Narbonne,
Le 24 octobre 2012
Monsieur
le Président de la République,
Le
25 octobre prochain le Sénat, avec l'aval du gouvernement, examinera une
proposition de loi visant, sans aucune consultation du monde combattant, de
même que de la communauté des Français d'Algérie, à faire du 19 mars 1962 la
date officielle de la fin de la guerre d'Algérie.
Alors
même que l'Etat avait choisi la date du 5 décembre en guise d'apaisement, pour
que soit honorée dignement la mémoire de tous ceux qui ont fait leur devoir en
Algérie ou qui y ont vécu et laissé leur vie, votre gouvernement et la majorité
qui le soutient, ont décidé de passer en force en imposant la date du 19 mars
1962, contestée par la quasi totalité du monde combattant, et des associations
de Harkis et de Pieds-Noirs.
Nous
ne saurions oublier que pour tant des nôtres, la date du 19 mars symbolise l'accélération
des drames et le déchirement de la perte de la terre natale. Ce fut l'exode de
plus de 1 million de Pieds-Noirs abandonnant à tout
jamais la terre qui les avait vu naître.
Ce
fut également pour nos compatriotes Harkis qui n'envisageaient pas d'autre
avenir qu’avec la France, le début du calvaire avec le massacre de 100 000
d'entre eux dans des conditions indescriptibles.
Plutôt
que de choisir le parti de la concorde et de la réconciliation nationale, votre
majorité a pris le risque de dresser les Français les uns contre les autres
pour des raisons politiciennes et d’aviver les fractures et les blessures
présentes au cœur de tant de nos compatriotes.
Nous
aurions pu attendre de vous, Monsieur le Président de la République, que vous assumeriez
votre rôle de Président de tous les Français, respectant les drames et les souffrances
de tous ceux qui ont perdu un être cher pendant la guerre d'Algérie, sans exclusive
aucune.
Vous
avez choisi, au contraire, de soutenir une date de négation des drames et des
souffrances subies par les Français d'Algérie, cette décision n'honore ni votre
majorité, ni votre présidence, nous le déplorons et le condamnons.
Nous
vous prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de
notre considération.
Thierry Rolando
Président national du
Cercle algérianiste