1963 – 2013

 

MON CINQUANTERNAIRE A MOI

 

QUEL DOMMAGE …

 

 

Nous observons, en maintes occasions, un comportement néfaste de la part de certaines collectivités dites de la mémoire de l’Algérie française. De même, qu’au sein de réunions regroupant des notables de la défunte Algérie française. Notables qui se déclarent animés de la volonté de défendre au mieux le souvenir de ce merveilleux épisode historique que fut l’Algérie française. Notables qui se prétendent animés d’une volonté farouchement exprimée à laquelle évidemment je souscris : conférer tout son relief à la grande page de vie  Algérie française.

Une page de vie qui a vu la naissance de l’Algérie qui, avant l’arrivée de la France et avant son accouchement par notre mère-patrie, ne connaissait aucune réalité historique.

Ces notables s’affirment être motivés, comme je le suis moi-même, d’une volonté de rejet absolu à l’égard de toute attitude de repentance. Repentance que n’impose en rien cette grande fresque du XIXème et du XXème siècle : « le phénomène historique Algérie française ».

Ce curieux comportement c’est leur rejet de l’OAS. Ils prétendent faire l’impasse sur ce terrible chapitre de l’histoire de l’Algérie française et de l’histoire de France.

Curieux comportement qui prétend tout revendiquer, ou plutôt tout mendier du pouvoir de la Vème République, en prenant soin de se désolidariser, avec ostentation et servilité, de cette page sublime de notre histoire. Page sublime illustrée, je le soutiens, par le combat de l’OAS.

A propos de cette attitude que je me permets de qualifier de « renégatoïde », je vous rappelle ces quelques lignes :

« Un cri de souffrance de la patrie insultée et envahie. Un cri de colère d’un peuple voué à une tuerie collective, à un génocide accepté sereinement par le pouvoir gaulliste, voilà à partir de quoi doit se comprendre l’OAS… Organisation Armée Secrète, organe de combat structuré, beaucoup trop tard, dans le but de protéger au mieux le peuple français d’Algérie contre son anéantissement. Ce peuple n’avait qu’un tort : prétendre manifester avec violence, avec passion, son amour de la France, comme lui donnait le droit de le faire son identité de « fraction vivante de la Nation française » [1] . Fraction vivante de la nation qui a refusé la solution définitive à laquelle on voulait la vouer.

L’OAS aujourd’hui, ce n’est plus rien. C’est vrai. Mais regardez avec attention l’histoire des Français d’Algérie. Que resterait-il de leur passé, s’ils n’avaient pas l’OAS de France et d’Algérie comme support historique de leur douloureuse combativité, de leur farouche volonté de rester Français ?

Oui, qu’auraient-ils à se mettre sous la dent, les Pieds-Noirs d’aujourd’hui, leurs enfants et leurs petits-enfants, sans l’OAS d’hier ?

Expression d’un peuple français qui hurlait son espérance dans la survie et le déploiement de cet Occident dont nous avons tant besoin pour rester ce que nous sommes encore.

C’était ça l’OAS ».

Nous demandons que l’on accorde à l’OAS défunte, la considération qu’on lui doit. Combattre pour la patrie et son peuple, pour la liberté et la vie de l’Occident, c’était ça l’OAS.

         La guerre d’Algérie, aujourd’hui encore, voit son identité profondément altérée par la majorité de ceux qui s’y réfèrent. Ce fut fondamentalement une guerre de religion aux perspectives extra-algériennes, volontairement passées sous silence par le monde occidental. Perspectives tactiquement occultées par les promoteurs et les déclencheurs de cette guerre.

Ces perspectives extra-algériennes, avaient cependant été précisées en langage dépourvu d’équivoques par le chef FLN Larbi ben M’hidi, lorsque peu avant sa mort il déclara :

« Vous voulez la France de Dunkerque à Tamanrasset, je vous prédis moi que vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ».

Programmation impérialiste qu’il faut rappeler maintes et maintes fois, évoquée par un combattant courageux qui prenait soin de nous avertir. Programmation qui nous délivre le moyen de bien comprendre les intentions des planificateurs et exécuteurs français de l’abandon de l’Algérie française. Nous en détectons deux, antagonistes pour certains analystes, rigoureusement complémentaires pour d’autres.

 

         La première de ces deux intentions est riche d’imprécisions. Elle permet de comprendre pour une grande part néanmoins, le comportement du monde français rallié à De Gaulle. C’est-à-dire du monde français qui, aujourd’hui encore, applaudit à la mort de l’Algérie française parce que c’est le général qui l’a imposée et uniquement pour cette raison. De Gaulle apparaissant ainsi comme la référence nécessaire à l’acceptation ou plutôt à la justification, de la défaite infligée à notre patrie en 1962.

Ce monde politique profondément altéré dans ses facultés de jugement par le gaullisme décérébrant, a oublié et oublie encore que l’histoire est avant tout mouvement. Il n’a pas voulu croire au feed-back désastreux que la France allait subir dans cette nouvelle dynamique révolutionnaire et planétaire. Car, l’évacuation de l’armée française d’Algérie accompagnée par l’exode massif des pieds-noirs, allait provoquer une évacuation concomitante du christianisme de la terre d’Algérie. Cette volonté d’annihiler le message de la Croix fut proclamée sans équivoque par un leader FLN qui, à Bône, déclara en substance dès le 19 mars 1962 : « Il faudra libérer d’urgence la terre d’Algérie du tintement des cloches des églises ».

Ce fut donc, avant toute autre considération, une évacuation du christianisme, planifiée, mise en œuvre et finalement obtenue, dans des délais ultra-rapides ou plutôt prioritaires. Evacuation nécessaire au dynamisme du courant révolutionnaire arabo-islamiste fondamentaliste qui exerce ses effets avec constance et patience du sud vers le nord.

Aujourd’hui, ils refusent d’accepter leurs responsabilités dans cette nouvelle dynamique révolutionnaire. Ils se préparent, au nom de la fidélité proclamée au néant ou plutôt à l’insubstance gaulliste, à accepter l’islamisme et à se soumettre aux exigences des épitres jihadiens.

 

         La deuxième intention s’oppose catégoriquement à la précédente. Une fraction non négligeable d’entre eux avait prévu ce feed-back. Ils y ont applaudi. Ils y applaudissent aujourd’hui encore. En toute connaissance de cause ils ont contribué volontairement à entreprendre une déchristianisation de la France et de l’Europe. Dans cette perspective opérationnelle, ils ont éprouvé la nécessité d’importer la révolution islamiste sur le territoire de la France, de l’Europe et de l’Occident tout entier. Ils ont prétendu faire de ce territoire, dans un proche avenir, les nouveaux sites de la révolution mondiale. C’est-à-dire, rappelons-le, de la révolution arabo-islamiste fondamentaliste. Animés de l’ambition dominante de compléter leur victoire d’Algérie, par une défaite du christianisme européen et tout particulièrement, du catholicisme apostolique et romain.

Une fois de plus, il faut se garder de perdre de vue l’avertissement de Ben M’hidi auquel ils ont adhéré sans réserve. Ce crédo, tel que nous l’avons rappelé mille et mille fois, exprime une donnée fondamentale de ce feed-back : « Vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ». Il aurait pu ajouter, jusqu’à Madrid, Amsterdam, Stokholm, Varsovie, Berlin, Londres, Moscou et plus encore.

 

         Nos convictions politiques, en tant que combattants de l’OAS, étaient peut-être « rudimentaires ». Elles étaient « basales ». J’emploie ce qualificatif dans son sens géométrique : à la base de notre lutte, se situait la France. C’est elle qui, en Algérie, nous unissait. Quelles que fussent nos origines et nos religions respectives. Le drapeau, la patrie, la France, nous n’avions que ces mots à la bouche.

C’est par la magie de ce mot, « la France » que je me suis laissé prendre dès 1955 au charme et à la griserie de l’action. Par amour de l’Algérie, parce que c’était un morceau de la France.

Aujourd’hui, j’ai franchi très largement, par miracle, le seuil de la première vieillesse. J’affirme que rien ne m’incite à modifier mes convictions d’hier. Je me suis laissé prendre, sans effort, avec volupté même, à l’envoutement de l’Algérie française. Je me suis laissé happer par l’odeur obsédante d’enthousiasmes enrichissants et stimulants. S’agissait-il d’enthousiasmes illusoires, trompeurs ? Je persiste miraculeusement dans un état d’esprit qui me permet de répondre par la négative.

Il n’en reste pas moins vrai, je le souligne aujourd’hui encore avec une amertume hargneuse, que ces enthousiasmes n’ont pas été partagés par une fraction importante de nos compatriotes de là-bas. J’évoque évidemment nos compatriotes pieds-noirs qui, dans une forte proportion, sont restés étrangers au combat. Terrible solitude, vécue et ressentie au sein de ces enthousiasmes par les combattants de l’Algérie française ! Solitude génératrice dès le début de l’action, d’une agonie intérieure que j’ai souvent ressentie. Par la suite, celle-ci s’est confirmée chez moi sous l’expression d’une amertume que j’éprouve encore parfois. C’est cette agonie intérieure ressentie qui permet de comprendre la manière qui est la mienne d’évoquer l’Algérie française à jamais disparue. Et qui me situe à part des autres.

Je refuse, avec force, de retrouver notre Algérie française d’hier dans l’Algérie d’aujourd’hui. Je refuse d’y rechercher des racines qui elles aussi, ont disparu lorsque j’ai quitté l’Algérie. L’Algérie française aujourd’hui, c’est une thèse à la fois politique et philosophique. Je la vis comme une Atlantide c’est-à-dire comme une valeur abstraite, donc permanente, que rien ne pourra jamais plus atteindre. Elle représente la cause de mon engagement dans la lutte armée. J’ai joué pour elle ma liberté, mon confort matériel, ma vie. Plus encore, j’ai joué mon âme. Je ne puis accepter que l’Algérie devienne un jour l’objet de ma malédiction.

Oui, l’Algérie française en tant que thèse géopolitique et philosophique, s’identifie, je le souligne encore, à une valeur permanente. A ce qu’un pape avait appelé « une vérité incluse par Dieu dans la nature des choses ». Une vérité combattue avec une férocité sournoise, par le gaullisme résiduel mais encore déstructurant et satanique.

L’Algérie française reste aujourd’hui une plateforme d’études à partir de laquelle je peux comprendre l’histoire du monde actuel. Monde actuel, monde moderne, au milieu duquel s’est élaboré, puis implanté, le problème qui fut le nôtre hier, le problème qui est le nôtre aujourd’hui et que personne ne peut escamoter. Le problème de l’Occident chrétien en danger de mort.

L’astre à jamais éteint « Algérie française » nous transmet heureusement une lumière qui n’est pas encore épuisée. Tant pis pour les aveugles qui ne veulent pas tirer profit de cette lumière. Tant pis pour les hommes politiques qui l’ignorent parce qu’ils restent plongés dans un analphabétisme politique dont ils refusent de s’extirper.

J’ai adoré l’Algérie française et ses multiples visages, son université sérieuse, brillante, parfois perverse et traitresse. J’ai adoré la casbah d’Alger avec ses charmes envoûtants, mais le plus souvent maléfiques et nauséabonds. La casbah grouillante de conjurations mortelles. La casbah, une place forte de l’ennemi, fonctionnant sur nos arrières, repaire de haines et de malédictions. J’ai adoré Bab-El-Oued, secoué de ses sincérités spontanées, avec un cœur « gros comme ça » où la France vivait passionnément dans tous les recoins de ses quartiers pleins de couleurs, de rythmes, et parfois secoués de violences ultimes.

J’ai adoré la campagne algérienne arrachée par nos colons à un néant pestilentiel à un néant de mort. Campagne algérienne magistralement éveillée à la vie par ces colons que l’on prétend condamner aujourd’hui. Un exploit de vie que l’on s’est empressé d’oublier. Exploit de vie pour cette terre riche avant tout de la mort d’enfants et de nourrissons français qui ont succombé au paludisme, aux fièvres, aux dysenteries diverses. Ce que l’on retient aujourd’hui, ce sont les orgueilleuses allées d’orangers, les champs de céréales âprement défendus contre climat et sauterelles. Ce que l’on retient aujourd’hui, ce sont les vignobles resplendissants d’une capiteuse richesse. Oui, mais sournoisement on ignore le prix en terme de vies humaines qu’a nécessité cet éveil à la vie, des richesses agricoles algériennes.

Le temps a passé. Le recul de plus d’un demi-siècle miraculeusement octroyé par un destin généreux, m’offre une possibilité : celle d’étudier le phénomène historique Algérie française, avec lucidité. Vivrai-je assez longtemps pour l’étudier un jour avec indifférence, avec détachement. Je ne le crois pas. Ferveur, mépris, rancune, haine, regrets, déception et amour, oui amour, tout se mélange encore.

 

         A propos de la guerre d’Algérie, il m’arrive trop souvent d’écrire ce qui me passe par la tête. Pardon Jean-Jacques Rousseau, ce sont les rêveries non pas « du promeneur solitaire » mais plutôt celles d’un exilé perpétuel.

En exil, on dispose d’une immense richesse, le temps. J’ai connu l’exil. J’ai connu la situation d’un homme qui était rejeté par tous les pays du monde, jusqu’en 1966. Sauf par le Paraguay qui m’avait offert l’asile en 1963, mais qui attendait de moi des fonctions incompatibles avec ma qualité de Français.

J’ai eu le loisir durant cette période de ma vie, malgré mes ennuis matériels, malgré mes recherches perpétuelles d’argent, avant tout pour les autres, de me consacrer à une profonde et constante réflexion, tout en me laissant imprégner malgré le temps qui passait, par les émanations du corps encore tout chaud de l’Algérie française défunte.

Ce n’était en rien de la nostalgie. C’était plutôt la volonté de ne pas oublier. De savoir et de comprendre.

En réalité, grâce à cette mémoire sensorielle, enrichie et étoffée de nouvelles connaissances, c’est pendant mon exil que je suis né. C’est pendant mon séjour espagnol que ma conscience politique s’est développée, enrichie par mes séjours en Italie, au Portugal, en Argentine et en Bolivie. J’ai entretenu des contacts avec des hommes politiques, des personnalités militaires, des écrivains, des fonctionnaires de police de très haut grade et de tous pays. Des membres des services spéciaux espagnols, américains et latino-américains. Des notables du clergé. Ils m’ont fait profiter de leur savoir. Ils ont projeté leurs lumières de spécialistes sur le drame que nous avons vécu en Algérie.

Parmi tous ces contacts, nombreux furent ceux qui prétendaient évaluer le plus logiquement possible, mais surtout silencieusement, le départ de la France de l’Algérie. Départ qu’ils évaluaient à une défaite infligée à notre pays, à l’Europe et à l’Occident. Ils n’en parlaient pas ouvertement parce que la bienséance politique et diplomatique imposait, hier comme aujourd’hui, de faire silence sur cette vérité. Sur cette évidence.

Ils m’ont fait toucher du doigt, avec loyauté, tout un capital de vérités que j’avais mal perçues ou plutôt que je refusais d’exprimer :

  « Vous vous imaginiez à l’OAS, avoir derrière vous le monde chrétien ? C’était faux.

Vous vous imaginiez avoir derrière vous la France patriote ? C’était faux.

Vous vous imaginiez avoir derrière vous la France catholique ? C’était faux.

Vous vous imaginiez avoir derrière vous l’armée française ? C’était faux.

Vous vous imaginiez avoir derrière vous le peuple pied-noir tout entier ? C’était faux.

L’OAS était seule au monde. Malgré cet isolement, malgré cette terrible et noble solitude, elle n’a jamais été ridicule. Elle nous a tous intéressés. Elle a fini par nous faire peur. Elle a imposé au monde occidental de se renier, de se trahir lui-même, de succomber à la lâcheté et d’accepter les mutations qui le menacent.

Aujourd’hui, en 1963, la communauté internationale, dans l’exil que vous êtes en train de vivre, vous impose de vous taire, de vous replier sur vous-même. Mais, en réalité, regardez bien : qui vous donne la chasse ? Qui prétend vous tuer ici en Espagne et ailleurs, en 1963 ? Personne. Nous sommes vous et moi, ici à Madrid, devant le stade Santiago Bernabeu, devant la pizzéria Alduccio. Ils sont lâches, non pas parce qu’ils vous épargnent. Mais plutôt parce qu’ils n’osent pas vous dire ce qu’ils ont envie de vous dire et que je vous dis moi-même aujourd’hui : quel dommage que celui de votre échec ! »

Voilà ce que j’ai entendu dire des centaines de fois : quel dommage !

 

         Il m’est arrivé cependant, durant mon exil espagnol, de rencontrer quelques pieds-noirs qui avaient côtoyé notre combat en prenant soin  de ne pas s’y incorporer. Qui se permettaient de nous juger, sans nuance. Sans amour. Qui parfois nous toisaient ou plutôt me toisaient comme un reliquat gênant d’un passé dont ils ne voulaient plus entendre parler. D’un passé qu’ils n’avaient pas vécu dans sa réalité pleine de drames. Ils évoluaient en toute méconnaissance, en tout dédain, des dangers que nous avions courus. Et dans le domaine des risques pris, permettez-moi de rappeler que l’histoire n’a pas manqué de me pourvoir généreusement.

Alors quoi ? C’était pour ça, pour ceux-là que j’avais tourné le dos à une vie qui aurait pu être facile et que beaucoup m’enviait ? C’était pour ça que j’avais donné des ordres de tuer ? C’était pour ça que j’avais joué mon âme ? J’ai répondu non, évidemment.

Mais j’ai éprouvé avec constance, comme un ordre venu d’ailleurs, une nécessité mordante : reconstruire, restructurer ma conviction « Algérie française ». J’ai voulu analyser l’aliment de cet instinct qui m’avait jeté dans le combat clandestin dès mon retour à la vie civile en octobre 1955. De cet instinct qui m’avait inspiré en faveur du non à De Gaulle, lors du référendum du 28 septembre 1958. Un instinct qui m’avait propulsé dans la mêlée, un instinct profond, exprimé en termes de refus de l’horreur, en termes de refus de la capitulation. En termes de refus de la malédiction.

Nos ennemis avaient raison. Oui, ils avaient été inspirés par une grande logique opérationnelle lorsqu’ils nous ont proposé la valise ou le cercueil. C’était le seul choix qui s’imposait à nous. J’ose le dire, encore et encore : ou bien notre valise, ou bien le cercueil de nos ennemis.

L’équation était simple. Elle était résolue dès sa formulation. Si nous voulions éviter de faire notre valise, il fallait nous préparer à faire descendre au cercueil ceux-là même qui nous menaçaient, qui nous proposaient la mort comme seconde et définitive alternative. Ceux qui exigeaient la mort partielle de la France en Algérie. Ceux qui prétendaient tuer la France sud-méditerranéenne.

Nous avons néanmoins fait notre valise et nous avons survécu. Ce qui peut paraître inconvenant, inesthétique aujourd’hui encore. Ce qui l’est effectivement, si nous restons silencieux.

Connaître, contrôler et enseigner le passé de l’Algérie française, la signification de la guerre d’Algérie, le combat ultime de l’OAS, ce n’est pas se comporter en introverti mélancolique. Ce n’est pas se soumettre à une confession, à une autocritique publique. Contrôler le passé de notre combat, impose deux nécessités :

-      sur le plan géopolitique, démontrer que ce sont les crispations confessionnelles implantées en Algérie par un pouvoir constamment et obsessionnellement anti-chrétien personnalisé par De Gaulle en dernier recours, qui ont conduit cette terre vers son exclusion de la France et de l’Occident géopolitique,

-      sur le plan plus direct de notre participation au combat, de la mienne en particulier, assumer ses responsabilités, aujourd’hui encore.

En ce qui me concerne, j’assume la responsabilité des actes de guerre de l’OAS. C’est une obligation qui nait de mes fonctions à l’échelon le plus élevé de la hiérarchie opérationnelle de l’OAS. C’est ce que le général Salan a voulu exprimer quand il me désigna par écrit de « pilier du combat pour l’Algérie française ». C’était ceci avant tout être le chef de l’ORO, Organisation du Renseignement et des Opérations à l’échelon national : prendre la responsabilité de tout ce qu’il est difficile d’assumer aujourd’hui encore. Cette responsabilité je l’assume pour deux motifs au moins.

-      Le premier c’est pour rendre hommage à tous ceux qui ont participé à notre combat.

-      Le second c’est pour dire de ceux qui furent nos victimes, que nous ne les avons pas agressés par plaisir ou par sadisme. Je sais parfaitement ce qu’il serait advenu de moi si j’étais tombé aux mains de mes ennemis.

 

Je n’ai jamais nourri d’ambitions politiques pour moi personnellement. Je me suis engagé dans ce combat avec des idées claires et précises de ce que nous avions à défendre. Je l’ai fait par amour de cette terre. Je l’ai fait parce que c’était mon devoir de Pied-Noir, de Français et d’homme d’Occident. Je n’ai jamais éprouvé de doutes : la France était attaquée en Algérie, sur l’une de ses plus larges frontières. Je devais défendre la France. C’était normal. C’était banal.

Qu’on ne s’y trompe pas. Cette absence d’ambition carriériste n’a pas fait de moi un inconscient. Elle n’était pas due à un comportement d’arriéré mental ou d’imbécile. On dit souvent que « seuls les cons n’ont pas d’ennemis ! ». En ce qui me concerne, si je devais évaluer mon QI par rapport au volume de mes ennemis, je pourrais être rassuré quant au niveau de ce QI.

Le refus obstiné de l’Algérie française, par l’ennemi total de la France et de l’Occident, fut révélateur, en réalité, d’une volonté stratégique exclusive : créer les conditions d’une confrontation inéluctable entre le monde islamiste fondamentaliste et le monde non musulman. Avant toute chose, en toute priorité pour nos ennemis, il a fallu vaincre le christianisme en Algérie. On l’a effectivement vaincu là-bas en attendant de le vaincre ici au nord de la Méditerranée.

 

         Les hommes politiques contemporains refusent d’enregistrer cette identité de la guerre d’Algérie. Ils côtoient, ils subissent, ils observent parfois la révolution islamiste fondamentaliste actuelle sans faire l’effort de l’analyser. Ils ne sont pas en mesure de l’affronter, parce qu’ils ne jouissent pas de la richesse intellectuelle et spirituelle qui leur permettrait de la comprendre ; ils exhibent tout au contraire une carence d’information et surtout une carence d’inspiration qui les situent en permanence à côté de cette révolution. Le drame que l’on fait vivre à Dieu sur la terre, ne les concerne pas, eux qui se vautrent dans une identité de révolutionnaires du néant.

Nous, les anciens du combat pour l’Algérie française, tirons encore profit de la lumière persistante et générée par l’astre que fut l’Algérie française. C’est cette lumière qui nous permet d’éviter une plongée dans le néant politique ambiant et actuel. Que l’on se serve de notre vécu. Nous vous l’offrons en toute sincérité et en toute humilité. Ce fut un combat symbole, un combat avertisseur. C’était le temps de l’Algérie française.

 

 

         Jusqu’à ma dernière heure, je manifesterai ma foi. Dans le bien-fondé de ce que nous avons défendu en Algérie. Cette terre méritait un autre destin que celui vers lequel on l’a engagée. L’Algérie s’identifiait déjà en 1961 et 1962, à ce qu’elle est fondamentalement aujourd’hui : une zone frontière entre l’Europe et l’Afrique. C’est d’elle que va dépendre dans les décennies à venir, la victoire ou la défaite de l’islamisme fondamentaliste sur la totalité du continent africain.

2014 s’annonce comme une année d’importance majeure pour le destin de l’Occident, de l’Europe ou de la France. Peut-être sera-t-il opportun de rappeler alors : « souvenez-vous de l’OAS d’hier ! »

Ne tardez pas à donner naissance à une Organisation Contre-stratégique Multinationale de niveau très élevé, dont l’Occident a besoin pour devenir ce qu’il doit être : « le cœur du monde ».

 

 

Jean-Claude Pérez

Février 2013


 

Bibliographie à consulter

Du même auteur  et chez le même éditeur :

Editions Dualpha

Boite 37

16 bis rue d’Odessa

75014 PARIS

Tel. : 09 52 95 13 34 - Fax : 09 57 95 13 34

Mail : infos@dualpha.com

Site internet : www.dualpha.com

 

L’assassinat de l’Algérie française, terreau de la conquête islamiste actuelle. 2012

Un des livres du cinquantenaire, à lire et à faire lire.

L’islamisme dans la guerre d’Algérie

Logique de la Nouvelle Révolution Mondiale, 2004

Le sang d’Algérie

Histoire d’une trahison permanente, 2006 ; 2e édition

Debout dans ma mémoire

Tourments et tribulations d’un réprouvé de l’Algérie française, 2006 ; 2e édition

Vérités tentaculaires sur l’OAS et la guerre d’Algérie

Stratégies et tactiques, 2006 ; 2e Edition

Attaques et Contre-attaques

Vérités tentaculaires sur l’OAS et la guerre d’Agérie II, 2008

 

Vous pouvez prendre connaissance des deux interview accordées par Jean-Claude PEREZ :

- la première à Monsieur Olivier CAZEAUX : sur Internet tapez « OAS, le docteur PEREZ parle » ;

- la seconde, à Monsieur BESSOU dans le cadre de la préparation d’un film. Monsieur BESSOU a livré à Jean-Claude PEREZ tout le matériau de son exposé visible sur le site www.jean-claude-argenti-sauvain.com.

 



[1] Jusqu’à preuve du contraire, je suis le premier et peut-être encore le seul, à avoir exprimé cette identité du peuple français d’Algérie : fraction vivante de la Nation française.

Mis en page le 06/02/2013 par RP