Le docteur Jean-Claude PEREZ
Adhérent du Cercle Algérianiste de Nice et des Alpes Maritimes
Auteur du livre « ATTAQUES ET CONTRE-ATTAQUES »
aux Editions Dualpha - BP 58, 77522 COULOMMIERS CEDEX

NOUS COMMUNIQUE SOUS LE N° 20 bis L'ETUDE SUIVANTE :

 

                                                                Réponse à Monsieur Jean MERCADAL

Une réponse... dans le cadre et surtout, dans la considération que je porte, particulièrement à tous les Pieds-Noirs.

Même à ceux qui nous ont « regardé » combattre. Même à ceux qui se permettent de nous juger. Même à ceux qui osent nous condamner. A ceux qui nous reprochent tout banalement d'être encore vivants.

« Nous ? », c'est qui ?

C'est l'ensemble de ceux qui ont tourné le dos à la vie normale pour prendre part AU SEUL VRAI COMBAT DU XXème SIECLE.

Le combat pour l'Algérie française, c'est-à-dire

LE COMBAT POUR L'OCCIDENT CHRETIEN

A Jean Mercadal

J'accuse réception de votre communication du 18 septembre.

En fin de message, vous éprouvez la nécessité de préciser : « Bien que n'étant pas votre ami personnel ».

Voilà un propos qui m'étonne.

Qu'un « Mercadal » me dise ça, à moi qui en ai connus des dizaines, me paraît inconcevable.

J'en ai connus à l'école communale, dans mon quartier de Bab El Oued, au lycée, dans mon club de sport, plus précisément de foot, aux Tirailleurs Algériens, dans l'OAS...., ainsi que plus tard, parmi mes patients parisiens.

Cette précision que vous apportez me paraît tellement invraisemblable, que je me pose la question suivante :

« affirmer que vous n'êtes pas mon ami personnel, n'est-ce pas affirmer d'une manière atténuée, qu'en réalité vous êtes mon ennemi ? »

Je refuse de répondre par l'affirmative à cette interrogation.

Parce que, aujourd'hui encore, je ne peux éprouver qu'une saine camaraderie à l'égard de tous les Mercadal de la terre, d'où qu'ils soient.

Pourquoi ? Vous allez être surpris de la réponse.

Parce que ma grand-mère, Madame Consuelo Escobedo de Pérez emmenait tous ses petits enfants pendant la semaine de Noël, dans une petite boulangerie de Bab El Oued, avenue de la Bouzareah, entre la rue Suffren et la rue Franklin, tenue par une Madame Mercadal qui, moyennant un achat d'une « bamba »[1] pour chacun des enfants que nous étions, faisait fonctionner une crèche illuminée et animée. Nous étions sous le charme de cette crèche de Madame Mercadal et ce fut un rituel que j'ai suivi jusqu'à ma première communion.

Revenons à notre problème.

Mon ami et frère d'armes, Gilbert LOPEZ, vous répond par un courrier qu'il m'a adressé et dont je vous communiquerai les extraits principaux dans quelques instants.

Permettez-moi cependant, d'intervenir personnellement par un commentaire sur votre message.

1°/ l'événement que vous évoquez est certainement relié aux journées de décembre 1960 et non pas au printemps 1962.

En effet, vous faites allusion à « l'état major Challe ». Or, aussi bien en décembre 1960 que plus tard, Challe n'était plus en Algérie.

2°/ les véhicules que l'on voit sur la photo que vous nous avez scannée, appartenaient au 18ème RCP du Colonel MASSELOT. Régiment qui est intervenu avec efficacité contre la « descente » FLN sur Belcourt, le Hamma et le Ruisseau.

3°/ l'événement que relate Gilbert LOPEZ, événement qu'il a vécu, se déroule au printemps 1962 (avril, mai ?).

4°/ en ce qui concerne le prêtre que vous avez bien connu, ce que vous affirmez, et ce à quoi j'accorde d'ailleurs un crédit total, ne change rien.

Lorsque je faisais partie de la JEC (Jeunesse Etudiante Catholique) j'ai bien connu l'abbé Scotto. Il était notre aumônier. J'ai « fait » des campements avec lui et d'autres jécistes. C'était au temps de l'Algérie heureuse. Il était d'une rigueur morale impressionnante et nous éprouvions tous pour lui une estime de militants.

Puis ...

Il a évolué. Il a pris une autre identité. Son soutien au FLN est allé jusqu'à l'adhésion complète et proclamée aux crimes les plus odieux commis par le FLN. Il a justifié les massacres de Philippeville du 20 août 1955, sous le prétexte qu'ils furent l'œuvre de gens qui se « battaient pour leur cause ».

Il a choisi en toute connaissance de cause, le camp de l'ennemi de la France, le camp de l'ennemi de nos compatriotes français d'Algérie, le camp de l'ennemi de la chrétienté.

Qu'il l'ait fait par conviction sincère ne change rien. C'était un ennemi dont l'efficacité redoutable s'exerçait au seul profit de nos ennemis et pour le plus grand danger de notre collectivité pied-noire.

Encore une fois, ses antécédents n'y changent rien. Et ce qui est valable pour Scotto, l'est aussi pour tous ceux de ses « confrères » qui ont choisi le camp de l'ennemi, comme lui.

Je respecte le passé militaire du prêtre que vous vénérez. Je respecte l'attachement que vous lui portez. Pendant la guerre d'Algérie il a choisi le camp du FLN. Par cette attitude, il a trahi la France et il a trahi la Croix. Et aujourd'hui, personnellement, je n'ai aucune raison de le ménager.

Je n'ai jamais fait partie d'un clan politique au sens pervers du terme. Durant mon engagement, je n'ai nourri aucune ambition pour moi-même.

J'avais tout à gagner, à partir de 1954, à rester passif, neutre, attentiste, et tout banalement... raisonnable.

Mais, n'étant pas pour les « Fellouzes », j'étais pour la France, je devais donc combattre. Là où il m'était possible de le faire, avec les moyens que me procurait ma situation de médecin dit « généraliste ». Je devais combattre contre les ennemis de mon pays, la France.

Ceux qui sont restés passifs et qui n'ont pas choisi leur camp, se sont inscrits dans la réalité des faits, objectivement, dans le camp de l'ennemi.

Je réitère mon affirmation : je ne vous en veux pas du courrier que vous m'avez expédié. Au contraire. Je respecte votre loyauté et je vous remercie d'avoir pris le temps de lire le mail que je vous avais adressé.

J'abandonne cette page d'écriture à Gilbert LOPEZ, en vous transmettant un extrait de la lettre qu'il m'a adressée lorsque je lui ai fait connaître votre message.

« Mon Cher Jean-Claude,

Merci pour la copie du mail de J.M. que tu m'as adressée. Le ton de cette missive est, certes, sans aménité. Je tiens à rassurer notre interlocuteur. Je ne suis ni gâteux, ni menteur, ni l'objet d'une confusion mentale.

Il nous oppose une photo des évènements de 1960 ! Moi, je relate un événement d'avril-mai 1962.

Ce jour là, il n'y avait aucun camion militaire devant le stade Bialès. Ma seule erreur, un lapsus calami, m'a fait évoquer la cité Mahieddine, il s'agissait de Diar el Mahçoul.

Je suis natif du Champ de manœuvres et ce jour-là je suivais un bus urbain de la RSTA. Mon camarade Robert GAL, qui était mon passager, a vécu les mêmes évènements que moi, ce jour-là..

J.M me tance assez vertement à propos du curé de la paroisse Saint Pierre du Hamma. J'accepte difficilement le ton inquisitorial dont il fait usage. Je précise que je ne connais cette église que de l'extérieur. J'ai été en stage pédagogique à l'école Caussemille en 1956-1957. Je ne connais pas le nom du titulaire de la chaire de cette église.

JM. m'accuse d'irrespect envers un ancien combattant, de plus mutilé de guerre.

Comment peut-il en être ainsi puisque mon propre père était lui aussi tout cela ? On a l'impression de marcher un peu sur la tête...

J'ai relaté ce que m'a dit une jeune fille musulmane qui vivait chez mon ami GAL. J'accorde un plein crédit à ce qu'elle m'a affirmé.

Instituteur, issu de l'Ecole Normale Bouzaréah, promo 1953/1957, catholique pratiquant, beau-frère d'une religieuse, j'ai obtenu en 1957 un poste de Maître d'internat qui m'a permis de suivre pendant 5 ans des études de chirurgien-dentiste à la fac d'Alger, et à l'hôpital de Mustapha. Il fallait payer mes études. Ce que j'ai fait.

Je suis marié à un professeur d'histoire, fille du colonel Raymond, ancien commandant du 45ème Régiment des Transmissions, à Maison-Carrée. Ma fille est médecin de 1ère classe dans la Marine Nationale (4 galons) et mon gendre est amiral en activité.

Je ne me considère pas du tout comme gâteux, menteur, ou individu de mauvaise foi.

Je n'accepte pas le terme de « ragot » utilisé par J.M. Je comprends difficilement le cheminement de la pensée de J.M. qui consiste à nier qu'un prêtre ancien combattant a refusé le baptême à une jeune fille pratiquante mais d'origine musulmane.

Que J.M. sache que je n'appose jamais ma signature au bas d'un texte dont je ne puis garantir l'authenticité.

Ce que j'ai écrit est la stricte vérité. Et mon Dieu ! j'ai tendance à négliger les donneurs de leçons qui prétendent nier ce qui leur déplaît.

Toi comme moi, nous ne nous manifestons pas pour plaire.

Mais j'ai l'impression que tu sais encaisser mieux que moi.

Mon Cher Jean-Claude, je te renouvelle toute mon affection et utilise cette lettre comme tu l'entends

Gilbert LOPEZ »

EN CONCLUSION Jean Mercadal, je n'ai pas l'intention d'entamer une polémique avec vous.

Toutefois, j'ai tenu à répondre à votre intervention, parce que, je le souligne encore, je la trouve loyale. Elle m'incite à formuler une opinion sur d'autres catégories de personnes.

De personnes étrangères à notre combat, qui posent des questions agressives, pleines de persiflages parfois.

On m'a demandé à maintes reprises :

« Pourquoi n'avez-vous pas fait tuer celui-ci ou celui-là ? »

C'est un style d'interrogations blessant, insultant, formulées en réalité par des interlocuteurs qui ne se rendent pas compte, encore aujourd'hui, du drame que nous avons vécu, lorsqu'il nous a fallu prendre des décisions dramatiques.

J'ai pris des responsabilités que je ne renie pas, dont je ne rougis pas. Mais je tiens à dire, une fois de plus car je l'ai dit mille fois, que je n'éprouve aucun plaisir à évoquer la violence à laquelle, la trahison d'un gouvernement complice historiquement de l'ennemi qui s'attaquait à notre pays, m'a obligé de recourir.

J'ai dit, j'ai écrit, je le redis. Je regrette profondément tous les morts dont je suis responsable, parce que même s'il m'est arrivé d'être violent, je n'ai jamais été sanguinaire.

Je me suis résolu à l'action directe parce que j'ai senti dès 1954, que notre monde occidental et chrétien était menacé. Je l'ai senti dans mes tripes. J'ai l'impression d'avoir en quelque sorte, été frappé par la grâce lorsque j'ai éprouvé cette sensation.

Ce que nous vivons aujourd'hui, c'est l'accomplissement de la menace dont nous avons perçu la réalité en Algérie française. Le monde risque de changer dans les décennies à venir car une révolution arabo-islamique fondamentaliste va s'efforcer de bouleverser l'assise chrétienne de notre occident actuel.

Alors.... votre estime à tous... voilà ce que je réclame parce que je suis convaincu d'y avoir droit.

Jean-Claude PEREZ



[1] Bamba : petite briocherie d'origine espagnole plus connue sous le nom « d'ensaimada »

Mis en page le 24/09/2009 par RP