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Actualité (Edition du 28/3/2005)

 

Polémique sur le regroupement des cimetières français en Algérie

L’Asca à Alger pour dépassionner le débat

Par Arab Chih Lu

Trois membres de l’Association pour la sauvegarde des cimetières d’Algérie (Asca), Mme Latapie (présidente), le Dr Bourdon (trésorier) et Mme Bourdon (secrétaire), sont depuis samedi à Alger.

La féroce campagne médiatique menée par certaines parties à la suite de la décision des autorités françaises de procéder au regroupement de 62 cimetières français en Algérie en est la cause. Ils comptent rencontrer aujourd’hui le consul de France à Alger ainsi que l’adjoint de l’ambassadeur. Des visites dans des cimetières français (Rouiba, Réghaïa, Baraki, Sidi Moussa…) sont inscrites aussi dans leur agenda.
À leur retour en France, ils rencontreront l’ambassadeur d’Algérie. Pour le Dr Bourdon, son association est mandatée par les autres associations de rapatriés pour parler en leur nom sur ce chapitre des cimetières. Par ce déplacement algérois, les membres de cette association espèrent mettre fin à ce déchaînement de passions et rasséréner un tant soit peu leurs adhérents. “On est là pour calmer le jeu. En France, la presse ne parle que de ça. Pour obtenir un impact médiatique, certains font paraître dans la presse des titres calamiteux semant ainsi le trouble chez les pieds-noirs. Alors que personne n’a rien à gagner en polémiquant sur un sujet aussi sensible”, explique le Dr Bourdon.
Pour lui, l’un des principaux artisans de cette regrettable campagne est l’association France- Maghreb. Il lui reproche de faire trop de bruit pour des intérêts étroits. “Ils desservent la cause. C’est une affaire purement commerciale. Ils ont réussi médiatiquement, mais c’est au détriment du problème de fond qu’ils polluent complètement”, s’offusque-t-il.
Son association qui a, à son compteur, 20 ans d’existence et quelque 1 500 adhérents, est catégoriquement contre le transfert collectif vers la France des ossements des défunts. À ses yeux, une telle opération est de nature à effacer toute trace du passage de la France en Algérie. En revanche, il voit d’un bon œil cette idée de regroupement au niveau des chefs-lieux de wilaya des cimetières implantés dans des zones reculées. Seulement son association demande à ce que des monuments, où seront inscrits les noms des défunts, soient élevés sur les lieux de chaque cimetière déplacé. “Nous sommes ici pour ça aussi. Le principe est acquis. Reste à s’entendre sur les modalités pratiques. Mais nous avons peur qu’avec cette polémique l’opération soit compromise. Déjà que les politiques ont décidé de tout arrêter pendant trois mois en attendant que la situation se calme un peu”, souligne-t-il avec inquiétude. Est-il besoin de mentionner que l’Asca a déjà rénové les cimetières français d’El- Harrach et de Hussein-Dey. Lors de sa visite en Algérie, en mars 2003, le président français, Jacques Chirac, avait alors annoncé un plan d’action et de coopération relatif aux sépultures civiles françaises en Algérie. Pas moins de 523 cimetières et près de 210 000 sépultures seront touchés par cette opération de rénovation qui s’étale sur 5 ans. Le ministère français des Affaires étrangères a rendu public, le 7 décembre 2004, un arrêté fixant une liste de 62 cimetières (environ 4 000 tombes) trop dégradés qui feront l’objet d’un déplacement. Ainsi un délai flexible de 4 mois était accordé aux familles qui voulaient transférer en France les restes de leurs défunts. Mais l’opération ne sera entamée qu’à fin 2005. Depuis, cette affaire a fait les choux gras de la presse française.

A. C.