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Louis Martinez
Denise ou le Corps Etranger. (Fayard)



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En septembre 1913 une jeune femme de vingt ans, Denise d'Arzac, débarque à Oran où se sont établis deux de ses oncles. Elle fuit Bordeaux, l'image de sa mère, les préjugés de son milieu, décidée à se débarrasser de l'enfant qu'elle porte et qui est le fruit d'un épisode absurde. Elle n'a qu'une passion, la peinture, une seule affection profonde : son amitié pour son frère Frédéric, officier en garnison à Nancy, auquel elle se confie par lettres ou dédie ses rêves, ses émotions, ses découvertes. Artiste de talent, elle tombe sous le charme - et dans le piège d'un pays dont la lumière, les parfums, la sensualité l'imprègnent toute et nourrissent ses nombreuses toiles aujourd'hui dispersées. Les souvenirs et témoignages, recoupés au fil d'une cinquantaine d'années, de ses amis, de ses amants - le jeune pêcheur Miguel, Llul, chef comptable énigmatique, Carrasco, prêtre tourmenté qui finira aumônier et poète abscons, un couple d'anarchistes russes - reconstituent la figure exceptionnelle de cette femme émancipée dont le destin se mêlera à celui d'une Algérie que l'Histoire paraissait ignorer. Viendra pourtant le temps des guerres, de plus en plus proches, de plus en plus sanglantes, et le temps amer de l'exil pour un million d'hommes devenus « corps étrangers » sur leur terre natale.

Louis Martinez est né en 1933 à Oran. Boursier à Moscou en 1955-1956, il a enseigné la langue et la littérature russes pendant près de quarante ans, commenté et traduit quantité d'auteurs russes classiques ou contemporains, poètes ou prosateurs, de Pouchkine à Mandelstam ou Pasternak et de Saltykov-Chtchedrine à Siniavski, Soljenitsyne et Platonov. Il portait en lui ce premier roman depuis de très nombreuses années.

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Le personnage central du roman, Denise, née à Bordeaux qui découvre Oran en 1913 et qui périra dans des conditions tragiques nous a vraiment touchés. C'est une jeune fille dont le véritable amour est la peinture. Elle fuit sa famille pour avorter et l'auteur veut voir là l'image de l'oeuvre avortée de la France en Algérie. C'est décrit subtilement à travers un procédé littéraire qui peut dérouter certains lecteurs. L'auteur, un Oranais, actuellement professeur de russe à l'Université d'Aix en Provence utilise comme au cinéma le flash back: il revient perpétuellement en arrière et emploie souvent l'allusion. Mais si l'on veut passer outre, on est comblé par l'histoire et la description d'Oran et des Oranais pendant 50 ans. (J F-A)