NOUS COMMUNIQUE SOUS LE N° 18 L'ETUDE
SUIVANTE :
Contribution à
l'étude du pourquoi et du comment de l'assassinat de la France
Sud Méditerranéenne (Evian 18-19 mars 1962)
A PROPOS DE TRAITRES, CONSCIENTS OU NON :
JE PENSE A CEUX QUI NOUS REPROCHENT D'AVOIR REFUSE
L'ALLIANCE AVEC LE F.A.A.D
(Front Algérien D'Action Démocratique, « mouvement »
qui a pris la suite du MNA, de Messali Hadj, Mouvement National
Algérien)
TOUT D'ABORD,
un rappel sur la mouvance Messali Hadj
1. Le
PPA, Parti du Peuple Algérien, dissous en 1939, réapparu en 1943
grâce à De Gaulle, dissous en 1945 après le 8 mai, date des
évènements de Sétif.
2. Le
MTLD, Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques, à
partir de 1946 jusqu'en 1954. Dissous après la Toussaint Rouge.
3. Le
MNA, Mouvement National Algérien, clandestin, théoriquement
concurrent du FLN.
Tous ces mouvements,
sans exception, furent constamment contrôlés par les services
secrets français et les différentes polices françaises. Messali
était tenu en mains par l'ensemble de nos services et polices,
compte tenu de ses relations avec l'hitlérisme, tout particulièrement
pendant la guerre de 1939/1945. Compte tenu de ses accointances
avec Otto Abetz et la Commission d'Armistice germano-italienne
qui exerçait son contrôle à Alger, à partir de 1940 jusqu'à 1942.
4. Le
FAAD (Front Algérien d'Action Démocratique), est apparu « sur
le marché » comme par enchantement, en 1961. Force
dite d'opposition au FLN dans le but de faire échapper
théoriquement l'Algérie à la « dictature »
du FLN.
Le FAAD était dirigé
en théorie, depuis le Cabinet du premier ministre. En réalité,
il était commandé par le chef, en Algérie, de la Sécurité Militaire
gaulliste qui agissait en étroite collaboration avec le commandant
FLN de la ZAA.
ENSUITE,
lorsque l'on se penche,
en s'efforçant de rester sérieux, sur cet organisme appelé Front
Algérien d'Action Démocratique, on est frappé par quelque
chose d'assez inattendu.
Par le rôle que l'Hôtel
Matignon a tenu, comme s'il avait voulu donner l'impression qu'il
jouait contre l'Elysée à propos du devenir ultime de l'Algérie
française.
On est frappé
aussi du rôle qui fut celui de l'Elysée : tout
s'est passé comme si on avait voulu laisser s'amuser
les gens de Matignon.
Car on était
convaincu à la Présidence de la République,
que les états d'âme et les desiderata de Matignon,
à supposer qu'ils fussent sincères, n'auraient pas
la plus petite influence sur le cap rigoureux que suivait la politique
élyséenne : l'abandon de l'Algérie française,
en soumission au GPRA, avec comme préalable la destruction
de toutes les organisations du FLN de l'intérieur,
ainsi que les structures militaires ou paramilitaires françaises
qui pourraient gêner l'action du GPRA. Car pour l'Elysée
c'est, en faveur du GPRA et du FLN de l'extérieur, qu'il
fallait agir exclusivement.
Le cap était rigoureux :
abandonner l'Algérie : Oui. Mais, avant tout, éradiquer les
opposants au GPRA d'o qu'ils vinssent.
Anéantir l'OAS en
toute priorité. Et surtout, faire rester le maximum de Pieds
Noirs en Algérie.
Il semble, selon toute
apparence, exagérément entretenue, que l'existence du FAAD ait
été ignorée jusqu'au 19 mars 1962, parmi ceux qui étaient chargés
de rendre effective la mort de l'Algérie française. Citons, parmi
les principaux :
-
Louis JOXE, ministre d'Etat, chargé des affaires
algériennes, qui ne dépendait que du général De Gaulle.
-
Abderrhamane Farès, président de l'Exécutif Provisoire
qui dépendait de Louis JOXE d'une part et du GPRA d'autre part.
Farès avait manifesté son adhésion au GPRA dès la naissance officielle
de ce dernier, le 18 septembre 1958. C'était lors de sa présentation
à la presse internationale, au Caire, par Ferhat Abbas le 18 septembre
1958.
Il ne faut jamais
oublier que Farès était présent, comme représentant officieux
de De Gaulle, à l'entrée en fonction officielle du GPRA. 18/09/58,
10 jours avant le referendum maudit.
Farès était aussi
le porte-parole officieux de Georges Pompidou, alors que celui-ci
occupait les fonctions de Chef du Cabinet du Général De Gaulle.
Georges Pompidou,
le rédacteur du DOCUMENT : le très important document
Pompidou qui regroupait tout l'échelonnement des manuvres
qui allait permettre d'aboutir à des négociations avec l'ennemi,
c'est-à-dire le FLN. Négociations entre l'Elysée et l'Organisation
Extérieure de la Rébellion Algérienne d'abord, et le GPRA ensuite.
Cette deuxième partie
des négociations s'effectuant par l'intermédiaire du chargé de
mission clandestin qu'était Farès, le pèlerin de Montreux.
Document Pompidou qui était déjà préparé dès le début de
l'été 1958 comme un guide de la liquidation de l'Algérie française.
En réalité, ce « vecteur
négociation-abandon » partait de l'Elysée vers l'organisation
extérieure de la rébellion, puis vers le GPRA. Son sens, au sens
le plus mécanique du terme, était rigoureux.
Le Matignon
de Michel Debré n'était pas situé sur son trajet : nous précisions
encore, sur le trajet, c'est-à-dire sur le vecteur qui de De Gaulle
était orienté vers le GPRA, via Farès.
Il ne faut pas s'étonner
outre mesure si Matignon a pu se laisser aller, en apparence,
à donner vie à quelques états d'âme,
à quelques fantasmes, sous la forme de certains projets
supposés, qui semblaient pouvoir contrecarrer
la politique élyséenne.
Projets qui cependant,
ne gênaient en rien l'Elysée qui s'est contentée de les surveiller
et de les contrer en temps voulu par le biais de décisions qui
passèrent, théoriquement, par-dessus la tête des hommes de Matignon.
En ce qui concerne
le FAAD, et tout particulièrement de ses contacts avec un secteur
faisandé de l'OAS, ce que nous venons de dire fut couronné, en
dernière étape, par l'arrestation du Général Salan, le Vendredi
Saint 1962. Arrestation dont la responsabilité doit être imputée,
sans nuances, à Lavanceau, Géronimi et deux responsables de l'OAS.
Ces deux derniers, étant très proches du général Salan. Ils avaient
cru, nous dit-on, s'être incorporés à une conjuration « matignonaise »,
contre l'entreprise élyséenne.
La naïveté, dans cet
épisode tragique, est tellement invraisemblable, que j'affirme
une certitude : elle constitue en réalité un camouflage très
efficace de la trahison. Celle qui naît de traîtres qui s'ignorent,
du moins en apparence.
En réalité, une attitude
mise en pratique par ceux qui étaient prêts à tout accepter, pourvu
que le combat s'arrêtât et qu'une possibilité de sauvegarde fut
offerte aux partisans de cette conjuration.
Les pseudo-conjurés
qui prétendaient s'allier au FAAD, ne pensaient qu'à une chose :
sauver leur peau et participer à l'élimination des gêneurs.
Ceux qui nous reprochent,
parfois aujourd'hui encore, d'avoir refusé la main que nous tendait
en apparence le FAAD, la main que nous tendait le messalisme
à travers le FAAD, s'identifie dans le meilleur des cas, à des
ignares, dont on ne peut dire qu'ils étaient bien intentionnés.
Ils étaient prêts,
à n'importe quel prix, à vivre dans une Algérie indépendante,
dans une Algérie o l'on méprise la France.
La France qui, officiellement,
a subi à la face du monde, la victoire du FLN.
Une France gaulliste,
qui aurait accepté le cur léger que quelques centaines de milliers
de Pieds Noirs, fussent réduits à la plus odieuse des dhimmitudes.
Après avoir accepté la liquidation physique ou plutôt le lynchage
de ceux de l'OAS qui ont refusé de s'inclure dans un dispositif
qui ne prétendait qu'à garder en Algérie un cheptel de Pieds Noirs,
utiles à la vie de l'Algérie.
Je rappelle en synthèse,
que le FAAD fonctionnait en Algérie sous le contrôle de celui
qui commandait la Sécurité Militaire. C'est-à-dire l'ensemble
des services spéciaux qui fonctionnaient sous contrôle exclusif
de l'Elysée. Et surtout, qui agissaient en collaboration étroite,
dans le cadre le la lutte anti-OAS, avec le nouveau chef de la
ZAA mis en place à Alger après la capitulation du 19 mars 1962.
Un responsable qui n'a pas hésité à déclarer lors d'une interview
radiophonique qu'il avait entrepris un noyautage d'une certaine
fraction de l'OAS.
Jean-Claude
PEREZ
Nice, septembre 2009