Le docteur Jean-Claude PEREZ
Adhérent du Cercle Algérianiste de Nice et des Alpes Maritimes
Auteur des livres : « Le sang d'Algérie »
« Debout dans ma Mémoire »
« Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Algérie »
« L'Islamisme dans la guerre d'Algérie »
« Attaques et contre-attaques »
aux Editions Dualpha - BP 58, 77522 COULOMMIERS CEDEX

NOUS COMMUNIQUE SOUS LE N° 46 L'ETUDE SUIVANTE

 

Etude 50/46

 

 

    « LES CONQUÊTES ARABES

UNE CONTRE-VÉRITÉ HISTORIQUE NÉCESSAIRE AUX ENNEMIS SÉCULAIRES DU MONDE JUDÉO-CHRÉTIEN »  

 


 

CHAPITRE I

 

L’arabisation secondaire des renégats du christianisme romain engendra la force et le rayonnement de l’arabo-islamisme fondamentaliste.

 

 

1 – FAUT-IL S’INCLINER DEVANT LE REFUS OBSTINÉ DE LA VÉRITÉ ?

 

Un acteur,

 

-       qui a vécu de très près la mort de la France Sud-Méditerranéenne,

-       qui a pris part aux tentatives de sauvetage de ce morceau de France,

-       qui, en outre, est intervenu dans la mise en route d’opérations très graves à l’échelon le plus élevé de l’OAS,

peut se présenter comme un narrateur.

 

Insuffisant, peut-être, mais toujours intéressant.

Rapporteur ou témoin-acteur, je suis personnellement l’objet d’une invitation constante, qui se prétend bienveillante. On ne manque pas de me rappeler, en effet, que, « me taire », serait une attitude à la fois raisonnable et prudente.

J’oppose à ces interlocuteurs qui m’invitent à plus de discrétion, que me taire serait à la fois un péché contre la logique et surtout une lâcheté. Je n’éprouve aucun scrupule à l’affirmer.

Aujourd’hui, plus qu’hier, nous voulons comprendre le contenu historique de cette page d’histoire que nous avons vécue en Algérie, entre 1954 et 1962. Il y aura très bientôt 50 ans… la mort de l’Algérie française. La mort de la France en Algérie.

C’est pour y parvenir, pour comprendre, que je m’inscrits parmi ceux qui se compromettent une fois de plus dans un combat de l’impossible, illustré par cette conviction :

notre combat pour garder l’Algérie française fut le seul combat logique parmi toutes les guerres stupides du XXème siècle.

Ces guerres qui depuis la chute de l’empire romain, n’ont été que des révolutions d’esclaves. [1]

Guerres stupides parce qu’avant toute chose, elles s’identifiaient en dernière, sérieuse et définitive analyse, à des entreprises de génocide des peuples européens.

Le génocide du peuple pied-noir devait apparaître comme l’accomplissement historique de ce constant génocide européen. Génocide raté parce que ce peuple pied-noir a refusé de plonger dans le noir destin que le gaullisme satanique avait élaboré pour lui.

 

 

2 – LE PEUPLE PIED-NOIR, UN PEUPLE D’OCCIDENT

 

Je refuse d’inscrire l’histoire, ou plutôt le passé relativement éphémère du peuple pied-noir, dans une perspective historique. Je ne jouis pas, en effet, des compétences nécessaires pour le faire. Je me suis contenté d’évoquer ce peuple, à maintes reprises, en utilisant les termes de « peuple oublié ». Qualificatif que j’ai renforcé mille fois en soulignant que :

le peuple pied-noir représentait la fraction vivante de la nation française au sud de la Méditerranée.

Je maintiens aujourd’hui, plus que jamais, cette double qualification. Mais je ne souscris à aucun comportement pleurnichard. Je veux dire que je refuse de considérer l’histoire de ce peuple dans le cadre exclusif d’une idéologie « victimaire ».

Une idéologie victimaire qui néanmoins a généré un résultat imprévu, inattendu, pour les promoteurs activistes de la mort de l’Algérie française. C’est-à-dire pour les « morts de faim » du capitalisme financier.

Ce résultat inattendu, ou plutôt imprévu, par les inspirateurs et auteurs de l’assassinat de la France en Algérie, c’est la promotion universellement proclamée d’une haine.

La haine de l’homme d’Occident.

Il se trouve que celui-ci, très majoritairement, est identifié le plus souvent à travers la notion « d’homme blanc ». Désignation qui, aujourd’hui est frappée du sceau de l’interdit le plus absolu. Car, on veut nous apprendre que, de nos jours, affirmer « je suis un homme blanc » est une attitude « discriminatoire » par excellence ou plutôt par « définition ».

Ce qui donne naissance à une promotion logique, jugée nécessaire même :

la promotion très morale du racisme « anti-blancs » ou plutôt « anti-Blanc ».

Nous avons enregistré, une fois pour toute, que la notion biologique de race était scientifiquement frappée de nullité. Il ne surnage dans cette appellation « d’homme blanc », qu’une banale notion de couleur : l’homme-blanc est blanc parce que sa peau est blanche. Ou plutôt parce qu’elle n’est ni noire ni jaune. Il existe des Blancs, des Noirs, des Jaunes, des Métis, des Quarterons etc…

Cependant il est difficile de ne pas voir que cette particularité tout banalement et obstinément physique, est enrichie aujourd’hui d’un complément d’identité géopolitique. Car l’homme blanc représente encore de nos jours le parangon de l’homme occidental. De l’homme d’Occident.

Pourquoi lui ? L’homme blanc ?

Parce que c’est comme ça… c’est la seule réponse qu’il semble logique de  proposer. Est-ce vrai ?

Non. Ce n’est pas vrai.

Car une autre constatation historique saute aux yeux : l’imperium romain, c’est-à-dire l’espace géopolitique majeur de l’histoire d’Occident, s’est construit au sein d’une collectivité d’hommes qui avaient la particularité d’être majoritairement des hommes blancs.

N’existait-il pas pour autant d’autres « imperiums » ?

Certes oui.

Mais ils sont restés confinés chez eux, chacun d’entre eux au sein d’un monde fermé, replié sur lui-même. D’un monde qui n’a pas fait, qui n’a pas élaboré notre monde.

Leur monde n’a pas participé à l’élaboration, à la mise en route et au développement de l’histoire moderne.

Les autres empires aztèques, incas, mayas, noirs ou jaunes, n’ont pas conquis l’univers et n’ont pas armé des flottilles de caravelles pour nous transmettre leur génie. Ils sont restés cloîtrés et tout logiquement victimes d’immobilisme puis d’atrophie dans un temps ultérieur. Un temps provisoire pour certains d’entre eux. [2]

De nos jours, à côté des reliquats morcelés et poussiéreux de l’Empire d’Occident, la Chine, l’Inde et le Japon s’affirment comme des potentialités politico-biologico-scientifiques d’importance majeure dans le devenir prochain du monde moderne.

L’Afrique reste encore morcelée. Elle éprouve la plus grande peine à contrôler les craquements internes qui menacent la stabilité et la survie de quelques-unes, sinon la majorité, parmi les nations africaines.

 

Surgit et persiste une constatation naïvement optimiste :

l’Occident s’affirme comme la seule entité géopolitique qui, pour un délai relativement court certes, détient encore un potentiel d’harmonisation universelle. Un potentiel qui est en train de s’essouffler et qui, à moyen terme, va se réduire à une nullité totale.

En effet, une évidence se confirme : l’énergie opérationnelle de l’argent, c’est-à-dire de l’arme majeure employée de nos jours pour la domination finale du monde, est en train de s’émousser, puis de s’effondrer, devant une nouvelle énergie de conquête du monde. Cette énergie de conquête s’exerce à travers la poussée des peuples de toutes races qui aspirent à se soumettre à une nouvelle idéologie invasive et conquérante :

l’arabo-islamisme fondamentaliste.

 

 

3 – LE PEUPLE D’OCCIDENT PAR SON APPAUVRISSEMENT SPIRITUEL N’EST PAS APTE, POUR LE MOMENT, A ENDIGUER CETTE ÉNERGIE DE CONQUÊTE

 

L’arabo-islamisme fondamentaliste intervient de nos jours comme il est toujours intervenu. Avant tout, par imprégnation. En utilisant avec opportunité et pour son seul profit, la neutralité, pour ne pas dire la passivité spirituelle offerte par les peuples d’Occident dans leur grande majorité. En tirant partie, soyons plus précis, aujourd’hui comme hier, des comportements dubitatifs, voire hérétiques des peuples d’Occident à l’égard du message chrétien.

 

Les peuples d’Occident négligent de se souvenir et d’enregistrer que l’Occident fut choisi par Dieu pour recevoir Ses messages. Le message biblique transmis par les prophètes tout d’abord. Puis le message chrétien transmis par Jésus.

Il est fondamental de ne  pas oublier que l’arabo-islamisme fondamentaliste actuel fut structuré et implanté en Algérie française, historiquement et opérationnellement, dans une perspective anti-chrétienne exclusive, par la République française.

Très précisément en 1920.

Cette année là se sont constitués les cénacles du Berbère Omar Smaïl. Celui-ci imposa à tous les croyants d’Algérie, de ne s’exprimer dorénavant qu’en langue arabe littérale. Celle-ci allait s’identifier à l’arme majeure mise en œuvre pour combattre la France. Il a fait de l’arabité le ciment du combat contre la France certes, mais en même temps, du combat contre la Croix.

Comme il est évoqué par certains grands spécialistes de l’histoire du monde musulman, en Algérie, Omar Smaïl, en imposant l’usage exclusif de la langue arabe littérale comme moyen de combattre la francisation et l’assimilation, a mis l’islam en site de véracité.

Grâce à la langue arabe mais en utilisant, au premier chef, les particularités phoniques qui confèrent toute sa vigueur à l’impact récitatif des versets du qoran.

Décision d’Omar Smaïl confirmée plus tard par le Constantinois Ben Baddis, un autre Berbère, le 7 mai 1931, en tant que premier président de la toute nouvelle et légale Association des Oulémas. Ce Berbère déclare :

Ma religion c’est l’Islam

Ma langue c’est l’arabe

Ma patrie c’est l’Algérie.

Le deuxième temps de cette proclamation exprime un projet ou plutôt  un diktat.

Il inscrit le combat contre la France dans le cadre du combat perpétuel de l’arabo-islamisme fondamentaliste contre l’Occident.

Cette proclamation sera tout logiquement confirmée le 1er novembre 1954, lorsque son successeur, un autre Berbère, El Bachir el Ibrahimi, déclare à partir du Caire que le combat était engagé pour « le triomphe de l’arabisme et de l’islam ».

L’arabisme, la langue arabe, sont exhibés comme des armes d’efficacité majeure pour la conquête de l’Occident à partir du territoire « Algérie française ». Territoire qui a changé de polarisation.

Au lieu de rester, ou plutôt de devenir un glacis facilitateur de la pénétration de l’Occident en Afrique, il va s’illustrer comme un glacis facilitateur de la soumission idéologique de l’Occident à l’arabo-islamisme fondamentaliste.

De Gaulle assuma la mission de capituler devant cette énergie de conquête arabo-islamiste.

Le général De Gaulle s’est comporté, sans aucune restriction, comme l’auxiliaire historique « providentiel » de la poussée arabo-islamiste moderne. Comme le facilitateur historique, entêté, forcené même, de la mort de la Croix en Algérie.

 

 

4 – PAR LE PASSÉ CE SONT LES RENÉGATS DU CATHOLICISME ROMAIN QUI ONT OUVERT LA VOIE A L’ARABO-ISLAMISME FONDAMENTALISTE

 

En 711, durant la bataille de Guadalete, en Espagne, près de Cadix en Andalousie, les cavaliers « goths » de Tarik convertis peut-être à l’islam, furent guidés sur le champ de bataille par un évêque, Oppas, renégat du catholicisme romain. Oppas, un évêque arien, anti-romain fanatique. L’arianisme ibérique va adhérer en masse à la religion de la Mecque et de Médine. C’est le  peuple espagnol arien, converti à l’islam, qui va conquérir son propre territoire pour s’opposer au message de Jésus sur le territoire de la péninsule.

 

Quatre siècles plus tôt environ, vers 330, Constantin l’empereur qui avait assuré la survie d’abord, puis le triomphe du christianisme romain, va trahir. Comme De Gaulle, il va s’illustrer dans les faits comme un renégat de l’Occident chrétien que lui, Constantin, avait fait naître d’abord. Puis qu’il avait confirmé en 325 lors du Concile de Nicée que lui-même avait convoqué. Il va se convertir à l’arianisme grâce à Eusèbe de Nicomédie,

Qu’il ne faut pas confondre avec Eusèbe de Césarée, premier historien de l’église catholique romaine,

Constantin va s’incorporer à l’arianisme. Il se fait baptiser arien, sur son lit de mort, par Eusèbe de Nicomédie. A partir du reniement de Constantin, va s’opérer une fracture très grave au sein du christianisme :

les trinitaires romains, fidèles à la tradition enseignée par les apôtres, vont être combattus par les unitaires ariens. Ceux-ci nient en particulier la filiation divine de Jésus. Ils nient la nature divine du Christ.

 

Lorsque trois siècles plus tard, le prophète de la Mecque et de Médine transmet son  message, celui-ci trouve dans les peuples ariens du Proche-Orient, de Numidie et d’Ibérie, une masse de pseudo-chrétiens, renégats de la nature divine de Jésus. Ces peuples trouveront dans la Schahada, la prière fondamentale des Musulmans, une confirmation proclamée de leur propre conviction :

« Il n’y a de dieu que Dieu et Mohamed est l’envoyé de Dieu ».

« L’envoyé de Dieu », c’est-à-dire Mohamed, leur offre une garantie.

Ces peuples non arabes dans leur grande majorité, furent arabisés spirituellement et culturellement, à partir d’une initiative d’importance majeure d’Otman, le 3ème Calife, qui imposa que la langue arabe littérale devînt la langue d’expression unique, exclusive et universelle du Qoran.

Les ariens vont conférer, par leur intégration à l’islam, sa réalité historique à un phénomène à la fois ancien et très moderne, mais surtout actuel :

la massification du monde musulman partout où il prend racine.

Massification rendue possible par une arabisation secondaire, culturelle et spirituelle des ennemis de Rome. Grâce en particulier à la richesse phonique de la langue arabe littérale. Universalisée par l’intermédiaire du Qoran.

Là ou l’islam apparaît, l’arianisme disparaît puisqu’il s’intègre à l’islam.

Voilà où se situe le pourquoi de l’implantation invasive de l’islam au VIIème et au VIIIème siècle.

 

 

 

CHAPITRE II

 

« Au début était Jésus»

 

 

Lorsqu’il nous arrive d’évoquer notre combat passé, qui fut plein d’embûches, la  plupart du temps tragique, le combat d’une minorité de Français d’Algérie et de camarades métropolitains, animés avant tout d’une lucidité dont la réalité historique actuelle confirme à chaque instant le bien-fondé, nous nous interrogeons une fois de plus. Avons-nous accompli tout cela hier pour jouir, de nos jours, du droit de satisfaire à un appétit de couscous, de merguez, de danses orientales ?

Avons-nous joué nos vies et nos âmes pour un style de vie que nous sommes en mesure de retrouver, voire de créer, n’importe où en France ?

Avons-nous tué et fait tuer des hommes pour quelques avantages en hectares de blé ou de vignes ? Pour une orangeraie ? Pour un immeuble ? Pour une villa ?

Evidemment non.

Notre combat en Algérie s’inscrivait dans une grande dialectique de l’histoire. Nous voulons dire dans la confrontation plus actuelle que jamais qui oppose l’Occident à l’anti-Occident.

 

Un instant s’il vous plaît ! C’est quoi ça l’Occident ?

L’Occident, il faut le rappeler, c’est une réalité géopolitique. A l’intérieur de laquelle la pensée chrétienne peut s’exprimer en toute liberté. Sans risque de lynchage, de tortures, d’oppression, de génocide et de toutes autres incertitudes et drames. C’est la terre où les chrétiens peuvent vivre libres.

Justement, nos camarades et moi, revendiquons la prétention constante de rester avant tout des hommes libres. Solidaires pour lutter aujourd’hui encore, contre le mensonge.

De Gaulle a déclaré en substance, selon Peyrefitte, que nous, les hommes de l’OAS, étions aveuglés par notre amour de la France. De Gaulle s’est « planté » une fois de plus. Cet amour de la France ne nous aveuglait pas. C’est lui, cet amour de la France qui nous a conduits sur le chemin d’un combat qui est loin, très loin d’être terminé aujourd’hui.

Car en Algérie, ce n’est pas le dernier combat que nous avons livré, « le combat de la fin ». Ce que nous avons livré c’est le combat de « la fin du commencement ». Le commencement d’un combat qui, depuis plus de 2.000 ans oppose l’Occident à l’anti-Occident.

En Algérie, nous étions nourris d’une ambition : conserver vivante la France Sud-Méditerranéenne. Parce que la France du Nord-Méditerranée en avait une grande nécessité pour rayonner dans le monde et enrichir l’Europe d’une large fenêtre ouverte sur l’Afrique. Grâce à l’Algérie Française. Une fenêtre qui plongeait à la limite sud du Sahara, aux confins du Niger, du Mali et de la Mauritanie.

L’Algérie française c’était une thèse de vie libre pour la patrie française, pour l’Europe, pour l’Occident. C’était aussi une thèse de vie pour l’Afrique. Mais ils ne le savaient pas au sud de la Méditerranée.

Lorsque nous évoquons, sans complexe, l’Algérie française, ce n’est pas un regard narcissique que nous jetons sur notre passé. Nous savions très bien que séparée de la France, l’Algérie allait perdre définitivement droit de cité dans notre Occident. Qu’elle était cependant en possibilité d’intégrer grâce à la France, par l’intermédiaire de la France.

Séparée de la France, historiquement accouchée cependant par notre patrie, l’Algérie éprouve la nécessité d’exhiber une agressivité latente contre l’ancienne métropole. Surtout elle illustre aujourd’hui le symbole historique et géopolitique d’une victoire de l’arabo-islamisme international sur une grande nation d’Occident, la France. Ou plutôt la France gaulliste.

 

Même si le fondamentalisme, quintessence actuelle de l’anti-France, avec ses exécuteurs d’Al-Qaïda, est officiellement combattu par le gouvernement algérien, il reste établi pour la nuit des temps à venir,

que le 19 mars 1962 symbolise et illustre la date d’une grande défaite de la France et de l’Occident devant leur agresseur moderne : l’arabo-islamisme fondamentaliste.

Une défaite dans sa signification la plus traditionnelle et classique qui soit. Qu’on ne s’effarouche pas ! Nous avons le droit d’utiliser le terme de « défaite ». Puisque, rappelons-le pour la millième fois, les évènements d’Algérie ont été officiellement et constitutionnellement identifiés à une guerre par une loi de la Vème République. La loi du 18 octobre 1999. Une défaite imputable au général De Gaulle et à tous ses valets, passés et actuels, tous atteints à l’évidence d’une encéphalopathie chronique qui les rend inaptes à la pratique d’une politique intelligente.

Cette encéphalopathie gaulliste a fait de la France un espace politique sur lequel, aujourd’hui, s’exerce une force au sens physique ou plutôt au sens mécanique du terme. Une force dont l’intensité est variable mais qui, en toute circonstance, confère une actualité perceptible à la prédiction de Ben Mhidi formulée par lui-même avant qu’il ne fût pendu à Alger en 1957 :

« Vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ».

Une force néo-colonisatrice qui prétend induire à moyen terme une mutation identitaire progressive de l’ensemble des peuples de la rive nord de la Méditerranée.

Cette mutation des esprits, comme cet asservissement intellectuel, sont de nos jours enrichis par la mise en œuvre répétitive, périodique et surtout prioritaire d’attaques particulièrement ciblées contre le christianisme. Des attaques efficaces, ne nous y trompons pas, relayées, avec une volupté perverse, par tous les médias occidentaux. Des attaques qui jouissent de la qualité d’être opérationnellement et stratégiquement parfaitement logiques.

Pourquoi logiques ?

Pour la raison suivante : à l’arabo-islamisme fondamentaliste on refuse d’opposer avec entêtement, la seule arme qui soit efficace.

L’islamisme fondamentaliste prétend imposer la Charria dans le cadre de la vie des Français et ne fait usage dans cette perspective opérationnelle que d’une seule terminologie : une terminologie religieuse. Il en fait un usage exclusif. Or, on s’obstine à lui opposer des attitudes de défense dépourvues d’efficacité. Dépourvues d’impacts opérationnels. On pleurniche, on exhibe sa peur, on exprime sa colère, en réalité son angoisse devant des minarets qui surgissent un peu partout. Mais au nom de la laïcité, qui en théorie ne doit en aucun cas être restrictive de liberté religieuse, on refuse de faire référence au rayonnement historique de nos cathédrales. De nos cathédrales qui ont symbolisé au Moyen-âge une volonté laborieuse de mener et d’inspirer un combat pendant des siècles.

 

         Un combat pour la sauvegarde du christianisme contre les hérésies invasives de provenance ibérique.

Le « temps des cathédrales »illustre en même temps une volonté et une épopée chrétiennes. Il s’agissait, à cette époque-là, d’implanter structurellement le christianisme en Occident et de garantir ainsi sa survie d’abord, son triomphe ensuite, grâce à ces forteresses rayonnantes de spiritualité contre les ennemis du message du Christ. Ennemis qui, fondamentalement, niaient la double nature de Jésus.

Benoît XVI, dans son livre « Jésus de Nazareth », a précisé d’une manière limpide l’identité de Jésus. Il nous enseigne, ou plutôt il nous rappelle, que depuis le concile de Nicée en 325, et le concile de Chalcédoine en 451, la nature du Christ fut définitivement et dogmatiquement établie.

La personne du Christ « embrasse et porte » une double nature. Une nature à la fois humaine et divine.

Certains du monde chrétien n’ont voulu retenir que la nature divine du Christ. Ils vont constituer le groupe dissident des monophysites.

D’autres ont refusé « d’atténuer » ou de « minorer » l’humanité réelle de Jésus. Ils ne voient dans la personne du Christ qu’un homme. En réalité ils nient la nature divine du Christ. Ces derniers pratiquants vont peupler le camp des nestoriens.

Les dissidents du monophysisme et du nestorianisme vont se manifester le plus souvent au sein d’un monde intellectuel et culturel très évolué. Dont la langue d’expression était le grec.

Mais surtout, ils vont enrichir culturellement, intellectuellement et socialement, un monde hérétique plus ancien apparu au IIIème siècle : l’arianisme.

L’arianisme va adhérer en masse au message du prophète de la Mecque et de Médine. Dès la fin du VIIème siècle et au tout début du VIIIème siècle. C’est l’arianisme qui va permettre à l’arabo-islamisme de s’imposer avec une immense facilité sur des territoires immenses, négligés par ce qui restait de l’imperium… fracturé, morcelé et atrophié. Ces territoires vont s’offrir au message du Rasoul [3] par conviction anti-chrétienne tout d’abord. Ils vont porter le message du Rasoul au Proche et au Moyen-Orient, dans le Maghreb et en Espagne. Celle-ci, isolée du reste de l’Occident, de l’autre côté de la barrière pyrénéenne.

 

         Nous sommes chrétiens. Avec ceux d’entre nous qui sont juifs, nous devons restés chrétiens ou juifs. Tous, avec les Musulmans devrions être en mesure de brandir chaque fois que nécessaire, sans état d’âme particulier et surtout sans répugnance, l’étendard commun de la laïcité. Une laïcité qui aujourd’hui se doit de ne plus être prohibitive. Une laïcité qui doit aspirer à permettre aux différentes religions de s’exprimer sur notre territoire, dans le respect perpétuel, en n’importe quelle circonstance, de liberté, de fraternité et d’égalité.

Nous refusons de vivre dans une ambiance, dans un éthosa écrit Peyrefitte, de crispation confessionnelle. Car la crispation confessionnelle est un facteur très sérieux de stagnation économique d’une part. Puis de l’atrophie totale d’une nation, d’autre part. Une atrophie qui se manifestera avant tout par une redoutable dégénérescence intellectuelle.

La crispation confessionnelle est un cancer moderne au sein d’une nation. Elle renferme un redoutable potentiel. Celui d’altérer profondément tout ce qui contribue à maintenir une nation dans le cadre de la modernité.

Elle s’identifie à une conséquence opérationnelle, impitoyable du sacrifice volontaire et conscient du christianisme en Algérie.

C’est le gaullisme qui a projeté ce sacrifice à l’intérieur des limites de la France métropolitaine, comme nous le constatons aujourd’hui à chaque instant.

 

 

CHAPITRE III

 

L’Arianisme…

Thèse de fragilisation du christianisme…

qui offrit la masse de ses adhérents aux islamistes

 

 

 

         Si je prends la liberté de m’exprimer avec fréquence sur l’islam, ou sur la religion musulmane, je ne formule jamais de critique sur la foi ressentie et exprimée par les fidèles du prophète Mohamed. Je m’interdis tout comportement insultant et blasphématoire pour la raison suivante : en plus d’être injurieux, ce comportement est inefficace. Je refuse d’être un islamo-maniaque de la même manière que je refuse d’être islamophobe.

Lorsque j’évoque l’islam, je ne fais référence qu’à son expression temporelle, historique. L’islam, à partir du moment où il s’est implanté souvent par des conquêtes idéologiques, parfois sanguinaires, ne peut pas être étudié exclusivement à travers le seul prisme, valorisant certes, du message divin transmis au prophète Mohamed et répercuté par celui-ci à une fraction importante de l’humanité.

Lorsqu’il s’exprime de nos jours par une volonté de mutation radicale de notre société, lorsqu’il occupe insidieusement les places laissées libres grâce à la vacuité spirituelle, planifiée et organisée par la plupart des dirigeants de la politique occidentale, l’islam intervient comme une force révolutionnaire en mouvement. En l’occurrence une force révolutionnaire de substitution. Donc une force conquérante. Cette force révolutionnaire en mouvement, cette force de substitution, cette force conquérante, voilà ce qui définit et synthétise aujourd’hui, pour une large part, l’islamisme fondamentaliste.

La religion musulmane a profité indirectement, lors de sa première propagation, du séisme qui avait ébranlé précédemment le christianisme à partir du IVème siècle. Un séisme au moment même ou théoriquement le christianisme aurait pu s’épanouir dans l’histoire du monde. Au IVème siècle, c’est à Rome qu’officie par la volonté de l’apôtre Pierre, la cellule-mère du christianisme, la papauté.

Celle-ci connaît à cette époque une situation conflictuelle très grave avec les notables de l’empire. Avec Constantin en particulier. Ce dernier en effet, à l’encontre de ce qui est le pus souvent enseigné, porte la responsabilité d’une agression gravissime contre l’église romaine. La plus grave qu’elle ait connue. Dont les conséquences sont illustrées, de nos jours encore, à travers le fondamentalisme islamiste.

Expliquons-nous. Avec calme, sérénité et conviction.

 

         Grâce à l’autorité impériale constantinienne, le concile de Nicée avait pu se tenir en 325 dans le seul but de combattre l’arianisme. Au cours de ce concile, fut enseigné l’acte de foi fondamental du christianisme. Le Crédo. « Je crois en Dieu », qui consacre pour les catholiques la filiation et la consubstantialité du Père et du Fils. Ce concile fut à l’origine de l’expression officielle du dogme inaliénable du christianisme romain.

Un peu plus tard, par l’intermédiaire du concile de Constantinople, ce dogme fut complété par le « mystère de la Sainte Trinité ». Dieu a transmis sa divinité à un homme, Jésus, né d’une mère élue entre toutes les femmes parce que, par la volonté du Seigneur, elle avait été exonérée du péché originel. En conséquence de cette grâce, de cette virginité conférée par Dieu, « le fruit de ses entrailles était béni ». Jésus, fils de Dieu, illustre charnellement la volonté du Seigneur de passer à l’action sur la terre, parmi les hommes de bonne volonté. Le message divin est livré à la portée de ces derniers, grâce à l’incarnation de Dieu en Jésus.

Ce message est transmis, enseigné et conforté par l’intermédiaire de l’Esprit Saint, troisième expérience de la réalité divine. Esprit Saint, Saint-Esprit, qui réactualise la notion juive, biblique et très ancienne de l’Esprit de Sainteté, telle qu’elle est évoquée dans l’Ancien Testament. Esprit de Sainteté qui a permis à Moïse de recevoir et de bien enregistrer le message divin, au Mont Sinaï, au XIIIème siècle avant Jésus Christ.

Or, nous l’avons dit et redit, par la volonté de Constantin lui-même et de quelques uns de ses successeurs à la tête de l’Empire romain, le pouvoir officiel renia purement et simplement et très rapidement le concile de Nicée et celui de Constantinople. Constantin se rallia officiellement à l’arianisme qu’il avait prétendu combattre en 325 lors du concile de Nicée. C’est un évêque hérétique, nous l’avons souligné Eusèbe de Nicomédie, arien, qui donna à Constantin un baptême arien sur son lit de mort.

 

         Arius avait été considéré effectivement comme un prêtre chrétien jusqu’au concile de Nicée. Il était né, on le suppose en 258. Il est mort en 336. Il nia la divinité de Jésus. Sa doctrine connut un immense succès chez les peuples germaniques dès le Vème siècle au moment de leur franchissement du Danube. Les Wisigoths, les Ostrogots puis les Vandales et encore d’autres peuples, se rallièrent à la foi arienne, c’est-à-dire à la foi unitaire, qui devînt dominante en Occident et en Afrique du Nord, dans le Maghreb et au-delà.

L’Afrique du Nord a évolué vers l’unitarisme d’Arius, à partir de l’Ouest pour une grande part, à cause des migrations des tribus germaniques qui transitaient par l’Ibérie, c’est-à-dire par le royaume Wisigoth d’Espagne. L’arianisme s’est propagé aussi dans le Maghreb à partir de l’Est, à partir de l’Egypte. La première imprégnation originaire de l’Ouest était véhiculée militairement et administrativement. La seconde originaire de l’Est, était davantage missionnaire.

Cette imprégnation par l’arianisme a soustrait une partie importante de la chrétienté maghrébine au trinitarisme romain entraînant évidemment une fragilité religieuse de l’ensemble de cette contrée, qui fera de cette dernière, malgré plus d’un siècle de luttes sanglantes, un terrain de prédilection pour l’implantation et l’expansion ultérieure de l’islam au sein de ses populations de foi arienne.

De foi unitaire, c’est-à-dire hostile aux enseignements du concile de Nicée et du concile de Constantinople, c’est-à-dire hostile au christianisme romain.

Au IVème siècle donc, l’église officielle, gouvernementale de Rome, celle qui jouit du soutien de Constantin, est hérétique. Les papes, disciples de Pierre, ne bénéficient en conséquence d’aucun appui étatique.

Nous estimons utile de rappeler que la doctrine d’Arius rejette d’une part la divinité du Christ et d’autre par le dogme de la Sainte Trinité. C’est la raison pour laquelle les chrétiens romains disciples de l’apôtre Pierre sont appelés Trinitaires et les fidèles d’Arius Unitaires.

Le fondement du christianisme étant défini par cette profession de foi, « Jésus, c’est le Fils de Dieu » impose de dire que l’arianisme unitaire ne s’identifie ni plus ni moins qu’à une négation proclamée du christianisme. Du christianisme tel que celui-ci avait été défini et enseigné pendant 4 siècles par les écrits apologétiques des apôtres et de leurs successeurs.

Par la Tradition.

 


 

 

CHAPITRE IV

 

« La Gaule au secours de la Croix »

 

 

En Occident, une nation entière avait basculé dans l’hérésie arienne. Le royaume d’Ibérie, la future Espagne. Lorsqu’en 476 s’effondra pour disparaître à jamais l’empire romain d’Occident, le pouvoir fut exercé dans ce reliquat ibérique de l’empire romain par des ariens.

C’est à la Gaule, à la France encore embryonnaire que les papes accordèrent une priorité absolue pour atténuer d’abord, éradiquer ensuite, l’arianisme d’Occident grâce à de grands missionnaires. Parmi ceux-ci, il faut citer en tout premier lieu Saint Hilaire, évêque trinitaire de Poitiers,  homme de grande culture et brillant helléniste. Celui-ci s’attacha au IVème siècle à obtenir la conversion des chefs de tribus. De ceux qui disposaient de la force armée et qui assuraient le maintien de l’ordre. Il les rallia à l’orthodoxie romaine, qui était dépourvue à cette époque, de tout support étatique. Aucune force armée ne soutenait la foi catholique en Occident. L’œuvre de Saint Hilaire fut poursuivie plus tard par Saint Martin, Saint Rémy et Sainte Clothilde. Ces derniers obtinrent la conversion de Clovis. La puissance militaire de la France naissante s’est mise ainsi au service de Rome. Elle bénéficia en cette circonstance historique d’une investiture religieuse faisant de la France naissante « la fille aînée de l’Eglise ».Une nation allait mettre son pouvoir ou plutôt sa puissance au service du Seigneur tel que ce service était conçu et pratiqué à Rome, chez les successeurs de l’apôtre Pierre.

On peut donc affirmer que la naissance historique de la France se situe, avant tout, dans la volonté de survie du christianisme romain.

Et, c’est déprécier le sens du mot « laïcité » que de nier cet événement.

Mais entre temps, du fait de la barrière pyrénéenne et des progrès de l’arianisme en Europe du Centre, en Europe d’Orient et surtout en Afrique, l’Espagne planquée de l’autre côté des Pyrénées, fut négligée. Elle fut abandonnée pendant plus d’un siècle à l’arianisme après la chute de l’empire romain.

Plus tard, au VIème siècle, lors de la conversion du Roi Recarède, grâce à sa belle-sœur Ingonde ou Ingonthe, princesse franque, arrière petite-fille de Clovis et veuve du frère de Récarède, Hermenegild, le catholicisme romain devint pour la première fois la religion officielle en Ibérie. Elle ne devint pas pour autant une religion dominante. Les possédants, les cadres de l’armée restèrent ariens dans leur grande majorité, rebelles au catholicisme. Pratiquant ostensiblement la polygamie. Créant progressivement les conditions idéologiques d’une guerre civile. Larvée d’abord. Qui éclatera plus tard sous le roi Rodrigue en 709.

L’islam était né depuis 87 ans. C’était la religion du prophète Mohamed le guerrier de Yatrib, c’est-à-dire le guerrier de Médine. Monothéiste convaincu ou plutôt unitaire convaincu, il rejeta le Mystère de la Sainte Trinité et la filiation de Dieu en Jésus Christ. « Il n’y a de dieu que Dieu. Mohamed est l’envoyé de Dieu ».

C’est la Schahada, la prière fondamentale des Musulmans qui confirme l’anti crédo des ariens diffusé au lendemain du concile de Nicée au IVème siècle. « Il n’y a de Dieu qu’un seul Dieu unique et sage ».

Cette nouvelle religion révélée par l’intermédiaire de l’archange Gabriel n’éprouva aucune difficulté à se répandre en milieu arien. Les mouvements unitaires, c’est-à-dire les ariens, se sont incorporés avec enthousiasme dans l’expression terrestre du message musulman. Les brillants savants nestoriens du Proche et du Moyen-Orient, mirent tout le capital de leur énorme savoir et de leur brillante culture grecque au service du qoran. Ils en assurèrent, en grande partie, sa propagation en langue grecque tout d’abord. L’ennemi à vaincre c’était Rome. De même qu’aujourd’hui, l’ennemi à vaincre c’est encore Rome.

C’est cette intégration massive de toute la population unitaire arienne au culte musulman qui conféra à celui-ci une vigueur redoutable. Une vigueur musulmane et non pas une vigueur arabe.

 

         Les invasions arabes… de véritables mythes. Des mensonges historiques nécessaires aux ennemis du christianisme. L’Arabie n’était peuplée à cette époque là que de 50.000 habitants environ. Tous les combats livrés sur cette terre par le prophète et ses partisans, se révélèrent n’avoir été rien d’autre, en réalité, que des escarmouches. Violentes certes, au cours desquelles intervinrent quelques centaines d’hommes, parmi lesquels très peu de guerriers montés. La cavalerie arabe, prestigieuse et déferlante comme un raz de marée que rien ne pouvait arrêter, c’est un autre mythe, un mensonge historique, qui a connu la fortune que l’on sait dans l’esprit de ceux qui restent encore séduits par l’histoire des pseudo-invasions arabes, qui refusent aujourd’hui avec un entêtement autistique que l’on mette en doute la réalité de ces invasions.

L’islam trouva, au sein des contrées soumises à l’arianisme, des populations organisées et administrées par des pouvoirs préalablement « convertis » qui vont adhérer tout naturellement à la nouvelle orthodoxie musulmane animée d’un souci majeur que nous rappelons encore une fois : combattre Rome et les pouvoirs temporels soutenus par Rome ou soutiens de Rome.

Ces derniers furent désignés par les califes comme des ennemis à combattre en toute priorité.

Invasions arabes mythiques qui expliquent donc qu’un territoire peuplé de 50.00 habitants, nous l’avons vu, ait pu conquérir de gigantesques territoires en quelques dizaines d’années. A titre d’exemple, Jaffa a « conquis » l’Ethiopie avec 70 migrants et une cavalerie composée de trois chevaux et de quelques chameaux.

En Espagne, l’armée gothe avec la cavalerie hispano-gothe commandée par Tarik, de confession arienne et qui n’avait rien d’arabe, s’est rebellée contre le roi catholique Rodérick, le roi trinitaire, pour des motifs religieux. Avec l’ambition exclusive de conquérir le pouvoir pour le bénéfice du monde unitaire. Ce fut la bataille historique de Guadalete en 711, entre une armée légale, une armée chrétienne c’est-à-dire une armée trinitaire d’une part, et une armée rebelle, hérétique, une armée gothe unitaire d’autre part. Celle-ci, pour des raisons idéologiques, s’était convertie ou s’apprêtait à se convertir à la religion du prophète de la Mecque. Il est d’une grande importance de ne pas oublier que c’est un évêque espagnol, un évêque arien Oppas, qui conduisit sur le chemin de la victoire, les troupes nouvellement musulmanes du Maroc ou les troupes qui étaient sur le point de se convertir, c’est-à-dire sur le point de s’intégrer en bloc à la mouvance musulmane.

Où sont les envahisseurs arabes, les conquérants arabes dans cet épisode historique ? Nulle part ! Il n’y eut jamais d’armée arabe en Espagne, ni d’ailleurs en Afrique du Nord. Ni, à plus forte raison, dans le sud de la France. Les auteurs sérieux ne retiennent pas les noms des « conquérants », Sidi Moussa et Sidi Okba. « De purs mythes » écrivent-ils.

J’ai fait référence à maintes reprises au livre fondamental publié par l’historien espagnol Ignacio Olagüe. Il démontre l’irréalité des invasions arabes en Espagne et plus tard en Gaule jusqu’à Poitiers. Il s’appuie sur le travail d’une énorme équipe et sur une documentation historique et scientifique impressionnante. Cette théorie est frappée du sceau de l’évidence.

Une évidence qui, paradoxalement, est frappée d’un interdit émanant d’un monde intellectuel occidental masochiste.

Peu nombreux en effet, sont les historiens qui ont le courage d’y faire référence.

Les travaux d’Olagüe ont été repris plus récemment par d’autres savants. Parmi ceux-ci, le professeur Rayment, de la chaire de paléontologie de l’université d’Uppsala. Cet éminent scientifique nie formellement tout apport extérieur à la civilisation de « Al Andalus » c’est-à-dire de l’Espagne. C’est l’espace unitaire arien qui a conquis son propre pays. Par convictions révolutionnaires, politiques et religieuses anti-catholiques. Pour en faire une contrée  musulmane qui fut rayonnante, parce qu’elle était espagnole. Une contrée qui ne fut jamais arabe.

 


 

CHAPITRE V

 

La langue arabe,

moyen de conquête d’importance majeure

 

 

Les califes qui ont succédé au Prophète ont mis en pratique, de toute urgence, une technique de guerre révolutionnaire très efficace :

les nouveaux convertis devaient impérativement être désignés par des patronymes et des prénoms arabes, pour effacer tout lien avec l’origine primitive des convertis ;

les nouveaux convertis devaient adopter au plus vite, la langue arabe.

La langue de Dieu ?

La langue du Prophète ?

Certainement pas si l’on se réfère à l’ouvrage d’Edouard Montet qui s’appuie sur l’opinion d’un grand spécialiste de la religion musulmane de la langue arabe et de la langue sémitique. Il s’agit du professeur K. Vollers de l’université d’Iéna.

Celui-ci participa au congrès orientaliste d’Alger en 1905. L’ouverture de ce congrès se déroula le 18 avril 1905 au Palais consulaire et fut inauguré par un discours du gouverneur Jonnard.

Au cours de sa communication, le professeur Vollers soutint, sans provoquer de réaction particulière, la thèse que le « qoran » ne fut pas écrit dans la langue sous laquelle on le connaît aujourd’hui. Mais dans une autre langue que l’on employait encore en 1905 dans les territoires où avait évolué Mohamed au VIIème siècle.

Il faut souligner la prudence extrême manifestée dans le vocabulaire employé par ce grand spécialiste de l’Islam, de la langue arabe et des langues sémitiques. Le professeur Vollers s’exprimait, déjà à cette époque en 1905, comme s’il redoutait les effets d’une fatwa. C’est effectivement le 3ème calife, nous l’avons déjà rapporté, qui imposa une structuration toute nouvelle du qoran et qui imposa, par dessus tout, sa diffusion universelle en langue arabe littérale.

Celle-ci devint donc « dans un temps ultérieur » la langue attribuée à Dieu par une extrapolation politique militante des chefs temporels.

De ce rappel schématique, obligatoirement incomplet, quel enseignement faut-il retirer ?

Il faut retenir que la religion musulmane s’est propagée avec une immense facilité dans les secteurs où le christianisme romain était vacillant. Elle a trouvé sa vigueur, en tout premier lieu, dans la tiédeur confessionnelle des chrétiens. Celle-ci, au IVème siècle, s’était illustrée comme la conséquence du vagabondage religieux de l’empereur Constantin qui a failli tuer le catholicisme en s’appuyant sur l’arianisme.

Tout s’est passé comme si Constantin avait été mandaté par une secte à l’intérieur du Christianisme, pour le gangréner ultérieurement par l’intermédiaire de l’arianisme. L’avidité avec laquelle Eusèbe de Nicomédie, l’évêque hérétique, s’est empressé de baptiser Constantin sur son lit de mort nous invite à penser que cet empereur fut l’instrument historique d’une conjuration anti-catholique.

Il a failli anéantir l’œuvre de Saint Pierre.

Malgré leur attitude et leur comportement particulièrement riches en perversion et en perfidie, tout au moins pour certains d’entre eux, on doit rappeler que c’est le raidissement opérationnel des papes du Moyen-âge qui a sauvé le christianisme romain universel. En s’appuyant sur la Gaule chaque fois que le danger de voir mourir le christianisme était imminent.

Une première fois par la conversion de Clovis au Vème siècle.

Une seconde fois au VIIIème siècle, par la création du royaume carolingien après la mort de Chilpéric III, le dernier souverain mérovingien.

 

         Au moment de la guerre d’Algérie, dès le 8 mai 1945, l’islamisme fondamentaliste algérien fut révolutionnairement implanté et structuré avant tout par des leaders berbères. Certains parmi ceux-ci, au moment de la phase finale de la guerre, affichèrent parfois un comportement religieux très atténué, parfois inexistant. Dans leur esprit, il était important de ne pas conférer à la guerre d’Algérie une identité de guerre de religion, qui les aurait privés de l’appui des socialo-communistes mondiaux. Mais tous se sont soumis fondamentalement à la volonté du message transmis depuis le Caire par le Cheik berbère des Oulémas, El Bachir El Ibrahimi : combattre la France « pour le triomphe de l’Arabisme et de l’Islam ».

 

         De nos jours, la révolution islamiste assoit son efficacité, comme ce fut le cas au VIIIème siècle en Espagne et ailleurs, sur la fragilité spirituelle qui lui est opposée dans le monde occidental.

Sur la fragilité et la dispersion suicidaire du monde chrétien.

Comme hier, on  peut dire aujourd’hui de celui qui  n’est pas juif, de celui qui n’est pas chrétien, et qui prétend s’exhiber comme tel, qu’il est historiquement arabe.

Il l’est historiquement « et dialectiquement ». « Philosophiquement ».

Car sa « non existence religieuse » ou plutôt son refus d’alignement religieux, et la vacuité spirituelle que signifie cette attitude, ouvrent passivement sa voie à l’islamisme. Il devient un site opérationnel très accessible à cette mouvance opérationnelle. Il ne peut rien lui opposer.

C’est ce qui a tué la France en Algérie française.

N’oublions pas l’avertissement de Ben M’Hidi, formulé il y a  plus d’un demi-siècle, en 1957 très précisément :

« Vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ».

 

 

 

CHAPITRE VI

 

La « Laïcité sélective » en Algérie française

 

 

En Algérie, par la volonté des gouvernants, un monopole religieux a été créé, implanté, officialisé et consolidé : celui de l’Islam.

Celui de l’Islam aux dépens du christianisme.

On a atrophié en Algérie, l’expression quotidienne de la liberté religieuse par le biais d’une volonté étatique. On l’a fait tactiquement, et par dessus tout hypocritement au nom de la laïcité. Celle-ci, à travers cette attitude administrative, prenait la véritable et constante signification que voulait lui conférer le gouvernement français : en faire le seul moyen d’interdire l’extension du catholicisme. On redoutait, à partir de la possible conversion d’une fraction importante des musulmans algériens, une nouvelle impulsion chrétienne orientée du Sud vers le Nord.

Un nouvel élan dont le pouvoir impérial d’abord, puis républicain plus tard, n’a rien voulu savoir. Une Algérie partiellement chrétienne en effet, aurait constitué une étape importante vers une christianisation partielle, mais appréciable, du monde méditerranéen. Pour combattre le christianisme que fait-on ? On alimente officiellement la promotion d’un enthousiasme contraire. Celui de l’Islam. On confère à celui-ci une vigueur politique dont il était dépourvu. On en fait une arme révolutionnaire dans le but de s’opposer à un épanouissement chrétien, partiel certes, mais possible.

En réalité, sans état d’âme particulier, on porte atteinte aux bases philosophiques et morales de la laïcité. Celle-ci s’est révélée en Algérie sous un jour volontairement perverti.  Une laïcité très sélective.

 

         En 1925, dans la suite logique des initiatives du leader berbère Omar Smaïl, une autre association officielle vit le jour : le Cercle du Progrès. Qui confirma dans un cadre associatif très dynamique, le mouvement islamiste réactivé en 1920 par les cénacles d’Omar Smaïl. Ceux-ci trouvèrent d’ailleurs un appui idéologique et terminologique dans la naissance du « Cercle Franco-Musulman » dont l’appellation en elle-même symbolisait la soumission évoquée de ce qui était français à ce qui était musulman.

En 1931, le sommet fut atteint dans le domaine associatif. Rappelons-le une fois de plus. Le 5 mai de cette année là, fut fondée l’Association des Oulémas d’Algérie. Le 7 mai, Abdelhamid Ben Baddis, fut élu président de cette association. El Bachir El Ibrahimi, vice-président. Oulémas, c’est-à-dire docteur de la foi coranique. Berbères avant tout, qui vont s’identifier aux champions historiques de l’arabo-islamisme fondamentaliste mondial. Ils vont lui conférer, en effet, une vigueur historique décisive à l’échelon planétaire. Compte tenu de l’importance géopolitique d’une part, de l’immensité géographique d’autre part du territoire algérien. Celui-ci va s’identifier à une base d’une grande richesse symbolique, historique et opérationnelle de la nouvelle révolution mondiale.

 

         Une question importante et préalable continue de se poser et mérite réflexion. Nous l’avons déjà posée, ou plutôt nous l’avons déjà évoquée.

Le prophète Mohamed quand il a transmis la parole de Dieu, le qoran, l’a-t-il fait lui même en langue arabe ?

Imaginez-vous que certains de mes interlocuteurs m’ont mis en garde, quand j’ai posé cette question. Ils m’ont accusé de tenir un propos blasphématoire. Je rejette cette accusation avec une sérénité absolue. J’ai rappelé et je l’évoque à  nouveau, le congrès orientaliste d’Alger tenu en 1905 et la communication du professeur Vollers de l’université d’Iéna. Celui-ci affirma, je crois nécessaire de le dire encore une fois, que le qoran ne fut pas écrit originellement en langue arabe, mais dans un dialecte analogue aux dialectes actuels. Mon entêtement à rappeler cet événement est justifié par l’étonnement scandalisé que provoque encore, dans certains milieux, son évocation actuelle. Il est pourtant fondamental de retenir que la langue arabe fut enrichie d’une mission universelle : devenir la seule expression verbale écrite et reconnue du culte musulman. Langue universalisée par décision d’un calife, elle s’illustre aujourd’hui encore comme la base et l’assise de l’islamisme.

Des écoles coraniques avaient été créées partout après les conversions en masse à l’islam des collectivités primitivement ariennes, d’Orient, d’Afrique et d’Occident. En Espagne, au Moyen-âge, furent fondées au moins cinq écoles coraniques de rayonnement philosophique, culturel et linguistique universel : l’école d’Alméria, la plus importante, l’école de Badajoz, l’école de Cordoue, l’école de Tolède et enfin l’école de Saragosse. Cette dernière connut une durée de vie plus réduite que les autres, à la suite de la conquête échelonnée sur huit siècles des royaumes maures par les royaumes chrétiens. Le professeur Henri Corbin, successeur à la Sorbonne du professeur Louis Massignon, insista sur le rayonnement intellectuel de ces grandes écoles de la philosophie islamique. En particulier sur le rôle joué par Ibn Masarra, de l’école d’Alméria dont l’identité ethnique n’était pas arabe. Il était le descendant d’un Normand sicilien, converti à l’islam au moment de l’adhésion à cette nouvelle religion des hérétiques anti-catholiques du monde méditerranéen.

Survient au XIème siècle l’implantation des Almoravides. Ils arrivèrent de l’extrême-Occident africain et prétendirent donner naissance à un renouveau islamiste dans le Maghreb et en Espagne. Ils s’exprimèrent uniquement en langue arabe eux qui étaient d’origine mauritanienne. Origine enrichie au fur et à mesure de leur implantation d’une grosse participation ethnique, berbère marocaine et berbère ibérique. Les Almoravides qui n’avaient rien d’arabe sont devenus en Occident, les champions, les vecteurs historiques de l’arabité. Ils ont complété l’islamisation et l’arabisation du Maghreb à partir de l’ouest. C’est ce que j’ai désigné à maintes reprises dans mes différents ouvrages sous le terme « l’onde de retour islamique ». Onde de retour qui a progressivement submergé le Maghreb, oui, mais à partir de l’Atlantique.

Plus tard, les Almoravides furent vaincus par les Berbères Almohades. Ces derniers étaient musulmans mais ils se révélèrent racistes. Berbères, mais xénophobes. Ils ne s’exprimèrent qu’en langue berbère et combattirent essentiellement deux ennemis :

-       l’ennemi principal, idéologique et spirituel, le christianisme,

-       un ennemi ethnique culturel, les arabes.

Ils détruisirent une armée, ou plutôt une colonne de migrants arabes, en provenance de la Haute Egypte, dans la région de Sétif, au XIIème siècle. Ils emmenèrent au Maroc les femmes et les enfants arabes comme esclaves.

Mais comme les Almoravides, les Almohades manifestèrent une intransigeance dogmatique absolue. Ils inventèrent sur leur territoire des tribunaux particuliers, destinés à contrôler la pratique religieuse des populations soumises et obligatoirement musulmanes. Il s’agit « des tribunaux de contrôle de sincérité » [4]

Ces tribunaux de « contrôle de sincérité » servirent de modèles plus tard, aux tribunaux du Saint-Office de l’Inquisition. Ces tribunaux de contrôle de sincérité poursuivirent de leur condamnation les juifs et les chrétiens. Ils ne ménagèrent pas les musulmans. Ils n’hésitèrent pas à soumettre par la force, des notables de certaines écoles coraniques comme Averroès de l’école de Cordoue. Il fut déporté au Maroc. Il y mourut à la fin du XIIème siècle. Ils déportèrent aussi le médecin et grand philosophe Maïmonide au tout début du XIIIème siècle. Il mourut en Egypte loin de sa terre natale.

Sous la dynastie almoravide et surtout sous celle des Almohades, une partie importante de la collectivité juive Séfarade éprouva la nécessité pour sa liberté et sa survie d’émigrer vers le Nord. C’est-à-dire vers les royaumes chrétiens d’Espagne, nés de la conquête de territoires soumis à l’islam depuis le début du VIIIème siècle. Mais ils ne purent y évoluer en totale liberté. Les chrétiens, nouveaux conquérants de l’Espagne, avaient en mémoire l’appui que les juifs ibériques, pour des motifs purement confessionnels, apportèrent au pouvoir anti-catholique de l’Espagne, et à l’islamisation du pays ensuite. Une partie d’entre eux, pour vivre libres en terre chrétienne et espagnole, furent dans l’obligation de changer de patronymes, d’accepter des noms à consonance espagnole, voire de se convertir. Nombreux furent ceux qui émigrèrent vers le Sud de la France et en Auvergne. Cette émigration secondaire des juifs séfarades vers le Nord, vers les terres languedociennes, auvergnates et provençales, fut provoquée en tout premier lieu par l’intégrisme islamiste des Almoravides et surtout par celui des Almohades. Elle fut provoquée aussi, mais secondairement, par l’intolérance religieuse réactionnelle des royaumes chrétiens du centre et du Nord de l’Espagne. Le grand homme d’état britannique Disraéli est un célèbre descendant de ces séfarades émigrés vers le nord de l’Espagne d’abord puis ultérieurement plus au nord.

En Algérie, en 1920, Omar Smaïl, Berbère comme ses ancêtres almohades, a pris garde de ne pas commettre la même erreur que ses illustres prédécesseurs. Erreurs dont il était parfaitement instruit. Il prétendit faire du monde berbère algérien une base populaire très importante de la révolution arabo-islamiste. Ou plutôt de la révolution arabe et islamiste.  Il imposa donc comme nous l’avons vu la langue arabe dans la lutte menée contre la France parce qu’elle est la langue du qoran. Il inscrivit ainsi la révolution algérienne dans la mouvance révolutionnaire anti-chrétienne universelle. Il le fit par un acte délibéré et réfléchi.

 

         Au cours de ce chapitre nous avons souligné que l’islamisme fondamentaliste fut sciemment installé en Algérie par des gouvernants français. Pour éliminer la France de cette terre, au moment voulu par les tenants du délestage économique du débouché algérien, il fallait promouvoir l’islam. En faire une arme de guerre. Dans un premier temps ils se sont attachés à présenter la religion musulmane comme une religion apparemment asphyxiée par l’administration française. En faire un culte opprimé donc un thème de combat au nom de la liberté religieuse.

La perfidie avait été installée ainsi en Algérie de très longue date par les anti-Occidentaux fondamentalistes.

 
CHAPITRE VII

 

De Gaulle identifié au Charles Martel

du XXème Siècle

par les décérébrés gaullistes perpétuels

 

 

« Pourquoi vous refusez-vous à retenir que le général De Gaulle, par son rejet réfléchi, planifié véritablement entêté de l’Algérie française, s’identifie paradoxalement au Charles Martel du XXème siècle ? En effet, la défaite de la France en Algérie, dont il porte seul la redoutable responsabilité devant l’histoire, peut évoluer dans un deuxième temps. Nous voulons dire que cette défaite peut évoluer vers l’identité d’une victoire politique, un Poitiers politique en quelque sorte, dont il faut lui attribuer le mérite. Car il a protégé la France contre une invasion arabo-islamique ».¨

 

Ne riez-pas devant ce propos ahurissant. Il a été formulé plus souvent qu’on ne le pense. Voilà, « Poitiers » qui réapparaît ! La bataille ! Celle qui est évoquée et même revendiquée, le plus souvent d’ailleurs, par les Arabes eux-mêmes ! Lorsque, avec une agressivité qui ne fait jamais défaut, ils soulignent que des armées arabes, après avoir traversé en coup de vent toute l’Afrique du Nord, après avoir conquis l’Espagne en quelques mois, sont venues chatouiller  le royaume franc jusque dans la Vienne et au-delà. Même si Poitiers fut « officiellement » une défaite « arabe » cette bataille est relatée comme une prouesse des armées du Prophète. Celles-ci nous enseigne-t-on, ont failli conquérir le royaume mérovingien et secondairement tout l’Occident chrétien. Un Occident naissant et encore balbutiant parce qu’il ne disposait plus d’un pouvoir temporel, d’un pouvoir national depuis la déliquescence du royaume mérovingien, sur lequel il aurait pu s’appuyer.

Aujourd’hui, comme hier, remettre en question la bataille de Poitiers, apparaît tout banalement monstrueux pour ceux qui en ont besoin.

Qui en ont besoin, pour espérer qu’un jour l’occasion soit offerte à la France de donner un coup d’arrêt à la nouvelle mutation dont elle est menacée. Menace qui est ressentie comme telle en ce début du XXIème siècle, malgré « la fausse victoire » du « Poitiers politique » remportée par De Gaulle.

De Gaulle, c’est lui seul qui a mis notre pays en situation de vaincu, historiquement et provisoirement nous l’espérons, par  le fondamentalisme islamiste. Ces naïfs qui ont encore besoin de Poitiers font en réalité l’impasse sur une vérité qui cependant crève les yeux : en Occident ce n’est pas de complices actifs dont ont besoin les islamistes. Ils ont besoin avant tout de la tiédeur religieuse de tous ceux qui ne sont pas musulmans. En tout premier lieu, c’est le vide spirituel des autres qui suffit à leur ouvrir le passage et à favoriser leur implantation. L’islamisme, aujourd’hui comme hier au Moyen-âge, en Afrique du Nord, en Espagne et dans le Sud de la Gaule, réunit toutes les compétences pour s’engouffrer dans le vide spirituel qui lui est opposé.

Si on se réfère à Ignacio Olaguë [5] et les historiens de son école, renforcés dans leurs conclusions par des informations très techniques émanant de l’université d’Uppsala, cette bataille de Poitiers ne fut qu’un mythe. Un mythe, en tant que confrontation ayant opposé une armée d’envahisseurs arabes à une armée franque.

Quand on étudie les combats livrés en Espagne par quelques milliers d’unitaires hispaniques, à peine convertis à l’islam, tous désignés par des patronymes arabes depuis très peu de temps, contre la résistance chrétienne trinitaire de Pelayo, dans les mois qui suivirent la bataille de Guadalete en 711, on comprend mieux la réalité de ce mythe.

Pelayo, noble de la cour du roi Rodérick, après la défaite de son roi à Guadalete en 711, s’était retranché avec quelques centaines de partisans de la croix dans les Monts Asturiens. Il fit tomber un détachement unitaire, anti-chrétien, peut-être musulman mais non arabe, dans l’embuscade de Covadonga. « Covadonga » c’est-à-dire « la Cueva de Nuestra Senora »  «la Grotte de Notre Dame », fut une défaite pour quelques centaines de cavaliers unitaires convertis tout récemment à l’islam, qui ne réussirent pas à enlever cette position chrétienne.

Peu de temps après ce combat, le premier royaume chrétien espagnol fut fondé en 713 par le gendre de Pelayo, Alphonse 1er. Un royaume chrétien qui s’appuyait, au moment de sa naissance, sur une très faible cavalerie et sur quelques centaines de montagnards asturiens. Quand on sait tout cela, on se demande d’où pouvait venir une armée arabe, dotée d’une puissante cavalerie. Une armée qui, après avoir traversé l’Espagne, était animée de la volonté de franchir les Pyrénées, d’envahir le duché d’Aquitaine et toute la Neustrie, avec le projet tout naturel d’une conquête étendue à la totalité du royaume mérovingien décadent.

Le Sud de l’ancienne Gaule était plongé à cette époque dans une incertitude dramatique mais aussi dans une véritable anarchie confessionnelle. Un comportement rebelle à l’égard du christianisme romain était normalement vécu, banalement observé, sur ces territoires de la Neustrie, et tout particulièrement dans le duché d’Aquitaine. Un comportement, sinon ouvertement hostile, du moins constamment boudeur, frondeur et sceptique. Les habitants de ces contrées pyrénéennes furent toujours sensibles aux hérésies qui provenaient de l’au-delà pyrénéen et d’ailleurs. D’autant plus, nous le rappelons que le royaume franc était en pleine décadence.

Dans l’ensemble du royaume constitué de l’Austrasie et de la Neustrie l’anarchie était menaçante. Les pillards narbonnais, basques, languedociens, se regroupaient en bandes d’irréguliers. Qui ne poursuivaient qu’un seul but. Mettre la Neustrie et tout particulièrement le duché d’Aquitaine en coupe réglée. Parfois, parmi les chefs de bandes, apparaissait un meneur convaincu « d’unitarisme » qui avait suivi le mouvement anti-catholique d’Espagne lorsque ce pays fut majoritairement converti et rallié à l’islam.

Un meneur qui s’attribuait souvent le titre d’émir. Les pillages revêtaient alors une identité apparemment différente, une identité décorée : leurs auteurs déclaraient obéir officiellement à la loi du Prophète. Ils conféraient ainsi une identité politique et religieuse, une identité anoblie à leurs pillages. Ils moralisaient leur coup de force avec d’autant plus de facilité qu’ils obtenaient des soumissions fructueuses de la part des populations qui redoutaient leurs exactions d’une part et qui d’autre part ne s’inscrivaient pas dans une conviction religieuse ressentie et bien structurée.

 

Qu’un « Abderrahmane », ou supposé tel, émir de Narbonne ou d’ailleurs, ait réussi à fédérer ces bandes pour une meilleure efficacité opérationnelle, pourquoi pas ? Quoi qu’il en soit, « ce fut une belle occasion ».

Une occasion ? Pourquoi et pour qui ?

Une occasion pour Karl de l’Herstal, devenu après la bataille, Charles Martel. Celui-ci ne laissa pas échapper le destin qui s’ouvrait devant lui.

En 732, selon la tradition et selon l’histoire classique, une « armée musulmane » fut écrasée par une armée franque à Poitiers. Certains auteurs n’hésitent pas à évoquer cette bataille comme une confrontation qui opposa 10.000 cavaliers francs aux envahisseurs maures, dont on racontait qu’ils provenaient d’Espagne.

Fort curieusement, ces mêmes auteurs nous livrent quelques précisions étonnantes sur la composition de cette armée de «Sarrazins ».

Ils ont relevé, avec une minutie étonnante, d’une part 30.000 « Berbères et Juifs » et d’autre part, « 10.000 arabes ».

Ce souci de la précision est étonnant. On se demande sur quelles références ils peuvent s’appuyer. Une préoccupation semble avoir inspiré constamment ces historiens. Elle est majeure obsessionnelle même : mettre, par tous les moyens, des Arabes authentiques « dans le coup » de la plongée de l’Espagne dans l’islam.

Comme s’ils avaient besoin de vrais arabes pour occulter l’attitude de ceux qui furent en réalité des renégats du christianisme. Qui par adhésion préalable à l’arianisme étaient devenus les véhicules de l’islam

Il n’y avait pas d’Arabes en Afrique du Nord occidentale ni en Espagne à cette époque là. Ce qu’il y avait, et c’est beaucoup plus grave et beaucoup plus efficace, c’était des « musulmans révolutionnaires non arabes ». Que ceux-ci fussent Berbères africains ou Berbères espagnols, renforcés d’autres ibériques que ces derniers fussent Wisigoths, Castillans, Navarrais, Aragonais, Basques ou Catalans. Tous, dans leur volonté d’unifier le monde anti-catholique romain, ont revendiqué secondairement l’arabisme après avoir embrasser la religion musulmane.

D’autres auteurs, parfois les mêmes, soutiennent que cette bataille de Poitiers ne s’est pas déroulée au mois d’octobre 732 mais au mois d’octobre 733, c’est-à-dire un an plus tard, jour pour jour.

« En voilà une hérésie ! C’est même de l’inconscience ! C’est rompre le charme ! Ce n’est pas le jeu ! »

 

         En effet, pour les vainqueurs de la bataille, les futurs fondateurs de la dynastie carolingienne, ce qui symbolisait l’occasion en or à ne pas laisser passer, c’était l’année 732. C’est cette année là qu’aurait dû idéalement se dérouler cette bataille. Pourquoi ne pas la relater, en la reculant d’un an ?

La raconter comme si elle s’était véritablement déroulée en 732 ? Une année idéale pour conférer à cette bataille un symbolisme religieux d’importance primordiale. Une valeur de signal envoyé par le ciel.

732 en effet, c’est le centième anniversaire de la mort du Prophète.

Il fallait faire de ce combat qui se déroula réellement, qui fut indiscutablement violent, un évènement riche avant tout d’une signification messianique. Il fallait le raconter comme la traduction d’un jugement de Dieu. Une victoire des soldats du Christ remportée sur une armée d’infidèles, de Sarrazins qui pour le centième anniversaire de la mort du guerrier de Yatrib, prétendaient soumettre le royaume mérovingien à la loi de l’islam. Ce fut une opération payante pour la famille Herstal, car elle fut à l’origine de la naissance du royaume carolingien, qui jouit immédiatement de « l’investiture » de la Papauté. Celle-ci aspirait de toute urgence à voir naître un nouveau pouvoir « franc », vigoureux et surtout bien gouverné, après la décadence du royaume mérovingien. Cette nouvelle dynastie carolingienne à partir de Charlemagne le petit-fils de Charles Martel, allait tenir le rôle de nouveau support temporel et militaire, pour ne pas dire de bras séculier, de l’Eglise catholique qui était menacée de toute part.

Insistons sur la date alléguée.

Elle est fondamentale. Même s’il est démontré qu’un combat s’est véritablement déroulé en octobre 733, ceux qui l’ont raconté, qui l’ont exploité, ont éprouvé une nécessité : sublimer, sacraliser, la valeur révolutionnaire que l’on pouvait conférer à cette bataille en la situant en 732. Année du centenaire de la mort du Prophète, nous l’avons dit. Mais aussi et surtout 732, c’est l’année du 110ème anniversaire de la naissance de l’Hégire. De l’ère musulmane.

Nous venons d’évoquer la valeur symbolique d’une date. L’année 732.

Nous devons rappeler aussi une autre vérité : une vérité qui enrichit considérablement le symbolisme illustré par le site géographique de Poitiers.

Le lieu même de Poitiers est imprégné, en effet, d’un message à la fois historique et religieux. L’évêché de Poitiers fut la terre d’origine de Saint-Hilaire, à partir de laquelle il exerça ses fonctions. Poitiers, ce fut le point de départ au IVème siècle d’une nouvelle évangélisation de la Gaule. Poitiers, en tant que site de sauvetage de la chrétienté, avait déjà gagné cette haute réputation au IVème siècle. Saint-Hilaire avait reçu de la papauté à cette époque, malmenée par l’arianisme impérial romain de Constantin et de ses successeurs, la mission de combattre l’arianisme en Gaule. Et de l’éradiquer.

« L’Eglise avait choisi la Gaule comme terre de sauvetage ultime de l’Eglise romaine ».

C’est lui, Saint-Hilaire qui s’attaqua à cette hérésie chez les émigrants en provenance de Germanie. Grâce à son apostolat et à celui de ses successeurs, Saint-Martin, Saint-Rémy et Sainte Clotilde, entre autres, fut obtenue la conversion de Clovis au catholicisme romain. L’évêché de Poitiers donc, pour les futurs carolingiens, illustraient historiquement un site idéal, particulièrement riche d’un symbolisme messianique, offert par l’histoire, pour écraser une bande de pillards, à qui, pour des raisons de rendement politique et de prestige opérationnel on a attribué l’identité de Sarrazins.

Allez expliquer tout cela aux politiques autistiques européens !

« Il ne pouvait en être autrement avec l’Algérie française ! »

Ceux qui souffrent du gaullisme comme d’une maladie chronique n’en démordent pas. Ils campent sur leur position de « l’Algérie française impossible ».

« Car observez la démographie algérienne ! Que serait devenue la France soumise à la pression de cette démographie ? »

Ils ne veulent pas voir que c’est le problème d’aujourd’hui dont  ils expriment l’énoncé. A cause d’une émigration mal contrôlée, envahissante d’une part. D’une émigration dénaturée par une majorité d’Algériens qui se considèrent comme les vainqueurs historiques de la France, d’autre part.

C’est De Gaulle qui porte la responsabilité de cette altération de la personnalité française qui menace notre destin par l’intermédiaire de la défaite consentie par le général au mois de mars 1962 à Evian.

2012 sera l’anniversaire, le 50ème d’un grand deuil peut-être mais surtout l’anniversaire de la mise en mouvement d’une grande menace pour notre Patrie.

 

 


 

CHAPITRE VIII

 

La sécularisation, le moyen d’une convivialité interconfessionnelle.

C’était vrai hier, c’est vrai aujourd’hui.

Mais c’est urgent

 

 

S’il existait un hypothétique danger de submersion musulmane progressive de la France, à cause de l’Algérie française, ce danger n’a pas été conjuré aujourd’hui par la perte de ce territoire. Par la défaite française subie en 1962, Défaite officialisée depuis 1999.

A la pression sociodémographique des émigrants, s’ajoutent, sinon des conversions qui sont très nombreuses, du moins l’acceptation passive, soumise même, de l’Islam intégriste par ceux qui refusent de s’appuyer les uns sur le christianisme, les autres sur le judaïsme.

La passivité spirituelle, le scepticisme religieux, se définissent en toutes circonstances, comme des comportements opérationnellement alliés de la révolution islamiste.

Pour rester en Algérie, nous prenons la responsabilité d’affirmer qu’il aurait fallu concrétiser et dynamiser sur ce territoire une évolution différente et en même temps orthodoxe de l’islam. Evolution préalable, indispensable, pour octroyer une pleine efficacité à la doctrine d’intégration. Nous parlons d’une évolution intrinsèque et volontariste. A l’intérieur de l’islam. Nous voulons donc préciser une évolution, ou une rénovation décidée par les musulmans eux-mêmes, quand ils auraient vérifié qu’elle était dogmatiquement possible. Qu’elle était même enseignée dans la parole du Prophète.

« Hérésie ! Blasphème ! »

Voilà les aimables accusations dont je suis destinataire lorsque j’exprime cette conviction.

La sécularisation de l’islam est impossible à envisager. Encore ce qualificatif « d’impossible » qu’il faut digérer sans arrêt.

« Je réfute cette dernière affirmation », c’est ma réponse.

Ne manquent pas les auteurs modernes qui ont révélé avec rigueur l’identité qu’attribuent les intégristes eux-mêmes à ceux de leurs coreligionnaires musulmans qui nourrissent la volonté d’adapter l’expression temporelle de leur culte aux exigences de la vie moderne. Cette identité est celle de « sécularisationnistes ». Ils sont désignés comme les ennemis du fondamentalisme. Ils expriment donc, il est très important de l’affirmer mille et mille fois, une thèse musulmane sécularisationniste. C’est elle que le pouvoir français devrait soutenir. Or, nous constatons qu’elle ne bénéficie d’aucun soutien de la part des pouvoirs officiels. On la bâillonne avec une détermination sournoise, constante, pour ne pas dire complice.

La sécularisation, parce qu’elle garantit la liberté du culte, est un facteur d’harmonisation de la foi vécue par les uns et les autres. C’est une vérité à laquelle il faut s’accrocher, je me permets de le souligner avec une profonde conviction. Elle est aujourd’hui, en France, en Europe et en Occident, comme elle l’était hier en Algérie, une condition sine qua non de la convivialité interreligieuse.

 

         Je rappelle que je fus, que je suis resté avant tout, un médecin praticien. Et c’est ma formation de  praticien qui m’a convaincu d’attribuer une importance de tout premier ordre à une étude préliminaire publiée en préface d’un livre intitulé « LE QORAN » par Grosjean aux éditions Philippe Lebaud. Cette étude préliminaire fut l’œuvre du professeur Jaques Berque, du Collège de France, qui fut entre autres fonctions, je crois, inspecteur général de l’Education Nationale pour l’enseignement de la langue arabe. Dans cette étude, Jacques Berque se révèle comme un arabophile à la fois passionné et brillamment compétent. Il écrit dans ce texte cette phrase fondamentale :

« Les entreprises de rénovation de l’islam sont prévues par les tajdid, qui selon l’adage prophétique, doivent se produire en Islam au début de chaque siècle. »

Lorsqu’il écrit cette phrase, Jacques Berque est animé d’une volonté : défendre l’islam. Le défendre en démontrant qu’il n’est pas figé qu’il n’est pas « bloqué » comme l’a exprimé l’auteur iranien,  Hoveyda.

Nous éprouvons la nécessité de souligner ceci : qui dit rénovation dit évolution, modernisation. Ce terme de rénovation n’exclut pas le terme de sécularisation ou de sécularité. Tout au contraire, il nous y conduit. Si une rénovation a été prescrite par le Prophète par l’intermédiaire de « l’adage prophétique », c’est-à-dire du « Hadit » qui depuis le IXème siècle regroupe 7.275 vérités traditionnelles réunies dans le « Sahih » « le livre correct » du cheik « traditionniste » Al Bukhari, on peut s’interroger de la façon suivante :

« Le Prophète a-t-il été suivi dans ses prescriptions, dans ses commandements ? »

Comment se sont manifestées ces rénovations depuis quatorze siècles bientôt que rayonne le message du Prophète ? Nous aurions dû vivre au moins 14 rénovations. Où se sont-elles manifestées ? En quoi ont-elles consisté ?

Nous retirons donc du texte de Jacques Berque deux convictions :

celle d’une volonté de rénovation périodique, séculaire, prescrite par le Prophète à travers l’adage prophétique et en même temps, celle d’un constat : le constat d’une non-observance à l’égard de cette prescription.

 

         Dans cette volonté que je manifeste à défendre la thèse d’une convivialité interreligieuse possible aujourd’hui, de même qu’elle était possible hier en Algérie, je ne me suis pas contenté de la lecture de ces brillantes pages du professeur Jacques Berque.

J’ai pris connaissance d’un autre texte. Un écrit qui fait référence lui aussi, à la  parole du Prophète. Il s’agit du « Prêche d’adieu »  prononcé par le Prophète la veille de sa mort.

Voici le texte du prêche d’adieu de Mohamed à l’article de la mort, tel que je l’avais relevé il y a 40 ans, dans  une Histoire de la Civilisation en 32 volumes, des anciennes Editions « Rencontre » (Lausanne) :

 

 

J’ai peur, pour ma communauté, après ma mort, de trois actions :

-       première action : le faux pas d’un spécialiste en sciences religieuses ;

-       deuxième action : le pouvoir d’un gouvernement injuste ;

-       troisième action : la passion de celui qui suit ma religion

 

 

Intéressons-nous, en  premier lieu, à :

 

« la première action » redoutée par le Prophète : le faux pas d’un spécialiste en sciences religieuses.

Quelle est la signification de cette phrase ?

« Méfiez-vous des faux prophètes. Méfiez-vous des oulémas intégristes. Méfiez-vous de ceux qui vont altérer et dénaturer mon message ».

Voilà ce que traduit cette première crainte formulée par le Prophète à la veille de sa mort. Mais on m’opposera :

« Vous êtes oublieux et bien indulgent à l’égard de certains versets du Qoran qui expriment parfois une violence et une agressivité de la part du Prophète que l’on ne peut nier »

Oui. Cette violence est exprimée dans de nombreux versets. Oui, dans le texte sacré, l’appel à la violence est parfois lancé sans camouflage. Cependant, comment ne pas tenir compte des propos d’un homme qui va mourir et qui le sait.

Si j’ai été partisan de l’Algérie française et de l’intégration, cela signifie que je m’étais instruit pour accéder au mieux possible à la compréhension de l’islam.

Sans devenir pour autant un « islamo-maniaque » ou un « islamophile » opportuniste.

Il fallait comprendre pour s’entendre et pour vivre ensemble dans le cadre de nos institutions françaises. Dans le respect de nos convictions respectives. Sur la merveilleuse terre d’Algérie.

Cet effort d’accéder à une compréhension réciproque était incontournable. Si je m’y étais refusé, il m’aurait fallu cesser le combat et partir d’Algérie. Si, tout au contraire, j’ai pris entre 1955 et 1962, les responsabilités dramatiques que j’ai assumées, c’est justement parce que j’avais fait l’effort préalable de comprendre.

Dans cette lecture de la première « action » redoutée par le Prophète la veille de sa mort, je vois tout simplement une condamnation sans appel de ceux qui ont fait un usage erroné, voire abusif de « sa » religion. Donc un usage criminel. Comme l’ont fait Omar Smaïl, Ibrahim Bachir, Ben Baddis, ou Hassan Al Banna. Comme le font aujourd’hui les rédacteurs des épitres jihadiens d’Al Qaïda.

 

         Deuxième action. Dans cet appétit de comprendre, j’ai entrepris de rechercher la signification de la deuxième « action » redoutée par le Prophète. Celle-ci en effet, soulève une interrogation immédiate. A quoi pensait le Rasoul lorsqu’il redoutait avant sa mort « le pouvoir d’un gouvernement injuste » ?

Surement pas un gouvernement qui aurait été animé de la volonté d’interdire le déploiement de sa religion en Arabie, la terre de son rayonnement et de son activité jusqu’en 632 l’année de sa mort. Car il suffit de se reporter à l’épanouissement exceptionnel pour ne pas dire explosif, de l’islam sur cette terre, pour se rendre compte que parmi les religions qui s’exprimaient en Arabie, terre faiblement peuplée à cette époque, l’islam a bénéficié de conditions d’implantation optimales.

L’Islam offrait en effet une structure révolutionnaire immédiatement adaptée et compétente, pour combattre le christianisme romain, là-même où celui-ci était affaibli.

En 632, le jour précédant sa mort, Mohamed ne pouvait redouter dans son pays qu’une seule dictature : une dictature théocratique, générée par les propagateurs de son propre message sur sa terre d’Arabie et sur les territoires voisins.

Lorsqu’il manifesta ses craintes à l’égard « du pouvoir d’un gouvernement injuste » il ne pouvait penser qu’à eux. Car eux-seuls exerçaient « le gouvernement » et détenaient « le pouvoir »  en des terres sur lesquelles l’Islam évoluait.

 

         La troisième « action » redoutée par le Prophète, à ce moment ultime de sa vie, vient compléter ce que l’on peut dégager de sa pensée à propos de la 2ème action. Il redoute « la passion de celui qui suit sa religion ».

C’est la responsabilité d’un chef agonisant qui s’exprime. D’un chef qui invite à la modération et à la sérénité ceux qui seraient tentés d’altérer le message que lui-même a transmis, par un excès de zèle aux effets redoutables. Un excès de zèle qui risque d’aboutir au fanatisme. La passion déforme tout. Elle masque dans un premier temps puis elle finit par détruire dans un second temps, le fondement de la vérité, le fondement du message que l’on veut pérenniser.

La passion que redoutait Mohamed, est illustrée de nos jours par Al Qaïda, les Kamikazés, les massacres collectifs.

Elle s’était illustrée dans l’histoire, par des génocides successifs. Celui des Serbes de 1800 à 1830, des Grecs de 1821 à 1830, de Syriens et de Libanais chrétiens de 1840 à 1860, de Bulgares de 1850 à 1875, d’Arméniens à maintes reprises jusqu’en 1915, plus récemment le massacre d’Oran du 5 juillet 1962 : un peuple désarmé, abandonné par la Mère-Patrie, a été soumis au bon vouloir des massacreurs FLN. Massacres effectués à l’initiative de « gouvernements injustes animés de passions malsaines » qui étaient sous l’influence de ceux qui se considéraient comme des « experts en religions ».

 

         Qui aujourd’hui évoque ce prêche d’adieu ? Où sont les partisans du dialogue qui devraient le revendiquer avec respect et pudeur, comme je crois le faire moi-même pour nourrir l’effort de l’entente interconfessionnelle ? Qui méprise la France, l’Europe et l’Occident au point de refuser les moyens d’action que nous offre l’histoire ?

De toute évidence, le « prêche d’adieu du Prophète »  s’illustre comme un moyen d’action de valeur extrême.

Nous l’avons ignoré en Algérie française.

Nous l’ignorons aujourd’hui encore dans le monde entier.

 

         L’effort à faire, pour des gouvernants conscients du problème, c’est enregistrer une fois pour toute une certitude : « l’égalité des chances » ne sera envisageable que dans la mesure où s’élabore dans un temps préalable, une égalité totale dans l’expression et dans le vécu des différentes religions qui s’expriment en France.

« Croyez en Dieu, dans le respect et dans l’amour de la France, de nos institutions et des autres religions qui se pratiquent dan notre pays. Sinon, partez ! Nous n’imposerons jamais aux autres l’objectif jihadien qui prescrit la subordination du vaincu au vainqueur DANS SA CIVILISATION ET DANS SA CULTURE. Nous ne l’imposerons jamais aux autres, mais nous refuserons de nous y soumettre. Qu’on l’enregistre une bonne fois pour toutes ! »

 

 


CHAPITRE IX

 

CONCLUSION :

Notre pays n’a pas fini de payer la note de ce forfait contre l’intelligence, de ce crime contre l’humanité

 

 

         L’Algérie française fut une occasion unique. Comme un astre très lointain, disparu depuis longtemps et à jamais éteint, elle nous transmet la lumière nécessaire pour la recherche d’une solution, aujourd’hui encore. Les femmes et les hommes politiques modernes, dans leur immense majorité, ne semblent pas animés de la volonté de profiter de cette lumière transmise à partir de cet astre à jamais éteint. Personne ne veut tirer la leçon de la faute commise hier, pour éviter de commettre la même de nos jours.

La foi en Dieu ne peut être, nous le soutenons une fois de plus, un facteur de haine et de conflit. Elle n’est pas non plus un refuge. Elle nous stimule dans le combat pour la vie qui doit s’appuyer avant tout sur notre liberté, confortée par une fraternité et une égalité entre les hommes.

L’occasion avait été offerte à la France, en Algérie française, d’amorcer ce combat constructif. De bâtir une gigantesque base opérationnelle, de la Méditerranée à la limite sud du Sahara. Une base opérationnelle où se serait épanouie enfin une harmonie interconfessionnelle élargie.

Mais c’était contraire à l’ambition des sectes aveugles qui animent la dynamique révolutionnaire d’un capitalisme satanique. La perfidie associée à l’incompétence, la fausse grandeur gaulliste ignare et secondairement alimentée de la haine de l’Algérie française ont contribué au gaspillage de cette possibilité historique.

Le refus de l’Algérie française s’est exprimé par un dédain à la fois bourgeois et souverain. Un dédain élaboré, développé à outrance et en toute exclusivité à l’égard de notre collectivité française non musulmane d’Algérie. Cette collectivité pied-noir a servi de bouc émissaire. Parce que nous voulions la France, parce que nous n’étions pas des renégats de notre Patrie on a prétendu sacrifier notre peuple français d’Algérie sur l’autel de l’anti-Occident.

Ce peuple a réagi. Par l’intermédiaire d’une minorité. Heureusement pour lui, pour son histoire et pour son honneur.

Un combat de l’impossible fut livré, un combat du passé certainement. Mais aussi un combat avertisseur des confrontations futures. Un combat qui, de l’agonie vécue en Algérie française hier, nous projette vers une nouvelle espérance aujourd’hui.

Comme l’indique le titre de ce dernier chapitre, nous avons conscience que notre  pays n’a pas fini de payer la note de ce forfait. Forfait imputable au général De Gaulle et à tous ses valets de la Vème République. Un crime contre l’intelligence. Un crime contre l’humanité.

Un crime qui résulte de l’élaboration à l’intérieur de nos frontières, d’un essor imprévu : l’essor d’une crispation confessionnelle, involutive, paralysante, atrophiante. Appauvrissante à tout point de vue. Une crispation confessionnelle d’expression quotidienne.

En Algérie, nous avons protesté d’abord. Nous avons hurlé contre la trahison. Nous avons manifesté notre colère. Pour une minorité d’entre nous, soulignons-le encore, nous avons pris les armes, guidés que nous étions par un amour fou de la France. Devant notre attitude, qu’a déclaré De Gaulle, le plus prestigieux des Français :

« Les chiens aboient et la caravane passe ».

Effectivement…. La caravane est passée. Les chiens n’aboient plus. Mais ils grondent en regardant la caravane coincée dans un sombre cul-de-sac, exposée aux intempéries aujourd’hui, aux tempêtes demain.

La thèse « Algérie française » n’est pas une thèse nourrie uniquement de souvenirs nostalgiques. Elle refuse de se nourrir seulement d’une évocation pleurnicharde : celle d’une espérance trahie. Ce n’est pas non plus le support d’une amertume résiduelle. « Algérie française » n’alimente pas  une thèse qui évoque un capital culturel dont l’immense richesse est encore très mal évaluée.

« Algérie française » c’est une thèse qui aujourd’hui s’identifie à ce qu’elle était hier. Une thèse historique pour une construction du monde intelligente, un projet de sauvegarde de l’équilibre euro-nord-africain, une mission géopolitique.

C’était une mission que nous n’avons pas su ou pas pu conduire à bonne fin. Ce non-accomplissement nous stimule encore aujourd’hui. Pourquoi ? Pour comprendre, pour expliquer.

Comme l’a écrit Nietzche, je ne sais plus où ni quand :

« la parole du passé est toujours d’oracle. Vous ne l’entendez que si vous êtes les constructeurs de l’avenir et les interprètes du présent ».

 

 

Jean-Claude PEREZ

Nice,

Le 30 juin 2011

 

 

NOTES

 

 

 

         Hilaire : né en 315 près de Poitiers. Marié et père de famille. A 35 ans il est évêque de Poitiers. Son anti-arianisme lui valut plusieurs années d’exil en  Phrygie de 356 à 360. En exil il écrit son ouvrage « De Trinitate ». Il insiste sur la divinité du Christ. Il est mort en 367 près de Poitiers. Il est père de l’Eglise depuis 1851.

Saint-Martin lui succéda à Poitiers.

 

         La Nicomédie : territoire d’Asie Mineure (aujourd’hui Izmit). Au IVème siècle, bastion de l’arianisme. Terre d’Eusèbe de Nicomédie qui donna à Constantin un baptême arien. Il ne faut pas confondre Eusèbe de Nicomédie avec Eusèbe de Césarée. Celui-ci fut le premier  historien de l’Eglise catholique.

 

         Herménegild : Son père Léovigild, roi wisigoth, est élevé dans l’arianisme. Herménégild, fils aîné du souverain est duc de Tolède. Il épouse en 579, Ingonthe ou Ingonde, fille de Sigebert, premier roi d’Austrasie et de Brunehaut. Elle est l’arrière-petite-fille de Clovis. Elle est catholique romaine. Elle convertit son mari Herménégild au christianisme romain. Elle est aidée dans cette tâche par Léandre, évêque de Séville, frère d’Isidore. Saint Isidore est le saint patron de Madrid. Herménégild est décapité sur ordre de son père Léovigild en 586. C’est un saint célébré le 13 avril.

         En 589, Récarède, le frère cadet d’Herménégild se convertit au catholicisme au concile de Tolède.

 

         Au congrès de l’Internationale socialiste de 1999, Jospin a déclaré : « Notre but n’est plus de changer de société, mais de changer la société ». Je vous livre cette citation comme matière à réflexion. On peut supposer que Jospin voulait dire ceci : « Nous voulons changer la société laïque en la soumettant à l’arabo-islamisme fondamentaliste ».

 

         La Sécularisation : c’est un concordat permanent entre une société laïque et une religion qui veut rester libre.

 

         A propos de la langue arabe : Henry Corbin l’a définie comme un outil conceptuel. Ce que recherchent les islamistes c’est « l’adéquation du monde politique aux textes sacrés ».

« L’orthodoxie touche de près à sa substance phonique ».

Corbin évoque, avec abondance, une philosophie islamique. Mais jamais il n’évoque de philosophie arabe.

 

         Jacques Berque : en parlant des musulmans, il déclare : « … c’est leur identité, et non l’imitation des autres, qui leur ouvre l’accès à l’universel… ».

« L’exercice de la différence… a assuré la sauvegarde des sociétés musulmanes ». Jacques Berque soutient que :

« Rationnaliser une croyance c’est délaisser ce qu’elle a d’intrinsèque… ».

« Réciprocité opérationnelle entre le texte et les récitants »

        


A toutes fins utiles, nous vous joignons des extraits de la bibliographie de mon ouvrage « ATTAQUES ET CONTRE-ATTAQUES (2ème Edition).

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

         Bennassar Bartolomé, Bennassar Lucile, « Les Chrétiens d’Allah », l’histoire extraordinaire des Renégats, XVIème XVIIème siècle (Perrin, 1989).

 

         Besançon Alain, « Trois tentations de l’Eglise (Calmann-Levy, 1996).

 

         Besson Sylvain, « La Conquête de l’Occident, le Projet secret des islamistes » (Seuil, 2005).

 

         Corbin Henry, « Histoire de la philosophie islamique » (Gallimard, 1986).

 

         Deloire Christophe, Dubois Christophe, « Les islamistes sont déjà là, Enquête sur une guerre secrète » (Albin Michel, 2004).

 

         Dermenghem Emile, « Mahomet et la tradition islamique », (Maître spirituel, Seuil, 1963).

 

         Durant Will, « Histoire de la civilisation, 32 volumes », (Rencontre, 1969, Lausanne).

 

         Grosjean Jean, « Le Qoran, précédé d’une étude de Jacques Berque », (Philippe Lebaud, 1979, Paris).

 

         Guidére Mathieu, Morgan Nicole, « Le manuel de recrutement d’Al-Qaïda », (Edition du Seuil, février 2007).

 

         Homo Léon, « Nouvelle histoire romaine », (Fayard, 1969).

 

         Hoveyda Fereydoun, « l’islam bloqué », (Robert Laffont, 1992).

 

         Jacquin Henri, « La guerre secrète en Algérie », (Olivier Orban, 1977).

 

         Marchand René, « La France en danger d’islam », (L’Age d’homme, Lausanne, Suisse, 2003).

 

         Montet Edouard, « Le Qoran », (Payot, Paris, 1929).

 

         Olaguë Ignacio, « Les Arabes n’ont jamais envahi l’Espagne », (Flammarion, 1969).

 

         Veyne Paul, « Quand notre monde est devenu chrétien, 312-394 », (Albin Michel, 2007).

 

 

[1] - D’après Nietzsche

[2] - Comme la Chine, l’Inde, le Japon.

[3]- Rasoul : l’envoyé de Dieu

[4]- Cf  Hoveyda, auteur iranien du livre « l’Islam bloqué »

[5] - Ignacio Olagüe : auteur du livre « les Arabes n’ont jamais envahi l’Espagne » op cité

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Mis en page le 30/05/2011 par RP