Un nouveau cycle d’études : chapitre 7

LE CYCLE DE L’ADIEU

CHAPITRE VII

« PREMIER VERITABLE EXIL ENCORE OCCULTÉ DES JUIFS D’ALGERIE »

« LES AURÈS, 698 »

 

Durant cette fin du VIIème siècle, l’influence arianiste[i est dominante en Berbérie. Elle est renforcée par le voisinage de l’Ibérie, l’Espagne, car les Portes d’Hercule, identifiées au détroit de Gibraltar, ne constituent pas un obstacle majeur à l’intercommunication des Berbères nord-africains avec les Berbères hispaniques.

Malgré le concile de Tolède de 589, qui officialise l’adhésion du royaume d’Espagne et de son roi, Récarède, au culte trinitaire romain, une opposition arianiste anticatholique, est fortement et militairement structurée dans la péninsule ibérique. Elle exerce ses effets contre le catholicisme officiel tout récent du royaume goth d’Espagne. Il s’agit de la confrontation fondamentaliste qui exerce ses effets depuis le début du IVème siècle au plus tard, entre les unitaires ariens et les trinitaires romains.

Des chefs militaires goths, des Vandales, étaient venus s’établir en Berbérie nord-africaine en partant de Tarifa vers 434. Ils y combattirent le catholicisme apostolique et romain enseigné par des dignitaires religieux. Parmi ceux-ci, Saint-Augustin, son cousin Fulgence, et beaucoup d’autres encore.

Rappelons que la vérité théologale du christianisme romain s’exprime ainsi :

« Jésus, c’est le fils de Dieu ».

S’affirme à partir de cette vérité, une autre valeur considérée comme une valeur fondamentale du christianisme : la charité.

A partir du IIIème siècle, à l’intérieur des limites géographiques très variables dans le temps de l’empire romain, la foi en une divinité ou en des divinités s’était exprimée et s’exprimait encore, schématiquement, de façons diverses.

Le paganisme restait encore dominant et polymorphe.

La religion juive s’exprimait depuis des dizaines de siècles. « Depuis plus de 4.000 ans ». Rigoureusement monothéiste, elle regroupait des fidèles motivés par la vigueur de leur conviction. Des fidèles recrutés parfois après un prosélytisme très sélectif.

 

A ce propos, il est utile de rappeler la définition première du terme de prosélyte. Celui-ci désignait un païen converti au judaïsme.

Schématiquement, cette religion fut révélée à Abraham. Il fut chargé de la transmettre à son peuple, à sa diaspora. Elle fut progressivement et traditionnellement vécue par deux catégories de fidèles.

La collectivité ou la diaspora des fils d’Abraham qui réunit des populations considérées comme hébreuses, représentées historiquement par ceux qui s’incorporèrent au sein des premières collectivités juives, religieusement définies.

Ces fils d’Abraham convertirent des païens vivant sur les territoires où eux-mêmes s’étaient implantés. La parole d’Abraham, des Prophètes, et des Hagioraphes, fut ainsi propagée par le moyen de l’adhésion des nouveaux croyants réunis par leur foi, dans une collectivité de juifs qui n’avaient rien d’hébreux au sens ethnique que l’usage confère à ce terme.

Ils n’étaient pas les fils d’Abraham.

Ils étaient les fils d’Israël.

Mais ils firent un usage exclusif de la langue hébraïque.

Ces fils d’Israël étaient d’origines ethniques diverses. Particulièrement concentrés au Proche et au Moyen-Orient, et plus loin jusqu’à l’Oural et à l’Inde. En Berbérie nord-africaine et en Berbérie ibérique.

Ils furent à l’origine de la diffusion de la foi juive, à l’échelon universel, par l’intermédiaire de communautés dispersées au sein des royaumes qui, entre temps, s’étaient structurés au sein du nouvel Occident naissant.

Le peuple nord-africain, jusqu’au VIIème siècle était majoritairement d’origine berbère. Le culte païen y était suivi par le plus grand nombre avec cependant une vigoureuse implantation chrétienne, grâce en particulier, à l’enseignement de Saint-Augustin et de son cousin Fulgence.

Une forte pression arianiste s’exerça après l’arrivée des Vandales en provenance de Tarifa. Ceux-ci, s’appuyant sur une redoutable force armée, exigèrent la conversion des catholiques berbères à la religion « chrétienne », telle que la concevait Arius, l’évêque qui avait été condamné comme hérétique au Concile de Nicée, en 325.

Au IVème siècle, l’arianisme ainsi renforcé, devînt dominant en Berbérie. Il exerçait un pouvoir militaire absolu. Animé d’une volonté opérationnelle constante : la conversion des catholiques romains au dogme unitaire d’Arius. Par la force si nécessaire.

 

L’arianisme, par son expression rigoureusement unitaire de la foi en Dieu, s’est identifié à l’insu de la majorité de ses pratiquants à un « substrat de la religion musulmane ». Leur conviction s’exprimait par un acte de foi :

« il n’existe qu’un seul Dieu, unique et sage, à nul autre pareil ».

Cette doctrine illustrait la formulation d’une opposition radicale au dogme trinitaire du christianisme romain ainsi qu’au fondement de celui-ci, qu’il nous paraît nécessaire de rappeler :

« Jésus c’est le fils de Dieu ».

Ce substrat se structura dans la mentalité des ariens et grâce au pouvoir politique et militaire de ces derniers, il finit par évoluer vers un syncrétisme musulman de la foi monothéiste.

C’est-à-dire une structure un peu brouillonne qui à partir du VIIème siècle, c’est-à-dire à partir de l’Hégire, trouva dans le message du prophète de la Mecque et de Médine, qui n’était pas encore transmis à cette époque sous la forme du Coran, une confirmation opérationnelle à la fois limpide, providentielle et surtout transmise ou plutôt confirmée au nom de Dieu par l’archange Gabriel, Jibril, de la foi que les ariens exprimaient déjà depuis trois siècles au moins.

En 589, en Ibérie, lors du Concile de Tolède le roi goth arien Récarède se convertit solennellement au catholicisme romain. Cette religion fut déclaré officiellement la seule religion pratiquée en Espagne.

Mais, à l’instant même de cette proclamation, une forte opposition arienne se structura dans la péninsule ibérique contre le « roi goth nouvellement catholique, Récarède ».

589, c’est-à-dire, rappelons-le, 33 ans avant l’Hégire.

Jean d’Escola, à propos de cet évènement, écrit en substance, nous l’avons souligné :

« l’arianisme se définissait dès lors, comme un syncrétisme musulman ».

Il situe historiquement la réalité du syncrétisme musulman 33 ans avant l’Hégire, soulignons-le une fois de plus.

 

Ce sont des notions que j’évoque superficiellement, en apparence, c’est évident. Mais cette imprécision nous plonge dans une nébuleuse spirituelle plus que confuse. Epaisse même. Dans laquelle évoluèrent plus tard les esprits, à la fin du VIème siècle et au VIIème siècle. Nébuleuse en relation avec la situation conflictuelle qui opposait violemment les chrétiens trinitaires orthodoxes d’une part, aux arianistes unitaires d’autre part.

Une nébuleuse qui permet toutefois de comprendre que ce « syncrétisme pré-musulman » accéléra la conversion immédiate et massive des Berbères de Numidie à la religion musulmane. La conversion des Berbères nord-africains, fidèles de la doctrine d’Arius.

Ainsi que la conversion des ariens ibériques, languedociens, balcaniques, germains, syriaques, sassanides et pré-caucasiens à la religion du prophète Mohamed. Prophète du culte unitaire : « il n’y a de dieu que Dieu ».

Cette transformation ou plutôt cette évolution « logique » de l’arianisme vers l’islam, explique « la massification » immédiate que connut l’islam sur les territoires où le substrat arianiste était déjà fortement implanté.

Tout logiquement, sur ces territoires, « lorsque l’islam apparaît, l’arianisme disparaît ». Car les arianistes adhèrent à l’islam comme à une clarification de leur foi.

Une clarification offerte par le Coran. Enseigné aux mortels par Jibril, l’archange chargé par Dieu d’assurer l’enseignement du Prophète.

Les masses arabes, les invasions arabes, la cavalerie arabe qui provenaient les unes et les autres du Hedjaz pour envahir le Maghreb puis l’Espagne et le sud de la Gaule, voilà une légende à laquelle restent fidèles ou plutôt « soumis » de grands et sympathiques historiens.

Ceux-ci refusent d’enregistrer que le message de Mohamed, ou plutôt le message de Dieu transmis par l’archange Gabriel au Prophète de la Mecque et de Médine, fut reçu avec enthousiasme par les ariens. Ces derniers ont identifié le message reçu par le Rasoul à une confirmation divine de leur propre foi.

« Dieu a parlé au Prophète, par l’intermédiaire de Jibril »

Ils sont devenus tout logiquement, musulmans et surtout arabes.

Ou plutôt arabophones.

Car ils adhérèrent avec une conviction fanatique aux commandements du 3ème calife Utman qui avait imposé l’utilisation exclusive de la langue arabe littérale sur tous les territoires où allait être propagée la Parole du prophète. Générant ainsi « l’arabisme » des fidèles du coran, quelle que fût leur origine ou identité ethnique.

 

La langue arabe littérale s’identifiait dès lors à « un outil conceptuel ». Outil conceptuel, c’est-à-dire une langue que le prophète lui-même ne parlait pas.

Cette vérité historique, négligée aujourd’hui encore avec entêtement, fut exprimée et démontrée sans provoquer d’opposition, par le professeur K. Vollers, d’Ièna, grand spécialiste allemand de l’islam, de la langue arabe et des langues sémitiques.

C’était au Congrès Orientaliste tenu à Alger en 1905.

Le peuple berbère de confession juive, résista à la pression des ariens d’abord, puis de ces derniers quand ils se déclarèrent musulmans.

Il n’accepta pas de renier sa foi.

Dans les Aurès, au sud-est de ce qui devint l’Algérie grâce à la France, cette lutte engagée pour la défense de la foi juive contre les Berbères tout récemment convertis à l’islam, s’exerça sous le commandement d’une prêtresse juive, la Kahena.

Le peuple juif prit les armes et lutta jusqu’à la limite de ses ressources.

En 698 il finit par être vaincu par les Berbères néophytes de l’Islam. Ceux des Berbères juifs qui voulurent survivre sur cette terre furent dans l’obligation de se convertir à l’islam, tout au moins sur ce territoire des Aurès.

La Kahena fut tuée, décapitée après une captivité de 3 ans ….peut-être.

 

Cette année 698, 76 ans après l’Hégire, représente historiquement le « premier exil » subi par le peuple juif sur un territoire qui n’était pas encore l’Algérie.

Un territoire qui devint l’Algérie peu de temps après que la France eût pris pied sur cette contrée. Il est nécessaire de ne jamais oublier que c’est la France qui a enfanté cet immense territoire développé au sud de la Méditerranée, au nord de l’Afrique et qui plonge jusqu’au coeur du continent africain.

Un premier exil dont notre accusateur, très sélectif et partisan dans ses choix, considère sans aucun doute inutile voire inconvenant, de faire état aujourd’hui.

Au moment où une entreprise d’invasion idéologique arabo-islamiste fondamentaliste est amorcée à l’échelon de tout l’Occident, il ne faut pas, en effet, pour un futur « collabo des nouveaux envahisseurs » que sont les islamistes, de « Daesh » et de « l’Etat islamique », prendre une attitude agressive, une attitude de résistance, une attitude de refus de soumission, contre ceux qui prétendent nous conquérir.

Contre ceux que certains considèrent « déjà » comme les futurs maîtres du monde.

Encore une fois, permettez-moi d’exprimer une précision : quand j’évoque les invasions idéologiques arabo-islamistes qui s’annoncent en perspective, je n’évoque pas la religion musulmane.

La religion musulmane ce n’est pas « Daesh », ce n’est pas « l’Etat islamique ». Ce n’est pas l’organisation des massacres tels que nous les avons connus en Algérie, et à Paris le 13 novembre 2015, les massacres de Paris et Saint-Denis. Ces organisations ont déclenché un combat pour atteindre un seul but politique : la domination finale du monde.

Jean-Claude PEREZ

Nice,

Le 10 février 2016


[i] Ou arienne  

 

En prévision : le chapitre VIII de ce cycle d’études, intitulé «DEUXIEME EXIL SUPPOSES DES JUIFS D’ALGERIE : 1830 », vous sera proposé dans la deuxième quinzaine de février.

N’hésitez-pas à consulter le site du Cercle Algérianiste de Nice et des Alpes Maritimes et tout particulièrement, la classification et études de Raphaël PASTOR et Hervé CUESTA.

  BIBLIOGRAPHIE

L’assassinat de l’Algérie française, terreau de la conquête islamiste actuelle. 2012

Un des livres du cinquantenaire, à lire et à faire lire.

Vérités tentaculaires sur l’OAS et la guerre d’Algérie

Stratégies et tactiques, 2006 ; 2e Edition

            Cet ouvrage a été d’un grand recours dans la rédaction de cette étude

L’islamisme dans la guerre d’Algérie

Logique de la Nouvelle Révolution Mondiale, 2004

Le sang d’Algérie

Histoire d’une trahison permanente, 2006 ; 2e édition

Debout dans ma mémoire

Tourments et tribulations d’un réprouvé de l’Algérie française, 2006 ; 2e édition

Attaques et Contre-attaques

Vérités tentaculaires sur l’OAS et la guerre d’Algérie II, 2008

 

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Vous pouvez prendre connaissance des deux interview accordées par Jean-Claude PEREZ :

- la première à Monsieur Olivier CAZEAUX : sur Internet tapez « OAS, le docteur PEREZ parle » ;

- la seconde, à Monsieur BESSOU dans le cadre de la préparation d’un film. Monsieur BESSOU a livré à Jean-Claude PEREZ tout le matériau de son exposé visible sur le site www.jean-claude-argenti-sauvain.com.

 

 

Mis en page le 10/02/2016 par RP