Riposte laïque du 29/01/2022 |
Pour
la première fois depuis le début de son fugitif parcours
politique, Emmanuel Macron a porté
sur le peuple des Français d'Algérie, un regard qui
n'est pas négatif. Il aurait même prononcé, selon
certains, de belles paroles, des paroles qui pour quelque observateur
éloigné des réalités qui ont accablé
cette population authentiquement et viscéralement attachée
à la France en tant que Nation et à l'Algérie
en tant que terre natale ont pu paraitre simplement patriotes, des
paroles réconfortantes et constitutives d'un sentiment de reconnaissance
revendiquée, espérée, attendues depuis si longtemps. Bien
sûr, je connais un grand nombre de personnes (dans mon entourage
même) dont l'émotion fut grande à entendre ces
mots que peu de politiques ont prononcés depuis la fin de ce
que d'aucuns ont, contre toute évidence, appelé guerre
d'Algérie. Des larmes ont coulé sur leurs joues rougies
par l'émotion, fruits d'une sensibilité légitime
mais aussi, selon moi, d'une naïveté un peu déconcertante. J'ai
vu Robert Ménard, empreint d'un chagrin énorme, sangloter à chaudes
larmes à l'évocation de l'attachement de son père pour sa terre
d'origine à jamais perdue, et j'ai compris qu'il était malgré
tout heureux d'entendre les paroles Jupitériennes. Je le comprends. Pourtant,
il ne faudrait pas oublier que le chaos vécu par les pieds-noirs
à Alger et à Oran, mais aussi ailleurs et sur une période bien
plus longue, s'est produit il y a exactement 60 ans, c'est-à-dire
au siècle dernier. Cela est un passé si familier de notre présent
et si proche de notre futur par le caractère indélébile des blessures
qu'il se passera du temps avant la totale cicatrisation de la plaie.
S'il est évident que le temps ne gommera jamais l'ignominie de
ces moments ni la souffrance des populations qui ont subi les violences
que l'on sait, il parait légitime, alors, de s'interroger, quoi
qu'il en soit, sur la sincérité d'un tel discours ou du moins
sur la motivation qui a prévalue à son inattendue survenance. Face
à la manifestation du Président, deux questions se posent, effectivement.
La première est de savoir la raison qui l'a poussé à s'exprimer
et la deuxième est pourquoi maintenant ? Que
ces paroles, prétendument apaisantes, aient mis ce sujet brulant,
clivant et bouleversant au centre du débat, est sans doute une bonne
chose qui donnera aux Français d'Algérie le sentiment d'exister
encore. Mais je le dirais sans détour ni modération, en tant que
membre de cette partie de la Nation, j'ai profondément le sentiment
d'être pris en otage dans un jeu de dupe qui consisterait à l'échange
d'une voix contre une désagréable flagornerie que l'on voudrait
me faire prendre pour une sorte d'hommage glorieux après une espèce
de réhabilitation généreusement accordée. Qui,
d'ailleurs, pourrait croire une seconde que les mots prononcés
à trois mois du premier tour de l'élection Présidentielle soient
sincères ? Croyez-vous
pouvoir effacer cette insulte avec les insignifiantes et fielleuses
douceurs que sans doute un « petit homme gris » de votre
entourage vous a, imprudemment suggérées, Monsieur Macron ? Non,
Monsieur Macron, les pieds-noirs
(ou du moins une grande partie d'entre eux) et la grande majorité
des Harkis ne vous seront pas favorables lors de la prochaine élection. Il
faut que vous partiez, il faut que vous cessiez de diviser les Français,
il faut arrêter de blesser la France. Votre départ pourrait être
l'instant du renouveau Cela suffit Monsieur Macron.
Partez, nous n'aurons aucune difficulté à nous passer de votre
« en même temps » dévastateur. J'aimerais
pouvoir ne vous dire ni « au revoir », ni adieu mais bon
débarras.
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Mis en page le 29/01/2022 par RP |