LES ISLAMISTES FONDAMENTALISTES
AGISSENT-ILS EN CONFORMITE
AVEC TOUTES LES PRESCRIPTIONS DU PROPHETE ?
A/ la loi du 4 février 1919É..
Je ne suis pas un spécialiste de l'Islam.
Je ne suis riche d'aucune connaissance de la
langue arabe.
Je ne suis pas un théologien.
Je ne suis qu'un praticien
de médecine dite « générale ». Titulaire d'un énorme
capital de vécu dramatique. Un vécu qui a bouleversé le déroulement
prévu et conventionnel d'une vie bourgeoise théoriquement bien
assise.
Un vécu consécutif
à mon engagement clandestin dans le combat pour l'Algérie française,
dès les premiers jours de la guerre d'Algérie. Le combat pour
la France sud-méditerranéenne.
J'ai assumé des décisions
opérationnelles, riches de passion et de violence, mais surtout
d'espérance.
J'ai pris soin d'enrichir
cet engagement d'une réflexion politique et philosophique progressive,
et, aujourd'hui, plus actuelle que jamais. Une réflexion qui s'est
progressivement étoffée à partir d'une expérience mise en uvre
au quotidien à partir du 1er novembre 1954. Une expérience
qui n'était pas prévue dans le cadre de mon rôle professionnel
et social : celui de médecin praticien.
C'est ce pragmatisme
enrichi d'une longue réflexion politique et philosophique qui,
aujourd'hui encore, me permet de comprendre à quel point le « comportement
Algérie française » ou le « comportement
anti-Algérie française » constituent les critères d'appréciation
ultime et définitive de la « bonne santé politique »
de ceux dont c'est le métier et l'ambition de faire de la politique.
Mes insuffisances
théologiques et linguistiques éventuelles, néanmoins, ne m'interdisent
pas de m'interroger :
1°/ lorsque l'on parle
de l'Islam, pourquoi ne fait-on allusion qu'au comportement intégriste,
fanatique, inquisitorial des islamistes ?
2°/ Serait-ce parce
que les musulmans sont tous crédités d'un fanatisme conquérant
et colonisateur ?
3°/ Pourquoi ne fait-on,
pratiquement, jamais référence aux musulmans partisans de la sécularisation
de l'islam et qui recherchent, eux aussi, les conditions d'un
« vivre ensemble » pacifique et harmonieux ?
4°/ Question subsidiaire
et nécessaire néanmoins : cette tendance sécularisationniste
musulmane existe-t-elle ?
Je réponds à cette
dernière question : oui, elle existe, puisque les
sécularisationnistes musulmans, en tant que tels, sont condamnés
à mort par les fondamentalistes, et constamment interdits de parole.
Cet anti-sécularisationnisme
forcené, et surtout proclamé, ne révèle t'il pas en réalité,
une attitude contraire aux prescriptions ultimes du prophète ?
C'est le sujet d'une
réflexion que je vous propose par cette étude n° 26.
Aujourd'hui, on s'évertue,
encore et encore, à amputer la relation historique de la guerre
d'Algérie, de sa définition idéologique exclusive : une définition
ethnico-religieuse, à la fois berbère et arabo-islamiste,
prenant ses premières racines dans la mouvance de la Nahdah d'abord, dans la société des Frères
Musulmans ensuite.
Un événement français
s'illustre, historiquement et chronologiquement, comme une étape
opérationnelle fondamentale dans la mise en place de l'appareil
révolutionnaire islamiste, qui déclenchera la guerre contre la
France : c'est la loi du 4 février 1919.
Dans quelle réflexion nous conduit cette loi
du 4 février 1919 ?
Rappelons que ce fut
le jour de publication des décrets d'application de cette loi.
C'est-à-dire qu'il s'agit du jour terminal de la vie d'un
projet de loi gouvernemental. Après une période d'élaboration
et de rédaction. Après un vote, et en fin de parcours, après la
publication du décret pris par le Président de la République dans
le Journal Officiel, rendant cette loi immédiatement applicable.
Tout cela pour affirmer
que la conception de cette loi remonte à une période
durant laquelle la France était encore en guerre contre
l'Allemagne. Il ne s'agit par des hommes politiques incompétents.
Tout au contraire,
elle fut suivie des effets attendus et espérés, par les inspirateurs
occultes de cette loi.
Premier effet possible :
il concerne l'adhésion des musulmans, qui le voulaient, à
la citoyenneté française, en vertu des facilités que leur offrait
cette loi : ce fut un échec total. Je précise, ce fut un
« bide » total. Mais c'est
cet échec qui était officiellement et secrètement espéré.
Une infime minorité de musulmans franchit le pas néanmoins,
malgré les menaces de mort qui étaient proférées contre eux.
Second effet :
ce fut un succès total. Il fut illustré et concrétisé par
la réaction du Berbère islamiste Omar Smaïl. Celle-ci s'est traduite
dans trois conséquences que nous rappelons :
1°/ la constitution
des Cénacles en 1920 et la promotion de l'arabité de
l'Algérie. Smaïl proclame la volonté de s'opposer à l'assimilation,
à la francisation et surtout, à l'évangélisation.
Il exige l'utilisation exclusive de la langue arabe littérale
dans l'engagement de cette lutte.
Omar Smaïl professe
ainsi publiquement son hostilité au christianisme, d'une part.
Il identifie la langue arabe comme le moyen essentiel du combat
contre la France, d'autre part.
2°/ le cercle du progrès
en 1925 : Dans la vie associative de l'arabité rénovée,
celui-ci constitue l'assise idéologique. Il soumet implicitement
par la création secondaire du cercle franco-musulman, la
notion de Français à la notion de Musulman. Cercle
« franco-musulman » c'est un barbarisme, ni plus
ni moins. Car il associe un terme évoquant une nationalité à un
terme évoquant une religion. Il subordonne la notion de « français »
à la notion de « musulman ». Il aurait été préférable
de dire « franco-arabe » comme on dit franco-allemand »
ou « franco-espagnol ».
3°/ L'association
des Oulémas est fondée en 1931. Est implanté dans l'histoire de
l'Algérie française le trépied révolutionnaire du cheik Ben ou
Ibn Baddis. Ce trépied, « ma religion c'est l'Islam, ma
langue c'est l'arabe, ma patrie c'est l'Algérie » définit
le pourquoi du combat livré contre la France au nom de l'arabo-islamisme.
Et de la nation algérienne, qui est inventée ce jour-là par Ibn
Baddis.
On ne peut souscrire
à l'hypothèse que le second effet de cette loi du 4/02/19, le
raidissement islamiste, soit le résultat d'une imprévision
gouvernementale.
Il faut avoir constamment
à l'esprit, en effet, l'anti-catholicisme forcené du président
du conseil, Clémenceau, et sa totale aversion pour l'Algérie française,
dont il était avide de se défaire.
Cette loi du 4/02/19
fut l'occasion de donner vie à ses deux convictions :
-
anti-Algérie française d'une part,
-
anti-catholique romaine, d'autre part.
CONCLUSION :
Dans les faits, tout s'est passé comme si l'islamisme fondamentalisme
avait été installé en Algérie par des gouvernants français.
Pour éliminer, le
moment venu, notre pays de cette terre, il fallait promouvoir
l'islam. Pour promouvoir l'islam, il a fallu en faire tout d'abord
une religion apparemment asphyxiée par l'administration
française. Faire du culte musulman, soi-disant opprimé, un
thème de combat au nom de la liberté religieuse.
Voilà donc où se situe,
tout logiquement, la signification de la loi du 4 février 1919 :
provoquer par réaction une promotion de l'islamisme en Algérie.
Celui-ci étant considéré comme l'arme privilégiée pour tuer
dans l'uf le développement possible d'un plus grand christianisme
méditerranéen, grâce à l'Algérie française. C'était le but
recherché par les hommes de pouvoir de la IIIème République, toujours
motivés par un anti-christianisme fondamentaliste.
Lorsque le sénateur
de Batna, Ben Chenouf déclara à un notable de la IVème République,
Monsieur Augarde, mon compatriote de Bougie « La France
se débarrasse des musulmans en les cloîtrant dans la religion »,
ce sénateur de Batna simulait une ignorance.
Je veux dire qu'il
s'exprimait comme s'il n'avait pas compris qu'en « cloîtrant »
les Arabes d'Algérie dans la religion, les gouvernants français
les soumettaient aux entreprises révolutionnaires de l'islamisme
fondamentaliste, le moteur réel de l'anti-France, mis en route
en 1920 par Omar Smaïl au lendemain de la loi du 4 février 1919.
B/ la rénovation de l'Islam
L'importance de
la langue arabe, voilà ce qui frappe l'esprit quand on fait
l'effort de s'approcher de l'histoire de l'islam.
Rappelons qu'elle
fut choisie, au VIIème siècle, comme la langue du qoran. Langue
choisie administrativement par le 3ème calife
pour transcrire et faire connaître la parole de Dieu, enseignée
et transmise, selon la tradition musulmane, par l'archange Gabriel
au rasoul Mohamed.
Ce n'était pas, nous
le savons, la langue du prophète, selon le professeur Karl Vollers
de l'université d'Iéna. C'est lui qui a enseigné, lors du congrès
orientaliste d'Alger de 1905, que la langue arabe fut choisie
ultérieurement, bien après la mort du prophète pour diffuser son
message. Mohamed ne parlait pas l'arabe.
Cette décision du
3ème calife d'imposer une langue, la langue arabe
littérale comme langue exclusive du qoran, qoran qui avait
été remanié auparavant par ses soins, va donner naissance à une
véritable phénoménologie arabe. Car dans le combat, déclenché
en dernière analyse pour la domination finale du monde, on
ne peut être un musulman efficace, si on n'est pas avant tout
« arabe ». Arabe, quelle que soit l'origine de
la race dont on est originaire : bizantine, chaldéenne,
sassanide, berbère nord-africaine, ou berbère ibérique etcÉ.
Ce fragment de notre
étude, nous permet de bien comprendre le comportement arabophile,
véritablement volontariste, des Berbères intégristes musulmans
d'Algérie. Je veux dire que l'on comprend mieux leur conduite
opérationnelle, outrancièrement arabisante, qui paraît
obsessionnelle, aujourd'hui encore.
Tout s'est passé en
apparence, comme si le sort de l'arabo-islamisme révolutionnaire
universel était lié d'une part, au rayonnement de la langue arabe,
mais aussi, d'autre part, à l'incorporation toute prioritaire
de l'Algérie, un très grand territoire, dans le camp de l'arabo-islamisme
anti-occidental.
Cette arabophilie
exclusive définit constamment le soubassement du combat livré
contre la France et contre l'Occident en Algérie.
Jamais ne se manifesta
chez nos ennemis, la volonté de jeter un pont entre l'Occident
et le monde arabo-musulman. Aucune recherche d'une convivialité
spirituelle. On s'obstina dans une négation forcenée d'asseoir
cette convivialité sur une sécularisation possible de l'islam
. Refus argumenté de la sempiternelle affirmation : « Avec
les Arabes, ce n'est pas possible ».
Alors j'ai cherché
ailleurs.
Je lis, chaque fois
que possible, quelques ouvrages sur le qoran. Aujourd'hui, ces
lectures sont motivées par un intérêt historique qui se dégage
aussi et surtout des préfaces ou des études préliminaires qui
enrichissent parfois le contenu littéraire de ces livres.
Surtout, lorsque préfaces
et études préliminaires sont rédigées par de grands universitaires
français.
C'est ma formation
de praticien qui m'a convaincu d'attribuer une importance de tout
premier ordre à une étude préliminaire, publiée en préface d'un
livre intitulé : « Le Qoran » par Grosjean,
aux éditions Philippe Lebaud.
Cette étude préliminaire
fut rédigée par le professeur Jacques Berque, du Collège de France.
Dans cette étude,
rédigée dans une langue française éblouissante, Jacques Berque
s'exhibe comme un arabophile à la fois passionné et brillamment
compétent.
Il se situe, sans
camouflage, dans le camp de nos ennemis. Il se révèle, en particulier,
comme un admirateur inconditionnel de Ben Baddis.
Il écrit dans ce texte,
une phrase dont je me permets de dire qu'elle est de toute première
importance :
« Les
entreprises de rénovation de l'Islam
sont
prévues par les tajdid, qui selon l'adage prophétique,
doivent
se produire en Islam, au début de chaque siècle »
Lorsqu'il écrit cette
phrase, Jacques Berque est animé, avant tout, d'une volonté :
défendre l'islam. Mais le défendre en soulignant qu'il n'est pas
figé. Qu'il n'est pas bloqué comme l'a exprimé l'auteur iranien
Hoveyda.
Jacques Berque affirme,
en effet, par le contenu de cette phrase, qu'il existe dans l'Islam
une indiscutable volonté d'évolution.
Plus encore, une
volonté de rénovation, prescrite par le Prophète, sur injonction
divine.
C'est écrit, c'est
prévu par l'enseignement transmis AU Prophète. Enseignement
reçu, selon les musulmans, de Djebril, l'archange Gabriel, au
cours des entretiens qui se sont développés entre l'archange et
le prophète. L'archange intervenant comme transmetteur de la parole
divine. Jacques Berque est très précis : il exprime que selon
l'adage prophétique, ces entreprises de rénovation doivent
se réaliser en Islam, au début de chaque siècle.
L'adage prophétique ?
De quoi s'agit-il ?
L'adage prophétique
c'est le hadit. C'est-à-dire la synthèse moderne des traditions
mahométanes. Une somme de réflexions, de pensées et de commentaires
émanant du Prophète lui-même, et de certains califes, pour faire
assimiler aux fidèles la parole de Dieu, dont il se prétend le
destinataire unique.
Cette affirmation
de Jacques Berque, sa conviction de grand spécialiste de l'Islam
et d'enseignant supérieur de la langue arabe, entrainent une interrogation :
en quoi consistent, ou plutôt en quoi ont consisté dans les faits
historiques ces « entreprises de rénovation », prévues
et prescrites par « l'adage prophétique », c'est-à-dire
par la parole du Prophète ?
Qui dit rénovation,
dit évolution, modernisation. Ce terme de rénovation n'exclut
pas le terme de sécularisation ou de sécularité. Tout au contraire,
il nous y conduit.
Si une rénovation
a été prescrite par le Prophète, en particulier par l'intermédiaire
de l'adage prophétique, du hadit, qui depuis le IXème siècle regroupe
7.275 vérités traditionnelles réunies dans le Sahih, le livre
« correct » de la sunna, écrit par le cheik « traditionniste »
Al Bukhari, on peut s'interroger de la façon suivante :
« Le Prophète,
a-t'il été suivi dans ses prescriptions, dans ses commandements ? ».
Comment se sont manifestées ces rénovations depuis
quatorze siècles bientôt que rayonne le message du Prophète ?
Nous aurions dû vivre
au moins 14 rénovations. En quoi ont-elles consisté ?
Nous retirons donc
du texte de Jacques Berque, deux convictions :
1°/ celle d'une volonté
de rénovation périodique prescrite ou plutôt commandée par le
Prophète à travers l'adage prophétique ;
2°/ celle d'une non-observance,
nous nous interdisons de dire d'un refus d'obéissance à l'égard
de cette prescription.
Cette notion de rénovation
revêt une grande importance. Elle devrait intéresser ceux qui
sont animés du désir silencieux, du désir trop prudent, de voir
se développer une modernisation, une sécularisation de l'Islam.
C/ « Le Prêche d'adieu du Prophète »
Dans l'entêtement
que je manifeste à affirmer la possibilité de cette convivialité
inter-religieuse aujourd'hui, de même que j'affirme qu'elle était
possible en Algérie hier, je ne me suis pas arrêté à la lecture
de ces brillantes pages du professeur Jacques Berque.
J'ai pris connaissance
d'un autre écrit. Qui fait référence, lui aussi, à la parole du
Prophète. Plus précisément au « Prêche d'adieu du
Prophète ». Paroles prononcées par celui-ci, la veille
de sa mort.
J'ai pris connaissance
de ce « Prêche d'adieu » d'une manière fortuite. En
1970, un an après le début de ma nouvelle carrière parisienne,
en tant que médecin praticien, je me suis offert toute une collection
d'ouvrages publiés sous le titre Histoire de la civilisation
en 32 volumes. Très riches d'informations émanant d'enseignants
universitaires.
Il m'est arrivé, au
cours d'une lecture par trop décontractée, de relever un texte
parmi d'autres, je ne sais plus en quelle année.
J'ai soigneusement
rangé mes notes dans un classeur de documents à étudierÉ plus
tard.
Plus tard ? Je
pensais alorsÉ à l'âge de la retraite.
Ce manque de sérieux
a entraîné une conséquence désagréable : j'ai conservé ce
texte sur lequel j'avais projeté de réfléchir et de méditer, mais
j'ai oublié de noter avec précision, le numéro du tome et des
pages d'où je l'avais extrait. C'est une fauteÉ. Je fais amende
honorable.
J'affirme que ce texte
est bien écrit dans l'un des 32 ouvrages, sous la signature d'un
universitaire armé de la culture et du savoir nécessaires, mais
dont je ne suis pas en mesure de préciser l'identitéÉ pour le
moment.
Voici le texte du
« Prêche d'adieu » de Mohamed, prononcé
la veille de sa mort, tel que je l'avais relevé dans un tome de
cette Histoire de la Civilisation en 32 volumes.
« J'ai
peur pour ma communauté, après ma mort, de trois actions :
première action :
le faux pas d'un SPECIALISTE EN SCIENCES RELIGIEUSES ;
deuxième action :
le pouvoir d'un GOUVERNEMENT INJUSTE ;
troisième action :
la passion de CELUI QUI SUIT MA RELIGION »
A la lumière de ce
« Prêche d'adieu du Prophète »,
nous nous autorisons à nous interroger de la manière suivante :
où se situent aujourd'hui et où se situaient hier les intolérants ?
Où se situaient, où se situent en réalité, ceux qui ont mis en
pratique, sciemment et volontairement, la première discrimination ?
1°/ Intéressons-nous
à la « première action » redoutée
par le Prophète :
« Le
faux pas d'un spécialiste en sciences religieuses »
Quelle est la signification
de cette phrase ?
« Méfiez-vous
des faux prophètes. Méfiez-vous des Oulémas intégristes. Méfiez-vous
de ceux qui vont altérer mon message ».
Voilà la matière de
la première crainte du Prophète, exprimée la veille de sa mort.
Mais on répliquera :
« Vous êtes
oublieux et bien indulgent à l'égard de certains versets du Qoran,
qui expriment parfois une violence et une agressivité de la part
du Prophète que l'on ne peut nier ! Souvenez-vous aussi de
la cruauté manifestée par le Prophète lui-même, lors du massacre
à Médine, du clan juif des Bana Qoraiza : 600 hommes valides
furent massacrés jusqu'au dernier, femmes et enfants vendus à
l'Encan ».
Oui. Cette violence
existe dans de nombreux versets. Oui le Prophète a exercé sa volonté,
avec violence et cruauté, à maintes reprises.
Oui. Dans le texte
sacré, l'appel à la violence est exprimé sans camouflage. Je ne
le conteste pas.
Cependant, comment
passer sous silence le propos d'un homme qui va mourir et qui
le sait ? Qui semble remettre en cause ce qu'il avait
précédemment affirmé ?
Si j'ai été partisan
de l'Algérie française et de l'intégration, cela signifie que
je m'étais préparé intellectuellement et philosophiquement à m'ouvrir
à la compréhension de l'Islam. Sans devenir pour autant, un « islamo-maniaque »
ou un « islamophile » opportuniste.
Un « islamo-maniaque » ou un « islamophile »
rampant. J'affirme, ici une fois de plus mon catholicisme
romain convaincu, afin que nul n'en ignore.
Mais en Algérie, il
fallait savoir et comprendre d'abord, pour s'entendre ensuite,
et pour vivre ensemble, dans le cadre de nos institutions françaises.
Dans le respect de nos convictions respectives.
Cet effort de compréhension
était incontournable. Si je m'y étais refusé, il m'aurait fallu
cesser le combat et partir d'Algérie.
Si, tout au contraire,
j'ai pris entre 1955 et 1962 les responsabilités que j'ai assumées,
c'est justement parce que j'avais tenté l'effort préalable d'essayer
de comprendre.
Dans cette lecture
de la première « action » redoutée par le Prophète,
la veille de sa mort, je vois tout banalement une condamnation
sans appel de ceux qui ont fait un usage erroné, un usage abusif
de «sa » religion, donc un usage criminel. Comme
l'ont fait Omar Smaïl, Ibrahim Bachir, Ben Baddis ou Hassan Al
Banna et les leaders terroristes modernes.
Comme le font aujourd'hui
les doctrinaires des Epitres jihadiens d'Al Qaïda.
2°/ La
deuxième action redoutée par le Prophète.
Dans cet appétit forcené
de vouloir comprendre, j'ai bien évidemment cherché la signification
de la deuxième « action » redoutée par le prophète.
A quoi pensait le rasoul lorsqu'il redoutait, avant sa mort « le
pouvoir d'un gouvernement injuste » ?
Surement pas à un
gouvernement qui aurait été animé de la volonté d'interdire le
déploiement de sa religion, en Arabie, la terre de son rayonnement
et de son activité, jusqu'en 632, l'année de sa mort. Car il suffit
de se souvenir de l'implantation vigoureuse et souvent sanguinaire,
de l'islam sur cette terre, pour se rendre compte que, parmi les
religions inspirées du message d'Abraham qui s'exprimaient en
Arabie, terre très faiblement peuplée à cette époque, l'islam
a bénéficié de conditions d'implantation optimales, parmi lesquelles
il faut souligner, sans cesse, l'adhésion décisive des ariens,
enrichie par l'attitude complice des donatiens et des nestoriens
qui ont favorisé le rayonnement intellectuel de l'islam. En
Arabie d'abord, puis au Proche et au Moyen-Orient. Et plus tardÉ
ailleurs. Les nestoriens, comme les donatiens, ne se sont pas
convertis. Mais dans le souci de combattre le catholicisme romain,
ils ont traduit le qoran en grec. Par ce biais, ils ont
favorisé très fortement le champ d'extension de la nouvelle religion
au sein d'un monde intellectuel anti-catholique très militant,
riche d'une culture philosophique et scientifique préexistante
à l'islam. Un monde intellectuel réparti au Proche-Orient, au
Moyen-Orient et ailleurs.
L'élite anti-catholique
s'est emparée de ce nouveau message, diffusé d'abord en grec,
il faut le souligner encore. Car l'islam offrait, en effet, une
structure révolutionnaire immédiatement adaptée et compétente
pour combattre le christianisme romain, là même où celui-ci était
affaibli, en particulier et avant tout, par les ariens.
Mohamed, en 632, le
jour précédant sa mort, ne pouvait, quant à lui, redouter dans
son pays, qu'une seule dictature : une dictature théocratique,
générée et instaurée par les propagateurs de son propre message,
sur sa terre d'Arabie et sur les territoires voisins.
Lorsqu'il manifesta
ses craintes à l'égard « du pouvoir d'un gouvernement
injuste » il ne pouvait penser qu'à eux, car eux seuls
exerçaient le gouvernement et détenaient le pouvoir
sur des terres où l'islam évoluait.
3°/ la
troisième « action » : « La
passion de celui qui suit ma religion »
La troisième action
redoutée par le Prophète à ce moment ultime de sa vie, vient enrichir
ce que l'on peut dégager de sa pensée, telle qu'elle s'exprime
dans l'évocation de la deuxième « action » qu'il
redoute.
Il redoute « la
passion de celui qui suit sa religion ». C'est la responsabilité
d'un chef agonisant qui s'exprime. D'un chef qui invite à la modération
ceux qui seraient tentés d'altérer le message que lui-même a transmis,
par un excès de zèle aux effets redoutables. Un excès de zèle
qui risque d'aboutir au fanatisme.
La passion que redoutait
Mohamed, est illustrée aujourd'hui, tout particulièrement par
Al Qaïda, les Kamikazés, les massacres collectifs. Elle s'était
illustrée dans l'histoire par des génocides successifs. Celui
de Serbes de 1800 à 1830, de Grecs de 1821 à 1830, de Syriens
et de Libanais chrétiens, de 1840 à 1860, de Bulgares de 1850
à 1875, d'Arméniens à maintes reprises jusqu'en 1915.
Massacres effectués
à l'initiative de « gouvernements injustes »
animés de « passions malsaines » qui étaient
sous l'influence de ceux qui se considéraient comme des « experts
en religion ».
Qui, aujourd'hui,
semble avoir entendu parler de ce « Prêche d'adieu » ?
Quels sont les auteurs, les partisans du dialogue qui le revendiquent
aujourd'hui avec respect et pudeur, comme je crois le faire moi-même,
pour nourrir l'effort de l'entente interconfessionnelle ?
Qui méprise la France,
l'Europe et l'Occident, qui les déteste au point de refuser de
se servir des moyens d'action que nous offre l'histoire ?
De toute évidence,
le « Prêche d'adieu du Prophète » s'illustre
comme un moyen d'action de valeur à ne pas négliger.
Nous l'avons ignoré
en Algérie française. Nous l'ignorons aujourd'hui dans le monde
entier.
D/ A propos de : « L'égalité des chances »
En 2005, le Ministre
de l'Intérieur français est intervenu dans une cité à risque.
Il a précisé ses convictions en déclarant en substance :
« nous
n'accorderons jamais aux musulmans de France, dans la pratique
quotidienne de leur culte, des privilèges qui, en d'autres temps,
ont été refusés aux Juifs et aux Chrétiens de France ».
Les privilèges, les
musulmans de France, d'Algérie et d'ailleurs, les connaissent
depuis longtemps. Car est un privilégié celui qui ose vous dire
au nom de sa foi : « Vos lois, je ne veux pas m'y
soumettre, parce que, pour moi musulman, ce n'est pas possible ».
Il s'agit là de la
formulation d'un privilège ultime. Ou tout au moins, d'une
revendication dont il faut dire qu'elle ne se justifie en rien
dans le monde occidental moderne, à moins d'en bouleverser les
fondements. A moins de le soumettre à la volonté d'Al Qaïda.
L'effort à faire,
pour des gouvernants conscients du problème, c'est enregistrer
une fois pour toute cette certitude, dans notre société française
et occidentale : « l'égalité des chances » n'est
envisageable que dans la mesure où s'élabore et où se consolide
une égalité totale dans l'expression citoyenne et dans le vécu
quotidien des différentes religions qui s'expriment en France.
« Croyez
en Dieu, mais dans le respect et dans l'amour de la France, de
nos institutions et des autres religions qui se pratiquent dans
notre pays. Sinon, partez ! Nous n'imposerons jamais aux
autres, et nous refuserons de nous y soumettre, l'objectif Jihadien
qui impose la subordination obligatoire du vaincu au vainqueur,
dans sa civilisation et dans sa culture ».
L'égalité, donc la
fraternité et finalement la liberté, exigent l'incorporation des
religions à l'intérieur du cadre de la laïcité. Elle seule permet
de donner tout son relief au respect des convictions des uns et
des autres.
L'Algérie française
fut une occasion unique. Comme un astre très lointain, disparu
depuis longtemps et à jamais éteint, elle nous transmet encore
une lumière persistante, une lumière nécessaire et suffisante
encore, pour la recherche d'une solution.
Les femmes et les
hommes politiques modernes, dans leur immense majorité, ne semblent
pas animés de la volonté de tirer profit de cette lumière transmise
à partir de cet astre à jamais éteint.
Personne ne veut tirer
la leçon du lamentable désastre subi hier, pour éviter de connaître
le même aujourd'hui.
Le refus de l'Algérie
française s'est exprimé par un dédain émanant d'hommes politiques
incultes et ignares. Un dédain à la fois bourgeois et souverain.
Un dédain élaboré
et développé à partir de la dynamique révolutionnaire d'un capitalisme
satanique, qui cherche sa survie dans sa soumission aux banques
arabes. Un dédain secrété à partir de l'incompétence et de la
fausse grandeur gaullistes, alimentées de la haine de l'Algérie
française. D'un dédain élaboré en toute priorité à l'égard de
notre collectivité française non musulmane d'Algérie.
Cette collectivité
de pieds-noirs a servi de bouc émissaire. Parce que nous voulions
la France, parce que nous n'étions pas des renégats de notre Patrie,
on a pris le risque de sacrifier notre peuple pied-noir sur l'autel
de l'anti-Occident.
Ce peuple a réagi.
Par l'intermédiaire d'une minorité. Heureusement pour lui, pour
son histoire et pour son honneur. Un combat ultime fut livré.
Un combat du passé certainement mais aussi un combat avertisseur
des confrontations futures.
Un combat qui, de
l'agonie vécue en Algérie française hier, nous projette vers une
nouvelle espérance aujourd'hui.
La bibliographie de cet article peut être retrouvée
dans le livre
« ATTAQUES
ET CONTRE-ATTAQUES »
« Vérités
tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Algérie II »
Chapitre
XX et Chapitre XX
Et
la Bibliographie générale de l'ouvrage
Jean-Claude PEREZ
Nice, le 8. décembre
2009
« Jour de
l'Immaculée Conception de Marie »