9 septembre 2011 - Décoration dans l'Ordre national du Mérite

Mon discours de remerciements.

                  Bonjour Mesdames et Messieurs.

 

Merci Monsieur le Député-Maire pour ce panégyrique flatteur et indulgent. J'apprécie infiniment que vous ayez accepté de me remettre cette médaille, c'est pour moi un honneur.

Je remercie également Mesdames et Messieurs les élus. Mr LISNARD dont j'apprécie les encouragements, Madame SOLER, Présidente du Cercle Algérianiste de Nice, Monsieur PEYRAT qui m'a toujours soutenue dans mon aventure littéraire et qui m'a écrit une superbe préface pour mon livre intitulé  « Chez nous en Algérie, la méditerranée était au nord ».

Pardonnez-moi de ne pas vous citer tous, de crainte d'en oublier.

 

Je suis fière d'avoir été distinguée par la plus haute autorité de l'Etat. A travers moi, tous les Pieds-Noirs sont honorés. C'est un hommage à tous nos parents et grands-parents qui ont construit ce magnifique pays à force de travail acharné, de courage et de ténacité. Et tous les Prix Littéraires et Médailles que mes livres ont obtenus je les leur dédie.

La vie d'une homme, d'une femme se fonde, se construit, s'enrichit par ses rencontres. J'ai eu la chance d'en faire d'exceptionnelles.

 

Ma première chance fut d'avoir de merveilleux parents, et grands-parents  et s'ils ne m'ont pas laissé grand-chose ( de matériel j'entends! puisque l'Histoire les a jeté hors de chez eux )  ils m'ont donné tout leur amour, leur sens du devoir accompli, l'amour du prochain sans préjugés, l'amour de la nature et des animaux, ils m'ont donné leur courage et leur force. Et cela vaut toutes les fortunes du monde ! Et de là-haut je sais qu'ils me guident et qu'ils sont fiers de moi.

Mon arrière arrière grand-père Jean-Adam KULLMAYEUR est parti d'Alsace en 1870, du village de Mosser parce qu'il ne voulait pas devenir allemand, il a crée en Algérie le village de Lavarande, il s'est battu contre les pillards, les fièvres, la malaria, la typhoïde pour faire sortir de ce marécage, cette terre rouge et fertile.

Mon grand-père Charles-Antoine BERTRAND s'est battu à Verdun où il a été gazé, dans les tranchées, il faisait partie de la 4° compagnie des Zouaves  de la célèbre Armée d'Afrique. Il a poursuivi l’œuvre de ses parents, en créant un petit paradis où  jasmins et orangers en fleurs embaument et où j'ai passé toute mon enfance à Baraki, dans la plaine de la Mitidja.

Mon père André FOUGERE, à 20 ans, s'est embarqué pour Londres à l'appel du Général De GAULLE, quittant sa Normandie natale, il avait le numéro 19 et fut un valeureux combattant  de la 1° Division Française Libre au sein du 1° Bataillon de Fusiliers-Marins. Il a eu de nombreuses médailles pour ses campagnes de Lybie, de Syrie, d'El-Alamein et Bir-Hakim. Il sera d'autant plus déçu quand le Général de Gaulle abandonnera l'Algérie, sans se soucier du sort de tout un peuple.

Je n'oublie pas les femmes courageuses de ma famille : Louise MOSSER, Catherine LANZAC, Madeleine PUJO, Virginie SOLARINO ma grand-mère et Yolande BERTRAND épouse FOUGERE ma mère ; Elles ont eu une vie rude et difficile, elles ont montré à maintes occasions leur courage, leur amour pour cette terre, et pour ses habitants en créant écoles et dispensaires.

Je suis guidée, dans mon aventure littéraire, par cinq générations de femmes et d'hommes qui ont enrichi cette terre de leur corps, de leur sueur.

Je voudrais remercier aussi mon mari Alain qui me supporte depuis 45ans, pour sa patience à mon égard. Il est mon meilleur ami, mon soutien, mon coach, un pilier sur lequel je peux m'appuyer. Et il s'est arrangé pour qu'on me remette la médaille  le jour de la Saint Alain !

Je remercie également mes enfants : ma fille Véronique et mon fils Christophe, pour toute l'aide et le soutien qu'ils m'ont apportée ; Pour moi,  ils sont le nombril du monde.

J'ai la joie d'avoir une belle-fille Loëtitia et un gendre Henri, adorables et mes 5 petits-enfants sont ma plus grande fierté : Manon, Thomas, Eloïse, Lilian et la petite dernière : Louise, je les adore et ils se partagent mon cœur. Ils sont tous présents dans mes livres. C'est pour eux que j'ai commencé à écrire.

 

Je remercie tous mes amis qui sont là autour de moi aujourd'hui, car rien n'est plus beau que l'amitié. Elle aide à vivre.

Toutes ces rencontres ont donné un sens à ma vie car j'ai eu deux vies : une vie là-bas dans mon cher pays dont le souvenir est comme une écharde plantée dans mon cœur, impossible à oublier,  et une vie ici.

Est-ce une chance ou un malheur ? je préfère penser que c'est une chance même si la nostalgie de la première est grande.

Quand je suis arrivée d'Algérie en juin 1962, nous sommes restés avec mes parents une année à Cannes, j'allais au Lycée Bristol et mon frère au Lycée Carnot, mon père cherchait désespérément du travail, ma mère courait les brocantes pour meubler notre petit 2 pièces et moi égoïstement je me sentais libre, libre de rester tard le soir sur la plage, libre d'aller au cinéma sans redouter une bombe placée sous les sièges, libre, sans couvre-feu, sans bruit d'explosion, sans cette peur qui nous prenait au ventre et qui ne nous lâchait plus. Et mon rêve était alors : si je peux je reviendrais vivre à Cannes, car cette ville ressemble tant à Alger, le Boulevard du front de mer, se superpose sur la célèbre Croisette dans mes souvenirs qui pâlissent de jour en jour. Mon rêve s'est réalisé ( Shenandoah qui veut dire : rêve réalisé).

C'est vrai que depuis notre départ en exil, je suis une nomade, je n'arrive pas vraiment à me sentir chez moi, sauf à Cannes où quelquefois assise sur les célèbres chaises bleues de la Croisette, regardant les palmes des palmiers se découper sur l'azur du ciel, mon âme vagabonde et traverse la méditerranée pour retrouver le vent du Sud qui caresse ma peau. L'illusion est si grande que je crois apercevoir la ville blanche où je suis née : Alger.

 

Et maintenant comme le dit si joliment une de mes amies, j'entame ma 3° vie dans l'espace culturel de Cannes où j'ai été si bien accueillie. Ecrire pour moi  est une passion, deux romans sont en cours. Je suis atteinte d'une maladie incurable : la graphorrhée !

 

Merci aussi à tous mes lecteurs qui m'ont encouragée à poursuivre, sur le dur chemin de l'édition car si on n'a pas un nom connu, si on n'est pas fils de... ou fille de … alors les portes ne s'ouvrent pas facilement. Mais heureusement j'ai trouvé sur ma route : vous Monsieur le Député-Maire,  Monsieur Jacques AUGARDE, ancien ministre, Monsieur PASQUINI, Monsieur PEYRAT, Mr BRIALY, Mme Brigitte BARDOT, Mr LIAUTAUD, Mr MULLER, Mr DARTIGUES, Mr CASSAN, Mr POULIT et bien d'autres encore ; Sur mon site Internet leurs lettres d'encouragements figurent en bonne place.

Mes livres sont un hommage à tous nos parents et grands-parents, une ode à mon pays, si cher à mon cœur et aussi une reconnaissance envers mon pays d'adoption : la Côte d'Azur. Mes derniers ouvrages parus plaisent beaucoup car la côte turquoise se décalque sur la légendaire Côte d'azur. Je voudrais qu'ils participent à la Paix entre les peuples, qu'ils soient un message d'amour, de foi en l'Homme, qu'ils éclairent les consciences  et qu'ils témoignent que malgré les vicissitudes de notre monde, la vie reste belle et mérite d'être vécue.

J'ai eu des émotions dans ma vie, mais celle d'aujourd'hui comptera parmi les plus intenses. Comment pourrait-il en être autrement puisque j'ai l'immense bonheur de voir tous ceux qui comptent pour moi, le meilleur de ma vie.

 

Et si c'était en mon pouvoir comme un magicien, mais je ne suis qu'un magicien des mots, un poète, un jongleur de l'esprit, j'aimerais que cette médaille, maintenant accrochée à mon revers, se transforme en une pluie d'étoiles et que chacun d'entre vous en saisisse une.                  

 Je vous remercie                                                                   Jocelyne MAS