Le docteur Jean-Claude PEREZ
Adhérent du Cercle Algérianiste de Nice et des
Alpes Maritimes
Auteur des livres : « Le sang d'Algérie »
« Debout dans ma Mémoire »
« Vérités tentaculaires sur
l'OAS et la guerre d'Algérie »
« L'Islamisme dans la guerre d'Algérie »
« Attaques et contre-attaques »
aux Editions Dualpha - BP 58, 77522 COULOMMIERS CEDEX
NOUS COMMUNIQUE SOUS LE N° 30 L'ETUDE SUIVANTE
Etude n°
30
LE
SUD ET LE NORD...
&
LE NORD ET LE SUD ....
Trois chapitres seront successivement
étudiés :
-Premier chapitre : « ... j'avais un
camarade... »
-Deuxième chapitre : ...Comment se sont
installés les Oulémas à la tête de la révolution algérienne...
-Troisième chapitre
: ... Le miracle économique français est
en train d'être réduit à néant, à
cause des « crispations confessionnelles »
générées par le gaullisme assassin de la
France sud-méditerranéenne
CHAPITRE I : « ... j'avais un camarade...
»
Jean-Marc est un de mes frères d'armes...
un vrai... parmi d'autres, très nombreux, que j'ai côtoyés
pour le meilleur et pour le pire, depuis octobre 1955.
Depuis mon retour à la vie normale, en janvier 1969, nos contacts
furent néanmoins épisodiques pour de multiples raisons : impératifs
professionnels, familiaux etc...
Mais je ne l'ai jamais trahi... et il ne m'a jamais trahi.
Ne soyez pas étonnés de cette terminologie. Au sein de l'effectif
d'un combat clandestin, lorsque le dénouement se révèle défavorable,
il est fréquent de voir apparaître et se développer ce que j'appelle
le « cancer des réprouvés » : la trahison.
La trahison des faibles qui se vendent pour retrouver,
soutiennent-ils, une nouvelle liberté de manuvre....
mais le plus souvent, pour accéder, sinon au lucre du
moins à la sécurité matérielle.
J'évoque donc une camaraderie sans nuage, avec Jean-Marc et
beaucoup d'autres. Une camaraderie qui a tenu bon pendant plus
de cinquante ans.
C'est cette fraternité d'arme qui nous réunit
encore, chaque fois que possible. Pour ne pas laisser passer
une occasion. Laquelle ? Celle de défendre à outrance
aujourd'hui, ce que nous avons défendu hier.
Pourquoi ai-je évoqué Jean-Marc, plutôt que Serge, Jean-Paul,
Marcel, Christian, Fred, Gilbert, Martial et beaucoup d'autres....
?
Serait-ce pour exhiber une richesse en camarades sérieux mais
surtout fidèles ?
Fidèles, oui, mais à qui ? A quoi ?
Fidèles aux enthousiasmes qui ont
enrichi notre combat. Des enthousiasmes passés qui génèrent
de la joie, oui de la joie aujourd'hui encore, lorsque nous
nous revoyons et lorsque les uns comme les autres, nous exprimons,
avant toute chose, notre absence de regrets.
Oui, pas de regrets, car tout démontre, de nos
jours encore plus qu'hier, que nous avions raison.
Nous sommes restés, par dessus tout, des hommes libres.
Des hommes solidaires les uns des autres, pour lutter en toute
priorité contre l'oubli, contre les injures. Pour lutter
contre la désinformation fournie, parfois, par certains
anciens d'Algérie et d'ailleurs, qui, dépourvus
de passé, s'en inventent un. Dans lequel, très
souvent, nous n'existons pas... ou plutôt nous n'existons
plus. Au point qu'il m'arrive, ainsi qu'à Serge, Christian,
Norbert, Jean-Marc, Pierre, Georges, Claude et d'autres... de
nous interroger... sur la réalité, sur le vécu,
des responsabilités parfois terribles, que nous avons
assumées.
Lorsqu'il nous arrive d'évoquer ce combat passé,
qui fut plein d 'embûches, qui fut la plupart du temps
tragique, le combat d'une minorité de Français
d'Algérie, de Pieds-Noirs et de camarades métropolitains,
animés tous d'une lucidité dont la réalité
historique actuelle confirme à chaque instant le bien-fondé,
nous nous interrogeons une fois de plus.
Avons-nous accompli tout cela hier, pour jouir aujourd'hui,
du droit de satisfaire à un appétit de couscous,
de merguez, de danses orientales ?
Avons-nous joué nos vies et nos âmes pour un style
de vie, que nous sommes en mesure de retrouver, voire de créer
aujourd'hui, n'importe où, en France ?
Avons-nous tué et fait tuer des hommes pour quelques
avantages en hectares de blé ou de vigne ? Pour une orangeraie
? Pour un immeuble ? Pour une villa ?
Evidemment non.
Notre combat en Algérie s'inscrivait dans une grande
dialectique de l'histoire. Nous voulons dire dans la confrontation
perpétuelle qui oppose l'Occident à l'anti-Occident.
Un instant s'il-vous-plaît ! C'est quoi,
ça, l'Occident ?
L'Occident, c'est une réalité géopolitique,
à l'intérieur de laquelle la pensée chrétienne
peut s'exprimer en toute liberté. Sans risque de lynchage,
de torture, d'oppression, de génocide... et de toutes
autres incertitudes et drames. C'est ça l'Occident !
La terre où les chrétiens peuvent vivre libres.
Nos camarades et moi revendiquons, justement, la prétention
constante de rester avant tout des hommes libres. Solidaires
pour lutter, aujourd'hui encore, contre le mensonge ou plus
banalement, le refus de la vérité. De Gaulle a déclaré, en substance,
selon Peyrefitte, que nous, les hommes de l'OAS, « étions
aveuglés par notre amour de la France ». De Gaulle s'est
« planté » une fois de plus. Cet amour de la France ne nous
aveuglait pas.
C'est lui, cet amour de la France, qui nous a conduits sur le
chemin d'un combat... qui est loin, très loin d'être
terminé aujourd'hui.
Car en Algérie ce n'est pas le dernier
combat que nous avons livré. Le combat de la fin. Ce
que nous avons livré, là-bas, c'est le combat de la fin du
commencement. Le commencement du combat qui, depuis 2000
ans oppose l'Occident à l'anti-Occident.
Lorsque nous nous retrouvons, c'est une
camaraderie sans tromperie qui nous soude encore les uns aux
autres. Sans ambition malsaine. Sans coup fourré. Sans souci
de préséance ou de prédominance. Sans esprit de « vedettariat
».
Nous étions nourris, là-bas,
d'une ambition : conserver toute sa vie à la France
sud-méditerranéenne. Parce que la France du
Nord-Méditerranée en avait une grande nécessité
pour rayonner dans le monde et enrichir l'Europe d'une large
fenêtre ouverte sur l'Afrique... grâce à
l'Algérie française. L'Algérie française,
une thèse de vie pour la patrie française, pour
l'Europe... pour l'Occident. C'était aussi une thèse
de vie pour l'Afrique. Mais ils ne le savaient pas... au sud
de la Méditerranée. Le temps n'est pas loin où
ils s'en rendront compte dans leur vie de tous les jours. Lorsque
nous évoquons, sans complexe, l'Algérie française,
ce n'est pas un regard narcissique que nous jetons sur notre
passé. Nous savions très bien, avant 1962, Serge,
Fred, Pierre, Gabriel, Claude, Marcel et d'autres encore et
moi avec eux, que séparée de la France, l'Algérie
allait perdre définitivement droit de cité dans
notre Occident, qu'elle était cependant en possibilité
de rejoindre grâce à la France. Séparée
de la France, bien qu'elle ait été historiquement
accouchée par notre patrie, l'Algérie exhibe aujourd'hui
une agressivité pugnace contre l'ancienne métropole.
Elle illustre aujourd'hui le symbole
historique et géopolitique d'une victoire de l'arabo-islamisme
international sur une grande nation d'Occident : La France.
Même si le fondamentalisme islamiste, quintessence
actuelle de l'anti-France, et ses exécuteurs d'Al-Qaïda, sont
officiellement combattus par le gouvernement algérien actuel,
il reste établi pour la nuit des temps à venir, que le 19
mars 1962 illustre la date d'une grande défaite de la France
et de l'Occident, devant un agresseur moderne : l'arabo-islamisme
fondamentaliste, envahisseur et dictatorial. Une défaite
dans sa signification la plus traditionnelle et classique
qui soit. Qu'on ne s'effarouche pas !
Nous sommes en droit d'utiliser ce terme
de défaite. Puisque les évènements d'Algérie ont été
officiellement identifiés à une guerre par une loi de la Vème
République française. La loi du 18 octobre 1999.
Cette guerre fut ainsi officiellement conclue
par une défaite de la France. Une défaite imputable au général
De Gaulle et à tous ses valets passés et actuels, atteints à
l'évidence, d'une encéphalopathie gaulliste chronique qui
les rend inaptes à la pratique de la politique. Cette encéphalopathie
gaulliste chronique a fait de la France un territoire sur lequel,
aujourd'hui, s'exerce une force au sens physique, ou plutôt
au sens mécanique du terme. Une force dont le point d'application
se situe en Algérie et dont le sens est rigoureusement et préférentiellement
orienté vers la France. Une force dont l'intensité est variable,
mais qui en toutes circonstances confère toute sa vérité ou
plutôt toute son actualité, à la prédiction de Ben Mhidi, formulée
par lui-même, avant qu'il ne fût pendu en 1957 :
« Vous aurez l'Algérie de Tamanrasset
à Dunkerque ».
Une force colonisatrice certes, mais
qui prétend induire, avant tout, une mutation identitaire,
progressive, des peuples de la rive-nord de la Méditerranée.
Cette mutation des esprits, comme cet asservissement intellectuel
est, de nos jours, enrichie par la mise en uvre répétitive,
périodique et surtout prioritaire, d'attaques sordides
contre le christianisme. Des attaques efficaces, ne nous y trompons
pas, relayées avec générosité par
tous les médias, à l'échelon du monde occidental
dans toute son étendue. Des attaques qui jouissent de
la qualité d'être, opérationnellement et
stratégiquement, parfaitement logiques.
Pourquoi logiques ?
Pour la raison suivante : à l'arabo-islamisme
fondamentaliste, le nouvel envahisseur, on refuse d'opposer,
pour le moment, la seule arme qui soit efficace. L'islamisme
fondamentaliste prétend imposer la charria dans le cadre
de la vie des Français et ne connaît, dans le cadre
de cette perspective opérationnelle, qu'une seule expression
: une expression religieuse. Dont il fait un usage exclusif.
Or, on s'obstine à lui opposer cependant des attitudes
de défense très mal adaptées. Des attitudes
dépourvues d'efficacité, totalement dépourvues
d'impact opérationnel. On pleurniche, on exhibe sa peur,
on prévoit de légiférer en évoquant
les burkas des femmes musulmanes. On exprime sa colère,
en réalité sa peur et son angoisse, devant des
minarets qui surgissent un peu partout.
Mais, au nom de la laïcité, qui en aucun
cas ne doit être restrictive de liberté religieuse tout au contraire,
on refuse de faire référence au rayonnement historique de nos
cathédrales. De nos cathédrales qui ont symbolisé pendant longtemps,
une volonté laborieuse de mener un combat pendant des siècles.
Un combat au moyen-âge, pour la sauvegarde du christianisme
contre les hérésies invasives, tout particulièrement les hérésies
de provenance ibérique.
Aujourd'hui, nous exprimons notre détermination
perpétuelle à vivre libres ou vainqueurs si nécessaire,
en nous appuyant sur une certitude. Une certitude que je formule
de la manière suivante : nous n'avons rien à redouter
de la religion musulmane, dans la mesure où nous sommes
capables de faire comprendre à nos enfants que rien ne
les obligera à se soumettre, dans les décennies
à venir, à la mutation idéologique et identitaire
que veut induire, et finalement nous imposer, le fondamentalisme
islamiste. Ce n'est pas une fatalité. Car, le christianisme
tire sa vitalité et son rayonnement, pour longtemps encore,
d'une élite universelle certes. Mais aussi et surtout,
il tire sa puissance, sa vigueur révolutionnaire éventuellement,
de gigantesques prolétariats chrétiens, répartis
dans le monde entier. Des peuples, des masses populaires en
Europe, en Afrique, en Amérique du Nord et surtout en
Amérique latine. Des collectivités asiatiques,
des peuples blancs et des peuples « de couleur »
comme on le disait naguère, ainsi que leurs élites
n'accepteront jamais la mort de
la Croix. Que ce soit par la force, que ce soit par la trahison
et par le reniement, comme ce fut le cas en Algérie,
en 1962.
Nous sommes suffisamment forts, nous qui
avons combattu pour l'Algérie française, pour nous entendre
avec les musulmans. Avec les musulmans qui ont choisi de vivre
en France. Plus encore avec les musulmans qui ont choisi la
citoyenneté française.
Nous entendre avec nos concitoyens musulmans
dans la mesure où ils acceptent une nécessité : celle d'intégrer
la pratique quotidienne de leur culte aux exigences de la citoyenneté.
Nous sommes chrétiens, et avec ceux d'entre
nous qui sont juifs, nous devons rester chrétiens et juifs.
Mais, tous, avec les musulmans, nous devons être en mesure de
brandir chaque fois que nécessaire, sans état d'âme particulier
et sans répugnance, l'étendard commun de la laïcité. Une laïcité
qui aujourd'hui n'est plus prohibitive. Une laïcité qui permet
aux différentes religions de s'exprimer en France, dans le respect
perpétuel, en n'importe quelle circonstance, de liberté, de
fraternité et d'égalité.
Nous refusons de vivre dans une ambiance,
dans un « éthos » a écrit Peyrefitte, de crispation
confessionnelle. Car, la crispation confessionnelle se révèle
être un facteur très sérieux, de stagnation économique d'une
part, et du ralentissement de l'essor d'une nation, d'autre
part. La crispation confessionnelle c'est un cancer moderne
au sein d'une nation. Elle détient le potentiel d'altérer profondément
tout ce qui contribue à maintenir une nation dans le cadre de
la modernité. Cette crispation confessionnelle moderne, que
nous vivons en France, se révèle inhibitrice, logiquement et
progressivement, de tout essor économique nouveau. Elle apparaît
comme une conséquence impitoyable du sacrifice volontaire et
conscient du christianisme en Algérie. C'est le gaullisme qui
l'a instaurée à l'intérieur des limites de la France métropolitaine,
comme nous le constatons, aujourd'hui, à chaque instant.
La Méditerranée nous offre deux rives. Le
Sud et le Nord. C'est vrai.
L'une est atone, pour le moment. C'est la
rive-nord, c'est la nôtre. Elle est atone parce que la crispation
confessionnelle s'y est installée comme une maladie chronique.
L'autre est ambitieuse, agressive, avide
de conquêtes : c'est la rive-sud. La rive des envahisseurs de
style nouveau.
Cette mutation idéologique induite par l'atonie
des peuples de la rive-nord, est la conséquence d'une rupture
de contact avec Dieu, qui s'inscrit à l'évidence, dans la normalité,
dans la banalité du comportement des hommes de la rive-nord.
Insistons encore : ces peuples opposent,
par habitude, une désertion spirituelle à l'impact arabo-islamiste.
Tout particulièrement une désertion chrétienne. Cette désertion
spirituelle donne naissance à un vide dialectique. Un vide où
s'engouffre sans effort, comme naturellement, le dynamisme islamiste
qui lui, s'exprime dans des conditions idéales. Pourquoi idéales
? Parce que, répétons-le, la seule opposition qui le gênerait,
a décidé d'être silencieuse pour le moment. D'être muette. Nous
évoquons encore une opposition religieuse dont il est de bon
ton, aujourd'hui, de ne plus faire usage. Car ce que l'on nous
recommande, c'est ceci :
«
Vous, les chrétiens, fermez-la ! »
« Oui, fermez-la, pour ne pas gêner les
nouvelles manuvres des capitalistes financiers modernes qui
sont en train d'agir à l'égard de la révolution arabo-islamiste
de la même manière qu'ils ont agi en 1917 à l'égard de la révolution
bolchevique ».
Trotski a rejoint la révolution russe en
1917, via le Canada, grâce au viatique financier fourni par
un potentat américain, Hammer-père. Le fils de celui-ci, Hammer-fils
donc, joua un rôle identique à l'égard de la révolution algérienne.
Rappelons que le déclenchement de cette révolution fut décidé
le 1er dimanche de juillet 1954, au matin, dans une
salle de cinéma à Hornu, dans le Brabant, en Belgique. Cette
réunion fut organisée par Khidder et Lahouel. Le premier était
alors un ancien du MTLD, membre de l'OS (Organisation Secrète).
Le second, était conseiller municipal d'Alger, adjoint du maire
FLN d'Alger, Jacques Chevallier.
La guerre fut décidée.
Le « Jihad fissabil Allah », la guerre sainte
pour la cause de Dieu. Mais ce qu'il faut rappeler c'est l'information
suivante : cette réunion fut possible grâce à
l'initiative et au concours de la CISL [1]
qui, non seulement l'organisa, mais assura aussi le financement
de la première mission de la guerre d'Algérie.
Un viatique de 500.000 dollars
Plus
tard, en 1956 à Alger, l'UGTA[2] subit
le contrecoup de sa soumission opérationnelle à
la CISL, dans les attentats terroristes de la bataille d'Alger.
Le poste de commandement de l'UGTA fut plastiqué, place
du Cardinal La Vigerie, en 1956. Lors de cet attentat, fut découvert
un projet écrit d'assassinat imminent, de plusieurs dizaines
de citoyens français algérois qui eurent la vie
sauve grâce à cette opération d'un commando
de volontaires clandestins.
Le capitalisme financier est aujourd'hui malade de sa croissance.
Il éprouve constamment le besoin d'un enrichissement, d'une
nouvelle oxygénation de ses moyens opérationnels.
Un enrichissement sous la forme d'un apport augmenté en
liquidités pour assurer son contrôle de la production,
au niveau des grandes banques. Cette sacro-sainte production,
génératrice de valeur ajoutée, que le capitalisme
financier doit faire progresser en permanence.
Deux
recours pour conserver sa pugnacité au capitalisme financier
moderne sont mis en uvre de nos jours :
1. La délocalisation c'est-à-dire
l'obligation d'abandonner des sites de production trop coûteux,
sacrifier des travailleurs occidentaux au bénéfice d'autres
collectivités moins coûteuses. Moins coûteuses en termes de
salaires et en termes d'avantages sociaux liés au travail.
2. La recherche d'un accès
aux énormes liquidités dont disposent les banques arabes,
avec en compensation des concessions évidentes, exprimées en
terme de tolérance très large à l'égard de la charria, qu'imposent
ces mêmes livraisons d'argent.
Mes
chers correspondants, je suis parti d'un passage en revue, un
peu sentimental et nostalgique, d'un effectif de mes frères
d'arme pour parvenir, sans m'en rendre compte, à la genèse
de la guerre d'Algérie. Et pour aboutir à ce que
j'appelle en toute humilité :
l'inversion de la hiérarchie subversive anti-occidentale.
Je
m'explique ou plutôt, j'essaie de m'expliquer.
Pendant
longtemps, le capitalisme financier tel qu'il fut décrit par
le défunt Jacques Marseille, illustrait la structure stratégique,
la structure décisionnaire dans le déroulement de l'actuelle
révolution mondiale.
Mais les nouvelles richesses produites par
les hydrocarbures, au bénéfice préférentiel
des banques arabes, ont fini par bouleverser radicalement cette
identité stratégique.
Il semble que la structure décisionnaire,
c'est-à-dire, répétons-le, le potentiel stratégique,
soit transférée aujourd'hui au niveau des banques
arabes. Celles-ci aspirant à la domination finale du monde,
mettent à la disposition du capitalisme financier les gigantesques
liquidités dont elles jouissent. A un point tel que le
capitalisme financier s'identifie aujourd'hui à un dispositif
tactique, soumis à un dispositif stratégique
nouveau et sus-jaccent. Nous voulons dire à la vigueur
des banques arabes. Donc, implicitement, à l'arabo-islamisme
fondamentaliste, le nouveau déterminant stratégique.
C'est dans cette nouvelle constatation
que se situe, pour nous les anciens combattants d'hier, un site
prioritaire de la réflexion que nous devons conduire avec
une grande prudence et surtout une grande humilité dans
l'expression écrite. Nous n'avons pas hésité
à être violents lorsque nous fûmes acculés
au combat... lorsque notre « amour fou de la France »
a jeté une minorité d'entre nous dans les affres
de l'action directe. Mais ce passé n'altère en rien
notre clairvoyance dans l'analyse politique que nous vous proposons
aujourd'hui.
C'est
la raison pour laquelle je vous suggère de prendre connaissance
du deuxième chapitre de cette étude n° 30, qui
prétend passer en revue, encore une fois, la genèse
de la guerre d'Algérie, telle que celle-ci fut mise en
uvre à partir de 1919. Car c'est cette genèse
qu'il ne faut jamais perdre de vue. Elle est nécessaire
pour exprimer l'identité réelle de la guerre d'Algérie...
officialisée comme telle en 1999. Cette guerre que
le gaullisme a décidé de perdre devant l'histoire,
le 19 mars 1962.
CHAPITRE
II Ð ...Comment se sont implantés les Oulémas à la tête de la
révolution algérienne....
En
1919, une loi française entre en vigueur en Algérie
de la manière la plus officielle.
Certains sujets français de confession
musulmane peuvent accéder, en toute facilité, à
la citoyenneté française pleine et entière.
Au moment de leur choix. A la condition qu'ils acceptent de se
soumettre, comme la totalité des citoyens français,
à la seule et unique juridiction civile française.
Ce qui implique le renoncement à leur statut personnel
codifié par le droit coranique.
Deux
conséquences.
-La première conséquence est
française : silence de mort autour de cette loi. On n'en
parle pas, on ne la défend pas. On n'essaie pas, en particulier,
d'engager un dialogue interconfessionnel sincère, loyal
et surtout productif, pour espérer une large application
de cette loi. La IIIe République l'a votée, mais
en sous-main elle ne veut pas en entendre parler.
-La deuxième conséquence est musulmane :
avec l'accord silencieux mais surtout réel sinon officiel
des gouvernants de la IIIe République, un riche leader
berbère, fondamentaliste connu, Omar Smaïl, décide
dès 1920, de combattre cette loi. De la rendre inapplicable.
Dans ce but, il fonde et met en place des cénacles d'étude
dont l'organisation et le fonctionnement sont confiés à
de grands religieux majoritairement berbères. Ceux-ci sont
destinataires d'une mission : lutter, par tous les moyens, contre
l'assimilation, la francisation et si nécessaire, contre
l'évangélisation.
Retenons trois noms parmi ces religieux profonds : le cheikh Abdelhamid
Ben Baddis de Constantine, le cheikh El Bachir el Ibrahimi né
à Tocqueville (Ras-el-oued) très près de
Sétif, et Tewfik el Madani, un Kabyle né à
Tunis. Ces Berbères vont structurer le fondamentalisme
musulman sur la terre algérienne. Mais, par-dessus tout,
ils vont imposer à outrance l'utilisation exclusive de
la langue arabe littérale. Ben Baddis et Ibrahim Bachir
ont effectué de longs séjours au Proche-Orient au
contact, en particulier, du grand émir libanais Chekhib
Arslan, animateur principal de la Nahdah, la renaissance de l'islam,
et véritable déclencheur de cette guerre, une guerre
franco-arabe, à partir du 8 mai 1945.
En 1925, Omar Smaïl et ses lieutenants,
avec l'accord du pouvoir français, fondent le Nadi at Taraqqi,
le Cercle du Progrès, toujours dans la perspective de rendre
inapplicable la loi de 1919. Ils exaltent et glorifient la langue
arabe. Ils ne s'expriment que dans cette langue et fondent ainsi
la nouvelle arabité de l'Algérie. En
1930, se déroulent, dans un indiscutable enthousiasme francophile,
les cérémonies commémoratives du centenaire
du débarquement français à Sidi Ferruch le
14 juin 1830. Toutes les conditions semblent réunies, sous
la pression des anciens combattants musulmans de 1914-1918, pour
que la loi de 1919 soit enfin plus largement appliquée.
Mais certains responsables de la IIIe République veillent
au grain. Ils ne l'entendent pas ainsi. En vertu de la loi de
1901 sur les associations, dans le but de donner un coup d'arrêt
définitif à cet élan vers la France, ils
donnent l'autorisation officielle à Omar Smaïl de
fonder l'Association des Oulémas, le 5 mai 1931. Le 7 mai,
le premier président désigné par Omar Smaïl
en personne sera Ben Baddis. Le vice-président sera El
Bachir el Ibrahimi. Tewfik el Madani remplira les fonctions officielles
de secrétaire général adjoint. Mais en réalité,
il en sera l'animateur le plus virulent.
La
devise de cette nouvelle association ne tardera pas à se définir
comme suit : ma religion c'est l'Islam ma langue c'est l'arabe
ma patrie c'est l'Algérie
Il
ne s'agit, ni plus, ni moins, que de la mise en place d'un dispositif
de guerre qui sera soutenu en permanence par l'émir libanais,
ennemi de la France, Chekib Arslan. Mais aussi soutenu en permanence
par Hadj Asmine el Husseïni, le mufti de Jérusalem. Celui-ci,
en effet, organise durant cette même année 1931, le Congrès
mondial de l'Islam à Jérusalem.
Il soutient officiellement l'action de Ben
Baddis. Le combat enclenché contre la future République
d'Israël va se confondre ainsi avec le combat qui est désormais
engagé contre la France. Cette
association des oulémas va constamment alimenter la nature
religieuse fondamentaliste de la guerre faite contre la France.
Tous les leaders indépendantistes anti-français
ne pourront pas se passer d'un « imprimatur verbal »,
émanant de cette association, pour jouer un rôle
dans la révolution algérienne. Farès lui-même,
dès 1946, se mettra volontairement sous l'autorité
spirituelle du Cheik El Bachir el Ibrahimi, président de
l'association des oulémas, rendu à la liberté
par l'amnistie de 1946. Ibrahim Bachir,
c'est une autre formulation de son identité, président
de l'Association des oulémas depuis la mort de Ben Baddis
en 1940, était assigné à résidence
à Aflou, près de Tiaret en 1945. Il déclencha
néanmoins les émeutes de Sétif du 8 mai 1945,
dès réception de l'appel de Chekib Arslan transmis
depuis Genève, le 7 mai 1945.
Une
guerre de 17 ans, une guerre franco-arabe répétons-le, va être
conduite à partir de cette date, d'une façon ouverte, en 1945,
le 8 mai dans les Hauts Plateaux sétifiens et à Guelma. Puis
larvée. Puis de nouveau ouverte contre la France dès la Toussaint
Rouge 1954, jusqu'au 5 juillet 1962, date du massacre d'Oran.
«
El Jihad fissabil Allah », « la guerre sainte pour la cause
de Dieu ».
Guerre
qui fut conclue par la défaite historique de la Vème république
française le 19 mars 1962.
CHAPITRE III Ð ... Le miracle économique
français est en train d'être réduit à néant, à cause des
« crispations confessionnelles » générées par le gaullisme,
assassin de la France sud-méditerranéenne
L'Algérie française est morte. Définitivement
morte. L'Algérie actuelle connaît une réalité tout à fait différente.
C'est un autre pays. Une nation. Il va sans dire que ce qualificatif
de « morte » ne la concerne pas.
Surgit toutefois la question suivante :
la mort des départements français d'Algérie a-t-elle réduit
l'espace planétaire du non-développement ? La réponse est nette
: l'espace planétaire de non-développement reste aussi vaste,
depuis la décolonisation générale, voire même beaucoup plus
vaste encore.
Aujourd'hui, il est d'une évidence incontournable
que la décolonisation de l'Algérie fut conduite d'une manière
catastrophique, puisqu'elle aboutit à la naissance d'une nation
à l'intérieur de laquelle la haine de la France s'inscrit parmi
les éléments fondamentaux de la plus élémentaire culture. De
la culture basique. Sans bouleverser le panorama de cette étude,
on peut affirmer ceci : malgré la sécession des départements
français d'Algérie et du Sahara, les trois-quarts de l'humanité
au moins appartiennent au monde non encore développé. Celui
que, récemment, on appelait « sous-développé ».
Des auteurs compétents nous ont enseigné
que le sous-développement ne constitue pas un phénomène anormal
en lui-même. Plus encore, ils l'inscrivent sans aucun état d'âme
dans la normalité des choses de la vie. Alain Peyrefitte fait
étalage dans ce domaine, d'un laconisme très enrichissant :
« Ce n'est pas le sous-développement qui est un scandale,
c'est le développement qui est un miracle ».
Le développement apparaît, encore aujourd'hui,
comme une prouesse. Une prouesse à porter au crédit exclusif
d'un peuple. Sous la condition que celui-ci soit capable
de l'accomplir.
C'est-à-dire lorsque ce peuple réunit des
compétences technico-culturelles nécessaires à cet accomplissement.
Une prouesse qui n'est pas forcément à la portée de n'importe
quel peuple. L'ancien ministre du général De Gaulle ne manque
pas de précision lorsqu'il prend soin d'écrire :
« Un peuple se développe, il ne développe
pas d'autre peuple ».
Pour qu'un peuple puisse contribuer au développement
d'un autre peuple, il faut que ce dernier nourrisse l'ambition
préalable d'accéder au niveau technico-culturel adéquat qui,
seul, peut lui donner les moyens d'engendrer à son tour un «
miracle économique ». Selon Alain Peyrefitte, les nations
développées se caractérisent avant toute chose, comme celles
qui sont capables de garantir la progression auto-entretenue
des paramètres économiques qui servent de références permanentes.
Citons : le produit national brut, le revenu par habitant, la
qualité et le volume des exportations, le tonus de l'investissement,
la qualification permanente de la main-d'uvre, les innovations
technologiques en chaîne, les nouvelles habitudes de consommation.
Mais à ces paramètres, il faut en ajouter un autre qui nous
paraît fondamental : ces nations doivent être libérées de toute
crispation confessionnelle.
Les nations qui, encore sous l'emprise de
crispation confessionnelle n'accèdent pas au niveau des nations
développées, s'identifient aujourd'hui aux nouveaux « prolétariats
extérieurs de l'Occident ». La crispation confessionnelle y
engendre parfois une expression revendicative obligatoirement
violente, qui ne se prive pas d'être sanguinaire en maintes
occasions. Ce qui contribue à aggraver l'interdiction d'accès
au développement.
Nous apprenons ainsi qu'il existe une
dimension culturelle, philosophique et surtout religieuse du
développement. Celui-ci en réalité, se définit comme une denrée
rare.
L'Algérie avait toutes les chances de trouver
sa place dans le cadre d'un miracle économique français d'abord.
Ensuite, dans le cadre du miracle économique espéré, à l'échelon
européen. Non seulement elle aurait pu en bénéficier mais elle
aurait aussi contribué à l'enrichir, si la France s'y était
maintenue en tant que nation souveraine. Mais on s'est refusé
avec obstination, et de toutes parts, à prendre l'orientation
préalable nécessaire et indispensable pour atteindre ce but.
Cette orientation préalable c'était l'éradication d'Algérie
des crispations confessionnelles. Or, tout au contraire on les
a volontairement installées, ou plutôt consolidées en Algérie,
à partir de 1920. Ces crispations confessionnelles se sont révélées
mortelles pour les départements français d'Algérie, en tant
que départements français évidemment.
Il fallait avoir le courage, l'audace,
la lucidité, mais surtout la volonté d'acquérir
la formation nécessaire, pour contrer avec conviction
les attitudes irresponsables et criminelles qui affirmaient
là-bas, que : « demander
aux musulmans d'accéder à la citoyenneté
française en renonçant à leur statut civil
personnel, qui les rendait dépendants à l'égard
du seul droit coranique, c'était les inviter à
l'apostasie, au reniement de leur foi ».
Cet argument est utilisé sans arrêt, de
nos jours plus qu'hier, par des accusateurs affectés d'un
histrionisme chronique, sans cesse et abondamment suractivé.
Néanmoins, c'est cet argument qui confirme bien que le miracle
économique possible dans les départements français d'Algérie
a été sacrifié au bénéfice du statut personnel des musulmans.
Le bouclier anti-français par excellence. A été sacrifié à une
attitude génératrice, au plus haut point, d'une crispation confessionnelle.
C'était un crime contre l'intelligence... pour le moment.
Dans nos sociétés modernes, la décrispation
confessionnelle illustre le cheminement indispensable pour accéder
au développement et au progrès.
Nous n'oublions pas, cependant, que par
nature, par essence, la décrispation confessionnelle impose
avant tout, le respect des convictions de chacun. C'est en ce
sens qu'elle mérite de s'appeler « décrispation ».
L'abandon du statut personnel définissait
le tout premier palier auquel il fallait parvenir si l'on voulait
inclure l'Algérie française dans un ensemble territorial
susceptible d'être bénéficiaire des avantages
de la modernité sous l'égide de la France, dans
un premier temps, puis de l'Europe dans un second temps. Mais
il aurait fallu que la France fût gouvernée par
des hommes d'Etat qui fussent visionnaires, et non pas animés
par une ambition de « lombards » de «
prêteurs sur gage ». Des hommes qui se seraient
attachés à conférer toute sa vitalité,
de Dunkerque à Tamanrasset, à cette loi que nous
avons évoquée à maintes reprises, la loi
de Moïse Mendelssohn, qui au XVIIIème siècle
recommandait à tous les pratiquants d'une religion, d'être
« religieux à la maison,
citoyens dans la nation ».
La sécularisation
de l'islam était une des fondations à creuser
pour que pût enfin se développer sur cette terre
algérienne, un « miracle économique ».
Et à partir de celui-ci... un possible miracle
africain... « in secula seculorum »[3]
Mais les indépendantistes anti-français,
ceux d'Algérie, renforcés, animés, dynamisés, pris en main par
leurs complices de métropole, dont le gaullisme représente la
quintessence, étaient animés de la volonté d'exclure l'Algérie
de l'hypothétique « miracle économique français ».
Notre pays n'a pas fini de payer la note
de ce forfait contre l'intelligence, de ce crime contre l'humanité.
Un crime qui consiste à avoir créé toutes les conditions d'un
essor imprévu et sans cesse croissant, à l'intérieur de nos
frontières : l'essor d'une crispation confessionnelle, involutive,
paralysante, atrophiante. Appauvrissante. Une crispation confessionnelle
d'expression quotidienne.
Nous avons d'abord protesté en Algérie.
Nous avons hurlé contre la trahison. Nous avons manifesté
notre colère. Pour une minorité d'entre nous,
nous avons pris les armes, guidés que nous étions
par un amour fou de la France. De Gaulle, le plus prestigieux
des Français, qu'a-t'il déclaré devant
notre attitude ? Ceci « les chiens
aboient et la caravane passe ».
Effectivement... la caravane est passée. Les
chiens n'aboient plus. Mais ils grondent en observant à quel
point la caravane se trouve coincée dans un sombre cul-de-sac,
exposée aux intempéries aujourd'hui, aux tempêtes demain.
Les chiens « contemplent »
le comportement de tous ces misérables champions
du délestage économique de l'Algérie. Ils
peuvent faire l'inventaire de leurs nouveaux acquis : parmi
ceux-ci, avant tout, la médiocrité qui menace
de s'installer dans notre pays à l'état chronique.
CONCLUSION
Aujourd'hui, la notion « d'Algérie
française » se révèle sous sa véritable
identité.
« Algérie française » ce n'est
plus une notion uniquement nourrie de souvenirs nostalgiques.
Ce n'est pas une évocation pleurnicharde d'une espérance
trahie. Ce n'est pas le support d'une amertume résiduelle.
« Algérie française » n'illustre
pas uniquement un capital culturel dont l'immense richesse est
encore très mal évaluée.
« Algérie française » s'identifie
aujourd'hui à ce qu'elle était hier. Une thèse
historique pour une construction du monde intelligente. Un projet
de sauvegarde de l'équilibre euro-nord-africain, une mission
géopolitique. C'était une mission que nous n'avons
pas pu ou su conduire à bonne fin. Ce non-accomplissement
nous stimule aujourd'hui. Pourquoi ? Pour comprendre. Pour expliquer.
Cette volonté d'expliquer entraîne une conséquence
: elle nous conduit à prendre des « airs d'historien
». Dans cette attitude, un écueil est à
éviter : celui de se complaire dans une attitude de pionnerie
désespérante.
Un témoin ou plutôt un
acteur, qui a mis la main à la pâte de l'histoire,
à la genèse et au déroulement d'évènements
très graves, peut apparaître parfois comme un chroniqueur
insuffisant... faiblard.
Mais lorsqu'il jouit de la faculté et surtout
de la chance d'être un conteur, on dit le plus souvent de lui
qu'il est « intéressant ».
« Intéressant », c'est l'horrible
qualificatif dont on vous gratifie avec une générosité condescendante
lorsque vous mettez le vécu de votre expérience, le vécu de
vos drames, au service d'une collectivité avide de savoir ...
avide de comprendre.
Comme l'a écrit Nietzsche, je ne sais plus
où, ni quand :
« La parole du passé est toujours d'oracle.
Vous ne l'entendez que si vous êtes les constructeurs de l'avenir
et les interprètes du présent ».
J'essaie de m'inscrire parmi ces hommes, qui sont mordus
par l'audacieuse envie de ne plus être des fourmis.
C'est une fatalité historique qui m'a
plongé, à partir de 1955, en plein cur du
drame qu'a vécu l'Algérie française, du drame
qu'a vécu la France en Algérie.
Aujourd'hui, l'abandon de l'Algérie par le gaullisme cinquante-huitard,
je le vis comme un déluge. Un nouveau déluge.
Le déferlement, non pas d'une vague, mais d'une houle recouvrante.
Une houle rythmée, contrôlée, arabo-islamiste,
qui prétend submerger progressivement l'Occident tout entier.
Un Occident qui, aujourd'hui plus qu'hier, s'illustre à
la fois comme «l'île et le cur du monde ».
Quelques doctes politiciens ont exprimé parfois l'intention
de nous rassurer :
« Tout cela n'a aucune importance » ont-ils
soutenu. Pourquoi ?
« Mais ouvrez-donc les yeux ! » rétorquent-ils.
« De Gaulle a tout prévu. Il a organisé
une nouvelle arche de Noé. C'est la France avec sa force
de frappe nucléaire. C'est la France enrichie par son passage
glorieux à la modernité. Grâce au miracle
du grand renouvellement qu'il a lui-même accompli. Grâce
à une décision gravissisme qu'il n'hésita
pas à assumer lui-même devant l'histoire.
La
décision de sacrifier la Croix en Algérie française ».
Oui. Effectivement. Souvenons-nous. De Gaulle
s'est adressé au peuple français, il y a 50 ans,
pendant la Semaine des Barricades d'Alger, de janvier 1960:
« Et toi, mon vieux pays ! » a-t-il déclaré.
« Toi, mon vieux pays, usé, vieilli,
qui a tant souffert ! Que veut-on te faire accomplir encore
! Gérer des populations indigènes d'Algérie, dont la nature
est d'être miséreuse ? Recueillir chez nous des Pieds-Noirs
qui au sein de notre famille française, oublient qu'ils sont
des enfants adoptés ! Qu'arrive le déluge libérateur ! Car comme
l'a déclaré Monsieur Tricot, un de mes fidèles valets, l'abandon
de l'Algérie est nécessaire au passage de la France à la modernité
».
Le grand renouvellement gaulliste s'étale
aujourd'hui sous nos yeux. Un épanouissement social éblouissant.
Une égalité qui se confirme partout avec éclat. Une liberté
dite libéraliste qui nous submerge. Quant à la fraternité, elle
est tellement forte, qu'elle nous asphyxie littéralement.
Tout cela pourquoi ? Parce que De Gaulle
l'a voulu. Parce que De Gaulle l'a accompli pour le compte des
capitalistes financiers qui ont joué le court terme en voulant
délester l'univers-de-l'argent-sans-âme du débouché algérien.
Débouché algérien jugé insuffisant à cette époque en termes
de production de valeur ajoutée.
Le gaullisme... une asphyxie de l'espérance...
En France... en Europe... en Occident.
Jean-Claude Pérez
Nice Le 15 avril 2010
(1)
CISL : Confédération Internationale des
Syndicats Libres, installée en Europe, émanation
de la Fédération américaine du travail,
Fédération de droite. fut attribué par
la CISL à Kidder et Lahouel, dès la fin de la
réunion d'Hornu. A Bruxelles. Par Monsieur Irving Brown
en personne. La moitié de ces 500.000 dollars, sur aimable
pression des services secrets américains, fut livrée
par l'ARAMCO dont Hammer-fils était un actionnaire ...privilégié.
L'autre moitié fut livrée par la CISL, elle-même.
(2) UGTA
: Union Générale des Travailleurs Algériens
d'inspiration néo-communiste, mais fut très rapidement
annexée par la CISL qui l'utilisa pour les besoins du
capitalisme financier américain, qui avait besoin de
l'éviction de la France d'Algérie.
(3)
« in secula seculorum » : traduisons «
pour les siècles à venir ».
D'après
« L'Islamisme dans la Guerre d'Algérie »
Et « « Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre
d'Algérie »
Disponibles chez Dualpha Editions
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