FRAGMENTS MORCELÉS DE MÉMOIRES ÉVOQUÉS Ā L’EMPORTE-PIÈCE 2

Par le docteur Jean-Claude PEREZ,

N’OUBLIONS PAS NOS AVE MARIA D’ANTAN,
D’ICI, ET DE LĀ-BAS.

            Invité à une messe le 1er mai 2014, sur le site d’une renaissance riche d’un grand symbole, je m’y suis rendu. J’évoque le site de la renaissance de Notre Dame d’Afrique, à Théoule-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes.

Notre Dame d’Afrique, pour nous chrétiens d’Algérie, symbolisait et symbolise encore un foyer de recours permanent et parfois ultime.

            En 1957, à Alger, au début du mois d’avril, je bénéficiai d’une liberté provisoire en quittant la prison de Barberousse. J’avais été arrêté, à propos de l’affaire du Bazooka, le 27 janvier 1957. Une affaire à laquelle j’étais totalement étranger.

Certains parmi mes premiers compagnons d’armes du combat clandestin de 1955 et 1956, avaient été séduits par les promoteurs d’une conjuration. Celle-ci, théoriquement, était montée dans le but hautement proclamé, de sauver l’Algérie française.

De quoi s’agissait-il ? Qui se situait à la tête de cette conjuration ?

Très succinctement, disons qu’au sommet de cette conjuration on situait « un homme de De Gaulle : le sénateur Michel Debré.».

Quelques missionnaires métropolitains étaient venus recruter René Kovacs à Alger. Celui-ci intervenait clandestinement dans notre combat à la tête d’une organisation anti-terroriste qu’il avait mise sur pied. Kovacs et moi avions été condisciples pendant de longues années : de la faculté de médecine d’Alger et du judo-club algérois.

Il m’offrit son concours pour quelques opérations que je tenais à monter. Concours précieux car il bénéficiait de l’appui de quelques officiers de police, qu’André Achiary avait mis à sa disposition.

Kovacs eut l’art et le brio suffisants pour séduire Ortiz qui était mon frère d’armes au sein d’une organisation contre-terroriste algéroise que je dirigeais en 1955 et en 1956. Il l’engagea dans un complot militaire.

Ortiz le suivit avec d’autant plus d’avidité que lui-même avait réussi à convaincre, en 1956, le général Faure de la nécessité d’une prise de position révolutionnaire de la part de notre armée. Faure se fit remarquer par quelques propos puérils et imprudents et personne ne fut étonné lorsqu’il fit l’objet d’une sanction militaire sévère, traditionnelle cependant, sous la forme très bégnine d’arrêts de rigueur, ou de forteresse, ordonnés par le ministre des armées.

            Dès le retrait forcé du général Faure, Debré et Kovacs ont joui d’une totale liberté d’action. Ils disposaient d’un général de rechange, le général Cogny, dont on disait qu’il « était » pour l’Algérie française.

Je précise, encore une fois, qu’en 1957 au mois de janvier, j’ignorais tout de ce complot. J’ai appris plus tard que Cogny commandait en chef au Maroc. Il fut choisi pour prendre à Alger la place de Salan, commandant en chef en Algérie.

Comment était-ce possible ?

Mais c’était tout simple : on allait flinguer Salan !

            D’où l’affaire du Bazooka, exécutée par Kovacs, dans laquelle sont intervenus des hommes qui, dans une grande proportion, avaient effectué leurs premières opérations clandestines, sous mon commandement, l’année précédente. L’affaire du Bazooka échoua, comme nous le savons tous.

Tout le monde fut arrêté après l’attentat, en raison d’une imprudence majeure dans la préparation de l’opération. Et aussi, de la loquacité généreuse des premiers arrêtés. Suspectés verbalement par quelques policiers astucieux, d’être des communistes, mes camarades interpelés réagirent contre cette accusation qu’ils ne supportaient pas.

« Nous, communistes ! Allez donc interroger le docteur Pérez avec qui nous avons fait ça ….et ça… ».

Grâce à ce certificat de « patriote de référence » octroyé par mes commandos de l’année précédente, je fus récompensé par une arrestation le 27 janvier 1957, quelques jours après l’attentat du bazooka.

Je fus placé sous mandat de dépôt et incarcéré avec treize autres compagnons d’infortune à la prison de Barberousse le 6 février 1957. On nous répartit en deux cellules avec une paillasse pour chacun d’entre nous et le confort que vous pouvez imaginer.

Deux mois plus tard, nous sortions de taule, Ortiz et moi, accompagnés de quatre autres camarades détenus.

Le lendemain matin de ce début d’avril 1957, nous nous sommes retrouvés sur ma demande, à Notre Dame d’Afrique. Avec Ortiz, nous prîmes ce matin-là, au pied de la statue de la Sainte Vierge, la résolution de nous consacrer à la défense de l’Algérie française. Résolution qui nous valut à l’un et à l’autre, une condamnation à mort par contumace, cinq ans plus tard.

            Après l’amnistie de l’été 1968, dont je bénéficiai en tant que responsable national des opérations et du renseignement de l’OAS, amnistie qui me permit de revenir en France, j’ai revu Ortiz dans mon nouveau cabinet parisien que j’avais créé dans le XVème arrondissement. C’était en janvier 1969. Il était venu me proposer de l’accompagner dans un projet qui l’obsédait : créer un site de culte consacré à Notre Dame d’Afrique, quelque  part, dans le sud de la France. Avec regret, je lui fis part de mon refus. Couvert de dettes imputables à ma nouvelle carrière, je ne pouvais distraire une minute de mon potentiel de temps et de travail. Je ne jouissais pas comme lui d’une aisance économique familiale qui lui permettait d’élaborer des projets.

« C’est pourtant toi qui m’avais convoqué à Notre Dame d’Afrique en avril 1957, lorsque nous sommes sortis de taule ! » me rappela-t-il.

« Je m’en souviens très bien » lui ai-je répondu. « Mais pour le moment je dois développer mon cabinet. Et surtout je dois rester ici, à Paris, pour recevoir ceux qui estimeraient avoir des comptes ou des précisions à me demander. Tu connais parfaitement les responsabilités que j’ai assumées. Et je suis parfaitement informé que personne ne voudra les partager avec moi ».

Ortiz entreprit son œuvre pieuse, un peu plus tard. Il ne connut pas la chance d’apprécier le beau résultat qu’obtinrent ceux qui lui ont succédé dans cette belle et nécessaire initiative.

            C’est tout particulièrement sollicité par le président de cette Association du Mémorial de Notre Dame d’Afrique, que je me suis rendu à Théoule le 1er mai 2014. Je fus accompagné et véhiculé par mon camarade Jean-Paul Soler et sa femme Michèle, l’efficace et dynamique présidente du Cercle Algérianiste de Nice et des Alpes-Maritimes. Jacqueline, mon épouse depuis 44 ans bientôt, m’accompagnait.

Dès notre arrivée sur le site de la cérémonie, nous avons enregistré une ambiance riche d’une désagréable désinvolture à mon égard et surtout physiquement gênante. Rien n’avait été prévu, comme cela l’avait été lors de cérémonies précédentes, pour faciliter au maximum mon accès au pied de la statue de la Sainte Vierge.

Je jouis certes à 86 ans d’une santé robuste. Seuls mes deux genoux m’offrent un service extrêmement réduit lorsque je dois évoluer en terrain accidenté.

Il paraît que l’importance politique de certains invités de ce 1er mai 2014 exigeait qu’on les fît bénéficier, eux seulement, avec un empressement servile de facilités d’accès auxquelles, jusqu’à ce jour, j’avais été habitué.

On a laissé se dépatouiller pour l’arrivée et surtout pour le départ, celui qui avait assumé les plus graves responsabilités à l’échelon le plus élevé pour la défense de l’Algérie française, à travers le combat clandestin de l’OAS. J’étais encore persuadé, naïvement, qu’au titre d’ancien chef du Renseignement et des Opérations de l’OAS à l’échelon national, j’allais bénéficier d’une priorité dans l’accès à la statue de la Sainte Vierge et surtout dans le départ du site de la cérémonie. Je dis bien dans mon arrivée et dans mon départ de la cérémonie. Je ne dis pas dans le déroulement de la cérémonie dont j’acceptais d’être exclu, animé d’un désintérêt très offensif, à l’égard de ceux qui m’ont traité avec cette étonnante désinvolture, vous me pardonnerez, j’en suis sûr, un usage réitéré de ce terme.

            Je tiens à préciser que la cérémonie religieuse fut très belle. Une foule énorme. Disciplinée, pieuse, respectueuse.

J’ai suivi avec attention l’homélie qui fut prononcée et les interventions de certains invités politiques, choisis pieusement et avec un empressement étonnant, je le souligne encore, par celui qui organisait la cérémonie.

            Je n’ai pas manqué de noter l’entêtement obsessionnel auquel se soumettent certains quand ils évoquent encore de nos jours, la conquête de l’Algérie au VIIème et au VIIIème siècle par une prestigieuse armée d’envahisseurs arabes…. une cavalerie arabe qui, raconte-t-on, provenait d’Arabie en chevauchant d’est en ouest.

Au VIIème et VIIIème siècle, vivait en Afrique du Nord, une population majoritairement berbère. Y ont évolué successivement d’abord puis ensemble :

- des Berbères juifs, c’est-à-dire « des prosélytes indigènes » convertis à la religion juive depuis plus de vingt siècles et devenus des « fils d’Israël »,

- des Berbères païens,

- des Berbères chrétiens,

- enfin des « Berbères ariens ». Ces derniers, anticatholiques romains forcenés, furent soumis sans difficulté par des émigrants goths, eux-mêmes ariens.

Ils se convertirent massivement à l’islam, dès qu’ils eurent connaissance du message émanant du Prophète de la Mecque et de Médine.

Ce message était porteur d’une confirmation divine de leurs propres convictions antitrinitaires. Ou plutôt, de leurs convictions unitaires. Il était enrichi, avant tout, de la  personnalité et du prestige de celui qui, au nom du Seigneur, l’avait transmis au Prophète. A savoir Djebril, l’archange Gabriel, le transmetteur de la parole divine.

Les Berbères ariens découvrirent, dans la toute nouvelle formulation musulmane de la foi en Dieu, une directive opérationnelle transmise par Dieu, par Allah. Donc une directive à laquelle il fallait se soumettre dans la perspective de combattre le catholicisme apostolique et romain, c’est-à-dire le christianisme trinitaire.

Une invasion de la Berbérie s’est-elle réellement développée ?

Certes.

Mais ce fut une invasion endogène.

La religion du Prophète fut préalablement véhiculée puis enseignée par quelques migrants, des négociants qui arrivaient par mer d’Orient vers l’Ibérie et vers la Berbérie. Religion qui trouva dans les populations de confession arienne d’Ibérie et de Berbérie un « substrat », c’est-à-dire un réceptacle humain, une masse, toute disposée à adhérer avec enthousiasme aux convictions antitrinitaires musulmanes.

Une invasion de l’Algérie ou plutôt de la Berbérie, s’est donc accomplie. Je ne le nie pas. Mais, « pas de chevauchée fantastique d’est en ouest » : ce fut une invasion idéologique endogène.

Une idéologie s’est implantée par la ruse et par la force. Et aussi par une adhésion au message de Mohamed, de ceux qui n’étaient pas musulmans. Message qui confirmait leur conviction unitaire préalable. Précisons que les Berbères juifs restèrent juifs dans leur immense majorité.

Je ne cède pas, à travers cette affirmation, aux caprices de l’historien occasionnel et amateur que je suis devenu par la force du destin que j’ai affronté… à partir de 1955.

Ce qui m’anime avant toute spéculation, c’est une volonté tenace : celle de présager de quelle manière, de nos jours, une mutation religieuse endogène pourrait être induite en France. Comme en Berbérie et en Ibérie, au VIIème et surtout au VIIIème siècle.

            Paradoxalement, dans cette perspective contemporaine de vaincre le christianisme en France, contre quoi, de nos jours, dirige-t-on l’essentiel de l’attaque ?

Contre la laïcité.

Il serait presque grotesque que de formuler une telle affirmation. Mais il est facile de constater que l’ambition de réduire à 0 le message de la Croix en France, s’exprime à travers la volonté de remettre en question la loi de 1905.

La loi du 9 décembre 1905, loi de séparation des églises et de l’état.

Une loi qui, à l’origine, prétendait protéger nos institutions républicaines contre l’emprise des religions, et plus particulièrement contre l’emprise chrétienne catholique.

Qu’un homme comme moi aspire aujourd’hui à défendre la loi de 1905, voilà qui porterait à rire ! Qu’on se rassure ! Ma solidarité pied-noire ne va pas jusqu’à encenser Viviani, mon condisciple ancien du lycée d’Alger, un des responsables majeurs de l’élaboration de la loi du 9 décembre 1905, dite « de séparation des églises et de l’état ».

Mais aujourd’hui, imaginez-vous que cette loi qui avait la mission de protéger la République contre les églises, est étiquetée « protectrice abusive » du christianisme. Dans cet esprit, certains prétendent en atténuer les effets, sinon la supprimer purement et simplement. « Parce qu’elle ne convient pas sociétalement au rayonnement du monde musulman français », écrivent-ils. Certains notables de la religion du Prophète de la Mecque et de Médine attribuent en effet à cette loi le rôle d’un obstacle majeur à l’expansion de l’islam. Ils ont trouvé un écho très complice, en même temps que très agressif, auprès de certaines personnalités politiques qui prétendent remettre en question « la laïcité versus catholique ».

Ces dernières personnalités n’hésitent pas pour combattre le catholicisme, à évoquer les exigences de la révolution française de 1789. Et pourquoi n’envisageraient-elles pas, dans leur anticatholicisme forcené, de nouveaux massacres de septembre 1792 !

Ces comportements favorisent une adultération pernicieuse de l’expression religieuse en France, à travers une remise en question de la laïcité. Parce que celle-ci, contrairement à ce qu’en attendaient ses promoteurs, est devenue en France, tout naturellement, un concept majeur : le concept de la liberté d’exprimer en France sa foi en Dieu. D’un obstacle espéré contre la foi, la laïcité est devenue de nos jours, un facteur d’harmonisation possible, pacifique et convivial, des différentes manières d’exprimer sa foi en Dieu.

Oui, en France, « on » prétend détruire le catholicisme avant tout et réserver à l’islam toute sa place aux dépens des autres religions qui, dans les décennies à venir, doivent envisager un avenir possible de dhimmis sur le sol de notre patrie. Un avenir contre lequel nous sommes néanmoins protégés aussi, n’hésitons pas à le souligner, par une population de musulmans qui exprime, bien qu’avec une trop grande timidité pour le moment, son adhésion à la laïcité. Ces sécularisationnistes musulmans font l’objet d’une condamnation haineuse et menaçante de la part des épitres djihadiens. Il appartient en conséquence aux autorités de l’état, au nom de la laïcité, au nom de la liberté, au nom de la responsabilité de croire ou de ne pas croire, de favoriser en la protégeant, une pleine liberté d’expression à cette majorité musulmane encore silencieuse, qui ne demande qu’à vivre en harmonisation avec le monde chrétien et juif français. Avec le monde non musulman. Avec le monde non religieux.

            Au pied de la statue de notre Dame d’Afrique, à Théoule-Sur-Mer, nous avons chanté un cantique connu, à la gloire de Marie : « Chez nous, soyez reine ».

J’ai adressé, le 1er mai 2014, un appel à la Vierge douce et secourable. Je lui ai rappelé que nous avons « glané pour elle ces fleurs aux durs sentiers », comme nous l’exprimions dans nos  cantiques de scouts de France, là-bas, en Algérie.

Un dur sentier, un chemin périlleux, oui, nous l’avons pratiqué en Algérie, avec foi et enthousiasme. Nous étions une minorité, mais nous l’avons fait.

Un dur sentier, car lorsque l’ennemi de notre Patrie prit la décision d’amputer la France de cette merveilleuse terre, nous nous sommes accrochés avec passion, parfois avec fureur « aux fleurs de ce dur sentier » que fut pour nous l’Algérie française.

Nous nous sommes battus en Algérie française pour défendre la Croix, pour défendre la liberté de croire ou de ne pas croire. La Croix que nous sommes résolus à défendre aujourd’hui encore, en terre française, une terre inscrite géopolitiquement et spirituellement dans le destin de l’Europe et de l’Occident.

            La vigueur du culte marial, au-delà de l’enseignement qui nous lie au catholicisme romain, ou plutôt au culte chrétien trinitaire, se situe avant tout dans la connaissance qui nous imprègne du rôle fondamental de Marie dans la vitalité du message divin.

« Marie fut élue entre toutes les femmes » par le Seigneur. Elle fut elle-même conçue « sans péché ». C’est-à-dire préalablement libérée du péché originel. Parce qu’elle fut choisie pour faire vivre Dieu sur la terre, dans son enfant Jésus Christ.

En Algérie, nous célébrions fréquemment Marie à travers des cantiques toujours riches de foi et surtout d’enthousiasme. Un musicien moderne en a composé un, très beau, il y a quelques années. Je pense évidemment à mon camarade Jean-Paul Gavino.

Permettez-moi d’évoquer avec émotion, cependant, les cantiques de notre enfance enrichis des « Ave Maria » triomphants qui donnaient un écho plein d’enthousiasme à notre « chant d’amour et de victoire ».

Ces Ave Maria triomphants, nous ne les avons pas entendus le 1er mai 2014 à Théoule-Sur-Mer.

J’ai, certes, apprécié la chorale gitane qui nous a gâtés d’une expression bien « typée » de la foi en la Sainte Vierge, à travers des cantiques interprétés en langue castillane. Personnellement je suis encore hispanophone et particulièrement sensible à l’expression  « gitane » de la foi en Dieu.

Mais à Théoule-Sur-Mer, ce 1er mai 2014, nous avions faim d’entendre repris par la foule des fidèles, ce cantique éternel de notre enfance que j’évoque avec nostalgie à travers un premier couplet que je vous rappelle :

Les saints et les anges
En chœur glorieux,
Chantent vos louanges
O Reine des Cieux
Ave, Ave Maria…

Ce cantique à « Marie de Lourdes », doit être interprété, avec d’autres certes, chaque fois que d’anciens Français de l’Algérie française se trouvent réunis au sein d’un site religieux.

La Vierge de Théoule-Sur-Mer nous aidera, « ne nous laissera pas faillir », dans notre combat pour la vérité. La vérité que nous prétendons transmettre encore et encore sur la signification réelle de l’assassinat de la France en Algérie. Assassinat imputable au seul satanisme gaulliste.

Nous le ferons, sans crainte du malheur, sans espérance de gloire.

Nice,
Juin 2014
Jean-Claude PEREZ

BIBLIOGRAPHIE

L’assassinat de l’Algérie française, terreau de la conquête islamiste actuelle. 2012

Un des livres du cinquantenaire, à lire et à faire lire.

Vérités tentaculaires sur l’OAS et la guerre d’Algérie

Stratégies et tactiques, 2006 ; 2e Edition

            Cet ouvrage a été d’un grand recours dans la rédaction de cette étude

L’islamisme dans la guerre d’Algérie

Logique de la Nouvelle Révolution Mondiale, 2004

Le sang d’Algérie

Histoire d’une trahison permanente, 2006 ; 2e édition

Debout dans ma mémoire

Tourments et tribulations d’un réprouvé de l’Algérie française, 2006 ; 2e édition

Attaques et Contre-attaques

Vérités tentaculaires sur l’OAS et la guerre d’Algérie II, 2008

 

Editions Dualpha

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Mail : infos@dualpha.com

Site internet : www.dualpha.com

 

Vous pouvez prendre connaissance des deux interview accordées par Jean-Claude PEREZ :

- la première à Monsieur Olivier CAZEAUX : sur Internet tapez « OAS, le docteur PEREZ parle » ;

- la seconde, à Monsieur BESSOU dans le cadre de la préparation d’un film. Monsieur BESSOU a livré à Jean-Claude PEREZ tout le matériau de son exposé visible sur le site www.jean-claude-argenti-sauvain.com.

 

             La mort de Pierre Descaves, le 7 mai 2014, la proximité inéluctable de la mort prochaine d’autres responsables de l’épopée « Algérie française », et de la mienne bien évidemment, me fait un devoir de sauvegarder la richesse de vos souvenirs.
 
Permettez-moi de vous rappeler deux de mes études de 2012 dans l’ambition de protéger la mémoire de chacun d’entre vous contre les agressions d’un oubli assassin.
En toute amitié.
 
Jean-Claude PEREZ

***

RETOUR SUR LA GENESE DE LA TOUSSAINT ROUGE

1er novembre 1954

Ecrit et diffusé en 2012

            Il me tarde de vieillir d’un an. De doubler le cap maudit du 50ème anniversaire. Le cinquantenaire de la plus grande défaite historique subie par une nation européenne, notre Patrie la France, devant l’ennemi moderne ou plutôt actuel de l’Occident chrétien : « l’arabo-islamisme fondamentaliste conquérant » qu’il ne faut pas confondre avec la religion musulmane.

Un cinquantenaire qui remet à l’ordre du jour des interrogations auxquelles n’ont été apportées que des réponses insuffisantes, voire évasives ou dilatoires : « par quelles manœuvres sataniques la conjuration permanente contre l’Occident chrétien, est-elle parvenue à tuer la France en Algérie française ? »

Dans l’espoir d’apporter des éléments de réponse sérieux à cette question qui relève d’une stratégie anti-occidentale majeure, il faut revenir sur l’évènement théoriquement déclencheur de la guerre d’Algérie : la Toussaint Rouge, le 1er novembre 1954.

            Un rappel me paraît absolument nécessaire cependant. Le 23 octobre 1954, naît le FLN. Celui-ci se dote d’une armée, l’ALN, Armée de Libération Nationale. Elle entre en action le 1er novembre 1954.

Le FLN est né du CRUA, le Comité Révolutionnaire pour l’Unité d’Action, composé de 5 membres : Mohamed Boudiaf, Mourad Didouche, Larbi Ben M’hidi, Mostefa Ben Boulaïd, Rabah Bitat.

Ce CRUA fut constitué durant le mois de mars 1954. En réalité, nous sommes en guerre depuis ce mois de mars 1954 au plus tard. La police des renseignements généraux est informée. La direction de la sécurité du territoire est informée. Les services spéciaux français sont informés. Le gouverneur général en Algérie, Léonard, est informé, lui aussi. Tout le monde se tait. Tout le monde capitule en réalité avant le déclenchement des hostilités.

            Pardon. Ce n’est pas tout à fait exact. Durant l’été 1954, deux notables de la révolution algérienne vont connaître des ennuis douloureux.

Hocine Lahouel, membre du bureau directeur du MTLD(1), révolutionnaire algérien très connu, originaire du Constantinois, est « ramassé » par la police, durant l’été 1954. Il avait été roué de coups par des inconnus qui l’avaient laissé pour mort. C’était rue de la Lyre, à proximité du siège du MTLD, place de Chartres, à Alger. Ses agresseurs, non identifiés, pensaient certainement l’avoir tué. Pour des raisons inconnues, ils n’ont pas apporté, de toute évidence, un soin extrême à l’exécution de leur travail.

Hocine Lahouel est donc un révolutionnaire algérien. Il est important de préciser que c’est un élu TRES connu. Il siège au conseil municipal de la ville d’Alger. Il y exerce les fonctions d’adjoint du maire Jacques Chevallier.

A cette époque, celui-ci occupe à Paris le poste de secrétaire d’Etat de la Défense Nationale dans le gouvernement de Pierre Mendès-France.

Lahouel, avec la complicité de Jacques Chevallier, avait dirigé la réunion préparatoire au cours de laquelle fut décidé le déclenchement de la guerre d’Algérie. C’était très précisément le premier dimanche de juillet 1954, à Hornu, dans le Brabant, dans une salle de cinéma. En Belgique donc.

Lors de cette réunion d’Hornu, il était accompagné de Mohamed Khidder, un autre cadre supérieur du MTLD.

Ainsi, d’une manière historiquement incontestable, Jacques Chevallier est confirmé dans ce qu’il est avant tout : un complice majeur, ou plutôt un ordonnateur de la Révolution Algérienne. Il intervient en tant que correspondant, très honorable et particulièrement bien placé à Paris et à Alger, des services secrets américains. Il avait fait partie de ces services en 1943, en tant que militaire mobilisé, car il jouissait d’une double nationalité française et américaine, puisque sa mère était Texane.

Insistons encore sur cette vérité : dans la genèse du 1er novembre 1954, la Toussaint Rouge, Jacques Chevallier intervient comme un agent de décision majeur dans le déclenchement de la Révolution Algérienne.

            Mohamed Boudiaf, lui aussi cadre supérieur du MTLD, durant le même été 1954, donc très peu de temps après la constitution du CRUA, est ramassé à son tour, laissé pour mort, rue de la Lyre à Alger. Il guérira de cette énorme raclée, grâce aux soins de nos médecins français.

            Qui se trouve à l’origine de ces agressions sauvages ? Manifestement « incomplètes » ?

Agissements des services spéciaux français ? Initiatives de policiers français, ulcérés de constater que leurs enquêtes et découvertes ne servent à rien ? Avertissements donnés violemment par des officiers du SR militaire dirigé par le colonel de Schaken ? En tout cas, ces deux hommes victimes l’un et l’autre d’une raclée trop expéditive, pourront poursuivre leur carrière d’ennemis de la France avec vigueur, constance et succès.

En particulier Hocine Lahouel, sous l’autorité de Jacques Chevallier, nous l’avons vu.

Au moment de son agression de l’été 1954, il œuvrera à la Mairie d’Alger en tant que complice opérationnel très offensif de la Révolution Algérienne. Il combattra la France et contribuera à faire tuer des Français. Grâce à Lebjaoui, un fonctionnaire municipal. Celui-ci deviendra plus tard le premier chef du FLN-Métro. Mais à Alger, à la mairie, grâce à un complice Rabah Adjaoui, appariteur sous ses ordres, il alimentera les tueurs de la ZAA (Zone Autonome d’Alger) en fausses cartes d’identité. Grâce à Ouamri, un fonctionnaire très actif, il fera établir une liste de policiers français à abattre. Hocine Lahoued put agir ainsi grâce à un effectif mis à sa disposition, avec la complicité du maire certes, mais aussi avec la complicité très active des promoteurs de la mort de dizaines de Français. Promoteurs qui portent les noms de Gallice, Chaulet, et autres encore.

Jacques Chevallier, par sa participation active au combat contre la France, mettait en pratique ses convictions rooseveltiennes telles que celles-ci avaient été exprimées en 1943 à Casablanca par le président américain. Le général Giraud avait claqué la porte. Le général De Gaulle s’était soumis lors de cette célèbre rencontre de 1943 à Casablanca.

Jacques Chevallier, engagé volontaire et convaincu dans la guerre contre la France, engagé dans la guerre pour la naissance de « sa » jeune patrie, l’Algérie connut l’énorme privilège, en octobre 1961, de bénéficier du concours clandestin et efficace d’un « chef » de l’OAS, dont on veut nous faire croire qu’il était l’homme de Salan. Au mois de mai 1962, Jacques Chevallier et son nouveau complice, réussirent à convaincre les « Deltas » de l’OAS algéroise, de cesser le combat.

Ce jour du « cessez le feu » des Deltas correspond historiquement à la date effective de la mort de l’Algérie française. Au triomphe de l’idéologie rooseveltienne. Ce qui signifie que c’est bien ce jour-là que le pompidolisme, état-major rothschildien qui orientait et dirigeait De Gaulle, a triomphé.

            Les Rothschilds ont tenu, indiscutablement, un rôle majeur dans l’élaboration et la mise sous protection d’un énorme capital culturel et artistique européen et occidental. Cette grande famille, comparable à un Laurent de Médicis des XIXe, XXe et XXIe siècles, accompagna ce mécénat artistique d’une adhésion à une volonté politique qui s’est confirmée au cours des décennies.

En particulier, elle adhéra à la théorie, formulée par les techniciens du capitalisme financier moderne, du délestage économique du débouché colonial : favoriser les pseudo-libérations des peuples colonisés, c’est-à-dire se libérer en réalité de la charge énorme qu’exigeaient leur promotion, leur accession à la modernité et au progrès. Grâce à cet allègement économique, les investissements devenaient producteurs d’une valeur ajoutée augmentée. Il était évoqué le prétexte imprudemment affirmé et non vérifié, aujourd’hui encore, de promouvoir secondairement une accession au bien-être moderne des peuples décolonisés. Des peuples « libérés » dit-on encore. Peuples dont le sort s’exprime aujourd’hui, comme on le constate à chaque minute, par des drames et des génocides périodiques. En Afrique. Au Proche et au Moyen-Orient. Par des tueries en Afghanistan.

En 1942, vers la fin de l’année, aux USA, par voie de presse, les Rothschilds ont pris position contre le général Giraud parce que celui-ci tardait, semblait-il, à abroger l’abrogation du décret Crémieux. C’était effectivement une mesure à prendre, nécessaire à la réintégration des juifs d’Algérie dans la citoyenneté française. Cette condamnation implicite du général Giraud provoqua indirectement, mais avec une efficacité redoutable et recherchée, la promotion de De Gaulle, qui avait été recruté depuis bien longtemps par les chasseurs de tête de la Synarchie. C’est le « pompidolisme » de Georges Pompidou, celui-ci étant un collaborateur éminent de la banque Rothschild, qui eut à manœuvrer De Gaulle à partir de 1956 et à l’engager dans la dynamique roosveltienne telle qu’elle s’était exprimée à Casablanca en 1943. Nous l’avons vu. Il ne nous paraît pas inutile de le rappeler.

            Revenons à 1954, en Algérie, la Toussaint Rouge. Le ministre de l’Intérieur français de la IVe République, François Mitterrand, séjourne à Alger le 22 octobre de cette année-là. Il est averti au plus tard le 23 octobre, de la naissance du FLN.

Cependant, des traîtres de l’OS, Organisation Secrète du MTLD, ont parlé. Monsieur Vaujour, directeur de la Sûreté Nationale en Algérie, rend compte à sa hiérarchie de ce que lui propose de vendre un membre de l’OS : toute l’implantation du CRUA, donc du FLN, dans les Aurès. Soulignons qu’au sein de ce maquis opère déjà un évadé de prison, Zighout, futur responsable le 20 août 1955, des massacres de Philippeville, d’El Alia, et d’Aïn Abid. Monsieur Vaujour, pour détruire ce maquis, doit obtenir le feu vert de son ministre Mitterrand, afin de disposer du million d’anciens francs que demande le traître de l’OS pour lui livrer toute cette implantation ennemie.

« Encore un canular ! » va s’exclamer Mitterrand en substance.

Pourtant, c’est ce même Mitterrand, celui qui oppose un net refus au paiement nécessaire pour conduire une opération préventive, qui déclarera quelques jours plus tard, le 12 novembre 1954 :

« Il faut que la force de la nation l’emporte, quelles que soient les cruautés de la tâche ».

Le paiement d’un million d’anciens francs aurait permis peut-être et sûrement, d’éviter la mise en œuvre de ces cruautés qu’avait prédites Mitterrand.

Qui ose affirmer aujourd’hui encore, que les hommes politiques sont tous des parangons d’intelligence et de savoir ? Qui peut affirmer encore aujourd’hui, que les hommes politiques s’expriment en toute liberté ?

Il est facile de répondre à ces interrogations quand on observe le comportement stérile, soumis et pervers des sacristains et des oblats qui fréquentent les monastères du gaullisme résiduel.

Leurs références sont des références de désastre, de mort et de reniement. Car ils ont accepté en esprit le génocide éventuel du peuple français d’Algérie.

            Nous arrivons au 1er novembre 1954, la Toussaint Rouge.

Mostefa Ben Boulaïd, le déclencheur, nous le savons, est un des cinq fondateurs du CRUA, le futur FLN, à partir du 23 octobre 1954.

C’est un Chaouïa ainsi que tous les habitants des Aurès-Nementcha. Dans cette région, la Juive d’origine berbère, la Kahena, a résisté les armes à la main contre les Berbères récemment convertis à l’islam. Les néophytes musulmans algériens, arabisés à outrance, exigeaient la soumission par la force de ceux de leur race qui s’obstinaient à ne pas adhérer au message du Prophète de la Mecque et de Médine, qu’ils fussent juifs ou chrétiens.

Sur ce même territoire donc, Ben Boulaïd confie à des rebelles une mission bien précise : intercepter un autobus dans la région de M’Chounèche. Cette opération s’inscrit parmi d’autres qui vont se déclencher sur des sites différents du territoire algérien. Ils tuent un instituteur et blessent sa femme. Auparavant ils avaient abattu Hadj Saddok, le caïd de M’Chounèche, qui, a-t-on prétendu, voulait s’opposer à l’assassinat du maître d’école français.

Cette interprétation officielle de l’attentat de M’Chounèche, n’a qu’un but : occulter son identité réelle.

Car, pour Ben Boulaïd, pour l’anti-France, celui qu’il fallait tuer de toute urgence et avant tout c’était Hadj Saddok.

Pourquoi ?

Ben Boulaïd connaît les Aurès comme sa poche. Il jouit du prestige d’évadé d’une prison française, ainsi que l’un de ses subordonnés, Zigout. Ben Boulaïd est conscient d’une réalité : une insurrection dans les Aurès n’aurait aucune chance de réussir si on ne la fait pas précéder de l’élimination physique de Hadj Saddok. Celui-ci, en effet, jouit d’une grande audience dans les Aurès. Il est connu comme un partisan total de la France. Un homme courageux au passé militaire élogieux. Mais ce n’est pas suffisant pour l’abattre. Car à cette date, du 1er novembre 1954, s’il fallait tuer tous les partisans de la France en Algérie, il faudrait tuer 80 % de la population algérienne au moins.

Hadj Saddok est néanmoins tué de toute urgence. Sa mort, en effet, est nécessaire à l’opération déclenchée contre la France.

Pourquoi ?

            Il faut revenir, pour répondre à cette question, au 8 mai  1945. En y allant « sur la pointe des pieds ». Avec une prudence trouillarde.

Car « le 8 mai 1945 », en Algérie, est frappé du sceau d’une malédiction entretenue et même nourrie par le refus de « voir » la réalité. C’est-à-dire la signification historique réelle de ce drame. C’est un entêtement qui conduit certains interlocuteurs à se satisfaire d’une relation incomplète de l’identité fondamentale de cet évènement.

Le 8 mai 1945, c’est le jour d’une insurrection dans les Hauts Plateaux sétifiens, dans la Petite Kabylie. Et à Guelma, dans l’Est-Constantinois. Personne ne veut répondre encore aujourd’hui à la double question :

Pourquoi le 8 mai 1945 ?

Pourquoi dans cette région ?

Personne ne veut s’attarder sur la responsabilité de l’émir libanais Chékib Arslan, agent hitlérien connu pendant la guerre de 1939/1945, échappé providentiel en avril 1945 du lieu de sa détention en tant que prisonnier français, pour rejoindre Genève. Il pourra donner, à partir de cette ville, conformément aux instructions anglo-saxonnes, l’ordre de djihad contre la France.

Personne ne veut retenir que son transmetteur d’ordre n’est personne d’autre que le président en fonction de l’association des Oulémas en Algérie, El Bachir el Ibrahimi, assigné à résidence à Aflou. Il est précisément originaire de Tocqueville, Ras-lel-Oued, en plein centre des Hauts-Plateaux-Sétifiens. Personne ne veut se souvenir que ce déclenchement opérationnel est en conformité avec la volonté manifestée à Casablanca en 1943 par le président Roosevelt. C’était une opération contre la France, ouverte simultanément sur deux sites opérationnels précis.

Un site algérien : le Constantinois, à Sétif et à Guelma en particulier.

Un site syrien, à Damas, où nos troupes sont attaquées le 8 mai 1945 par des Palestiniens. Nos soldats résistent, mais vont être désarmés par les forces britanniques du général Spears.

Tout cela, personne ne veut s’y attarder.

L’étude fragmentaire que je vous adresse aujourd’hui, n’a pas pour objet de revenir sur les évènements du 8 mai 1945, à Sétif, Guelma, Kerrata et d’autres localités du Constantinois.

Ce que l’on ne relève pas habituellement, c’est l’information suivante : Hadj Saddok, la future victime du FLN à M’Chounèche en 1954, était sous-officier en 1945. Il était adjudant dans une unité de tirailleurs stationnée en Tunisie. Pas loin de la frontière algérienne. Pas loin des Aurès Némentcha. C’est un Chaouia.

Un de ses officiers lui demande d’être volontaire, le 8 mai 1945, pour une mission délicate et urgente. Parce que Hadj Saddok est un Chaouia, il lui est commandé de se rendre sur le territoire de ces montagnards du Sud-Est constantinois et d’y convaincre le peuple chaouia de ne pas s’incorporer à l’insurrection. N’oublions pas que nos forces militaires sont réduites sur ce territoire, le 8 mai 1945. Notre armée est dispersée en Europe, pour y terminer la guerre. Elle fournit l’effectif des garnisons sur les territoires qui à cette époque sont encore les territoires de l’empire français.

Saddok accepte la mission. Il se fera connaître sur sa terre, comme ce qu’il était. Un soldat français. Il connaîtra, plus tard, les honneurs, en récompense du succès qu’il remportera.

Pour Ben Boulaïd, Hadj Saddok est l’homme à abattre de toute urgence, car celui-ci avait l’oreille des Chaouias et aurait, peut-être, entraîné son peuple des Aurès dans une contre-rébellion, sur le chemin de la France.

Mais, la France, c’est justement elle qu’il fallait tuer au sud de la Méditerranée. Et, en même temps, éliminer en les tuant, ceux qui s’affirmaient publiquement Français, malgré les tueurs et les menaces.

C’est pour cela, pour atteindre ce but, que le Cheik des Oulémas, Ibrahim Bacchir, toujours lui, déclara à partir du Caire, le 1er novembre 1954   , que le combat est engagé pour « le triomphe de l’arabisme et de l’islam ».

C’est dans le but de contrecarrer « le triomphe de l’arabisme et de l’islam » que François Mitterrand déclare le 12 novembre 1954 : « il faut que la force de la Nation l’emporte quelles que soient les cruautés de la tâche ». Il donne en apparence un blanc-seing aux forces de l’ordre pour que la force de la Nation puisse s’exprimer et l’emporter. Mais, très vite, il sera repris en mains par les promoteurs capitalistes de l’abandon de l’Algérie. Par les tenants rothschildiens, secondairement et tactiquement gaullistes du « délestage économique du débouché algérien ». Il fallait se défaire des peuples à gérer et à développer. Des peuples à promouvoir. Dans le but exclusif d’augmenter la valeur ajoutée des investissements. La décolonisation c’est une décision et un accomplissement capitalistes.

« Libérer la France du peuple algérien » telle est encore aujourd’hui la formulation tactique majeure et ouvertement exprimée de ceux qui s’incorporent au racisme gaulliste. Celui-ci a pris la responsabilité de la mise en chantier de la plus grande défaite subie par notre pays, depuis qu’il existe.

            Aujourd’hui, nous « crevons » en France des séquelles de cette défaite. Malgré les péroraisons ridicules, je l’ai déjà dit, permettez-moi de l’affirmer encore, de tous ces sacristains et oblats qui peuplent les chapelles du gaullisme résiduel, l’on doit faire un constat : la France guérira de cette défaite quand elle guérira du gaullisme, gangrène encore active et involutive de la droite française.

            Lors du dernier combat, celui de l’OAS, nous avons été contraints, pour survivre et espérer, de recourir à une technique de guerre terroriste. On prétend nous accabler encore pour cela. On oublie de préciser que notre guerre terroriste, que nous n’évoquons pas sans douleur, n’a duré que 4 mois. 4 mois seulement.

Mais on omet de rappeler que le peuple pied-noir, fraction vivante de la Nation française, a subi, quant à lui, 94 mois de guerre terroriste.

Une guerre terroriste illustrée des crimes les plus horribles, que nous, nous n’avons jamais commis : femmes, enfants vieillards, massacrés, viols collectifs de femmes enlevées, soldats prisonniers, émasculés, éventrés après avoir eu les yeux crevés. Des dizaines de milliers de Harkis lynchés avec leur famille. Les disparus d’Oran. Les prisonniers de guerre escamotés.

Ne rougissez pas de l’OAS.

Priez le ciel que ne soit pas nécessaire un jour, l’entrée en action d’une OAS européenne et occidentale pour sauver ce que nous avons espéré défendre en Algérie : l’Occident chrétien.

MTLD : Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques

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ALGÉRİE MİLLÉNAİRE

DE LA PREMIÈRE DİASPORA JUİVE A ALQAİDA

Ecrit et diffusé en 2012

En France, nous avons failli connaître un « escamotage » dramatique. Celui d’un énorme capital humain. Un capital humain illustré charnellement par une fraction importante de la communauté nationale française.

Je dis escamotage car je m’interdis aujourd’hui de recourir à une terminologie agressive, voire révolutionnaire.

« Aujourd’hui », dans un sens plus précis, fait référence à l’année de célébration du cinquantenaire de la plus grande défaite qu’imposa à la France de subir une secte politique satanique. Celle-ci décida que « la valeur ajoutée des investissements économiques, pour augmenter, exigeait le délestage économique du débouché algérien ».

Ce que je prétends rappeler par-dessus tout c’est l’évidence suivante : le peuple pied-noir, que j’ai maintes fois désigné par les termes de fraction vivante de la nation française, a failli être victime d’un génocide.

Précisons : il a failli être effectivement l’objet d’un massacre qui s’était préalablement annoncé avec éclat, le 20 août 1955 à Philippeville, Aïn Abid et El Alia. Un massacre qui s’est partiellement accompli le 5 juillet 1962 à Oran. Génocide du peuple pied-noir que nous avons évité, les armes à la main, lors du combat ultime de l’OAS en 1961/1962.

Il n’est pas déplacé d’affirmer que ce génocide aurait été vécu avec une quiétude désespérante par une fraction électorale majoritaire du peuple métropolitain. Celui-ci subissait alors les effets pervers d’une encéphalopathie gaulliste, invasive et collective.

            L’Algérie française fut avant tout une création française. Pardonnez-moi, je viens de formuler une contre-vérité. Ce que je veux exprimer, c’est ceci : c’est l’Algérie qui fut une création française, un enfantement français.

Cette création fut mise en œuvre et structurée, en effet, à partir du néant institutionnel et géopolitique que représentait historiquement la terre de la Régence Turque d’Alger en 1830.

Je dis néant institutionnel et géopolitique. Je m’interdis d’écrire « néant historique ». Car la terre d’Algérie connaissait un véritable passé. Cette contrée s’était exprimée et illustrée pendant des siècles, par le biais de contradictions ou plutôt de confrontations religieuses et révolutionnaires.

Or, aujourd’hui, en 2012, à cette heure, ce sont ces mêmes confrontations religieuses et révolutionnaires universellement réparties qui menacent la santé du monde actuel, du monde moderne.

            Terre païenne, cette terre fut colonisée, en réalité infiltrée, par des émigrants de la diaspora juive, animés d’un prosélytisme très efficace. Ces migrants juifs ont converti une fraction minoritaire du peuple berbère qui vivait de part et d’autre du détroit de Gibraltar. Les nouveaux convertis avaient rejoint leur nouvelle foi monothéiste, grâce à des fils d’Abraham premiers migrants de la diaspora très peu nombreux. Ceux-ci ont convaincu une fraction très faible mais néanmoins très vigoureuse des Berbères du Maghreb et d’Ibérie, de se convertir à la foi monothéiste juive. Ce peuple, converti en très faible proportion à la religion du Dieu d’Abraham, constituait la collectivité des fils d’Israël, les autres composants de la diaspora juive. Qui n’étaient pas et ne sont pas de race Hébraïque.

            Cette terre va connaître des migrations et des invasions. Invasions beaucoup plus idéologiques et militaires que massives. Elles constituent néanmoins le prélude au destin spirituel que cette terre va connaître.

Plusieurs siècles plus tard, en effet, au début du christianisme, celui-ci va s’implanter à son tour sur cette contrée. Une imprégnation chrétienne fidèle à la papauté naissante va transmettre le message du sans-culotte Jésus animé de ses deux personnalités, humaine et divine, telles que celles-ci avaient été illustrées, proclamées et enseignées en 325 lors du Concile de Nicée.

Ces chrétiens orthodoxes, fidèles du Christ à la fois humain et divin, vont être combattus sur cette terre berbère, par les Goths hérétiques ariens qui rejettent la filiation de Dieu en Jésus. Les tribus gothes successives, hérétiques anti-romaines, vont tenter de convaincre les Berbères chrétiens ou païens, qu’il fallait croire en « un seul Dieu, unique et sage, à nul autre pareil ». Ils vont rejeter ainsi le dogme de la Sainte Trinité et les conclusions du Concile de Nicée.

Nous affirmons que ces envahisseurs ariens, fidèles de l’évêque hérétique Arius, vont obtenir l’adhésion d’une fraction dominante du peuple berbère. Les nouveaux adhérents à cette foi hérétique, vont s’opposer farouchement au dogme trinitaire des chrétiens de Rome.

            Lorsque d’autres migrants, aux VIIème et VIIIème siècles, ont transmis le message du Prophète de la Mecque et de Médine, les ariens du Maghreb et d’ailleurs ont cru trouver dans le message de Mohamed, une confirmation de leur foi unitaire arienne. A partir de cette constatation, on peut affirmer que les ariens vont se manifester comme un très efficace substrat préislamique.

« Il n’y a de dieu que Dieu et Mohamed est le razoule, c’est-à-dire l’envoyé de Dieu ». Tel était le message du Prophète qui venait confirmer le credo des ariens que nous rappelons : « Il n’existe qu’un seul Dieu, unique et sage à nul autre pareil ».

Ce peuple berbère et arien, substrat préislamique soulignons-le encore, va adhérer avec enthousiasme au message musulman car il croyait y découvrir une confirmation majeure, surnaturelle et divine de leur hostilité déclarée contre le dogme catholique romain. Le dogme trinitaire.

Ils vont adhérer au message du razoule. Ils vont s’arabiser et il ne sera pas nécessaire de recourir à des invasions pour transformer des Berbères de race en Arabes historiques, en Arabes dialectiques. Ils vont s’arabiser en particulier grâce au potentiel de la langue arabe que de grands auteurs ont évoquée par le terme très significatif de « substance phonique de l’islam ».

Les invasions arabes n’ont jamais existé. Les grandes chevauchées arabes, c‘est de la légende. Ce sont des Berbères convertis et arabisés depuis des générations qui vont essayer de convertir par la force, les chrétiens et les juifs. Ce sont les Berbères arabisés qui pourchasseront dans les Aurès, pour la tuer, la très célèbre prêtresse juive la Kahéna.

            Lorsque la France arrive, il existe une communauté musulmane dominante, une communauté juive très réduite soumise aux exigences de la dhimmitude et quelques chrétiens, silencieux et soumis eux-aussi, car ils vivaient sous l’autorité hostile du beylicat. La France s’installe sur cette terre à la suite d’une conjuration juive livournaise qui aspirait à s’affranchir de la dhimmitude. Notre pays dès lors, va se trouver confronté, par grandes périodes, à l’arabo-islamisme fondamentaliste. La Monarchie de Juillet, le Second Empire, la IIIème République vont interdire les entreprises de christianisation de l’Algérie. Cette volonté négative d’apostolat, va être récompensée, ou plutôt relayée indirectement et logiquement par un arabo-islamisme latent, réactionnel, qui va devenir particulièrement activiste à partir de 1920.

            L’apothéose sera atteinte les 5 et 7 juin 1931, lorsque fut constituée, légalement, avec la bénédiction de la IIIème République, l’Association des Oulémas.

Tout naturellement, le 1er novembre 1954, le jour de la Toussaint Rouge, le cheikh des Oulémas, Ibrahim Bachir, président de l’Association, déclarera à partir du Caire, que le combat est déclenché, contre la France, pour « le triomphe de l’arabisme et de l’islam ».

            Cette agression s’exprimera à travers la Guerre d’Algérie que la grande majorité des Pieds-noirs ont vécue comme ils avaient vécu la « drôle de guerre » en 1939-1940. Ils vont la vivre, cette guerre, dans un véritable état comateux. Jusqu’au sursaut, frappé de malédiction satanique, que fut le 13 mai 1958. 13 mai qui a vu se mettre en œuvre la plus grande trahison que n’ait jamais connue notre Patrie. De Gaulle, ennemi forcené de l’Algérie française et des Pieds-noirs, va exercer son talent démoniaque dans ce combat.

Le sursaut du 24 janvier, le combat féroce de l’OAS, ont été finalement conduits par une minorité lucide du peuple pied-noir et de patriotes métropolitains. Ils ont, en dernière analyse, refusé d’abandonner cette terre sans transmettre un message, à ceux qui voudront bien en tirer profit.

            Ce fut un combat dont nous n’avons pas à rougir, pour au moins une raison : ce fut le combat annonciateur des combats à venir, des combats qui se déroulent déjà dans plusieurs secteurs de la planète.

Prenons garde aux tempêtes générées par des « printemps arabes » successifs. Des jours sombres s’annoncent pour notre progéniture.

            Mais que l’on n’oublie jamais l’œuvre accomplie par la France en Algérie. Je parle sans rougir, avec conviction, de l’œuvre colonisatrice de la France. Car la colonisation s’inscrit dans les grandes manœuvres ou plutôt les grands courants qui définissent tout banalement ce que l’on appelle la civilisation.

Jules Ferry l’avait compris et il est absurde, voire ridicule, de vouloir lui imputer aujourd’hui tous les défauts de la terre parce qu’il fut colonialiste.

La colonisation fut sans conteste riche de beaucoup de défauts, de beaucoup d’erreurs. Mais, ce que l’on doit affirmer de la décolonisation aujourd’hui, c’est qu’elle définit un gigantesque crime contre l’humanité : elle ne fut rien d’autre qu’une entreprise planétaire de purification ethnique à porter au crédit exclusif de ceux qui s’identifient à des « décolonisateurs ».

Nous sommes aujourd’hui, au tout début d’un nouveau commencement. Nous sommes vieux, il est vrai. Mais il nous appartient de laisser un message à nos enfants :

« quoique l’on dise, quoique l’on proclame, l’Algérie française était et restera pour la nuit des temps, la grande idée de l’histoire universelle.

Mis en page le 17/04/2014 par RP