Cimetières français en Algérie

Communication de Renaud Muselier, Secrétaire d'Etat aux Affaires Étrangères, à un groupe de parlementaires
( 22 mars 2005)

Dans le cadre de sa visite à Alger le 03 mars 2003, le Président de la République a annoncé le lancement d'un plan d'action relatif aux sépultures civiles françaises en Algérie.
Ce plan, particulièrement volontaire, a pour principal objectif l'entretien et la rénovation des 209.000 tombes françaises situées en Algérie dans 523 cimetières civils. Pourquoi une telle initiative ? D'abord, parce que ces tombes, ces cimetières, ces lieux de recueillement, constituent une part importante de la mémoire de notre pays. Des travaux sont donc indispensables pour assurer la pérennité de cette mémoire.
Ensuite, un grand nombre de tombes étaient devenues inaccessibles en raison de l'insécurité. Elle se sont parfois considérablement dégradées. Enfin, ces travaux d'entretien et de rénovation contribuent à conforter le repos et la dignité de morts, que les familles n'ont quasiment plus eu le loisir d'honorer. Les travaux préliminaires au lancement du plan d'action ont montré que sur les 209.000 tombes recensées, environ 4.000, soit 2% des tombes, devront être déplacées et regroupées. En effet, sur les 523 cimetières recensés, une soixantaine de cimetières de taille modeste, ne pourront être réhabilités, en raison de leur situation géographique ou des dommages qui leur ont été causés.
Nous avons été particulièrement attentifs au choix de la localisation des nouvelles sépultures. Des principes essentiels constamment dicté ces choix : le respect de la dignité et de la mémoire des morts. La surveillance et l'entretien notamment de ces nouvelles sépultures seront scrupuleusement suivis.
Lors de ce regroupement, dont les premiers travaux ne débuteront pas avant l'automne 2005, nous veilleront aussi à ce que tout soit fait dans le respect et le recueillement.
Des cérémonies religieuses seront organisées lors de la nouvelle inhumation des corps. Des stèles commémoratives rappelleront la place des anciens cimetières.
Au cours de ces opérations de regroupement, il est possible que des familles souhaitent procéder au rapatriement des restes de leurs proches.
nous nous engageons à leur apporter tout le soutien nécessaire pour les opérations d'exhumation ou pour les formalités administratives liées au rapatriement. Nos Consulats Généraux et la Mission Interministérielle aux rapatriés accompagneront chacune des familles qui en éprouverait le besoin. en tout état de cause, les tombes regroupées, donneront toute garantie de respect de la dignité, de la mémoire et du repos des morts.
Contrairement à ce qui a pu être dit, le rapatriement est loin d'être une obligation. Il s'agira d'une option que les familles proches des 4.000 tombes endommagées pourront faire valoir si elles le souhaitent.
S'agissant des délais, beaucoup de contre-vérités ont été avancées.
Le délai de quatre mois, qui court à partir du 15 janvier 2005, représente le temps avant lequel l'Etat ne peut procéder aux opérations de regroupement. Il ne s'agit pas du délai avant lequel les familles doivent se prononcer sur le rapatriement de leurs proches.
Les familles concernées par les 4.000 tombes pourront informer les Consulats Généraux ou la Mission aux rapatriés de leur intention de rapatrier leurs proches, dès maintenant si elles le souhaitent. Au-delà des quatre mois, leur éventuelle décision de rapatriement sera évidemment traitée.
Par ailleurs, les opérations de regroupement ne débuteront qu'une fois toutes les conditions, notamment financières, réunies. L'automne 2005 paraît l'échéance la plus probable.
Des décisions tardives des familles, au-delà de septembre 2005, seront accueillies avec bienveillance par les Consuls Généraux.
Il ne s'agit donc ni d'un ultimatum des Algériens, ni d'une opération précipitée de l'État français.
Je veux enfin rappeler la participation prépondérante de l'Etat quant aux opérations de rénovation, d'entretien et de regroupement. Car là aussi, des approximations ont semé le trouble dans les esprits.
l'Etat prend en charge l'essentiel du coût que représentent les opérations de rénovations et d'entretien. Cela représente près de la moitié du coût de l'entretien et de rénovation des tombes de français à l'étranger.
La participation des collectivités locales est à saluer. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.
Je sais que des questions pèsent sur les cimetières oranais. Ils n'ont, à ce jour, pas été entièrement recensés. Les tombes qui, le moment venu, nécessiteraient des opérations de regroupement ne sont pas non plus identifiées.
Dès que cela sera techniquement possible, les dispositions prises pour les 523 cimetières concernés par le plan d'action, leur seront étendues.

Crédit :http://www.proche-orient.info/images/img_pages/surtitre_der_heure.gif
24 mars 2005 / 12 h 23