Samedi 24 avril
2004, au Séminaire.
Abd
el Kader
1808-1883
Abd
el kader est né en 1808 (1223
de lHégire) de Mahi Eddin chef de zaouia et de Zohra.
Il est Chérif (un arbre généalogique le dit descendant
de Fatma). Il épouse sa cousine germaine. Cest dans la
zaouia paternelle que le fils préféré de Mahi
Eddin étudie le Coran, la théologie avec assiduité
puis avec passion. Sa vive intelligence sexalte à létude
du livre sacré, dans la prière et la foi.
Son
portrait : Taille moyenne,
un visage pâle aux traits fins, souligné dune barbe
noire, de grands yeux bleus, impassibles pénétrant dun
seul coup le fond des consciences ; un front large, marqué
entre les sourcils par un minuscule tatouage des Hachems (tribu à
laquelle appartient sa famille originaire dit-on de Médine).
Cest un mélange dénergie guerrière
et dascétisme religieux. Il a la parole brève
et rapide. Son seul luxe : les belles armes et les chevaux.
Sa vie
est réglementée par sa foi : sobriété,
abstinence, les cinq prières de la journée ; le
petit chapelet noir dans la main droite quil égrène.
"
Prince des croyants " il va se lancer dans la Guerre Sainte " Djihad "
contre linfidèle chrétien (en loccurrence
les français) pour libérer lAlgérie :
infatigable, avec une énergie farouche, il va arpenter le territoire
jusquà lhallali final.
Les guerres :
Une première campagne se termine le 28 juin
1835 par le désastreux (pour les français) combat de
la Makta où les arabes restent maîtres du champ de bataille.
Puis le Général Bugeaud, victorieux
sur les bords de la Sikka, signe le fameux traité de la Tafna
(30 mai 1837) qui consacre la domination dAbd el Kader sur toute
lAlgérie (laissant aux français, Alger et une
étroite bande littorale)
Ses immenses territoires lEmir les divise en
provinces gouvernées par des Khalifas, subdivisées en
aghaliks, et groupées en tribus obéissant à des
caïds, chefs responsables chargés de maintenir lordre
et de percevoir les impôts.
Véritable Sultan, il sillonne lAlgérie
pour asseoir son pouvoir, construit, fortifie
" La
paix avec les infidèles est une trêve pendant laquelle
on doit se préparer à la guerre " dit-il. Cest
lépoque où Léon Roches (1837-1839) devient
son secrétaire et son ami.
28 octobre 1839 : passage des " Portes de Fer
" par larmée française, estimant le traité
rompu par la France, lEmir envahit la Mitidja, massacre les
colons,.. il déclare la Guerre Sainte ; cest une
flambée de violences contre nos troupes et contre les tribus
alliées.
Craignant un embrasement général, le Gouverneur Général
rappelle Bugeaud.
22 février 1841 : le Général
Bugeaud revient en Algérie, ses idées ont changé.
Il va faire la guerre comme Abd el Kader, avec des équipements
plus légers, une mobilité continuelle, quelques points
de ravitaillements aux endroits stratégiques.
Cest la politique de la terre brûlée :
razzias, incendies, attaques surprises par des corps darmée
qui quadrillent le territoire. Les places fortes de lEmir sont
rasées ou saccagées, les tribus insoumises châtiées.
Reste à Abd el Kader une ville " mobile "
aux maisons de toile : la Smala (environ 60 000 personnes, 7
000 tentes, quelques milliers de bêtes).
Cest une capitale nomade composée de
quatre enceintes circulaires concentriques groupées autour
de la tente de lEmir.
Mais le 23 mai 1843, le Duc dAumale prend la
Smala près de Tagguin (3 000 prisonniers plus des troupeaux).
Abd el Kader est parti chercher lappui du Sultan du Maroc. Il
se réfugie à plusieurs reprises sur le territoire marocain
pour échapper à larmée française.
Cest alors que le Général Bugeaud
se rapproche de la frontière et défait larmée
marocaine sur lIsly (14 août 1844) malgré un rapport
de force inégal (6 500 français contre 45 000 marocains)
Lâché par le Maroc, abandonné
de tous, le 23 décembre 1847 Abd el Kader demande laman
au Général Lamoricière. Son souhait : partir
à Alexandrie en Orient.
L'après guerre
Le gouvernement français tergiverse :
linterne à Toulon, puis au château de Pau, enfin
à Amboise avec tous les siens. La captivité et le climat
humide altèrent sa santé. Lui reste, résigné,
force ladmiration de tous.
16 octobre 1852 : Louis Napoléon libère
lEmir.
21 décembre 1852 : il part pour Brousse
(Turquie) dabord, puis pour Damas (1855) où il se fixe
définitivement.
9 juillet 1860 : émeute en Syrie. Les
Druzes massacrent les chrétiens. Abd el Kader sinterpose,
sauve 12 000 chrétiens de la mort.
En reconnaissance Napoléon III le fait Grand
Croix de la Légion dHonneur et augmente sa pension (150
000 frs).
Abd el Kader est devenu un religieux accompli. Passe
toutes ses journées en prières et méditations.
En juin 1864 il est reçu franc-maçon
par la loge des Pyramides
Il décède dans la nuit du 25 au 26
mai 1883.
Léon
Roches a dit :
" Quand
il prie, cest un ascète.
Quand il
commande cest un souverain.
Au combat,
cest un soldat. "
Bibliographie :
N. Faucon - L. Roches
Général Azan.