AUX
FEMMES ET AUX HOMMES DE BONNE VOLONTE…. N°3
DE LA CONFERENCE DE BANDOENG (1955) …
AU SYNDROME DE STOCKOLM
Lors d’une réunion récente, regroupant d’anciens
combattants de l’Algérie française, j’ai entendu un camarade de notre lutte,
s’exprimer ainsi :
« De toutes les manières,
l’Algérie française était perdue, car le départ de la France était mondialement
décidé depuis la Conférence de Bandoeng d’avril 1955 »
Il voulait exprimer, c’est mon opinion, que la communauté
internationale ayant décidé par l’intermédiaire de cette conférence
indonésienne de combattre l’Algérie française, il était illusoire et vain de se
ranger sous la bannière de ceux qui, ambitieux pour la France, pour l’Europe et
le monde judéo-chrétien, ont relevé le gant du défi qui leur était lancé.
Le gant qui consistait à défendre la France Sud-Méditerranéenne. Il ne
faut pas oublier en effet que « les
départements français d’Algérie faisaient partie intégrante des territoires de
la République française ». C’était la constitution de 1946.
Lors de cette réunion, je n’ai pas voulu contredire ce frère d’armes
parce que, son affirmation, il nous la proposait comme une consolation. Comme
pour nous dire : « nous n’y
pouvions rien. C’était une décision universelle…. qui
nous dépassait ».
Oui, c’est vrai. J’insiste : il voulait nous consoler.
Lorsqu’il m’arrive d’’évoquer le combat
« Algérie-française », le combat de l’OAS, je ne suis pas animé,
comme le dirait Alain Peyrefitte, « d’un
éthos de partisans nostalgiques du passé et revanchards ». Je suis
tout au contraire animé « d’un éthos de lucidité géopolitique qui me confirme à chaque
instant que le combat Algérie-française, que le combat de l’OAS, fut un combat
non pas de la fin, mais un combat de la fin du commencement ».
Je l’ai écrit mille fois, je le sais. J’espère que vous supporterez
cette insistance. Je voulais dire, et je veux toujours dire, que nous avons
livré un combat annonciateur des confrontations qui vont se révéler inévitables
en Europe, en Asie et en Afrique. Confrontations qui seront réactivées ou
plutôt réactualisées en 2014, après le désastre auquel va se soumettre
l’Occident cette année-là, en Afghanistan. Selon des prévisions extrêmement
raisonnables auxquelles nous pouvons nous fier.
Cette étude qui s’adresse aux hommes et aux femmes de bonne volonté, a
pour ambition de vous rappeler l’identité réelle de la Conférence de Bandoeng. De
souligner à quel point le comportement laudateur et soumis des complices
passifs et actifs de la mort de la France en Algérie, ainsi que celui des
laudateurs permanents de l’agent exécuteur fondamental et décisionnaire de la
mort de la France Sud-Méditerranéenne, De Gaulle, s’identifie à un syndrome
bien connu depuis longtemps en psychiatrie : le syndrome de Stockholm.
La Conférence de Bandoeng s’est donc déroulée du 18 au
24 avril 1955. C’était une conférence des nations afro-asiatiques convoquées
par les gouvernements de Birmanie, de Ceylan, de l’Inde, de l’Indonésie et du
Pakistan. Ont participé à la conférence : l’Afghanistan, le Cambodge, la
République populaire de Chine, l’Egypte, l’Ethiopie, le Ghana, l’Iran, l’Iraq,
le Japon, la Jordanie, le Laos, le Liban, le Libéria, la Libye, le Népal, les
Philippines, l’Arabie-saoudite, le Soudan, la Syrie, la Thaïlande, la Turquie,
le Vietnam et le Yémen. 600 délégués furent reçus par le Président indonésien,
Sukarno. Parmi ceux-ci, des membres du FLN.
Au cours de cette conférence, furent évoquées les « affaires » concernant la « politique colonialiste de la France en Afrique du Nord ».
Les Occidentaux suivirent avec attention cette conférence. En « coulisses » ils jouèrent un
grand rôle, à l’instar des Etats-Unis qui avaient fourni une assistance
économique et militaire à 20 pays représentés à Bandoeng.
Le communiqué final confirma le
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il n’oublia pas de proclamer
aussi la nécessité d’une coopération économique et culturelle. La coopération
économique se révélant ainsi, et de loin, le but tout prioritairement recherché par les USA. Se débarrasser des peuples. Exploiter,
avec un rendement amélioré les richesses des pays « décolonisés ».
Les représentants du FLN vinrent réclamer, et obtinrent, l’aide des
participants à cette conférence, pour combattre la France en Algérie.
J’ai souligné dans mes livres et articles, à maintes
reprises, à quel point cette conférence détermina le FLN à planifier et à
mettre en route dans tous ses détails, une opération d’éclat. Ce fut
l’opération déclenchée par Zighout, le 20 août 1955 à Philippeville, El Alia et
à Aïn Abid, dans le Nord-Est constantinois, au cours de laquelle des dizaines
de civils français furent massacrés dans un exhibitionnisme de cruauté et de
sauvagerie à peine imaginables, l’une et l’autre. Sauvagerie et cruauté
illustrées depuis longtemps, et pour l’éternité, par des documents
photographiques et médicaux, tragiquement expressifs.
Sauvagerie et cruauté qui furent mises en route SCIEMMENT par Zighout, dans le but opérationnel de provoquer une
riposte empreinte elle aussi de sauvagerie par les forces de l’ordre et la
collectivité française du Nord-Est constantinois. Une fureur défensive, pour
sauver un peuple d’une fureur offensive et volontaire de massacres.
Aujourd’hui, les historiens manifestent avec une
volonté de nuire évidente, une « hypermnésie » à l’égard des
actes de répression qui avaient pour but de protéger un peuple français sans
défense. En même temps, ils exhibent une « amnésie » opportuniste à
l’égard des actes terroristes sanguinaires du FLN, qui ont motivé la riposte.
Celle-ci consistant à « terroriser
la terreur ».
Jacques Soustelle, lorsqu’il fut confronté à la réalité de ces actes innommables
déclenchés par le FLN, devant l’horreur des femmes au ventre ouvert, des
enfants massacrés et des hommes lynchés, déclara :
« C’est un véritable génocide qui est mis en œuvre contre les
Français d’Algérie ».
Ce fut son diagnostic de philosophe et d’ethnologue. Il proposa la
seule solution valable pour mettre fin à cette volonté génocidaire :
l’intégration.
C’est-à-dire qu’il fallait inscrire la collectivité musulmane dans la
collectivité française, par l’intermédiaire de la « citoyenneté laïque ». Seule la citoyenneté laïque allait pouvoir libérer les musulmans d’Algérie de
l’éthos de crispation confessionnelle, de l’éthos de fanatisme religieux, que
le FLN savait utiliser pour aboutir à l’assassinat de la France en Algérie.
Par cette opération du 20 août 1955, ils ont voulu exhiber tout leur
appui, à l’intervention de la délégation du FLN à la Conférence de Bandoeng en
1955.
De ce drame, soulignons-le encore, on ne retient aujourd’hui que la
répression qui fut nécessaire pour sauver la vie de centaines de Français. On
refuse de voir que cette répression était nécessaire si l’on voulait éviter
effectivement un génocide de Français.
Nous avons souligné, l’appui financier et militaire
que les USA avaient apporté à plus de 20 pays participants de Bandoeng.
Cette attitude américaine était conforme à la politique de Franklin
Roosevelt telle qu’il l’avait exprimée à la Conférence de Casablanca en 1943.
J’ai souligné dans mon dernier livre, à l’instar de mon camarade historien,
Philippe Lamarque, que l’attitude de Roosevelt provoqua le refus du général
Giraud de se soumettre à cette volonté. Elle provoqua en même temps une
approbation servile de De Gaulle qui se soumit historiquement et publiquement
aux exigences du capitalisme financier international.
Celui-ci, dans le but d’augmenter la valeur ajoutée des
investissements, avait prôné et mis en route le délestage économique de débouché colonial. Ce délestage représentait une phase
décisive d’un redéploiement économique espéré dont il est facile aujourd’hui,
d’apprécier les effets. En termes de fiasco et de désastres humanitaires
multiples et répétés.
Désastres économiques, famines, épidémies, tueries collectives, peuples
soumis à un esclavage ethnico-religieux, femmes réunies et parquées en
troupeaux pour subir des viols collectifs. Risques de conflits qui vont
s’aggraver avec en arrière fond un danger sur lequel on ne s’exprime pas. Un
danger de conflit nucléaire déclenché un jour par des nations ou des peuples
soumis au fanatisme religieux.
Etions-nous conscients de ces risques pour l’humanité
lorsque nous dûmes subir l’abandon de l’Algérie française ? Avions-nous
conscience en 1955, que l’Algérie, par son immensité, imposait à l’Occident et
à l’Europe, de la garder française pour garantir la paix du monde ?
Nous sommes devenus progressivement conscients de cette nécessité. Car
l’amour de la patrie et de notre terre française d’Algérie, de cette terre
d’Algérie qui accéda à la vie, grâce à la France, a stimulé notre volonté de
savoir.
Et nous avons pu évaluer avant les autres ce que représentait la thèse
historique et géopolitique « Algérie française ».
Cette thèse, si elle avait connu la vie qu’elle aurait mérité de
connaître aurait assuré :
La promotion des Droits de
l’Homme en Algérie et en Afrique,
ainsi que
la promotion de la laïcité en Afrique,
avec un respect
réciproque des convictions religieuses des uns et des autres
Il fallait du temps.
Il fallait du courage.
Il fallait s’engager.
« Les territoires libérés de la France
sont aujourd’hui des territoires où s’épanouissent liberté, fraternité,
égalité. Où s’épanouissent les Droits de l’Homme ».
Grotesque et criminel celui qui formulerait une telle affirmation.
Grotesques et criminels seraient ceux qui, à l’instar des inconscients
qui vont célébrer en jouissant le cinquantenaire de la défaite de la France
subie le 19 mars 1962 à Evian, vont applaudir à la plus grave agression qui ait
été portée universellement aux Droits de l’Homme, depuis décembre 1948.
Ils souffrent tous, dans leur avidité de s’inscrire servilement dans le
camp des vainqueurs provisoires de la France en 1962, d’un syndrome de
Stockholm. Ils se soumettent aux vainqueurs de la France. Ils adhèrent
sentimentalement et intellectuellement, aux thèses de ceux qui célèbrent leur
victoire sur la France gaulliste en 1962.
C’est ça, le syndrome de Stockholm auquel nous nous refusons de nous
intégrer.
Nous, c’est-à-dire ceux qui, en dernière et définitive analyse ont défendu en Algérie la Patrie, la liberté, la
fraternité, l’égalité et les Droits de l’Homme. Nous qui avons défendu notre
foi sans prétendre l’imposer aux autres par la force. C’était ça l’OAS.
Permettez-moi en conclusion de cette 3ème communication aux femmes et aux hommes de bonne volonté, de vous faire
connaître la conclusion de mon dernier livre :
« L’assassinat de l’Algérie française, terreau de
la conquête islamiste actuelle »
« Nous fûmes victimes en Algérie française, des
intrigues et des entreprises serviles d’un monde de courtisans. Pour eux,
l’encensement perpétuel de leur idole, De Gaulle, s’identifie à une raison de
vivre. Ils nous ont imposé et nous imposent d’évoluer au milieu d’un monde
politique affligé d’une obsession gaulliste. Obsession génératrice d’une
dépendance dont personne ne parvient à se libérer.
Ils semblent tous se complaire dans un comportement de
fatalité qui les conduit inexorablement à patauger dans un cloaque d’ignorances
accumulées depuis plus de 50 ans.
Les frémissements masochistes et rampants du
cinquantenaire de la mort de l’Algérie française, de la défaite de la France
gaulliste concrétisée à Evian, le 19 mars 1962, n’auront pas le pouvoir
d’effacer quelque chose d’essentiel : l’Algérie française définitivement
morte, perdure dans nos âmes, dans nos souvenirs.
Pour nous, qui avons risqué vie et liberté pour la
défendre, elle reste le nouveau Graal, la thèse perpétuelle de l’Europe et
surtout de l’Occident. La thèse qu’il faut éclairer et enrichir de nos récits,
de nos souvenirs, de nos enthousiasmes.
Si d’autres combats se révèlent nécessaires un jour,
nous osons rappeler ceci : il existe encore des champs de bataille en
Europe et en Occident ! »
Jean-Claude PEREZ
Février 2012
Mis en page le 02/03/2012 par RP |