C'est avec une très vive émotion que de nombreux Français d'Algérie de Marseille,
mais aussi de l'ensemble du territoire, ont pris connaissance du chaleureux
entretien que vous avez accordé, le le 1er juillet dernier, à Madame Zohra Driff-Bitat, qui conduisait en sa qualité de vice présidente,
une délégation du Conseil de la Nation algérienne.
La main que vous avez serrée ce jour-là n'est pas pour nous anodine.
Nous ne pouvons, en effet, oublier que votre interlocutrice de ce jour
a pour beaucoup de victimes et en particulier celles de l'attentat du Milk bar à
Alger, le 30 septembre 1956, le visage hideux du terrorisme le plus abject,
celui qui frappe des femmes et des enfants dans des lieux de paix.
Madame Zohra Driff fut, vous le savez
certainement, celle qui causa la mort directement de victimes innocentes ou en
blessa grièvement d'autres, telle notre compatriote Nicole Guiraud, dont le
bras fut arraché, dans ce terrible attentat, alors qu'elle avait à peine 10 ans.
Nous aurions espéré, dans une ville aussi symbolique pour nous que
Marseille, que son premier magistrat, quelles que soient les nécessités de la
diplomatie, choisisse plutôt que les embrassades,
avec ceux qui ont du sang sur les mains, une attitude plus distante et garde en
mémoire que pour les Français d'Algérie, Zohra Driff demeurera à jamais une terroriste aveugle.
A l'heure même où
les Harkis sont toujours interdits de séjour en Algérie et où dans ce même pays, l'idée de recevoir, en grande pompe, un ancien
activiste de l'Algérie française ne viendrait à personne, il est regrettable
que vous ayez choisi d'accueillir, Zohra Driff qui a manifesté au cours de ces dernières années,
publiquement, y compris sur les chaines de télévision française, la haine qu'elle éprouvait toujours pour les Harkis et les Pieds-Noirs.
Nous sommes, Monsieur le Sénateur-Maire, favorables à la réconciliation
des mémoires et des peuples, mais cela exige, de chaque côté de la méditerranée, que soit engagée une même démarche
d'ouverture en direction des adversaires d'hier et qu'aucune victime, à
commencer par celles du terrorisme du FLN, ne soit oubliée.
Je vous prie de vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Sénateur
Maire, l'assurance de ma considération distinguée.
Thierry Rolando
Président national du Cercle algérianiste