Etude 50/39
« L'ETRANGER »
CONTRE LA FRANCE
EN ALGERIE FRANÇAISE
INTERVENTION ANGLAISE,
PARMI D'AUTRES INTERVENTIONS ETRANGERES,
DANS L'ASSASSINAT DE LA FRANCE SUD-MEDITERRANEENNE
CHAPITRE I
Les nations étrangères, dans leur immense majorité, se
sont délectées de
la défaite historique subie par la France en Algérie.
Je m'en suis rendu compte, lors
des pérégrinations auxquelles je fus contraint de me soumettre
de 1962 à 1966. En particulier, lors de mes « vagabondages
andins ».[1]
Cette
défaite officielle, la « France-gaulliste » s'y est
résolue le 19 mars 1962 à Evian, par le biais des « accords
célèbres ». Ces accords, non respectés, illustrent
historiquement les bassesses sublimes auxquelles ont accepté
de se plier, quelques virtualités prestigieuses du monde politique,
jeune alors et déjà vieilli cependant, de la Vème République.
Virtualités
prestigieuses illustrées par les noms de Joxe, De La Gorce,
de Broglie, et d'autres encore.
« Qui vous permet d'évoquer une défaite de la
France ? » rétorquent
certains anciens militaires d'Algérie, rendus ombrageux quand
on ose leur parler de défaite.
« Nous
n'avons jamais été vaincusÉ sur le terrain, les fells étaient
écrasés ! »
Je
les vois encore, libérés de tout complexe, fiers, orgueilleux
chantant la France, la patrie et la nation. Le cantique des
cantiques de leur foi dans la seule France, c'était là-bas leur
chant de guerreÉleur chant d'amourÉ c'était l'Algérie française.
« Et
tu oses leur parler de défaite ? »
« Ma foi, oui » suis-je obligé de répondre.
Acceptant
le risque d'être catalogué comme un rabâcheur impénitent, je
rappelle la loi du 18 octobre 1999 qui précise que les évènements
d'Algérie, s'identifiaient à une guerre.
Qu'on
me permette, en conséquence de souligner une vérité, pour la
millionième fois peut-être : si on ne termine pas une guerre
par une victoire, cela signifie que l'on est vaincu. On est
vaincu quand on abandonne une terre, quand on ramène le drapeau,
quand on abandonne des dizaines de milliers de harkis au massacre,
quand on accepte de soumettre un peuple français à des tueries
éventuelles. Un point c'est tout !
« Vous
ne voulez pas être vaincus ? Fort bien. Moi non plus ».
Un seul moyen reste à notre disposition
pour éviter l'infamie du « vae victis »[2].
Savoir
É. Faire savoir.
Faire
savoir à ceux qui ont la volonté de comprendreÉ à ceux qui savent
« lire »É à ceux qui sont capables de regarderÉ et
surtout, à ceux qui sont capables de voir.
Alors,
écoutez et tirez profit, si possible, de ce qu'avec d'autres
je vous transmets en toute modestie, en toute humilité même.
Sans attendre le plus petit « bravo » ou le plus petit
« merci ».
Car tout ce que j'ai fait, tout
ce que j'ai dit, tout ce que je dis encore ou que j'écris, je
le fais à la manière du « noble écuyer castillan qui
chevauchait un âne », Sancho Pança. La personnification
du bon sens nécessaire et complémentaire aux ambitions idéalistes
du Quijote.[3]
Le
bon Sancho, en effet, déclare à son maître :
« J'ai entendu prêcher qu'il
fallait aimer Dieu, sans être motivé, ni par une espérance de
gloire, ni par une crainte de malheur ».[4]
J'ai
fait comme ce bon Sancho. J'ai aimé la France et l'Algérie française
comme un homme simple, mais en totalité. J'ai tout risqué pour
essayer de conserver l'Algérie dans notre monde.
Je dis bien, notre monde, car l'Algérie, aujourd'hui, évolue dans un monde différent
du nôtre. Elle illustre un symbole historique, ou plutôt un
concept historique : une solution de continuité définitive
entre l'Occident et l'anti-Occident.
Ce
dernier propos n'a rien d'agressif. Son agressivité éventuelle,
si elle existe, est imputable aux affirmations produites « par
les autres ». Ceux qui soulignent avec solennité que, demander à
l'islam d'être occidental correspond à mettre en chantier une
manuvre « d'acculturation de l'islam »,
c'est-à-dire une manuvre dont le but serait de nier l'identité
de l'islam.
Ce qui était recherché et prêché là-bas par nos
ennemis, c'était mettre en uvre une rupture définitive, une
fracture géopolitique entre l'Occident et son contraire, fracture
qui fut possible grâce à
« la mort de l'Algérie française »
C'est-à-dire :
« à la mort de la France Sud-Méditerranéenne »
Ce fut une défaite. Une défaite qui, avant les défaites
portugaises en Angola, en Guinée, au Cap Vert et au Mozambique,
survenues 11 ans plus tard, donna naissance à une balkanisation
des nouveaux territoires décolonisés. Une balkanisation riche
avant tout de dictatures, d'assassinats collectifs, parfois
de bains de sang, sous-tendus le plus souvent par des fanatismes
religieux. Bref un sérieux coup de yatagan ou plutôt de machette
fut porté à l'édifice des Droits de l'Homme, tels que ceux-ci avaient été proclamés à Paris, en 1948,
par l'intermédiaire de la célébrissime Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme.
La
commission mise en place, en vertu de cette déclaration universelle
de 1948, fut remplacée en 2006 par le Conseil des Droits
de l'Homme.
« Commission
ou Conseil » cette organisation pleine de noblesse et de
richesse humaines, fut l'objet d'un mépris lourd de signification,
de symbolisme même, de la part d'une majorité de pays décolonisés.
En 1993, en effet, lors d'une conférence onusienne qui
s'est tenue à Vienne, les pays musulmans ont affirmé la primauté
de la religion dans la vie des hommes.
192
pays au moins ont décidé de ne plus adhérer au Conseil des Droits
de l'Homme.
Pour
les pays musulmans, il est d'une obligation incontournable et
surtout constante, de situer la Charria au centre des « Droits
de l'homme ». En conséquence ils ont fondé l'O.C.I.,
Organisation de la Conférence Islamique.
Cette
conférence, pour exercer ses effets, s'appuie sur l'autorité
d'une Cour islamique internationale de justice.
Celle-ci
impose sans ambigŸité, une alternative islamiste aux droits de l'homme. Le Conseil des Droits de l'Homme,
né en 2006, dispose en conséquence d'un terrain d'exercice universel,
considérablement rétréci. C'est un des résultats les plus éclatants,
l'un des brillants succès de la décolonisation, telle que cette
dernière fut mise en route par des marionnettes du néo-capitalisme
financier.
Pour
l'O.C.I., tous les droits ou toutes les libertés, sont soumises
aux dispositions de la Charria.
Nous venons de synthétiser ce qui illustre les glorieuses
conquêtes du monde gaullo-pompidolien, ainsi que les conquêtes
des nations qui se sont délectées sans camouflage des conséquences
désastreuses pour la France de la défaite gaulliste du 18/19
mars 1962.
Il
y aura bientôt 50 ans.
Aujourd'hui
est proclamé le rôle impérialiste de la Charria, qui se déduit
lui-même du « rôle civilisateur de l'umma islamique » tel qu'il est psalmodié par les membres de l'O.C.I.,
l'Organisation du Conseil Islamique.
Parmi les nations qui ont joué un rôle fondamental dans
l'atrophie du monde bénéficiaire de la Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme de 1948, nous trouvons bien sûr, hélas,
au premier plan, la France gaulliste. Nous précisons :
le gaullisme, création-pompidolienne, c'est-à-dire création du capitalisme financier depuis
1940. Depuis qu'un général de brigade à titre temporaire fut
nommé sous-secrétaire d'état à la guerre, en 1940, dans le gouvernement
de Paul Reynaud, sur intervention occulte du Mouvement Synarchique
International de l'époque.
Mais
en renfort et en complément opérationnel de cette agression
gaulliste, il faut souligner le rôle non négligeable, loin de
là, joué en Algérie par l'Angleterre.
Un rôle aux lourdes conséquences,
parmi lesquelles une qui, pour nous, revêt une valeur dramatique :
je fais référence à l'assassinat de Roger Degueldre, au fort
d'Ivry, le 6 juillet 1962.
Expliquons-nous, si possible. Ce n'est pas facile. Il
me faut prendre tout mon temps. Quant à vous, il vous faut un
peu de patience. Et accepter de digérer les pages qui vont suivre.
CHAPITRE II
En Algérie, en 1954, les stratèges « du délestage
économique du débouché algérien »,
vont se trouver confrontés à une nécessité.
Celle
de faire « donner »
opportunément un intervenant tactique politiquement et universellement
présentable. Mais de quoi s'agit-il ?
Il
s'agit de ce conglomérat idéologique qu'il était habituel de
désigner à cette époque sous le terme, apparemment obsolète
aujourd'hui, de marxisme-léninine.
« Mon
pauvre ami ! Quel est donc ce galimatias ? Vous utilisez
encore cette terminologie paléopolitique ? Mais laissez-donc
ce bon vieux Karl Marx moisir dans les poussières des bibliothèques ! »
On
comprend que Karl Marx lui-même ait pu dire un jour : « et
surtout ne croyez pas que je sois marxiste ! »
Arrêtons-là ce ton un peu léger.
En
1954, comme aujourd'hui d'ailleurs, il en reste tout de même
quelque chose, en France et en Algérie, de ce marxisme-léninisme.
Il en reste quoi ?
Il
en reste tous les ersatz qu'il a secrétés. C'est-à-dire ces
formations politiques qui s'auto-intitulent « les forces
de progrès ».
Au
moment de la guerre d'Algérie, concrètement, c'est quoi le marxisme-léninisme ?
C'est, avant tout, le parti communiste français. Et son fils
spirituel, le parti communiste algérien. Le PCF et le PCA.
Le PCF sera prévenu très rapidement de l'imminence du
déclenchement de la révolution algérienne.
Il prendra connaissance, en particulier,
d'un document historique fondamental de la guerre d'Algérie :
le rapport Vaujour du 23 octobre 1954.
Pour
l'heure il nous suffit de savoir qu'en 1954, le préfet Vaujour,
décédé récemment, est directeur de la Sûreté Nationale en Algérie.
Rappelons
qu'existe à cette époque en Algérie, le M.T.L.D., le Mouvement
pour le Triomphe des Libertés Démocratiques. Mouvement légal.
Les statuts sont déposés en Préfecture. Créé en 1946, dès l'avènement
de la IVème république, il est plus ou moins dirigé par Messali
Hadj. Celui-ci, comme Ferhat Abbas et Farès d'ailleurs, est
en relation étroite avec le Cheikh des Oulémas, Ibrahim Bachir,
qui lui rend visite à Chellala, lorsqu'il est astreint à vivre
dans cette localité en 1946.
Compromis avant la guerre de 39-45 pour sa collaboration
active avec les services
secrets militaires allemands, Messali est arrêté en 1939. En
1941, au printemps, il est condamné à une lourde peine de travaux
forcés par le tribunal militaire d'Alger. Libéré en 1943 par
le général Giraud sur injonction de Robert Murphy, représentant du Président Roosevelt
en AFN depuis le mois de décembre 1940, il sera « gracié » plus tard.
Si
l'on en croit certains auteurs canoniques, cette grâce dont
Messali est bénéficiaire, reste entourée d'un halo qui lui confère
une identité pleine de mystères.
Nous
croyons avoir compris cependant, qu'il est l'objet d'une « amnistie
administrative ».
D'une suspension de peine. Peine dont il n'est pas quitte pour
autant. Messali, « amnistié » par Jules Moch, ministre
de l'intérieur en 1946, peut donc être incarcéré à nouveau. D'autant plus que
les services spéciaux français et la police n'en ont pas terminé
avec lui.
Ils
peuvent, au moment de leur choix, c'est-à-dire si Messali ne
se soumet pas à leurs exigences, le faire « tomber »
sous le coup d'une accusation d'intelligence avec l'ennemi.
Le renvoyer devant une Cour de justice, un tribunal de l'épuration.
Messali n'est pas libre. Il a la trouille du poteau d'exécution
É pour intelligence avec l'ennemi en temps de guerre.
Il n'est donc pas fiable pour les durs de son mouvement.
Les
éléments les plus déterminés du M.T.L.D. font dissidence. Ils
vont créer l'O.S., Organisation Spéciale ou Organisation Secrète.
Elle est constituée par les principaux leaders de la guerre
d'Algérie. Ceux que l'on appelle « les historiques de
la révolution algérienne ».
Cette
O.S. créée en 1947, va jouer, sur le terrain, un rôle d'appareil
de guerre tout à fait distinct du M.T.L.D. Précisons de manière
à ce que ces notions soient bien nettes, que l'O.S. est une
structure illégale, clandestine, alors que le M.T.L.D. est légal,
contrôlé par notre police et nos services de renseignements.
Il est facile de comprendre que des passerelles vont se structurer entre ces deux composantes du mouvement
révolutionnaire algérien. Une de ces passerelles, la plus
efficace, porte le nom d'Hocine Lahouel. Nous savons, surtout
si vous avez lu mon étude 50/38, que Lahouel est conseiller
municipal à la mairie du Grand Alger. Il est adjoint au maire
Jacques Chevallier, qui dans le gouvernement de Mendès-France,
occupe en 1954 les fonctions de secrétaire d'Etat à la guerre.
En janvier 1955, il accède au poste de Ministre de la guerre
avant la chute du cabinet Mendès-France. Avant qu'Edgard Faure
ne soit nommé président du conseil par René Coty, Président
de la République.
Permettez-moi de vous rappeler que
Lahouel participe sur ordre de son maire, Jacques Chevallier,
à une réunion très importante tenue le 1er dimanche
de juillet 1954. C'est au cinéma La Prairie à Hornu,
dans la province du Brabant, en Belgique. La décision de déclencher
la guerre d'Algérie y est prise : la date est différée
à cause du tremblement de terre d'Orléansville qui surviendra
quelques jours plus tard.
A partir de l'O.S. est créé plus tard, au mois d'avril
1954, le C.R.U.A., Comité Révolutionnaire d'Union et d'Action,
subdivisé en représentations départementales.
Or,
un membre important du C.R.U.A., celui qui peu de temps auparavant
était le chef du service de renseignements de l'O.S., propose
durant l'automne 1954, de vendre au préfet Vaujour, directeur
de la Sûreté Nationale en Algérie, toute l'implantation du
C.R.U.A dans les Aurès.
Il vend cette information pour 1 million de francs de l'époque.
Avant l'euro, c'était 1 million de centimes. Que fait Jean Vaujour ?
Ce
haut fonctionnaire dispose ainsi d'une information très sérieuse.
Elle provient d'une source sûre. En terme de renseignement,
on dit qu'il s'agit d'une information de source A
puisqu'elle émane d'un acteur fondamental de l'événement redouté
et relaté.
Mais
Jean Vaujour, préfet, directeur de la Sûreté Nationale, se doit
de réagir en bon flic.
Il estime que pour avoir le droit, voire le devoir, d'exploiter
à fond ce renseignement, celui-ci doit être recoupé.
De manière à lui conférer la valeur A1.
Rappelons qu'un renseignement coté A1 implique une sanction
opérationnelle immédiate. Mais Jean Vaujour, fonctionnaire très
scrupuleux, a besoin d'un recoupement de ce renseignement.
Peu
importe la gravité de l'événement annoncé par cette information.
Peu importent les centaines de
milliers de vies qui vont dépendre de sa décision.
La
loi c'est la loi. Le règlement c'est le règlement. Service-service !
On ne va tout de même pas risquer 1 million de francs de l'époque !
Alors, que fait le préfet Vaujour ?
Il convoque Monsieur Rey, administrateur de la commune
mixte d'Arris, petite ville des Aurès. S'engage alors un dialogue
qui paraîtrait surréaliste aujourd'hui et que l'on peut rapporter
en ces termes :
«- Monsieur
Rey, que pensez-vous de ce renseignement ?
-
Monsieur le préfet, ici dans les Aurès, tout va bien. Je dispose
d'un rapport du colonel commandant la subdivision de Batna.
Il vous confirme que tout est calme. Aucun trouble ne s'annonce
sur mon territoire. On ne va tout de même pas jeter 1 million
par la fenêtre pour un canular ! ».
Jean
Vaujour est-il satisfait ?
Certainement
pas. Il adresse, en effet, un rapport à son ministre de l'intérieur,
François Mitterrand. Le fameux rapport Vaujour du 23 octobre
1954. Rapport archi-connu des historiens.
Le Garde des Sceaux, Le Troquer,
est informé en même temps, de ce rapport. Malgré le peu de temps
que lui laissent ses activités de chorégraphe de la jeunesse
féminine française[5], il en prend connaissance.
Le
résultat est nul.
Aucune disposition particulière n'est envisagée. Aucune mesure
d'urgence n'est mise en uvre.
Voilà
comment, pour ne pas avoir voulu risquer la somme de 1 million
de francs de l'époque, un million de petits centimes, on a laissé
se déclencher un conflit qui ensanglantera l'Algérie pendant
8 ans.
Le P.C.F. est évidemment informé du rapport Vaujour.
Ses agents de renseignements opèrent partout. Les passerelles
entre les ministères et la place du colonel Fabien, sont en
effet très fournies en personnel compétent. Très bien structurées.
Place
du colonel Fabien, c'est bientôt la stupeur puis la colère.
« De
quoi, de quoi ? Une révolution ? Qu'est-ce que cette
foutue révolution qui va se déclencher à l'intérieur du territoire
national français sans que le P.C.F. ni le P.C.A. ne participent
d'abord à son élaboration, ensuite à son déclenchement ?
Non, mais c'est le monde à l'envers ! C'est inacceptable ! ».
Arrêtons-nous un instant.
L'évocation
de la guerre d'Algérie restera toujours pour moi un détestable
chemin de croix. Mais pour des gens comme nous, qui avons su
surmonter nos passions, ce qui compte avant tout, c'est l'information
historique. C'est l'enseignement. C'est la vérité. Or, quelle
est l'information fondamentale que nous transmet le PCF à travers
sa réaction rapportée ?
C'est
tout simple. Le PCF dit la vérité. Il formule l'évidence historique
suivante : à savoir que la révolution qui va se déclencher
se déroulera effectivement sur le territoire national français.
A l'intérieur des frontières de la France.
Car, une impression se dégage en permanence : quand
on consulte les écrits canoniques et bibliques de ceux dont
la mission est de dénaturer l'identité de la guerre d'Algérie,
on constate qu'ils s'emploient sans arrêt à passer sous silence,
une vérité historique. Il refuse de rappeler qu'en 1954, d'après
la constitution de 1946, votée majoritairement par le peuple
français, les départements français d'Algérie font partie intégrante
des territoires de la république française.
« L'Algérie
c'est la France ! Ici c'est la France ! » proclame le Président du Conseil Mendès-France, relayé
par François Mitterrand, ministre de l'intérieur, le 12 novembre
1954.
« De
la Flandre au Congo, il n'y a qu'un seul peuple, une seule nation.
C'est notre volonté ! »
déclare François Mitterrand.
Donc, la révolution algérienne, sans les communistes
français et algériens, c'est inconcevable. C'est une escroquerie.
Les
pontifes, courroucés de la place du colonel Fabien, vont expédier
à Alger deux notables de leur parti : Benoît Frachon, membre
du comité central du PCF accompagné de Dufriche, responsable
national de la CGT, lui-aussi membre du comité central.
Par
l'intermédiaire de d'Amar Ouezzeguène, ancien secrétaire général
du PCA, ils vont s'efforcer de rencontrerÉ
De
rencontrer qui ?
Et
bien justement. Un membre important du CRUA.
En
l'occurrence, il s'agit de Krim Belkacem.
Celui-ci
opère déjà dans un maquis. En Kabylie. Il fait la guerre à la
France depuis 1945. Il dispose du concours d'un homme de valeur
Ouamrane. Le futur colonel Ouamrane. Les auteurs canoniques
et bibliques désignent ce dernier sous le nom très évocateur
de « Ouamrane, l'égorgeur ».
C'est
l'illustration, une fois de plus, d'une vérité sans cesse occultée :
nous étions en guerre bien avant 1954.
Ces
deux hommes seront rejoints un peu plus tard par Mohamed Khidder.
Lui aussi un des noms historiques de l'O.S. Nous avons rappelé
à maintes reprises qu'il a participé à l'échelon directeur,
à la réunion d'Hornu, en Belgique au mois de juillet 1954, au
cours de laquelle fut prise la décision de déclencher la guerre
d'Algérie.
Si
Krim Belkacem tient le maquis en Kabylie, c'est parce qu'il
peut le faire matériellement. Ce que nous voulons dire c'est
qu'il dispose de moyens d'action. De moyens de guerre. De caches.
De boites aux lettres. D'agents de liaison. De collecteurs de
fonds. Mais surtout, depuis 1947, il dispose d'un armement.
« D'armement ?
Mais d'où proviennent ces armes ? Par où ont-elles été
acheminées ? Qui les a fournies ? ».
Voilà les questions logiques. La
réponse aujourd'hui est parfaitement connue. En 1947, ces armes
n'arrivent de nulle part.
Car elles sont déjà en place. Elles ont été fournies majoritairement
par les AnglaisÉ en 1943
CHAPITRE III
En
1943, souvenez-vous, c'est la guerre. Les affaires tournent
mal pour les Forces de l'Axe en Tripolitaine. La 8ème
armée britannique victorieuse depuis la bataille d'El Alamein,
poursuit les troupes germano-italiennes. Le plus souvent, les
Italiens rendent leurs armes sans combattre.
Il arrive aux Anglais de ne pas récupérer ces armes.
Ils
exigent de leurs prisonniers qu'ils les enveloppent dans de
grosses toiles bien graissées. Comme s'ils voulaient leur garantir
une bonne conservation. Ils organisent des convois vers l'intérieur
des terres maghrébines. Le Sud-Tunisien et le Sud-Algérien,
jusqu'à Aïn-Sefra. N'oublions pas que les anglo-américains sont
dominants en Algérie depuis le 8 novembre 1942. Ainsi, sans
aucune difficulté particulière mais dans le plus grand secret,
ces armes sont soigneusement enterrées dans des caches aménagées
sous le contrôle des services spéciaux militaires de sa gracieuse
majesté britannique. On va les garder au chaud.
Pour
le bénéfice de qui ?
Pour
le bénéfice de ceux qui combattent déjà la France.
Une question : puisque ces armes étaient disponibles
depuis 1943, pourquoi n'ont-elles pas été livrées aux ennemis
de la France en 1946, dès la naissance du M.T.L.D. ?
Si
vous voulez bien vous reporter à ce que j'ai dit précédemment,
vous saurez que le M.T.L.D. était loin d'être une organisation
libre. La police française contrôle le M.T.L.D.
Donc, ce mouvement n'est pas militairement et techniquement
fréquentable pour ceux qui veulent armer les indépendantistes
anti-français.
Tout
change en 1947. Grâce à la naissance de l'O.S. En particulier
grâce à Khidder, Ouamrane et Krim Belkacem qui opèrent en Kabylie.
Le
moment me paraît opportun de rappeler l'identité des historiques de la révolution algérienne, c'est-à-dire des pères
fondateurs de l'O.S. Ils sont 9.
Krim
Belkacem, Mohamed Khidder, Ait Ahmed, Ouamrane, Bitat, Boudiaf,
Ben Bella, Ben M'Hidi, Ben BoulaïdÉ et Didouche. « Mais
cela fait 10 et non pas 9 ! »
C'est exact. Nos auteurs canoniques ne sont pas tous d'accord
sur l'identité du 9ème. En réalité ce détail est
dépourvu d'intérêt car tous ces hommes, qu'ils fussent 9 ou
10, ont joué un grand rôle dans la révolution algérienne.
Que fait l'O.S., pour mériter la confiance des Anglais,
dès sa naissance en 1947 ?
Elle
demande, sans perdre de temps, l'appui de la Ligue arabe.
Celle-ci
a réuni son assemblée constitutive le 29 mars 1945, tout près
de la fin de la guerre, à Héliopolis, dans la banlieue du Caire.
Or, il est important de ne jamais oublier qu'à cette époque,
dans cette région du globe, rien ne peut s'effectuer sans l'assentiment
préalable des Anglais qui sont encore les patrons en Egypte.
Ce qui permet d'affirmer que la Ligue arabe a été créée sous
l'égide des services spéciaux britanniques, sous le contrôle
effectif de ces « Lawrence d'Arabie, nouvelle vague »,
qui opèrent au Moyen-Orient pour y défendre les intérêts de
la Couronne, tout particulièrement les intérêts pétroliers.
En
effet, la situation avait évolué au Moyen-Orient, depuis les
années 30.
En
1931, à Jérusalem, s'était tenu un congrès musulman antisioniste
et plus généralement anti-juif, sous la haute autorité religieuse
d'Asmine El Husseïni, le mufti de Jérusalem. Pour les Arabes,
faire de Jérusalem, 3ème ville sainte de l'Islam
après la Mecque et Médine, une ville juive, constitue une insulte
à l'égard du message du Prophète. Une grande émotion est ressentie
dans le monde musulman méditerranéen cette année-là.
Nous
ne pouvons pas nous abstenir de faire toucher du doigt une coïncidence :
la coïncidence de la date de ce congrès avec la date de l'installation
en Algérie de l'association des Oulémas (mai 1931).
A
partir de cette date, 1931 donc, les Anglais qui sont les maîtres
encore au Moyen-Orient, se rangent du côté des Arabes. Pour
un homme de la Couronne, les données du problème sont très simples :
« mon
pays, l'Angleterre a besoin de pétrole. Le pétrole se situe
en territoire arabe. L'Angleterre a donc besoin des Arabes.
Mais les Juifs, en exigeant la naissance d'une république juive
d'Israël, agressent les Arabes. Etant l'allié par nécessité
des Arabes, je suis obligé de combattre les Juifs. Pour ce faire,
je décide donc de secourir les Arabes chaque fois que ceux-ci
réclameront le secours de l'Angleterre. Partout dans le monde ».
Tout
logiquement, dans la mesure où les Arabes accorderont à leur
tour un soutien aux Britanniques pour empêcher la République
juive de Palestine de voir le jour, les Anglais apporteront
leur aide aux Arabes, dans tout ce qu'ils entreprendront à l'intérieur
du pourtour méditerranéen.
Cela
signifie que lorsque l'O.S. en 1947 demande l'appui de la Ligue
arabe, c'est en réalité l'appui des services spéciaux britanniques
qui est sollicité. Et obtenu.
Les
Anglais ne se font pas prier en effet, pour accorder leur concours,
dans tous les domaines : technique, diplomatique, trafics
d'influence.
Ils
vont favoriser, en particulier, les contacts des rebelles anti-français,
avec un grand nombre d'organisations internationales qui projettent
d'expulser la France d'Algérie.
Ils
ont déjà livré un armement importants aux réseaux de l'O.S.
dès 1947, en indiquant les caches préparées dès 1943 et largement
approvisionnées en armes italiennes, récupérées en Tripolitaine
et acheminées, en particulier, à partir du Fezzan.
Précisons
que, deux ans plus tôt, lors du soulèvement du 8 mai 1945 à
Sétif et dans les Hauts-Plateaux sétifiens, les troupes anglaises
présentes en Algérie, ont toutes été consignées dans leurs casernes,
car il était prévu un soulèvement général étendu sur tout le
territoire, soulèvement qui était espéré par les forces armées
de sa gracieuse majesté britannique. Soulèvement d'inspiration
raciste, fasciste, nazi, je pèse mes mots, déclenché de Genève
par l'émir libanais Chekib Arslan. Des précisions vont suivre.
CHAPITRE IV
Une antenne des services spéciaux anglais est organisée,
depuis longtemps, en Algérie. Elle siégeait à l'intérieur même
des locaux du consulat d'Angleterre à Alger.
Ce
qui est important de souligner, c'est le détail suivant :
cette antenne est restée fonctionnelle jusqu'à la fin de l'été
1961.
Le consul général anglais, Monsieur Irving Mills, à ne pas confondre
avec l'américain Irving Brown de la C.I.S.L.[6], eut l'occasion d'affirmer en 1956,
alors que débutait le terrorisme urbain algérois, et au cours
de déclarations officielles, que la solidarité de l'Angleterre
avec la France était acquise. Cette solidarité était acquise
dans le combat que conduisait notre armée en Algérie.
Ce
qu'il oubliait de souligner était l'événement suivant :
son attaché commercial remplissait les fonctions de chef
d'un réseau de renseignements britannique. Un
réseau qui a contribué fortement à armer nos ennemis d'une part,
à leur fournir des renseignements opérationnels d'autre part.
Cette activité s'exerça dans la plus totale impunité. Jusqu'en
1961. Il est logique de nous poser la question suivante :
ne voguait-on pas à cette époque, en pleine fiction historique ?
Où étaient nos spécialistes du renseignement qui abandonnaient
ainsi notre peuple aux décisions des ennemis de la France ?
Mais durant l'été 1961, l'OAS est en cours de développement.
De simple sigle elle devient une véritable organisation de combat.
Elle s'offre comme une occasion que le contre-espionnage
français ne laisse pas passer.
Jusqu'à
ce jour, nos brillants agents spéciaux n'avaient jamais reçu
d'ordres de mission pour neutraliser définitivement cette entreprise
d'espionnage qui uvre contre les intérêts vitaux de la France
en Algérie, en Afrique du Nord et finalement en Afrique. Ils
n'ont jamais rien tenté pour mettre fin à cette gangrène mortelle
que l'on a laissé se développer sur notre terre. Gangrène
qui fut à l'origine de centaines de milliers de cadavres.
Mais en 1961, l'OAS est présente, bien présente !
Avec
un responsable à l'échelon national,
de toutes les actions de guerre mises en route par les Deltas
d'une part et par les équipes spéciales des zones, secteurs,
sous-secteurs et quartiers d'autre part.
En
l'occurrence, ce responsable, c'est-à-dire ce bouc-émissaire
éventuel, c'est moi.
C'est
l'occasion rêvée pour nos services spéciaux. On va régler les
comptes, enfin ! Avec l'attaché commercial, chef d'un réseau
d'espionnage au service du F.L.N. On va régler les comptes de
la France, par O.A.S. interposée.
Roger
Degueldre, qui commande sous ma responsabilité le Bureau d'Action
Opérationnel (B.A.O.) se charge de l'opération. Je dis bien
sous ma responsabilité, je n'ose pas dire sous mon autorité. Cette opération
lui est proposée par l'intermédiaire de Bertolini. Il s'agit
d'un ancien contractuel de la police qui est devenu un correspondant
des services spéciaux. Il joue auprès de Degueldre un rôle de
coordinateur, je n'ose pas dire de chef d'état-major.
Ni
Degueldre, ni Bertolini ne sont informés du motif réel pour lequel ils vont faire tuer l'attaché commercial.
J'apprendrai personnellement à Degueldre, quelques semaines
plus tard, le pourquoi de cette action de commando qu'il a su
conduire à bon terme. Car Degueldre n'a rien à refuser aux
services spéciaux français. Ce sont eux qui l'ont officieusement récupéré après
l'échec du putsch d'avril 1961, pour le charger d'opérations
utiles, voire vitales pour la France, qu'il leur est interdit
de mettre en uvre, dans le cadre hiérarchique normal.
A cette époque, les services spéciaux
français sont représentés par les reliquats du C.C.I. et du
B.E.L.[7]. Ils étaient et ils sont encore, en 1961, partisans
de l'Algérie française. Ils y croient encore. Ils espèrent une
prise de conscience militaire, sérieuse et décidée, qui les
conduira à éliminer de la vie politique française celui et ceux
qui se sont mis au service de nos ennemis. Pour cette raison,
on les a mis « sur la touche ».
Pour
l'heure, ces grands spécialistes de l'action directe manifestent
leur colère contre le pouvoir, par une simple bouderie. Ils
rongent leur frein. C'est leur manière à eux de défendre l'Algérie
française, alors qu'ils disposent d'énormes moyens matériels
et techniques dont nous espérons qu'ils vont les mettre en uvre.
Pour sauver l'Algérie française.
Heureusement,
pour leur honneur et pour leur réputation, que l'O.A.S. est
là. C'est elle qu'ils vont charger d'une mission qui, en réalité,
est de leur compétence.
CHAPITRE V
Pour les partis communistes français
et algériens qui veulent s'intégrer, à tout prix, au combat
contre la France, l'urgence est de rencontrer les révolutionnaires
algériens avant que ne se déclenche la révolution algérienne.
Ils décident de rencontrer Krim Belkacem. Mais ce maquisard
reste difficile à localiser. Il essaie d'échapper à notre justice
depuis 9 ans déjà, car il est condamné à une lourde peine par
contumace. Mais cela n'est pas suffisant pour expliquer le peu
d'enthousiasme que manifeste Krim Belkacem à rencontrer des
représentants communistes. On a l'impression, à l'automne 1954,
qu'il se dérobe, qu'il fait la sourde oreille.
Pourtant,
en quelques jours, il est devenu l'objet de manuvres, de pressions.
De pressions qui estiment indispensable que les partis communistes
français et algériens soient impliqués dans le déclenchement
de ce qui va être la guerre d'Algérie. La révolution algérienne.
Des
pressions ? De la part de qui ?
De la part d'une intelligenzia
politique. Une intelligenzia progressiste, et catholique de
gauche, qui combat pour l'indépendance de l'Algérie. Intelligenzia
qui est constituée de ces « démons » comme
il m'est arrivé de les désigner tout le temps. Des démons qui
n'ont pas hésité à revêtir en cette circonstance, une tenue
camouflée faite d'humanitaire, de social et de religieux.
Voire de piété exhibitionniste.
Pour eux, l'urgence est de travestir ce conflit.
Cette
guerre doit s'inscrire de façon perceptible pour les neutres
dans le camp du socialisme qui s'oppose à l'impérialisme.
A
cette époque, c'est en ces termes que se définit la contradiction
révolutionnaire à revitaliser tout le temps. Au risque de faire
rire, une fois de plus, les théoriciens de ce qu'on appelait
encore le marxisme-léninisme, je précise qu'il s'agit de la
« dialectique historique » du moment. Il est important pour ces progressistes,
d'y intégrer la révolution algérienne qui est sur le point de
se déclencher.
Krim Belkacem finit par céder aux
pressions des catholico-progressistes. Il accepte le contact
et accorde un rendez-vous aux émissaires communistes.
Quand ?
Le
31 octobre, la veille de la Toussaint rouge.
Pourquoi
cette date du 31 octobre ?
Parce
que Belkacem se méfie d'une trahison. Dans l'éventualité d'une
trahison, celle-ci n'aura pas le temps d'exercer ses effets.
C'est lui qui a choisi, depuis le mois de juillet, la date du
1er novembre 1954 pour déclencher les opérations.
Ce jour-là, en effet, le président Nehru doit annoncer à l'O.N.U.
qu'il s'apprête à investir les comptoirs français des Indes.
Pour
cette raison, le maquisard kabyle considère que ce jour du 1er
novembre est nimbé d'un symbolisme favorable dont il convient
de tirer profit, sur la scène politique internationale.
Mais
en quel lieu va-t-il donner ce rendez-vous ? Dans une petite
maison de la casbah ? Au fin fond de la Kabylie ?
Pas
du tout.
En
plein centre d'Alger, au Champ-de-Manuvre, pas loin de la caserne
« Marguerite » du 5ème Chasseurs d'Afrique
tout près de la rue Sadi Carnot et de la rue de Lyon, tout près
du foyer civique de la ville d'Alger, dans un local syndical
parfaitement connu de la police et des services français.
Nous
sommes en droit de nous interroger une fois de plus : où
est-elle donc notre fameuse police ? Que font nos spécialistes
du 2ème Bureau, du S.D.E.C.E. et de la D.S.T. ?
Nous sommes bien le 31 octobre 1954.
A quelques heures près, le corps d'un homme assassiné est découvert
à ce moment là, dans l'arrière-port d'Alger, ou dans l'arrière-gare
de l'Aga. Peu importe l'endroit exact. La presse locale relate
cet événement le lundi 2 novembre 1954. Je répète : peu
importent les détails horaires et les détails de lieu. Ce qui
compte c'est la précision suivante : une affaire d'espionnage
est évoquée par les quotidiens algérois quand ils relatent la
découverte de cet homme assassiné.
Puis
silence. Un silence de sept ans.
Nous savons aujourd'hui, grâce
au général Jacquin, qu'il s'agit du corps d'un dénommé Grey.
Un
« agent retourné ». Un
agent ennemi que les services du contre-espionnage français
ont retourné, pris en main et maintenu à l'intérieur du bureau
de l'attaché commercial qui exerce ses fonctions au consulat
général d'Angleterre à Alger. Nous avons évoqué l'appui indiscutable
que ce personnage apporte à la rébellion algérienne, malgré
les positions pro-françaises affirmées par le consul général,
Monsieur Irvin Mills comme je crois l'avoir rappelé.
Le
rôle de Grey, en tant qu'espion français, est celui de tout
espion : recueillir des informations et les transmettre,
bien évidemment, aux organismes compétents, dont la mission,
en théorie, est de protéger la France en Algérie.
Il
apparaît évident aujourd'hui, que cet agent infiltré par les
Français, fut détecté en tant que tel
très rapidement, par ses employeurs britanniques. Ces derniers,
dans un premier temps, n'ont pas raté l'occasion d'intoxiquer
nos propres services. De les désinformer.
Mais
le 31 octobre, c'est une date capitale.
Dans
cette officine de renseignements britannique, on n'ignore pas
qu'une rencontre est organisée entre Krim Belkacem, Ouamrane
et Khidder d'une part, Benoît Frachon, Dufriche, Amar Ouezzeguène
d'autre part. Travaillant dans ces mêmes bureaux, Grey intercepte
l'information. Elle est d'importance capitale. Il lui faut la transmettre d'urgence à ses supérieurs,
c'est-à-dire à ceux qui le paient, Les services secrets français.
S'il
avait pu le faire, on peut supposer, du moins on l'espère, que
des dispositions adéquates auraient été prises. Que dans cette
éventualité, la guerre n'aurait pas éclaté, car Belkacem, Ouamrane,
Khidder étant des clandestins recherchés, cet état major de
la rébellion aurait été neutralisé voire anéanti, discrètement.
Il est tellement facile pour des spécialistes d'organiser un
règlement de compte entre factions rivales et concurrentes !
Mais
les employeurs britanniques de Grey, et tout particulièrement
l'attaché commercial, n'ignorent rien de l'espionnage dont ils
sont l'objet de sa part. Ils prennent les devants de toute urgence.
La guerre est là, sur le point de se déclencher. On ne va
tout de même pas la rater ! On ne va pas laisser passer
l'occasion de botter l'arrière-train de la France et de la foutre
dehors d'Algérie !
Ils liquident donc proprement notre agent pour garantir
tout son succès au déclenchement de l'opération du 1er
novembre 1954. Ces services secrets, ces espions du bureau de
l'attaché commercial britannique, interviennent bien comme partie
prenante dans la guerre d'Algérie.
En
réalité, nous le savons, ils le font depuis 1943. Depuis les
premiers transports d'armes déjà évoqués. A partir de la Tripolitaine
et du Fezzan.
CHAPITRE VI
Revenons à cette réunion du Champ-de-Manuvre du 31 octobre
1954. Imaginons la scène qui s'y déroule.
Krim
Belkacem, Ouamrane, Khidder se tiennent debout. En face d'eux,
Benoît Frachon, Dufriche et Amar Ouezzeguène.
Krim
écoute poliment les offres de services qu'on lui présente sur
un plateau d'argent. On lui promet monts et merveilles :
propagande, financement, des militants, des renseignementsÉ
maisÉ que se passe-t-il ?
C'est
tout simple.
Krim
renâcle. Krim fait une gueule effroyable. C'est un bide complet.
Car Krim et Khidder ainsi que Ouamrane accusent. Ils accusent
les communistes français et les communistes algériens d'avoir
trahi les indépendantistes d'Algérie le 8 mai 1945.
Lors des évènements dits de Sétif du 8 mai 1945.
Ils
accusent le P.C.F. et le P.C.A. d'avoir publiquement condamné
le soulèvement anti-français de Sétif et des Hauts-Plateaux
sétifiens le 8 mai 1945. Et d'avoir exigé une répression sans
faiblesse.
Ils
accusent Maurice Thorez et Amar Ouezzeguène d'avoir qualifié
le soulèvement du 8 mai 1945, de mouvement d'inspiration
fasciste et hitlérienne !
Plusieurs
questions sont ainsi soulevées par l'attitude de Belkacem, de
Khidder et d'Ouamrane.
Première question :
Krim Belkacem se trompe-t-il ?
Réponse :
non.
Il ne se trompe pas. C'est bien de fascistes et d'hitlériens
qu'ont été traités les émeutiers du 8 mai 1945 par Amar Ouezzeguène
et Maurice Thorez. Ils l'ont fait au cours d'allocutions confirmées
dans la presse écrite de l'époque. Ces deux chefs communistes
exigent des sanctions exemplaires contre les préparateurs et
les auteurs de ce soulèvement.
Deuxième question :
l'accusation de Maurice Thorez et d'Amar Ouezzeguène
qui est accompagnée d'un appel à la répression, le 8 mai 1945
est-elle fondée ?
Réponse :
oui.
Elle est fondée. Les accusations formulées, violemment
par Ouezzeguène et Thorez sont justifiées. Elles correspondent
à la vérité. Car, à cette époque, il est établi que les opérations
déclenchées à Setif, à Guelma et dans les Hauts Plateaux sétifiens
sont d'inspiration première hitlérienne.
Troisième question :
sur quoi vous appuyez-vous pour oser une telle affirmation ?
Réponse :
nous nous appuyons, depuis des décennies, sur le nom
du déclencheur suprême et réel de l'opération. Nous faisons
référence, une fois de plus, à l'émir libanais Chekib Arslan.
Celui-ci avait préparé ce soulèvement anti-français, islamiste
et universel alors qu'il séjournait en Allemagne auprès d'Adolphe
Hitler. Avec son compère, champion de l'antijudaïsme, le grand
mufti de Jérusalem, Asmine el Husseïni.
Chekib Arslan est fait prisonnier par les vainqueurs
de 1945.
Il s'évade !
Et se trouve libre de déclencher le 7 mai, à partir de
Genève, l'insurrection qu'il avait préparée dans l'ambiance
hitlérienne à laquelle il s'était incorporé pendant quelques
années. Avec l'accord d'Asmine el Husseïni, il donne l'ordre
du Djihad. Je répète : le 7 mai 1945.
J'ai rappelé, à maintes reprises, comment ce drame avait
été préparé le 16 avril 1945, tout près de Constantine, lors
du 5ème anniversaire de la mort du Cheik Ben Baddis.
« Le Djihad fissabil Allah » « la guerre sainte
pour la cause de Dieu ».
Ce fut le cri de guerre lancé à l'occasion de cette manifestation.
Il
est donc établi, d'une manière indiscutable, que les accusations
portées le 31 octobre 1954 par les rebelles kabyles contre les
représentants du P.C.F. et du P.C.A. étaient fondées. Le P.C.F.
et le P.C.A. s'étaient opposés en 1945 avec violence, au soulèvement
du Constantinois, parce que ce soulèvement était d'inspiration
hitlérienne. C'est auprès d'Adolphe Hitler que l'émir libanais,
condamné à mort par la France depuis 1925, Chekib Aslan, a conçu
ce soulèvement qu'il fallait déclencher dès la fin de la 2ème
guerre mondiale. Alors que l'armée française était absente d'Algérie.
Ceux
de nos amis qui ont manifesté à Cannes, à l'occasion de la sortie
du film HLL (Hors la Loi), film qui dénature l'événement, ont
bien fait de faire ce qu'ils ont fait.
Il
est dommage qu'ils n'aient pas cru opportun d'argumenter leur
opposition à ce film par l'utilisation des arguments que je
viens d'exposer, et que je m'entête à enseigner depuis des annéesÉ
des annéesÉ. Mais « nul n'est prophète en son pays ! ».
Le FLN, qui vient de naître, rejette ainsi avec dégoût
le 31 octobre 1954 au Champ de Manuvre à Alger, l'appui des
communistes dans la guerre qu'il s'apprête à déclencher contre
la France.
La guerre commence dans la nuit de samedi à dimanche,
1er novembre 1954. « Pour le triomphe de
l'arabisme et de l'islam »
proclame le Cheikh des Oulémas, Ibrahim Bachir. Celui-ci,
par ce message, confirme l'identité tactique dominante du conflit
qui va durer sept ans. Une guerre ethnico-religieuse. « Le
Jihad fissabil Allah ».
CHAPITRE VII
Je tiens à dire que je n'ai jamais fonctionné comme un
correspondant des services spéciaux. Mon militantisme, mon engagement,
étaient nés de mes convictions, de la foi qui m'animait dans
le destin de l'Algérie française. Dont je refuse de dire, aujourd'hui
encore, que ce fut une utopie.
A
cette époque, je jouissais de peu d'expérience de ces officines
de renseignements.
Mais
j'étais déjà informé d'une chose : avec elles, tout va
bien quand tout va bien ! Mais on vous laisse choir,
sans pitié ni considération, dans le cas contraire.
L'exemple le plus illustre d'un lâchage des « services »
nous est donné par l'exécution du lieutenant Roger Degueldre
au fort d'Ivry, le 6 juillet 1962.
Lorsque
ce brillant officier légionnaire déserta l'armée gaulliste en
1961, pour se mettre au service exclusif de l'Algérie française
en livrant un combat clandestin, il fut immédiatement sollicité
par les services spéciaux. Ceux-ci le prirent en subsistance,
lui fournissant couvertures et moyens d'action. Lui confiant
des missions qu'il leur était interdit de conduire à bonne fin,
par le pouvoir gaulliste complice du FLN. Plus précisément complice
du G.P.R.A.
A l'époque de l'O.A.S., après l'échec
du putsch des généraux d'avril 1961, ils lui demandent encore,
et de façon pressante, d'exécuter des missions qui, normalement,
relèvent toujours de leurs compétences. Par exemple, une opération
montée contre le Centre socio-éducatif de Ben Aknoun, le 15
mars 1962, sur lequel je me suis personnellement expliqué dans
mon 5ème livre[8].
Les nouvelles orientations politiques
officielles, interdisent en effet qu'ils exécutent ces opérations.
Elles seront tout de même menées à bonne fin, chaque fois que
possible, par O.A.S. interposée.
Ils ont donc laissé assassiner Degueldre. De la même
manière qu'ils ont abandonné l'Algérie française que l'on a
tuée petit à petit, en hésitant, en titubant, en bafouillant.
« Ils », c'est-à-dire des minables, gribouilles, traine-savates
obéissant à un gouvernement, à un pouvoir qui s'illustrait comme
l'exécuteur de la thèse anti-Algérie française, de la thèse
anti-occidentale.
Degueldre fut exécuté au fort d'Ivry le 6 juillet 1962,
en conclusion d'un jugement de la Cour de Sûreté de l'Etat.
Après le rejet d'une grâce sollicitée par les avocats de ce
brillant soldat français.
Ils
l'ont tué, oui c'est vrai. Mais ils l'ont tué, lui aussi, en
hésitant, en titubant. En bafouillant.
Par
une salve de peloton d'exécution qui ne fut pas mortelle.
Il a donc fallu l'achever. Le « finir » comme on dit chez les voyous. Mais « le finir »
de plusieurs coups
de pistolet. Des coups de grâce ! Terme odieux, inacceptable,
révoltant car ce terme normalement, ne connaît pas de pluriel.
Un
coup de grâce, c'est de la pitié.
Des
coups de grâce, c'est de la boucherie.
Il
fallut « un coup de grâce »
dans la mâchoire. « Un coup de grâce » dans l'épaule. D'autres encore. Enfin, une balle dans
la tête. Celle qui emporta Degueldre vers l'infini du repos
éternel. Martyre qui évoque symboliquement et étrangement, celui
de Saint-Sébastien. Degueldre, comme ce glorieux élu, fut lui
aussi un mal tué. Un mal tué par de mauvais sicaires animés d'une seule
ambition : se soumettre en toute servilité aux exigences
capitalistes et stratégiques d'un nouveau redéploiement économique.
Ils
n'ont fourni aucun moyen d'action sérieux à ceux qui ont eu
le fol espoir de préparer une évasion de Roger Degueldre. Ils
ont donné, dans un premier temps, un peu d'argent à une équipe
de volontaires qui était en place à Paris, pour une opération
de sauvegarde qui ne fut pas menée à bonne fin. 200 millions
de centimes qu'ils avaient récupérés au cours d'une opération
anti F.L.N. récente. Se sont ajoutés à ce viatique, 200 autres
millions de centimes, débloqués sur mes instructions, par le
financier de l'O.A.S., Cimeterre. Auxquels il ne faut pas oublier d'ajouter 200 autres
millions de centimes dont j'ai ordonné ultérieurement le déblocage
par le financier de l'O.A.S. pour être livrés à quelqu'un qui,
à cette époque, touchait Degueldre de très près, dans son intimité,
et qui croyait disposer des contacts militaires capables d'organiser
l'évasion de Roger Degueldre.
Tout
cela, en vain.
Degueldre
fut assassiné le 6 juillet 1962, en chantant la Marseillaise
après avoir crié « Vive la France ».
Les opérations exécutées par Degueldre l'ont toujours été en
accord avec les orientations générales stratégiques que j'avais
précisées à l'échelon de l'O.R.O. nationale. Atteindre
l'ennemi, quel qu'il fût, là où il se trouvait.
L'opération
qui a consisté à éliminer l'attaché commercial du Consulat général
d'Angleterre à Alger, qui était à la tête d'un réseau anti français
de grande efficacité, aurait dû normalement être exécutée par
les services de renseignements français. La IVème République
n'avait aucune raison sérieuse à faire valoir pour interdire
cette opération. Elle aurait dû l'exiger. L'ordonner.
L'abstention
opérationnelle dans ce cas particulier, démontre à l'évidence,
que le gaullisme anti-Algérie française, était disposé à utiliser
tous les auxiliaires y compris les auxiliaires étrangers pour assassiner l'Algérie française.
Quand on songe à cette opération, on ne peut s'empêcher
d'évoquer cette phrase prononcée par De Gaulle au cours d'une
émission radio-télévisée : « Quelle hécatombe connaîtrait
l'Algérie si nous étions assez stupides et assez lâches pour
l'abandonner ».
Ils ont donc tué l'Algérie française. Ils ont pris le
risque de vouer au génocide des milliers de Français d'Algérie.
Et tout cela pourquoi ?
Pour
élaborer une plus forte valeur ajoutée aux investissements.
Pour l'argent que fabrique l'argent. Pour obéir à la stratégie
du « nouveau redéploiement économique grâce au délestage
du débouché algérien ».
CHAPITRE VIII
Tout ce que je viens d'écrire, je l'ai évoqué à maintes
reprises dans des conférences que j'ai données un peu partout
en France.
En 1997, je donnais une conférence à Perpignan, lors
d'une assemblée générale de ce qui s'appelait encore le Front
National des Rapatriés, que présidait mon regretté camarade
et frère d'armes, Yvan Santini.
J'ai
été l'objet d'une interpellation très amicale d'une personne
présente, Monsieur Jean R. qui vivait au Canet en Roussillon.
Qui y vit encore je l'espère.
A
l'appui des renseignements que j'avais fournis concernant l'intervention
des Britanniques dans les actions conduites par l'anti-France
en Algérie, il a tenu à me faire connaître un événement. Un
événement qui s'était déroulé en 1956 à Dellys.
Dellys,
un petit port de pêche, situé en Grande Kabylie, à 100 km à
l'est d'Alger. Construit en amphithéâtre à flanc de coteau,
orienté à l'est. La vue s'étend vers la côte rocheuse, en direction
de Tigzirt S/Mer, et la forêt de Mizrana. J'évoque là des précisions
que Monsieur Jean R. m'a transmises dans un courrier, le 15
septembre 1997.
Je
cite en le résumant, le message adressé ce jour-là par Jean
R.
Cela
se passait dans la première quinzaine de mars 1956. C'était par une nuit de pleine lune, d'un calme extraordinaire.
L'épouse du gardien de la prison qui se trouve sur le haut du
village, souffre d'asthme. Ressentant le besoin d'une bouffée
d'air frais, elle ouvre sa fenêtre pour respirer. Il est environ
1 h du matin.
Elle
voit alors nettement, au bord de la plage dite « des
salines » une forme noire, basse sur l'eau.
Il s'agit certainement d'un bateauÉ voire d'un sous-marin. Elle
appelle son mari. Tous deux assistent à l'étrange manège d'une
colonne de mulets qui arrivent au bord de la plage et repartent
« chargés » vers la forêt de la Mizrana.
La
longue forme noire, s'écarte de la grève et disparaît dans la
mer.
Jean
R., à cette époque, en mars 1956, est correspondant bénévole
de « L'Echo d'Alger ». Ce qu'il vient d'évoquer, c'est
textuellement ce que Monsieur N. le gardien de prison, vient
lui raconter, le lendemain matin vers 8 heures.
A
cette heure là, la plage des Salines est déserte. Jean R. s'y
rend immédiatement et constate en effet la trace de nombreux
piétinements laissés dans le sable. « Il ramasse un
obus de mortier de fabrication anglaise dans son étui »
que Jean R. apporte immédiatement à la gendarmerie de Dellys.
Il
saisit l'occasion d'écrire un article de presse relatant cette
découverte. Cet article paraît le lendemain. Il souligne, dans
le courrier qu'il m'a adressé, que cet article lui valut des
remontrances désagréables de sa direction, qui lui demanda fermement
« de s'occuper de ses affaires ».
Néanmoins,
deux reporters du journal « RADAR » (à propos duquel
j'ignore tout), vinrent enquêter sur place. Ils examinèrent
les lieux, prirent de nombreuses photos. Ils eurent incidemment
l'occasion d'assister dans la soirée du 25 mars 1956, vers 19
H 30, à un attentat dont un ami très proche de Jean R. fut la
victime : grièvement blessé de deux coups de fusil à chevrotines.
Jean
R. précise :
C'est
l'instant que choisit le photographe de RADAR pour une photo
qui fit la UNE du journal, avec cette mention « RADAR était
là É ».
Mais
RADAR ne fit aucune mention de la découverte que ses reporters
avaient faite : des traces sur la plage qui évoquaient
une fourniture d'armes anglaises au bénéfice du F.L.N.
« Inutile
de dire que la relation de cette histoire n'a jamais été évoquée
par la suite dans quelque organe de presse que ce soit », souligne J.R. dans sa lettre.
Donc un black-out complet était jeté sur les entreprises
des étrangers ennemis de la France en Algérie, depuis le début
de la guerre, et tout particulièrement en 1956, selon l'observation
de Jean R.
L'étranger
avait tous les droits dans la mesure où il s'agissait d'attaquer
la France.
Cet évènement relaté par Jean R. illustre une fois de
plus que les défenseurs de l'Algérie française ont eu, à un
moment donné, le monde entier contre eux. Ils ont fait ce qu'ils
ont pu, mais ils l'ont fait.
Pensez
à cela quand vous nous jugez.
CONCLUSION DE CETTE
ETUDE 50/39
En
Algérie française, on a tué ce qui fait la vigueur et la force
d'une société moderne : on a tué la citoyenneté laïque.
Cette citoyenneté laïque aujourd'hui,
est devenue l'objet d'une attaque permanente conduite par ceux
qui, conditionnés par l'O.C.I., l'Organisation de la Conférence
Islamique, veulent soumettre la France et l'Europe au pouvoir
du nouvel envahisseur idéologique moderne : l'arabo-islamisme
fondamentaliste que nous ne confondons pas avec la religion
musulmane.
Lorsque
nous avons défendu l'intégration en Algérie française, nous
étions prêts à vivre au contact des musulmans, dans le cadre
d'une liberté confessionnelle garantie par nos institutions.
La foi de chacun aurait été respectée dans la mesure où elle
était disposée à adopter une expression, un vécu quotidien,
compatibles avec la citoyenneté laïque.
C'était
possible hier en
Algérie. J'en suis convaincu aujourd'hui encore. L'Algérie,
aurait dû être la terre de la Sainte Rencontre,
telle que l'avait détectée Ramon Llull.
C'est
possible aujourd'hui
en France et partout dans le monde.
Encore
faut-il que les citoyens laïques de France cessent de faire
de l'islamisme fondamentaliste une thèse à défendre au nom d'un
anti-racisme trouillard, imprudent et mal fondé.
Car
ce que nous observons aujourd'hui s'illustre ainsi : la
défense partisane et névrotique de tous les particularismes
finit par générer des racismes. Et le raciste aujourd'hui, ce n'est pas celui qui défend
une citoyenneté laïque.
C'est
celui qui, justement, veut la supprimer. C'est en cette menace
que s'exprime de nos jours, l'agression dont sont victimes la
France et à travers elle, l'Occident.
Jean-Claude
PEREZ
Nice,
le 25 octobre 2010