Le Nouvel Observateur
Le
Quotidien Permanent du 26/8/2005
COLONISATION
Bouteflika appelle Paris à
reconnaître ses fautes
Le président algérien
Abdelaziz Bouteflika a demandé jeudi à la France de
reconnaître ses torts durant colonisation de l'Algérie
de 1830 à 1962.
La France doit reconnaître
ses fautes durant la colonisation de l'Algérie de 1830 à
1962, a estimé jeudi 25 août le président algérien
Abdelaziz Bouteflika dans un discours à Sétif, à
300 km à l'est d'Alger. Evoquant les
massacres du 8 mai 1945 à Sétif qui ont fait 45.000
morts selon les historiens algériens, de 15.000 à 20.000
selon des estimations de sources françaises, M. Bouteflika
a affirmé qu'il n'y avait pas d'autre choix pour la France
que de reconnaître ses torts. "Nous rappelons à
nos amis en France, à ceux dont la conscience est encore vive,
qu'ils n'ont pas d'autre choix que de reconnaître qu'ils ont
commis des fautes à l'encontre du peuple algérien depuis
1830", a-t-il clamé devant une foule nombreuse au stade
de la ville. "Ils n'ont pas d'autres choix que de reconnaître
qu'ils ont torturé, tué, exterminé de 1830 à
1962 qu'ils ont voulu anéantir l'identité algérienne",
faisant que "nous n'étions ni berbères, ni arabes,
ni musulmans, nous n'avions ni culture, ni langue, ni histoire",
a-t-il expliqué.
Loi controversée
Le président
Bouteflika a également estimé que les Algériens
méritaient plus une repentance de la France que les Malgaches,
expliquant qu"'il y aurait des initiatives de l'ancien Etat colonial
visant à demander pardon aux populations de Madagascar".
"Qu'ont-ils souffert comparés au peuple algérien,
qu'ont-ils souffert" par rapport "aux fils de Sétif',
s'est-il interrogé. Le président Bouteflika n'a pas
évoqué le traité d'amitié que l'Algérie
et la France devraient signer avant la fin de l'année ni la
loi française controversée du 23 février sur
"le rôle positif de la présence française
outre-mer, notamment en Afrique du Nord" qu'il avait, plusieurs
fois, dénoncée. A propos de cette loi, il avait dénoncé
des "laudateurs d'un terrorisme (...) crapuleux" et affirmé
qu'elle relevait d"'une cécité mentale confinant
au négationnisme et au révisionnisme". Le président
Bouteflika avait suscité une autre polémique, en mai,
en comparant aux "fours crématoires des nazis" les
fours à chaux ayant servi à incinérer les cadavres des victimes de la répression
des manifestations du 8 mai 1845 dans l'est de l'Algérie, notamment
à Sétif et à Guelma.