Au fil des années, le Salon des écrivains et artistes rapatriés des provinces françaises d’A.F.N, créé en 1976 par le Bonois Norbert Cepi à Antibes-Juan les Pins, ne cesse de grandir en notoriété sur l’initiative de son fils Jean Vincent Cepi, qui lui a succédé, à son trépas, à la présidence de l’Amicale des rapatriés d’Antibes et du comité organisateur de ce Salon, " unique en France " au sein de notre communauté française d’Algérie et de celle de nos compatriotes voisins du Maroc et de la Tunisie.

L’édition 2004 a de nouveau connu un grand succès d’affluence avec quelque 15.000 visiteurs, non seulement en raison des fibres nostalgiques ou grâce à l’évocation de nos racines et de l’œuvre de nos pionniers, mais aussi par la défense de notre patrimoine culturel dans toutes les sources de l’Art et de son essor sur le plan national depuis l’exode. Il est vrai que chaque année, Jean Vincent Cepi et ses dévoués amis ne cessent d’innover et placent ainsi leur manifestation dans un éternel mouvement perpétuel d’innovations et de thèmes toujours reliés à l’Histoire de " Notre Pays perdu "  

Les innovations de cette 26°édition, liée à la commémoration,( en avance de trois mois), du soixantième anniversaire du débarquement de l’Armée d’Afrique en Provence, ont porté sur le lancement d’un festival des films de l’épopée coloniale et de l’Algérie française avec notamment le " Simoun " et le célèbre " Pépé le Moko " et sur la célébration d’une prière œcuménique dite par le R.P.Balzamo, un rabbin et un imam, à la mémoire des morts de l’Armée d’Afrique et de ceux demeurés dans les cimetières d’Algérie, en présence des statues de N.D. d’Afrique, de N.D de Santa Cruz et de Saint Augustin dont les reliques reposent à Hippone, berceau de la famille Cepi.

Cependant le " clou " du Salon antibois demeurait toujours le Prix littéraire–il porte le nom de son fondateur Norbert Cepi-qui, pour sa version 2004, présentait pas moins de 9 auteurs en lice, dont les ouvrages étaient tous, par leur styles nostalgiques ou historiques aussi émouvants et prenants les uns que les autres, dans l’évocation du patrimoine de " Notre Pays perdu ". La tâche du jury présidé par Jean Vincent Cepi, ne s’avérait donc pas aisée et trois auteurs se partagèrent le palmarès. L’unanimité, en cette année d’attente de la promulgation de la loi portant reconnaissance de la Nation dans une contribution nationale et une réhabilitation en faveur des Rapatriés, se fit, toutefois, sur le livre " Fors l’Honneur "  de Claude Micheletti, (cruellement arraché à l’affection des siens et de ses compatriotes oraniens, à l’âge de 68 ans, le 22 fevrier 2004), qui obtint le premier des trois prix, " Prix spécial du Jury " devançant " Les voleurs de soleil " de Maurice Brunetti et " Le Maltais de Bab-El-Kadra " de Claude Rizzo, du concours littéraire Norbert Cepi 2004.

Par son choix, le jury a voulu, en premier lieu, rendre un hommage posthume à ce grand combattant et acharné défenseur de sa terre natale que fut Claude Micheletti, ancien ORO de l’Etat major de la Zone III de l’OAS en Oranie, mais ensuite à la valeur historique de ses écrits qui, s’ils ont su honorer l’Honneur de ses compagnons de combat dans la guérilla clandestine oranaise 1961/1962, demeureront une source de rétablissement de la vérité dans la refonte de l’Histoire de l’Algérie française et de ses huit années de guerre, dans les manuels scolaires.

C’est son épouse Marie-Jeanne Micheletti qui reçut le Prix destiné à Claude Micheletti, des mains de M.Jean Pierre Gonzalez, premier adjoint, représentant le député-maire d’Antibes Juan-les-Pins, Jean Leonetti et les félicitations de M. Marc Dubourdieu président de la Mission interministérielle aux Rapatriés.

Marie-Jeanne Micheletti, jeune maman de deux petites filles en 1962, avait rejoint son époux dans la clandestinité et s’attachait à la transcription des messages officiels mis sur réseau d’écoutes. Une belle démonstration de courage qu’elle ne put manifester en cette journée antiboise honorant la mémoire et le livre de son époux, l’intensité d’émotion était trop grande : Elle ne put maîtriser ses larmes ni donner lecture de son propos de remerciements.

Une ambiance poignante qui gagna d’ailleurs toutes les personnalités présentes. Souhaitons qu’elles en demeurent imprégnées et que le Salon littéraire d’Antibes, en couronnant " Fors l’Honneur " et en honorant la mémoire de Claude Micheletti, ait fait œuvre et su montrer la direction à suivre, vœu de notre communauté de Français d’Algérie, afin que se concrétise la loi de reconnaissance de la Nation, attendue depuis 42 ans, envers ses enfants arrachés à leur sol natal! Cette loi, bien qu’arrivant très tard, prochainement soumise au vote parlementaire, se doit d’exprimer la reconnaissance de leur œuvre, des souffrances et des sacrifices qu’ont endurés les rapatriés, mais aussi la réhabilitation des derniers partisans de l’Algérie française.

Ce 26° Salon a marqué intimement la famille Cepi puisque le jour de la prière œcuménique, la maman de Jean Vincent Cepi décédait ; Elle a ainsi rejoint son époux Norbert Cepi et le chanoine d’Agon de la Contrie : Une trinité qui bénira désormais, du haut des cieux, les prochaines organisations de ce Salon des écrivains et artistes rapatriés des provinces françaises d’Afrique du Nord, dont tous trois ont été les fondateurs et auquel ils ont consacré de nombreuses années de leur vie, ici-bas !