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Jeannine
Verdes-Leroux | LES FRANCAIS D'ALGERIE, DE 1830 à AUJOURD'HUI - UNE PAGE D'HISTOIRE DECHIREE .(Fayard) |
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Voici
un extrait d'un article de l'"Express livre" :
L'Express du 12/07/01
La tragédie pied-noir par Daniel Rondeau
Les Français d'Algérie , étrange histoire, écrite
à même une terre qui fut l'un des socles de l'Afrique romaine,
ramassée comme une boule de fièvre qui roule sur un peu plus d'un
siécle, d'une rive à l'autre de la Méditerranée,
loin des coeurs tiédes. Une aventure violente, colorée, heureuse
parfois, presque rîvée même, avec des odeurs de printemps
du monde, des crimes, des communions, des malentendus, des instants d'éternité,
des silences (le silence de Camus), et terminée vite fait mal fait, en
tragédie, par un coup de hache.
Quelques dates encadrent ce temps dit de l'Algérie française entre
des parenthèses de fer. La conquête de l'Algérie est terminée
en 1857, la colonisation culmine en 1930, l'indépendance est proclamée
en 1962 et le peuple pied-noir prend le bateau. Pour lui, l'Algérie,
c'est fini, son Exodus commence. Le général De Gaulle, qui parle
de l'envoyer en Nouvelle-Calédonie ou en Guyane, ne manifeste qu'une
froideur méprisante pour cette communauté à la dérive.
Les Français (l'Eglise, la gauche, la presse), pressés de tourner
la page algérienne, réagissent à l'unisson. Les rapatriés
deviennent les mal-aimés de la nation, relégués dans un
dépaysement qui ressemble à un exil intérieur et quasi
expulsés de la mémoire collective - les harkis, cette autre tache
sur le glorieux képi du Général, ne seront pas mieux traités.
Jeannine Verdès-Leroux s'est penchée sur cette histoire après
avoir lu Le Premier Homme , de Camus. Elle nous livre un essai passionné,
passionnant, parfois brouillon, sur cet exode, point final d'une aventure commencée
avec Bugeaud et le duc d'Aumale.
La conquête n'était pas allée sans atrocités. L'épisode
le plus connu, et le plus atroce, se situe dans les grottes du Dahra, en 1845.
Un millier de personnes sont enfumées par le colonel Pélissier.
La France suit les événements avec passion et les protestations
se multiplient à la Chambre des pairs et dans les journaux. Car la colonisation
fait l'objet d'un débat permanent, mené parfois à front
renversé. Mission française pour Victor Hugo ("Nous sommes
les Grecs du monde"), Tocqueville (pour empêcher les Anglais de s'installer
à notre place, mais non sans critiquer notre "mépris du droit
et des gens") et Jules Ferry, elle est combattue par Bugeaud, pourtant
son bras armé, qui s'oppose à l'"aristocratie de l'Ècritoire"
et craint que nous n'entrions dans une "guerre perpétuelle".
Après cinquante ans de doutes et de pessimisme, l'Algérie française
est installée par la République dans les certitudes d'une mission
civilisatrice, qui restera jusqu'aux derniers instants la référence
culturelle et politique des pieds-noirs.
Avec la guerre d'Algérie, leur univers s'effondre. Ils doivent envisager
la question du départ pendant que les Français de métropole
les couvrent d'un opprobre rétrospectif en les chargeant de tous les
crimes, ceux d'hier, qu'ils n'ont pas commis, et ceux d'alors, dont la plupart
restent innocents, alors que la République elle-même se déshonore
dans les caves des villas d'El-Biar, où elle massacre à petit
feu les prisonniers soumis à la question.
Pour Jeannine Verdès-Leroux, les pieds-noirs ont été laminés
par les multiples discours sur le colonialisme et par les ambiguités
du verbe gaulliste. Cette confusion au niveau des mots et des interprétations
a créé une situation proprement délirante et les a enfermés
dans leur désespoir. Tout le livre de Verdès-Leroux, qui rameute
quelques voix familières, et non des moindres (Georges Buis, José
Aboulker), est un plaidoyer pour des gens abandonnés pour solde de tout
compte.
Il nous rappelle non sans raison quelques vérités (il y en eut
d'autres, bien sûr: la torture, les "corvées de bois")
que les Français n'ont pas voulu entendre. Pas voulu, pas su, pas pu.
Il faudra bien admettre un jour que le problême algérien, comme
l'écrivait Jean Daniel, a dépassé tout le monde, de Gaulle
et les Français.
Tous les Pieds-Noirs ne sont pas d'accord avec l'ouvrage de Mme Verdès-Leroux.
Une lecture attentive montre en effet des côtés pernicieux, bien
dissimulés dans une prose qui, si elle ne nous est pas hostile, ne s'affiche
jamais ouvertement en notre faveur.
Sous couvert d'impartialité ou d'objectivité
que de couleuvres avons nous dû avaler depuis 40 ans !
Un des aspects déplaisants de cet ouvrage (dont
je comprends mal le Prix Algérianiste) se trouve dans l'idée clairement
développée que, finalement, nous avons "rêvé" notre
Algérie, que nous édulcorons notre passé et que, à
tout prendre, nous ne sommes pas des témoins fiables. Cette dame, du
haut de sa compétence professionnelle indéniable, nous retire
délicatement mais fermement le droit à la parole.
Pour ceux que mon opinion intéresse, une analyse
plus détaillée a été publiée dans "le Bulletin
de l'ACEP" de Décembre 2001.
Fillard Jean-Pierre
Date: 10 May 2003
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en faire part, ils seront publiés ci-dessus......
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