Lettre ouverte
à Monsieur Patrick MENNUCCI, député PS des
Bouches-du-Rhône, et à ses 68 collègues,
partisans de la
reconnaissance publique de la responsabilité de la France dans
le massacre du 17 octobre 1961, à Paris
Monsieur le Député,
Vous avez récemment déposé une proposition de loi cosignée par
soixante-huit de vos collègues du groupe socialiste, visant à « reconnaître
publiquement la responsabilité de la France dans le massacre causé par la
répression de la police française le 17 octobre 1961 à Paris, de manifestants
algériens réclamant l’indépendance de leur pays ».
Nous en prenons acte.
Toutefois, les Français d’Algérie, nombreux pourtant dans votre
ville de Marseille, qui ont contribué à son essor à la suite du drame de l’arrachement
à leur terre natale et à l’exode, s’étonnent aujourd’hui de votre démarche à
sens unique.
Reconnaître la responsabilité de la France dans la répression de
la manifestation du 17 octobre 1961, et laisser dans l’ombre cette même
responsabilité dans le drame de la fusillade de la rue d’Isly à Alger, qui fit
plus de quatre-vingts morts le 26 mars 1962, et dans celui de la journée du 5
juillet 1962 à Oran, qui vit des centaines de Pieds-Noirs enlevés et assassinés, relève d’une vision hémiplégique de l’Histoire.
Toutes les douleurs et tous les drames sont respectables, et les
Français d’Algérie ne peuvent que se sentir blessés et injuriés par votre
démarche volontairement partisane.
Nous n’osons imaginer que le martyre subi par des centaines de Pieds-Noirs au cours de ces deux journées, du fait de la
responsabilité de la France, n’ait pas droit de cité dans votre esprit et dans
celui de vos collègues.
L’histoire de la guerre d’Algérie, Monsieur le Député, ne s’écrit
pas en noir et blanc, et il est dommage que votre compassion et votre humanisme
ne s’expriment qu’à sens unique.
Veuillez agréer, Monsieur le Député, l’expression de notre
considération.
Thierry ROLANDO
Président national du Cercle algérianiste