Les associations nationales des Français rapatriés d'AIgérie,



                                                                           à

           
                                                                           M. Laurent Delahousse

           Mmes Dominique Fargues et Pauline LIETAR

           France 2

           Esplanade Henri de France

          75015 PARIS

                                                                                                                                      le 7 décembre 2018

 

Objet/ Documentaire France-Algérie
Une affairede famille du 29/11/2018

 

 

Mesdames, Monsieur,


Le 29 novembre dernier, vous avez diffusé une émission intitulée « France-Algérie, une affaire de famille ››, consacrée aux relations entre ces populations depuis le 8 mai 1945 à nos jours,

Très naturellement, les Rapatriés d'Algérie ont été nombreux à suivre cette soirée, avec attention et émotion. Si la présentation et les premières images ont pu laisser espérer une analyse apaisée et une objectivité enfin trouvées tant d'années après l'exode, nous avons été rapidement submergés par le flot de désinformation habituel, hélas classique.

La déception n'en a été que plus cruelle, laissant place à la rancœur et la colère.

Il est hors de question dans le présent cadre de dresser le catalogue des erreurs et contre-vérités relevées. Nous ne citerons que quelques-uns des points qui nous ont plus particulièrement heurtés.

D'une façon générale, la chronologie des événements a fait la part belle aux intervenants algériens et aux surenchères et exagérations dans les chiffres avancés. Bien plus grave encore a été le déséquilibre flagrant dans les interventions des historiens français retenus. La partialité de l’engagement de deux historiens nous est bien connue, la palme est revenue ce soir-là et de loin à M Pascal Blanchard et à ses commentaires agressifs assénés d'un ton cassant, distançant très largement Mme Raphaëlle Branche... Le temps de parole accordé à M .lean-Jacques Jordi a été quant à lui chichement mesuré.

L'évocation de la tragédie de Sétif, le 8 mai 1945 nous est apparue biaisée. Face à l'invraisemblance des 45000 morts avancés par les sources algériennes, votre évaluation à 10 000 victimes pour les sources françaises a triplé, voire quadruplé, la réalité communément retenue par les historiens sérieux.

Le sujet de la scolarisation des masses musulmanes a été survolé avec une légèreté coupable, permettant à M Ali Haroun d'asséner « 90% d'enfants non scolarisés ›› contre une scolarisation de 100% pour les Européens sans autre commentaire. Bornons-nous à rappeler les obstacles religieux et les traditions propres à cette population en Algérie, ajoutés aux difficultés rencontrées à cette époque dans les campagnes (y compris métropolitaines d'ailleurs).

Le cas combien douloureux et important des enlèvements suivis de disparitions est à peine effleuré : aucun chiffre n'est cité, aucun témoignage direct n'a été recueilli.

Venons-en enfin aux omissions graves : l'horreur de la tuerie d'El Halia, le 20 août 1955, malgré son ampleur, a été de façon incompréhensible passée sous silence. Pas un mot sur les affrontements meurtriers entre mouvements indépendantistes F.L.N. / M.N.A. tant en Algérie qu'en Métropole. Après avoir consacré un large développement (plus de 5 minutes) à la répression de la manifestation à Paris le 17 octobre 1961, organisée en temps de guerre par l'Ennemi de l'époque, vous avez occulté le massacre accompli par une troupe française le 26 mars 1962, rue d'Isly à Alger où la foule pacifique et sans arme clamait son attachement à la France... Oubli impardonnable, certes comblé en partie, mais seulement en fin de soirée et au-delà des heures de grande écoute, grâce au documentaire de M J.F Delassus qui a traduit honnêtement et assez fidèlement la pensée et les convictions des témoins interrogés.

L'accumulation et la gravité des erreurs relevées, l'importance des lacunes signalées justifie à notre sens que vous accordiez aux associations nationales représentatives signataires du présent courrier le droit de réponse légitime que les Rapatriés d'Algérie espèrent.

Dans cette attente, nous vous prions d'agréer, Mesdames, Monsieur, l'expression de notre considération distinguée.

ANFANOMA NATIONALE
4 rue des Arènes
75005 PARIS
CERCLE ALGERIANISTE
1 rue du Général Derroja
66000 PERPIGNAN
CLAN.R
Salle Jacques Augarde
95 rue de Montebello
83000 TOULON

MAFA
95 rue d'Amsterdam
75008 PARIS


Copie pour information :

M Jean-François Delassus

Mme Marie Drucker


Mis en page le 19/12/2018