homme devient-on quand on traîne dans son esprit l'image de camarades émasculés, la bouche garnie de leurs attributs sexuels ? Quand on vous a obligé à tuer de sang-froid, à assister à des scènes de torture, et qu'au bout du compte, tels les soldats du Viêtnam, on se sent à la fois abusé et coupable ? Qu'on ne s'y trompe pas : ce livre n'est pas un ouvrage de plus sur la guerre d'Algérie. Simplement, des années d'enquête ont permis à Raphaël Delpard de montrer ce que fut la vie au quotidien de ces "générations sacrifiées" et de leur rendre la parole qui leur avait été confisquée.

Les recherches de Raphaël Delpard mettent en lumière des dossiers lourds, secrets depuis 40 ans : les appelès, prisonniers du FLN, qui pour la première fois racontent les horreurs de leur détention.
La fusillade du 26 mars à Alger où l'armée française a tiré sur une manifestation pacifique faisant 80 morts et 200 blessés.
"J'ai enquêté sur les disparus et appelés du contingent qui on été torturés par le FLN avant et après le 19 mars 1962...
Des civils et des militaires ont été enlevés à n'importe quel moment et sous n'importe quel prétexte. Pire : le jour de l'indépendance, le 5 juillet 1962, les troupes de Boumedienne ont massacrés 2000 Français à Oran.
Je révèle deux crimes d'Etat : ce massacre d'Oran et le fait que 25 000 Français et musulmans ont été enlevés, probablement assassinés et que leurs corps n'ont jamais été retrouvés."
Il partage aussi le drame des proches de tous ces disparus dont il est si difficile de faire le deuil lorsqu'on ne sait pas la vérité. " C'est la souffrance qui m'interpelle d'où qu'elle vienne".
Par cet ouvrage extrèmement documenté et écrit sur un ton nouveau il espère contribuer à sensibliliser toutes les générations au destin cruel de tous ces "oubliés de la guerre d'Algérie".

Nicole Laffont. (Nice-Matin Mars 2003)

Ces commentaires émanent des éditeurs; il serait intéressant de connaître les sentiments que vous inspirent ces ouvrages, n'hésitez surtout pas à nous en faire part, ils seront publiés ci-dessus......


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