FRAGMENTS MORCELES DE MEMOIRES EVOQUES A L’EMPORTE-PIECE

 

Par le docteur Jean-Claude PEREZ,

Sans crainte du malheur, sans espérance de gloire…

Nous sommes en train de vivre une année au cours de laquelle seront célébrés deux anniversaires.

Le centième anniversaire de la « grande boucherie » que représente la guerre de 1914 – 1918 au cours de laquelle les « pol-pots » d’Occident s’en sont donnés à cœur joie.

         Le 1er novembre 2014, nous n’oublierons pas le 60ème anniversaire du déclenchement officiel de la guerre d’Algérie. Une guerre qui n’est pas encore terminée. Je ne parle pas d’une guerre contre l’Algérie. J’évoque une guerre qui fut déclenchée en Algérie contre la France, contre l’Occident, contre la Croix, lors de la Toussaint 1954.

Les différentes réflexions dans lesquelles je me suis plongé à propos de la guerre d’Algérie, m’ont appris une chose : il faudra dorénavant revoir très sérieusement la loi de Lavoisier. Celle qui nous apprend que dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme

On se rend compte en effet que, dans les milieux bancaires, d’énormes quantités d’argent disparaissent parfois du jour au lendemain. J’insiste, cet argent disparaît. Il n’est pas transformé en investissements de luxe, de prestige, ou tout banalement utilitaires. On fabrique … du vent.

Jacques MARSEILLE, dans la perspective de clarifier l’évolution des empires coloniaux, avait expliqué la colonisation par le souci capitaliste de transformer l’argent qui stagnait dans les banques. Le transformer en production. Ce qui revient à affirmer que ce n’était pas pour faire de l’argent que l’on a colonisé, mais plutôt pour utiliser de l’argent excédentaire. Un argent qui risquait de s’atrophier. Qui risquait de mourir. Qu’il fallait réanimer.

On a colonisé pour transformer de l’argent inutilisé en « matériau » de production et de consommation. En moyen d’existence.

On l’a transformé en « vie ». Dans la perspective de faire encore plus d’argent, certes. Car ces gestionnaires ne sont pas des philanthropes.

Cette perspective était, sans conteste, matérialiste. Matérialiste « hyper-positiviste ». C’est indiscutable. Ce matérialisme avait l’avantage de s’identifier à un vecteur de Vie. Or, c’est au milieu de la vie, ce n’est qu’au milieu de la vie, que les hommes doivent exprimer leur liberté. Et à partir de leur liberté expérimenter, s’ils le veulent, s’ils en sont capables, s’ils le méritent, la recherche et le vécu de Dieu.

 

Ce potentiel de l’argent ne conférera jamais à ce dernier la puissance et le rayonnement de Dieu. L’argent c’est un moyen. Ce n’est pas un but. Ce serait dénaturer l’argent en tant que moyen d’action que de croire cela.

Moïse l’avait enseigné avec vigueur, même si son frère Aaron ne l’avait pas compris.

Et comme Moïse l’avait annoncé dans le Deutéronome, un autre est venu après lui nous enseigner ce que lui-même avait annoncé.

Il annonçait Jésus. Le Messie. Jésus, nécessaire incarnation de Dieu parmi les hommes, leur fit connaître à travers la vérité de son martyre, cet enseignement déjà proclamé dans le Deutéronome par la voix de Moïse.

 

         Le défunt Jacques MARSEILLE est allé plus loin dans son analyse. Il a écrit dans son énorme thèse de doctorat d’Etat qu’à un moment donné ces colonies ont fini par coûter plus cher qu’elles ne rapportaient. Ou plutôt elles ne rapportaient pas assez, parce que les investissements étaient privilégiés, routiniers, conventionnés.

Le capitalisme financier, au nom du sacro-saint principe du sauvetage de l’argent, ainsi que de l’augmentation nécessaire de la valeur ajoutée des investissements, et dans ce but là seulement, décida de mettre en œuvre le « délestage économique du débouché colonial ». Et tout particulièrement de l’Algérie.

Les terres, les hommes, ça ne compte pas ! La vie, la bio, ça ne compte pas ! Les échanges spirituels entre les hommes, ça ne compte pas ! Ce qui compte au-delà de toute mesure c’est « la valeur ajoutée des investissements ». C’est l’argent que fabrique l’argent.

C’est le message mis au point par Pompidou et les ersatzs du gaullisme : le délestage économique du débouché algérien. Délestage nécessaire d’après tous ces ersatzs pour permettre à la France son accession à la modernité. La modernité que nous expérimentons aujourd’hui à travers les brillants résultats économiques et sociaux que nous constatons.

Le veau d’or est toujours debout. Malingre, porteur de malédiction, mais debout.

 

         On se débarrasse donc de l’Algérie pour employer l’argent sur des sites de rentabilité jugés plus performante. Pour faire encore plus d’argent, le plus rapidement possible.

Seulement … seulement quoi ? Ne voilà-t-il pas que les grands animateurs et laudateurs de la décolonisation sont en train de nous dire que grâce à celle-ci, ou plutôt à cause de celle-ci, on a créé de nouveaux sites économiques qui se révèlent non seulement infructueux, mais surtout ruineux. Car la décolonisation se révèle avoir été, avant tout, génératrice de misère et de drames.

 

         La voilà la vérité : nous sommes en train de crever de la décolonisation qui fut conduite en dépit du bon sens par un capitalisme financier minable et rampant. Aux perspectives étriquées. Obnubilé par le court terme.

 

         Actuellement, dans la nouvelle construction européenne, une velléité de spiritualité essaie péniblement de se lever à l’est de l’Europe. La Pologne, la Bulgarie, et d’autres pays de l’ancien pacte de Varsovie, affirment leur christianisme. Ils défendent, trop discrètement cependant, la thèse historique d’un fondement chrétien de l’Union Européenne. Il semble, c’est peut-être une illusion me diront certains, que ce courant de foi, encore timide, imprègne aussi le monde russe. Un monde extérieur à l’Union Européenne.

Au-delà du rôle joué par des « syndicats d’argent » et certains manipulateurs de l’argent volé au peuple russe, après l’effacement historique du soviétisme, ce peuple semble se retrouver, en de multiples occasions, dans sa foi et dans le vécu temporel de son culte. C'est-à-dire dans son rituel religieux.

      Les Russes, dans une perspective d’avenir, ne peuvent pas faire l’impasse sur leur voisinage frontalier avec le monde turcoman. Ils ont fait, eux-mêmes, un constat. A l’ouest de l’Europe, il n’est plus nécessaire de monter la garde aux frontières du « Désert des Tartares ». Pourquoi ? Parce qu’à l’ouest de l’Europe, les Tartares sont déjà dans les maisons. Ils ont pris acte, en conséquence, que la défense de leurs terres, contre le nouvel envahisseur raciste et religieux arabo-islamiste, exige d’abord la réintégration de la Russie au sein du christianisme.

Celui-ci se définit désormais comme la place forte ultime de la liberté, dans la mesure où sera sincèrement appliquée la décision de Vatican II : la suppression mutuelle des anathèmes en vigueur depuis le XIème siècle.

S’agit-il d’une amorce de l’accomplissement du message transmis à Fatima le 13 mai 1917 ? Quelques semaines avant la révolution bolchevique ? A savoir que le monde chrétien sera sauvé lorsque la Russie redeviendra la Sainte Russie ?

L’Occident est encore à créer. L’Occident : un territoire où les chrétiens peuvent s’affirmer chrétiens, sans risque de massacres, de déportations, d’incendies, de privation de liberté et d’humiliations.

Ce monde-là n’existe pas au sud de la Méditerranée.

A cause des initiatives politiques, d’inspiration satanique ou gaulliste, pour moi il s’agit de termes synonymes, qui ont refusé d’attribuer à un immense territoire, l’Algérie française, le rôle de terre de rencontre et d’espérance nécessaire à la santé du monde. C’était cela le rôle qui était dévolu à l’Algérie française.

Ne rougissons pas de notre combat. Nous l’avons mené du mieux possible… contre le monde entier.

 

Dans ce combat est intervenu un de nos frères d’armes. Je veux parler de Pierre Descaves.

Je l’ai connu en novembre 1960, le soir même de ma sortie de prison. Je jouissais d’une mise en liberté provisoire, après 11 mois d’une détention octroyée par le Haut Tribunal Militaire de Paris, lors du Procès des Barricades.

Il était venu avec beaucoup d’autres, m’accueillir à la porte de la Santé. Il m’a déclaré d’emblée qu’il était nécessaire que lui et moi organisions une rencontre au plus tôt, dans le but d’étudier la suite opérationnelle qu’il fallait donner à la Semaine des Barricades d’Alger, pour sauver l’Algérie française. Je l’ai donc très vite retrouvé, avec celui qui, à ce moment-là, représentait, lui aussi, et je ne le savais pas en novembre 1960, un grand espoir de l’Algérie française. J’évoque Philippe Lauzier qui à cette époque, militait pour l’Algérie française, en étroite collaboration avec Pierre Descaves. Philippe avait exercé de redoutables fonctions au sein de la résistance contre l’occupant. C’était un ancien de brillantes unités militaires, en particulier du 8ème RICM [1] , une de nos unités parmi les plus décorées, sinon la plus décorée, qui eut très peu de survivants après la campagne de France de 1940.

C’était un patriote viscéral. Total. Convaincu. Il avait trouvé à cette époque-là, un correspondant parfait de ses convictions dans Pierre Descaves qui, lui aussi, cherchait à sauver la France à travers la vie de l’Algérie française.

C’est dans la demeure familiale de Philippe Lauzier, que j’ai tenu avec lui-même et Pierre, une première réunion opérationnelle.

Pierre, comme Philippe d’ailleurs, était informé de mes antécédents dans le combat clandestin, contre-terroriste, que j’avais organisé à Alger depuis 1955. Il connaissait dans le détail le rôle réel que j’avais tenu dans la préparation de la Semaine des Barricades, en 1960 à Alger. Le rassemblement du peuple de Belcourt, du Ruisseau, du Champ de Manœuvre, et du Hamma d’une part, puis une heure plus tard, la conduite des territoriaux et des manifestants de Bab-El-Oued que j’ai menés de la place des Trois Horloges jusqu’au boulevard Laferrière, malgré l’opposition musclée et très hostile du 3ème RPIMA d’abord et des gendarmes mobiles ensuite. J’ai souvent décrit ces opérations qui sont traitées avec dédain par ceux qui se définissent « historiens » de l’Algérie française. Qu’ils sachent que si Bab-El-Oued et ses deux bataillons UT, privés de leurs officiers qui tous ont déserté ce matin-là sauf le commandant Sapin-Lignières, n’étaient pas parvenus en formation, en uniforme et en masse au Plateau des Glières, vers 13 heures, il n’y aurait pas eu de Barricades d’Alger. Un point c’est tout !

Philippe Lauzier comme Pierre Descaves, savaient tout cela à la fin novembre 1960, lors de ma sortie de la prison de la Santé, en liberté provisoire.

Pierre avait soif d’action. Il était normal ou plutôt logique, c’est lui qui me l’a dit, de s’adresser à moi pour la mise au point d’une action qu’il fallait préparer à Paris pour sauver l’Algérie française. Car c’était à Paris qu’il fallait agir. C’était sa conviction et c’était la mienne aussi.

Un troisième élément moteur de grande valeur est venu offrir son concours pour la mise en œuvre de cette action. C’était le cinéaste Jacques Dupont, ancien de la résistance contre l’occupant et son fils Jean-Jacques. Jean-Jacques grâce auquel j’eus accès à toute une jeunesse parisienne avide de se jeter dans l’action pour sauver l’Algérie française. Tous ces volontaires avaient conscience qu’en Algérie française, c’était le salut de la France que l’on défendait avant tout.

Avec Descaves, Lauzier, et Jean-Jacques Dupont, j’ai connu une vie intense d’activiste parisien.

J’avais appris entre temps que le père de Descaves, commissaire de police, avait été tué à Tlemcem en Algérie. J’agissais donc avec un compagnon d’armes algérien et parisien en même temps, parfaitement décidé à tout tenter pour sauver l’Algérie française.

Pendant le temps libre que me laissaient les audiences quotidiennes du Procès des Barricades, je participais à un travail qui fut entrepris dans le but d’établir des contacts. Pour mettre sur pied une formation révolutionnaire métropolitaine qui devait jouer un rôle essentiel dans le déroulement d’un coup de force militaire qui était en préparation.

J’étais personnellement en contact avec les colonels Broizat et surtout Godard. Ce dernier m’apprit, en présence du chef d’escadron Cazati [2] , l’adhésion de Challes à la conjuration salvatrice de la France en Algérie.

Serges Jourdes, qui était mon brillant alter-égo dans cette conduite opérationnelle, était en contact avec Pierre Sergent tout particulièrement et d’autres militaires par l’intermédiaire de ce dernier.

Comme tous mes camarades accusés, je fus acquitté au Procès des Barricades. Je me suis inscrit à l’Ordre des Médecins de Paris grâce à un confrère, ami de Lauzier, qui établit un contrat d’association pour consolider administrativement ma résidence à Paris.

Je fus arrêté. Expédié en Algérie. Le pouvoir judiciaire ne disposait pas des moyens de m’inculper. Je fus interné au camp de Tefeschoun, sur les hauteurs d’Alger. Je souligne, comme je l’ai fait à maintes reprises, le caractère absolument illégal de cette mesure dont je fus victime. En effet, à cette époque-là, les assignations à résidence n’étaient pas applicables sur le territoire métropolitain. Or, depuis le mois de février 1960, j’étais interdit de séjour en Algérie. Je jouissais d’un statut de résident en terre métropolitaine. J’étais inscrit à l’Ordre départemental des médecins de Paris. En aucun  cas je n’aurais dû être l’objet d’une assignation à résidence.

Cette décision gouvernementale eut pour résultat que je laissai, par la force arbitraire du gouvernement gaulliste à Descaves, Lauzier, Sergent et Jourdes, le soin de poursuivre la mise en place d’un dispositif qui aurait dû être déterminant si Challes avait opéré comme nous l’avions prévu.

On sait que l’imprévision de Challes entretenue par la volonté forcenée de Denoix de Saint-Marc de refuser à Alger, à Oran et à Constantine l’intervention massive du peuple français, des « civils » disait-il, provoqua l’échec du putsch. Et la nécessité pour nous, de nous réunir dans l’OAS pour tenter la dernière opération de sauvegarde.

Descaves et Lauzier, qui évidemment restaient en métropole, étaient en relation étroite avec moi. Ils ont mis en œuvre ce qu’ils ont pu mettre en oeuvre pour que l’OAS-Métro, que Descaves, Lauzier et moi-même avions créée en 1960 avant qu’elle ne s’appelât OAS, puisse aboutir au résultat à atteindre en tout premier lieu : l’élimination de De Gaulle.

         Descaves, mon frère d’armes Pierre, m’invita à déjeuner avec Jacqueline mon épouse, le jeudi 25 avril 2014. C’est Michel Ximenès, un ancien et brillant cadre opérationnel du secteur Orléans-Marine de l’OAS algéroise qui me transmit cette invitation à laquelle il fut associé avec sa femme Annie.

Nous nous sommes retrouvés à Nice, dans un restaurant de la Promenade des Anglais. De la part de Pierre Descaves, cette réunion était une rencontre d’adieu.

« Je sais que je vais mourir bientôt et je suis venu à Nice pour vous embrasser Michel et toi, avant mon départ ».

J’ai contenu mon émotion et je l’ai traité un peu cavalièrement, à la manière irrespectueuse d’un carabin qui refuse de vieillir. Je lui ai dit textuellement : « tu mourras quand tu mourras mais je refuse de prendre le deuil tant que tu es vivant ! ».

Il a pu, malgré son épuisement, malgré la chaise roulante qui le véhiculait, évoquer le passé et l’avenir. Chose curieuse, il a tenu à me remercier !

« De quoi ? » lui ai-je demandé.

« De m’avoir permis de tenter l’opération contre De Gaulle à Pont-Sur-Seine, le 15 septembre 1961. Tu l’as fait, alors que tous les autres à Alger se noyaient dans des considérations de préséance, de postes à occuper. Tu as déclaré à mes émissaires : si vous tenez une opération montée contre De Gaulle, n’hésitez pas, foncez ! Dites à Pierre que je prends cette décision sur ma tête.

Donc cette opération c’est toi qui l’as décidée. Je l’ai d’ailleurs écrit dans mon livre « La Salsa des cloportes » et aujourd’hui, je te remercie de m’avoir donné cet ordre ».

Je n’ose écrire l’émotion qui fut la mienne à cette évocation qui était, de sa part, un hommage à la décision que j’avais prise, seul, durant l’été 1961, à Alger.

 

         Ce 25 avril 2014, nous étions là, deux responsables majeurs de notre combat clandestin en Algérie française. Nous étions à la veille de la mort de l’un de nous et nous évoquions avec émotion les orientations que nous avions prises en commun.

Ce 25 avril 2014, à Nice, Promenade des Anglais, ce fut l’adieu d’un chef, d’un responsable, d’un patriote.

Au-delà des banales frontières de la vie, je lui transmets mon affectueux salut de frère d’armes.

Pierre Descaves nous a quittés le 7 mai 2014.

    

Mais…. La vie continue. Il faut encore se battre.

Nourrir l’ambition d’évoquer ce que fut le drame de l’Algérie française, ce n’est pas un comportement névrotique ou masochiste. C’est un comportement logique. Une logique qui nous permet de comprendre l’agression que la France et l’Occident subissent actuellement.

Une obligation irritante nous est imposée parfois : avaler des couleuvres de la part de certains mini-césars. Certains capitaines-généraux d’associations qui éprouvent le besoin de nous renier.

Cette évocation du départ de Pierre et de ma rencontre avec celui-ci le 25 avril dernier, me fait un devoir de relever les propos d’un président d’association. Propos tenus le soir du 1er mai, qui nous gratifient d’une déclaration d’hostilité. Ce capitaine-général de la mémoire ne veut pas que l’on évoque l’Algérie française à travers les drames qu’elle a connus. Il refuse que soient relatés nos combats, les drames que nous avons vécus, drames subis ou drames que nous avons provoqués.

Pour lui, que des centaines de prisonniers de guerre français n’aient jamais été rendus à la France, des soldats dont on a honte d’évoquer le sort qui fut le leur et sur lequel je me suis exprimé des milliers de fois depuis des années, voilà un drame qu’il faut oublier.

Le massacre de centaines de Pieds-Noirs à Oran le 5 juillet 1962, l’assassinat de dizaines de Français d’Alger le 26 mars 1962 par les gaullistes, l’assassinat de Piegts, Dovecar, De Gueldre, Bastien-Thirry, tout cela, on doit le taire.

Il ne faut évoquer que la vie heureuse que nous avons connue en Algérie avant le 1er novembre 1954.

Quant aux dizaines de milliers de Harkis scandaleusement lynchés… n’en parlons plus ! Nos vies de clandestins, les trahisons dont le peuple français multiconfessionnel d’Algérie fut victime, nos séjours en prison, notre condamnation à mort par contumace pour quelques-uns d’entre nous, nos frères d’arme fusillés, les incertitudes de l’exil avec leurs périls que j’ai connus parfois, tout cela, ça ne compte pas !

Parlez-nous d’autre chose !

 

Nous ne renions pas l’Algérie heureuse. Nous la connaissons bien. Mais des enthousiasmes sont nés là-bas, des souffrances, des épreuves qui ont ouvert les yeux de ceux qui ont enregistré qu’il faut comprendre pour savoir. Pour expliquer et enseigner la nature de l’agression dont nous fûmes victimes en Algérie française. Ce n’est pas commettre un pêché contre l’intelligence que de dénoncer les crimes, leurs auteurs et leurs complices. Que de prétendre s’opposer aux mêmes crimes que l’on s’apprête à perpétrer aujourd’hui sur le territoire national contre notre peuple français multiconfessionnel du nord de la Méditerranée.

Je suis, moi aussi, nostalgique de la vie que j’ai connue là-bas. Ce pays, qui m’a offert cette vie, je l’ai défendu en jouant tout.

Tous savent que j’aurais pu connaître une vie confortable, paisible, sans danger et fort agréable, si j’avais joué le rôle d’un praticien pas du tout gêné par la perspective de tourner le dos à l’Algérie française. D’exercer ailleurs, dans le confort, mon noble métier, libéré de toutes préoccupations matérielles et judiciaires. Je n’avais qu’à parler pour pouvoir le faire.

L’Algérie française à défendre et à sauver, c’était une thèse génératrice d’enthousiasmes. Des enthousiasmes à vivre et à transmettre pour permettre à la France de déployer sa véritable identité. Une thèse qui s’offrait à ceux qui, en Algérie, étaient conduits avant tout par l’instinct du beau vers lequel il fallait faire voguer notre patrie.

Laissez-nous raconter nos combats.

Laissez-nous faire l’effort d’identifier les compagnons de Satan qui en France, ont été complices de l’abandon de l’Algérie française.

Savoir c’est utile, c’est rassurant, c’est reposant. Car au fond de moi, s’affirme avec vigueur la conviction d’avoir agi comme la logique, l’honneur et mon devoir l’exigeaient.

Mais… ce n’est pas fini ! Le combat est toujours d’actualité. Le même combat. Aujourd’hui encore plus qu’hier. C’est justement parce qu’il y eut un hier exceptionnel qu’il nous faut le connaître, le comprendre, et si possible le faire comprendre.

L’Algérie française doit être racontée, révélée à ceux qui ne l’ont pas connue. Nos enfants et les autres doivent connaître l’identité de ceux qui l’ont reniée, de ceux qui l’ont empêché de vivre.

L’identité de ceux qui ont tout tenté pour l’abandonner à un destin qu’elle ne méritait pas.

L’Algérie française vivra encore le temps que vivra dans les mémoires le combat que nous avons mené pour la garder française et occidentale.

 

Nice, mai 2014

Jean-Claude PEREZ

Ma sortie de prison fin novembre 1960.

Autour de moi Maître Isorni, l’avocat de Demarquet, Lagaillarde et Demarquet lui-même. Et aussi Le Pen qui montre discrètement sa tête derrière mon dos.

 

A Aïn-Temouchent sur une plage…

Un jeune garçon fixe en haut d’un mat un drapeau OAS…. En 1962.

Il s’appelle S…..

L’enthousiasme et le courage vivaient encore là-bas

 


[1] 8ème RICM : 8ème Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc

[2] Cazati : Officier dans un régiment blindé de Rambouillet qui décéda en prison un an plus tard.


BIBLIOGRAPHIE

 

 

L’assassinat de l’Algérie française, terreau de la conquête islamiste actuelle. 2012

Un des livres du cinquantenaire, à lire et à faire lire.

Vérités tentaculaires sur l’OAS et la guerre d’Algérie

Stratégies et tactiques, 2006 ; 2e Edition

            Cet ouvrage a été d’un grand recours dans la rédaction de cette étude

L’islamisme dans la guerre d’Algérie

Logique de la Nouvelle Révolution Mondiale, 2004

Le sang d’Algérie

Histoire d’une trahison permanente, 2006 ; 2e édition

Debout dans ma mémoire

Tourments et tribulations d’un réprouvé de l’Algérie française, 2006 ; 2e édition

Attaques et Contre-attaques

Vérités tentaculaires sur l’OAS et la guerre d’Algérie II, 2008

 

Editions Dualpha

Boite 37

16 bis rue d’Odessa

75014 PARIS

Tel. : 09 52 95 13 34 - Fax : 09 57 95 13 34

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Site internet : www.dualpha.com

 

Vous pouvez prendre connaissance des deux interview accordées par Jean-Claude PEREZ :

- la première à Monsieur Olivier CAZEAUX : sur Internet tapez « OAS, le docteur PEREZ parle » ;

- la seconde, à Monsieur BESSOU dans le cadre de la préparation d’un film. Monsieur BESSOU a livré à Jean-Claude PEREZ tout le matériau de son exposé visible sur le site www.jean-claude-argenti-sauvain.com.

 

 

Mis en page le 01/06/2014 par RP