En prévision du 50me anniversaire
de l'assassinat de la France Sud-Méditerranéenne,
(19 mars 2012 et 3 juillet 2012)
une série d'études vous sera proposée.
Elles seront numérotées
différemment. A titre d'exemple, celle que je vous propose aujourd'hui
est numérotée : étude 50/36
n 50 : pour
la nouvelle perspective historique, le 50me anniversaire,
dans laquelle il faut intégrer ces prochaines études.
n 36 : pour la nomenclature générale.
ETUDE 50/36
LE CHAMANISME GAULLISTE
...de l'aliénation idéologique...à l'esprit de Poitiers
Nous sommes en période estivale..., celle de
2010.
C'est-à-dire pratiquement à deux ans d'un
cinquantime anniversaire.
Anniversaire dont
la célébration prévue et plus ou moins claironnée, m'invite à
observer une attitude de méfiance vigilante.
Car une suspicion
m'anime. C'est elle qui m'oblige à faire face à un événement dont
je prévois les désagréments, les injures, et les infamies dont
il sera porteur. J'évoque le 50me anniversaire de
l'assassinat de la terre française d'Algérie.
Le 50me
anniversaire du génocide raté du peuple pied-noir.
Le 50me
anniversaire d'une honteuse et scandaleuse défaite de la Vme
république gaulliste, devant l'arabo-islamisme fondamentaliste.
J'ai décidé de faire
face malgré les conseils de ceux qui, sournoisement, m'invitent
à ramper et à me convertir au « bon got politique du
moment ». « A la bienséance politique ».
En tant que responsable, au niveau le plus élevé, de l'action
que nous avons menée en Algérie, j'ai bien évidemment laissé derrire
moi quelques « chambres obscures ». Que l'on pardonne
ce recours à un cliché mille fois utilisé. J'ai maintenu ces chambres
obscures soigneusement closes pendant longtemps. Sans me complaire
cependant dans une attitude de conspirateur perpétuel, mélodramatique
et surtout ridicule. Du moins je l'espre !
Je ne peux oublier que ma vie fut riche avant tout d'émotions
et de stress. Elle fut nourrie d'évnements violents, échelonnés
sur plusieurs années. Emotions, aventures, responsabilités qui
ont fini par bouleverser l'intimité de ma personne. Initiatives
douloureuses, décisions opérationnelles dramatiques, projets avortés,
passions insatisfaites, trahisons, maudites trahisons,
tout cela me conduisit en 1962, à un exil tourmenté.
Un exil accidenté jusqu'en 1966, d'épisodes périlleux plus
fréquents qu'on ne le pense. Le tout aggravé de péripéties familiales
et intimes difficiles à vivre. Aux conséquences imparables et
définitives. Car j'étais dans l'impossibilité de me défendre.
De nos jours, il est encore, paradoxalement, difficile
de nous défendre.
Je redoute, par dessus
tout quelque chose : qu'un méchant coup soit porté,
une fois de plus, lors de ce 50me anniversaire, à
l'uvre unique, admirable, exceptionnelle, qui fut celle de la
France en Algérie.
Je redoute les salissures
dont la France sera victime une fois de plus.
Je redoute qu'un
coup sordide, « lynchard », inspiré par la canaille,
soit porté une fois de plus contre les défenseurs de l'Algérie
française.
D'ou viendrait ce méchant coup ? Ces salissures ?
« Ce lynchage » ?
De ceux qui, aujourd'hui encore, ne sont inspirés et guidés
dans leurs comportements et orientations politiques que par une
volonté de soumis.
Soumis, intellectuellement et spirituellement, au chamanisme
gaulliste.
Lorsque, avec beaucoup d'appréhension, je décide de franchir
le seuil des chambres obscures que j'ai laissées derrire moi,
il se passe aujourd'hui quelque chose de surprenant. J'éprouve,
en effet, une double sensation.
Evidemment, celle de « déjà vu », ce qui est
inévitable puisqu'il s'agit de mon vécu personnel que j'explore
à nouveau. Mais en même temps, une autre sensation se superpose
à la premire. Avec laquelle elle finit par se confondre tout
d'abord. Puis elle l'éclipse. Finalement, c'est elle, cette nouvelle
sensation, qui devient dominante.
En effet, ces chambres obscures nouvellement visitées,
révlent bien évidemment des évnements vécus, des émotions éprouvées,
des désespoirs ressentis, et, en même temps, elles révlent aussi
des « enthousiasmes » qui jouissent de la particularité
d'être encore actuels.
Des enthousiasmes qui trouveraient ou plutt qui trouvent
effectivement leur place, c'est-à-dire une nouvelle possibilité
d'expérimentation dans le moment historique que nous sommes en
train de vivre.
Je précise bien : sensations, craintes, angoisses,
désespoirs et finalement enthousiasmes « actuels »,
dont le déterminisme, dont la gense, dont le pourquoi et le comment,
se confondent avec le déterminisme et la gense de tout ce que
nous avons connu pendant la guerre d'Algérie.
Tout cela me conforte à 100 % dans ma conviction :
notre combat pour l'Algérie française fut un combat précurseur.
Ou mieux encore il se définit comme la premire phase des confrontations
qui s'expriment aujourd'hui au sein du monde occidental,
en ce début de XXIme sicle.
Confrontations qui
ne pourront se résoudre, elles aussi, que par une victoire ou
que par une nouvelle défaite. Un combat pour la survie ethnico-culturelle
et religieuse de ce qui reste encore de l'Occident valide. Un
combat qui se terminera par un nouvel « Evian »... ou
par un nouveau « Poitiers ».
Malgré notre naveté, malgré notre inexpérience de la « chose
politique », malgré notre inculture politique exagérément
invoquée par ceux qui furent trop pressés de nous juger, de
nous condamner et parfois de nous ridiculiser, nous avons fini
par être confrontés, nous qui étions coupés du monde, à une constatation
ou plutt à une découverte.
La voici : la confrontation qui nous fut imposée depuis
1954 en Algérie, mais qui était en marche depuis des dizaines
d'années, en réalité depuis la loi du 4 février 1919[1], débordait trs largement des limites d'un combat
livré pour la seule grandeur de notre patrie française. D'un combat
conduit pour sauvegarder exclusivement l'identité culturelle et
l'indépendance de la nation française. Car il ne faut jamais oublier
que nous étions animés là-bas, sur cette terre d'Algérie, d'une
volonté de lutte pour protéger les intérêts supérieurs de la France.
C'était notre conviction « premire ». Nous pressentions
en effet les dangers que notre patrie risquait de connatre en
cas de défaite subie en Algérie. Et c'est cette défaite, qui risque
d'être exhibée, d'une manire masochiste, en 2012 lors du 50me
anniversaire.
Nous, les défenseurs de l'Algérie française, avons été
animés en réalité d'une espérance. Celle de faire accéder la Méditerranée
au rang d'un pays. Non pas au rang d'une nation. Je dis bien
au rang d'un « pays ».
Un pays qui, grce au pont géopolitique « Algérie-française »
allait faire natre d'abord, et enrichir ensuite, un courant de
continuité entre l'Europe et l'Afrique. Un courant de communication
qui allait permettre, enfin, une amorce de compréhension intellectuelle
et spirituelle avant tout. Dans une perspective eurafricaine.
La Méditerranée, un pays, aurait illustré dans cette perspective,
un refus : le refus d'une solution de continuité définitive
entre l'Europe et l'Afrique.
A propos de la guerre d'Algérie et de l'Algérie française,
tous les records de bourrage de crne ont été battus. Bourrage
de crne élaboré puis formulé à partir de généralisations grotesques,
de schématisations conventionnelles, de déformations effarantes,
de raisonnements puérils et de contradictions monumentales.
Aujourd'hui, combattre ce bourrage de crne dans ses conséquences
européennes et planétaires, relve, en apparence tout au moins,
d'une mission impossible, nous l'avons maintes fois souligné.
Cette mission peut apparatre avant tout présomptueuse. En effet,
elle n'est alimentée ni plus ni moins, que de l'ambition utopique
de provoquer, ou tout au moins d'espérer, de superbes retournements
chez les autres, dans leur manire d'appréhender cette page
d'histoire « Algérie française ».
Page d'histoire affectée officiellement d'un tabou historique
par ceux qui ne veulent plus y réfléchir.
Il est temps de leur enseigner que les tabous historiques
ne sont concevables qu'au sein de dictatures politiques ou théocratiques
modernes.
Et c'est, motivés par ce refus de nous soumettre à ces
tabous que nous précisons : les liquidateurs de l'Algérie
française, ou plutt les assassins de la France Sud-Méditerranéenne
ont préféré faire de la Méditerranée, une frontire.
-
UNE FRONTIERE AU SUD DE LAQUELLE, un nouvel envahisseur
s'apprête à anéantir, historiquement, l'identité à la fois culturelle
et spirituelle de notre Occident. Nous soumettre à une nouvelle
identité véhiculée par l'envahisseur arabo-islamiste-fondamentaliste.
Envahisseur qui nourrit l'ambition proclamée de nous soumettre
à une intégration SUD-NORD.
-
UNE FRONTIERE, AU NORD DE LAQUELLE séjournent, ou
plutt stagnent des peuples divisés. Des peuples spirituellement
dégénérés. Des peuples qui souffrent d'une aliénation de leur
destin historique et qui s'offrent tout naturellement en capitulards-collabos
à cette nouvelle invasion.
On constate en effet
que, contre cette invasion-imprégnation, ne s'oppose rien.
Si ce n'est une béatitude
générée par une référence permanente, rabcheuse et ringarde au
gaullisme.
Le gaullisme, refuge
idéologique de tous les « mal-comprenants »[2]
du sicle passé et du sicle actuel. Le gaullisme qui jouit encore
de la propriété de conférer à nos cadres politiques modernes,
parfois de jeunes cadres, des airs de « jeunes gérontes »...
ou de gérontes précoces de la politique moderne.
Je répte, de jeunes
gérontes au comportement obsessionnel.
« Car »,
disent-ils, « regardez-donc la France, regardez le grand
renouvellement gaulliste dont la France symbolise la plus éclatante
des illustrations :
- un prodigieux
épanouissement social,
- une performance
économique qui fait des jaloux,
- une égalité qui
triomphe partout,
- une liberté-libéraliste
qui s'exhibe sans camouflage.
- quant à la fraternité,
on peut dire qu'elle nous étouffe !
« Alors »,
ajoutent-ils, « vous, les combattants de l'Algérie française,
revenez sur terre. Reconnaissez que le gaullisme enrichit aujourd'hui
d'une réussite éclatante, le nouvel accomplissement historique
de la France.
Regardez-donc
le grand renouvellement que le général avait annoncé et qui est
en train de se réaliser aujourd'hui, sous vous yeux ».
Ces gérontes gaullistes sont aveuglés. Ils ne veulent pas
jouir de la lumire astrale qui irradie du cadavre encore
chaud de l'Algérie française.
Car cette lumire vient de trs loin. Une lumire qui n'est
pas encore épuisée. Elle éclaire le passé, le présent et l'avenir.
Pour en profiter, il suffit de faire l'effort de regarder et de
développer sa compétence à voir.
Nous, anciens du combat populaire pour l'Algérie française,
avons la chance, pour un petit nombre d'entre nous, de tirer profit
de cette lumire astrale. Elle nous éclaire en permanence certes,
mais elle ne nous éblouit pas. C'est elle qui nous donne les moyens
de révéler à chaque instant la continuité directe entre les drames
vécus hier, là-bas, et les drames actuels ou futurs que s'apprêtent
à connatre nos contemporains et nos descendants, en France métropolitaine,
en Europe et en Occident. Certes, l'astre « Algérie-française »
est mort. Mais sa lumire, sa lumire astrale nous
parvient encore. Elle est loin, trs loin, d'être épuisée.
Animés de cette conviction, il nous est facile de comprendre
le pourquoi du billon médiatique que l'on nous applique avec
violence, avec mépris. Ce qui est inéluctable, je veux dire facile
à comprendre, puisque ce sont les responsables pour ne pas dire
les complices actifs parfois, de la défaite de l'Occident en Algérie,
qui assument de hautes responsabilités politiques en France, en
Europe, ainsi que dans le monde occidental résiduel. Tout un monde
autistique, en réalité, qui s'exprime comme s'il ignorait
tout du péril qui menace le monde occidental.
De Gaulle !
Un mythe ! Un
mirage ! La fausse grandeur ! Le faux hérosme !
Le faux prophte. La drogue nécessaire aux mal-comprenants.
De Gaulle, une équivoque
qui soumet encore les Français à l'histoire de cet officier, qui,
aprs la premire guerre mondiale, celle de 14-18, a voulu se
lancer tout d'abord, alors qu'il était capitaine, dans une carrire
d'écrivain.
Comme s'il avait
voulu compenser, par cette nouvelle carrire, le déroulement dépourvu
de panache de sa participation personnelle au premier conflit
mondial.
Comme s'il avait
voulu attirer l'attention, sur sa personne, des chasseurs de
têtes qui étaient à la recherche d'exécuteurs capables
de bouleverser, chacun à son poste, l'assise du monde occidental...
qu'ils espéraient façonner pour mieux adapter ce monde occidental
aux exigences du néo-capitalisme financier.
Dans un premier temps,
il réussit à intéresser à sa personne un maréchal de France, son
premier « patron » à Arras, lorsque lui-même
était sous-lieutenant. Apporter à ce maréchal le concours de ses
dispositions à l'écriture dans la préparation d'un ouvrage consacré
au « soldat ».
Dans cette entreprise,
il a tenu un rle difficile : celui d'un ngre-littéraire.
Un ngre qui
n'a pas accepté quelques remontrances courtoisement adressées
par celui qui était son nouveau patron dans cette entreprise.
Le ngre d'écriture
se rebiffa alors contre le vieux maréchal. Il n'oublia jamais
cet incident qu'il vécut comme une humiliation inacceptable. Qu'on
se permt de critiquer son travail d'écrivain, c'était, en soi,
inconcevable ! C'était déjà un sacrilge !
Il intriguera pour
laver l'affront. Son aigreur ressentie, distillée, capitalisée,
intéressera certains observateurs, parmi ces chasseurs de têtes
auxquels nous avons fait allusion, qui détecteront en lui un pion
utilisable, parmi d'autres, pour faire de la France une base opérationnelle
soumise aux perspectives des secteurs offensifs du néo-capitalisme
financier.
L'occasion de sa
meilleure utilisation possible, se présenta lors de la désastreuse
campagne militaire de 1940. Campagne et décisions opérationnelles
que De Gaulle avait approuvées, ou plutt auxquelles il
avait applaudi, dans un courrier riche d'une servilité
étonnante, qu'il adressa lui-même au président du conseil,
Paul Reynaud[3].
Une servilité qui lui permit d'accéder au poste de sous-secrétaire-d'Etat
à la guerre.
J'ai relaté dans
mon cinquime livre « ATTAQUES ET CONTRES ATTAQUES »
auquel je viens d'apporter quelques retouches, les relations qui
ont uni à un moment donné,
-
d'une part Paul Reynaud et, d'autre part, l'égérie de celui-ci,
la comtesse De Porte,
-
à De Gaulle durant ces heures sombres de 1940.
A propos de mes livres,
permettez-moi de vous informer, comme je l'ai fait à l'égard de
mon éditeur, que j'ai renoncé définitivement à percevoir des droits
d'auteur.
S'il m'arrive d'inviter
mes correspondants à lire mes livres et à les faire lire, en priorité
par mes frres d'armes, par ceux qui ont vécu nos drames, qui
les ont partagés, par ceux qui n'ignorent pas de quoi ils parlent
lorsqu'ils évoquent la fin de l'Algérie française, ce n'est pas
dans un but lucratif. C'est pour transmettre un vécu. Un vécu
qui m'autorise à formuler des interprétations parfois audacieuses
de la réalité historique, telle qu'elle est officiellement et
abusivement transmise. Interprétations qui émanent, dans mon cas
particulier, de quelqu'un qui s'est trouvé à l'origine de graves
décisions. De quelqu'un qui assuma et assume encore des responsabilités
que personne n'a voulu partager.
C'est cette notion
de responsabilité que je dois assumer, qui m'autorise à vous transcrire
ici deux pages extraites du chapitre V de mon dernier livre « Attaques
et Contre-Attaques ». Chapitre intitulé :
« Paris,
Janvier 1969
Du
purgatoire au cloaque »
« En mars 2005,
je fus invité pour une conférence par le président du Cercle algérianiste
de Bordeaux. Une séance de signature de mon dernier livre était
prévue avant et aprs mon exposé.
J'atterris à l'aéroport
girondin de Mérignac, en provenance de Nice. En me propulsant
vers la sortie, entre couloirs, ascenseurs et escalators, je me
suis soudain rappelé le rle déterminant, catastrophique même,
joué par cet aéroport dans l'histoire de France, l'histoire de
l'Algérie française et finalement, l'histoire du monde.
En effet, il s'agit
du site o fut mise en chantier la plus grande escroquerie subie
par notre patrie à travers la naissance du mythe gaulliste, au
mois de juin 1940. Durant ma progression à travers les niveaux
successifs de l'aéroport, je ne pus m'empêcher d'évoquer un curieux
livre, «Les mémoires d'un président, révélations posthumes
d'un ancien président du conseil » publié aux éditions
de la Table Ronde.
En quelques pages
savoureuses, sont décrites dans cet ouvrage, les amours passionnées
qui ont lié Paul Reynaud, président du conseil en fonction en
1940, à la comtesse de Porte, dont l'auteur théoriquement anonyme
de ce livre, affirme qu'elle était « une luronne de la pire
espce ». Elle fut appelée aussi « la Du Barry 1940 ».
« Cette femme
avait pris en affection cette grande bringue que Reynaud a fait
entrer au gouvernement, le 5 juin, avec le titre dérisoire de
sous-secrétaire d'état à la guerre : Charles de Gaulle ».
L'auteur précise :
« Elle l'a fait nommer général mais attention ! titre
temporaire... ».
Quelle mission attribuer
à ce nouveau venu, à cet officier supérieur, dont l'auteur nous
dit qu'il était « un ancien protégé » de Pétain ?
Celle d'aller à Londres. Pour y faire quoi ? Lever l'étendard
de la résistance à outrance contre les armées allemandes ?
Pas du
tout.
Il était chargé
d'y annoncer « l'arrivée de Paul Reynaud ». Celui-ci
était décidé, toujours d'aprs l'auteur de ce livre, à « continuer
la lutte derrire un micro ». Mais les ambitions aventureuses
de cette Du Barry, qui était en relation avec le mouvement
synarchique international, en décidrent autrement. Sans doute
avertie des compétences sexuelles encore efficaces, malgré son
ge, du maréchal Pétain, elle se proposa de le séduire. Aprs
tout « se faire » un maréchal de France.... pourquoi pas !
Ce devait être un fantasme excitant pour la comtesse. Mais le
maréchal, qui avait d'autres préoccupations, « condamna sa
porte ». Elle décida alors, dans son dépit, de se rendre
en Espagne avec son amant, puis au Maroc.
Dans ce but, le couple
se dirigea vers Marseille pour y prendre un bateau. Un accident
de la route, un platane malencontreux et ce fut le drame. La mort
de l'égérie et une blessure superficielle du cuir chevelu pour
Paul Reynaud.
Entre temps, que devient
la mission de Charles De Gaulle ?
Le général britannique
Spears, dont l'essentiel de la carrire semble avoir consisté
à prendre une part active aux affaires de notre pays, avait donné
rendez-vous à De Gaulle, le 12 juin, à l'htel Montré.
Le tout nouveau général,
à titre temporaire, arriva en retard, malgré la pression qu'exerçait
sur son auguste personne, le lieutenant Geoffroy de Courcel, affecté
auprs de De Gaulle par le général Spears lui-même, toujours selon
l'auteur de ce livre. Un peu plus tard, au moment de prendre place
dans la carlingue de l'avion « prêt à décoller, ses moteurs
ronflaient déjà », De Gaulle, pour la deuxime fois,
hésita :
« Non,
non, Courcel, cette aventure est trop risquée, je ne pars plus !
Fut-ce la consternation ?
Non ... Ce fut la colre ! ».
« Spears était
fou de rage... Aidez-moi, Courcel, By jove ! » Il se rejeta
en arrire en ramenant De Gaulle à lui. Courcel se précipita :
il tira le reste du grand corps dans la carlingue et referma la
porte....
Voilà comment De Gaulle
est parti, d'aprs ce livre, contre sa volonté, presque
kidnappé, vers l'Angleterre o Winston Churchill attendait Paul
Reynaud qui ne vint pas, à cause d'un platane héraultais...
C'est, agité et surtout
amusé par ces souvenirs de lecture, que je rejoignis le sympathique
président du Cercle algérianiste de Bordeaux qui me véhicula aussitt
vers la salle de conférence ».
Fin de citation
Je laisse au président du conseil de la IIIme République,
Paul Reynaud, mort à Neuilly en 1966, la responsabilité de ce
texte, tel qu'il est rapporté, je le rappelle, dans le livre « Mémoires
d'un Président »
édité par « La Table Ronde ».
Mais, reconnaissez-le, nous sommes loin du compte !
Nous, les anciens du combat « Algérie-française »
devons nous soumettre, à tout moment, à une précaution :
lorsque nous nous penchons avec sérieux, mais surtout avec calme
sur le scénario de notre histoire, il faut nous prémunir contre
un pige. Celui de rester jaloux, envieux et prisonniers de nos
susceptibilités personnelles. Car c'est une attitude improductive.
Prenons soin d'éviter les comportements affectés d'une naveté
destructrice de notre potentiel d'information. Décrivons les drames
que nous avons vécus, que nous avons subis, que nous avons provoqués.
Décrivons avec soin leur déroulement. Mais n'oublions pas de les
situer dans la totalité des agressions que nous avons affrontées.
Avant tout, intéressons-nous à leur gense. A leur pourquoi. A
leur identité de drames précurseurs et annonciateurs des drames
qui vont suivre, des drames qui ont déjà suivi à Kaboul, à Londres,
à Madrid, à New-York. Des drames qui sévissent épisodiquement
dans nos banlieues. Des drames qui surgissent partout en Afrique
et ailleurs.
Mais n'oublions jamais le rle catastrophique, antioccidental
et antichrétien par excellence, tenu par celui qui est encore
l'objet d'une idoltrie de la part d'un monde politique profondément
altéré dans ses facultés de jugement.
Le chamanisme gaulliste, organe fondamental de la décérébration
des Français, a trouvé dans la mort de l'Algérie française, dans
l'assassinat de la France Sud-Méditerranéenne, le moyen de mettre
en uvre et d'universaliser sa virulence. Car c'est bien d'une
agression contre la santé et l'avenir de la France, de l'Europe
et de l'Occident qu'il s'est agi durant la mise à mort de la terre
française d'Algérie.
L'assassinat de l'Algérie française, l'assassinat de
la France Sud-Méditerranéenne, illustrent avant tout, un crime
contre l'intelligence.
Pour camoufler ce crime, pour en occulter l'infamie,
que fait-on ?
On sublime le personnage. Le gourou des hommes politiques
modernes... des gérontes de la Vme.... Parce que De Gaulle a débarrassé la France du boulet
algérien.
Que les soumis au chamanisme gaulliste, lors des célébrations
serviles du 50me anniversaire, se rappellent cette
prédiction de Larbi Ben M'Hidi, en 1957, avant qu'il ne ft pendu
à Alger :
« Vous aurez l'Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ».
C'était déjà une formulation de la thse conquérante, l'intégration
Sud-Nord, que notre pays est en danger de subir.
Mais attention, il existe encore pour la sauvegarde de
la France et de l'Occident, mille manires de revivre une future
« OPERATION-POITIERS »
Je n'ose imaginer ce que j'entendrais si j'avais l'audace
d'affirmer en public ce que je viens d'écrire à cet instant même :
« Va-t-en guerre assoiffé de sang ! »,
ou bien,
« Trublion d'opérette qui rêve encore d'une belle
bataille pour sauver la France et la Croix ! »
Voilà les apostrophes agressives et moqueuses dont je
serais certainement l'objet dans cette éventualité.
Je saurais néanmoins me défendre. Car, comme je crois l'avoir
exprimé dans mon étude n 35, je prétends attribuer à la bataille
de Poitiers, sa réelle valeur historique. Qui n'est pas la valeur
d'une grande bataille. Poitiers, qui n'illustre pas un grand exploit
militaire. Car en Austrasie, c'est-à-dire au sud de la Gaule,
durant ces années-là, on a connu beaucoup de combats entre la
cavalerie du maire du palais d'Austrasie, et des bandes de mahométans
ou de pseudo-mahométans qui, en tout état de cause, n'avaient
rien d'arabe ni rien de berbre. Et que dans un souci de commodité,
on a désigné sous le nom de « sarrasins ».
Des combats que l'on a voulu idéaliser à l'extrême, en
leur attribuant une identité romanesque : la fille d'Eudes,
duc d'Aquitaine, aurait été enlevée par Munuza, supposé gouverneur
berbre de Narbonne. L'émir Munuza, selon les uns, le sultan de
Narbonne selon les autres, a fait partie de ces hobereaux, ennemis
de Rome, qui pour mieux combattre à la fois Rome et les mérovingiens,
se sont ralliés à l'islam. A l'instar d'une grande fraction des
populations d'Aquitaine, maintes et maintes fois soumises à l'influence
d'hérésies multiples et de sectes qui leur conféraient une volonté
opinitre de combattre Rome.
Narbonne ne fut pas conquise. Elle a rallié al-Andalus, c'est-à-dire l'Espagne, convertie majoritairement
à l'islam. Narbonne
devint une province d'importance stratégique primordiale pour
ceux qui rêvaient d'abattre Rome et le christianisme romain. La
Narbonnaise devint ainsi pour des motifs opérationnels, un des
cinq émirats d'al-Andalus avec Cordoue, Tolde, Mérida et Saragosse.
Et cela, vingt ans aprs la bataille de Guadalete (711), qui a
vu la victoire d'une armée d'Espagnols convertis à l'Islam ou
sur le point de se convertir, sur l'armée chrétienne du roi Rodérick.
Il était important pour les forces chrétiennes continentales,
fidles à Rome, que cet « émirat » fut anéanti
en tant que tel. Ce fut la mission du Maire du Palais d'Austrasie,
Karl Herstal, Charles Martel qui vainqut « les pseudo-maures »,
les sarrasins, les rebelles aquitains, à Poitiers, en 733.
733 ?
« Mais-qu'est-ce-que-c'est-que-cette-foutue-date ! »
Il faut changer ça !
Parce qu'il faut
conférer à cette bataille un potentiel de rayonnement symbolique.
Il faut en faire, pour l'histoire, une victoire décidée par Dieu
contre les infidles.
Oui, c'est ce que
l'on va faire.
On va donc la
relater, la sublimer, l'exploiter en termes de propagande, comme
si elle s'était déroulée en 732. C'est-à-dire :
- 100
ans aprs la mort du Prophte,
- 110
ans aprs la naissance de l'hégire, la naissance de l're musulmane.
Cette victoire prit
l'identité d'une victoire remportée par le « marteau de
Dieu » comme l'ont précisé les notables du christianisme
romain. Un symbole historique qui favorisa une intervention de
l'Eglise dans un essai de construction d'un Second Empire, celui
des Carolingiens tout d'abord... dont l'église rêva de faire un
Saint-Empire. Renaissance de l'Empire qui s'illustra cependant
par des conséquences qui furent dramatiques pour le catholicisme.
Car dans cette nouvelle construction du monde, il fut attribué
aux papes, hélas ! l'administration de territoires :
les futurs Etats Pontificaux.
A partir de cette dualité, coexistence d'un pouvoir temporel
et d'un pouvoir spirituel, se développa une rivalité entre l'autorité
impériale et l'autorité romaine. Rivalité qui faillit détruire
l'Eglise à maintes reprises. En résumé :
1.
au XIme sicle, survint le schisme entre l'église
d'Orient et l'église d'Occident,
2.
pendant les croisades est intervenu le déviationnisme
maçonnique des Templiers,
3.
plus tard, on a vécu les confrontations sanguinaires
entre les Guelfes et les Gibelins,
4.
survint la Réforme enfin, qui faillit porter un coup
de grce à l'Eglise et qui fut à l'origine d'un génocide européen
tragiquement illustré par la guerre de 30 ans.
Mais qu'on le veuille
ou non, que cela plaise ou non, le christianisme apostolique et
romain a survécu. C'est cette survie qui illustre le
miracle constant de ces vingt derniers sicles. C'est lui
qui aujourd'hui appelle à l'union pour le triomphe de la Croix.
C'est la Croix qui
va devenir l'emblme de ralliement de ceux qui, même s'ils
ne sont pas chrétiens, vont décider de ne pas subir la loi
de l'arabo-islamisme-fondamentaliste et conquérant. Qui vont décider
de ne pas subir l'intégration Sud-Nord, intégration qui avait
été annoncée en 1957 à Alger, par Larbi Ben-M'hidi
En faisant quoi ?
En restant animés
de l'esprit, de l'espérance de Poitiers, riche avant tout
de la signification pleine de symbolisme qu'ont voulu donner à
cette bataille, ceux qui ont remporté la victoire.
Tout ce que nous
vivons aujourd'hui devra finir un jour, obligatoirement, par
« des chants et des apothéoses », si on veut
éviter une plongée dans une longue période de ténbres.
Nous, les anciens du combat « Algérie française »,
nous nous rallions à cette espérance. Nous rejetons toute acceptation
d'un anéantissement définitif du message de la Croix.
Notre futur Poitiers pourra revêtir à l'échelon français,
européen ou occidental élargi, une allure d'événements polymorphes,
identiques peut-être à ceux que nous avons vécus en Algérie, à
partir du 16 mai 1958.
16 mai 1958, une date qui aurait d être l'occasion offerte
par Dieu de conférer aux évnements d'Algérie la signification
du nouveau Poitiers, du Poitiers moderne dont nous avions besoin.
Dans cet esprit, le 25 mai 1958, à Constantine, s'éleva
la voix de l'iman et directeur de l'institut Kittania, le Cheik
Lakdari Abdellali :
« Sache,
femme, que le moment est venu pour toi de jouer ton rle dans
l'histoire de l'Algérie nouvelle, que tu es l'associée de l'homme
dans la vie et au sein de la société humaine, que tu partages
avec lui ses peines et ses joies, son bien-être et ses malheurs.
La religion a instauré l'égalité entre toi et l'homme. Sache
ma sur que tu n'es pas un bien qui s'achte et qui se vend !
Sache que tu es matresse de ton foyer ».
Tout était possible
à partir de cette proclamation.
Il aurait fallu la
faire connatre. Il aurait fallu que des centaines d'imans s'engagent
dans ce processus de sécularisation, annoncé à Constantine, de
la religion du prophte de la Mecque et de Médine.
Il aurait suffi que
le pouvoir français de l'époque acceptt de donner un éclat particulier
à cette proclamation du 25 mai 1958.
Mais Satan veillait.
De Gaulle était là
pour asphyxier cet élan de l'Islam vers l'Occident.
C'est à partir de
positions sécularisationnistes comme celles que nous venons d'évoquer,
c'est à partir d'appels à la convivialité spirituelle, c'est à
partir de la foi fortement exprimée dans nos convictions, que
ce nouveau Poitiers sera possible.
Peut-être en 2022,
à l'occasion du 1400me anniversaire de la naissance
de l'Hégire.
L'intégration
Nord-Sud doit triompher pour que survivent la liberté,
l'égalité et la fraternité dont nous avons tous tant besoin.
Soulignons une fois
de plus qu'il n'est pas encore l'heure de rédiger un acte de décs
pour la France, l'Europe et l'Occident.
L'arabo-islamisme
fondamentaliste ne triomphera pas en France et dans le monde occidental
car nous avons choisi de défendre envers et contre tout, ce qui
est devenu notre position politico-militaire à protéger à outrance.
Nous voulons parler encore et encore
DE
LA CITOYENNETE LAIQUE
qui définit la traduction
historique, la traduction humaine, une traduction biologique même,
de l'intégration Nord-Sud. Celle que nous avons défendue
en Algérie. Celle que nous défendons aujourd'hui.
Nice, le 29 juillet
2010
Jean-Claude
PEREZ