Chaire Algérianiste

Le Carrefour Universitaire Méditerranéen de Nice est en France l'endroit privilégié où débattre du passé et de l'avenir. Le C.U.M a en effet été fondé en 1933 par Paul Valéry qui avait exprimé son admiration profonde dans son cours au Collège de France, en ces termes " Milieu qui attire, fixe et modifie l'homme..., action qui s'exerce à une profondeur inconnue".

Les Algérianistes ont été les témoins du rôle éminent joué par l'instruction, la coopération, la recherche du progrès durant plus d'un siècle de cohabitation Franco-Africaine. La mémoire de ce passé est une réalité. Cette foi Algérianiste est autre chose qu'un comportement matérialiste, elle est fondée sur des motivations ("Valoriser une population, c'est développer son Histoire avec raison et passion") pour exprimer l'oeuvre civilisatrice de la France.

 

 


Mercredi 13 octobre 2004, au C.U.M.

Gabriel AUDISIO, poète des 2 rives

 

Lecture des textes par le comédien Alain BAUDEMONT

C'est, en poète et non en biographe que nous parlerons de Gabriel AUDISIO.

Né à Marseille en 1900, il vit à Alger dès 1910, s'engage comme volontaire pendant la première guerre mondiale. En 1920 il est nommé rédacteur de préfecture à Constantine, entre en 1921 au Gouvernement général d'Alger où son père était alors directeur de l'opéra. Il est résistant pendant la seconde guerre mondiale et en tarit que tel fût interné quelques temps à Fresnes. En 1958, il est conseiller culturel auprès du Secrétariat chargé des affaires algériennes. Il lança l'expression " École d'Alger " reprise par Albert Camus sous la forme " Ecole nord-africaine des lettres ". Il est décédé en 1958 à Issy-les-Moulineaux.

C'est essentiellement à une lecture, ou relecture de son œuvre, tout au moins de ce qui est encore publié, que nous vous invitons. Il est le poète des deux rives, qui connut Albert Camus, Emmanuel Roblès et partagea une grande amitié avec Edmond Brua.

Gabriel Audisio s'est exprimé dans cet amphithéâtre du C.U.M. le 12 décembre 1953 et le thème de sa conférence était : " Génie de l'Afrique du Nord de Saint Augustin à Camus ". C'est à travers elle que dans un premier temps nous aborderons sa pensée. Il voue à la Méditerranée et aux peuples qui la bordent un amour indéfectible cherchant toujours ce qui unit les hommes et les cultures. Le mot ANALOGIE est au cœur de sa démarche intellectuelle et poétique et pour lui l'homme méditerranéen emblématique est ULYSSE ;

Aujourd'hui nous goûterons son écriture à travers : " Ulysse ou l'intelligence ", " Jeunesse de la Méditerranée ", " Sel de la Mer ", pour ne parler que de quelques essais et sur le plan essentiellement de son écriture poétique, nous effleurerons quelques recueils poétiques comme : " De ma nature ", " Danger de vie ", " Racine de tout ", " Poèmes du lustre noir "

Nous signalons qu'un colloque s'est déroulé en 2003 autour d'Edmond Charlot qui créa à Alger sa première librairie : " Les vraies richesses " et publia pour la première fois Camus, Roblès, Audisio, Giono, Gide, Roy... Ce colloque des rencontres méditerranéennes Albert Camus avait pour thème : Audisio, Camus, Roblès, frères de soleil : leurs combats.

 




   Le conférencier

Maurice LETHURGEZ

Maurice LETHURGEZ

Inspecteur d'Académie Honoraire, Poète


Présentation de Maurice LETHURGEZ

Tache légère et douce: Michèle Soler et le Professeur Fernand Desting me demandent de présenter, en cette prestigieuse enceinte, Maurice Lethurgez, que, pourtant, beaucoup d'entre vous connaissent déjà. Ils connaissent l'enseignant plein de foi, l'inspecteur d'Académie juste et humain, ils connaissent l'ami au cœur généreux, toujours prêt à donner son temps et son talent pour ceux qui sont en difficulté et tout particulièrement, en collaboration étroite avec notre ami Emile Serna, pour les enfants handicapés. Ils connaissent aussi l'inlassable amoureux des poètes français dont il débusque, au détour d'un vers, les motivations profondes, les bleus à l'âme, lorsque, chaque mois, à l'auditorium de la bibliothèque Louis Nucéra, il met en valeur un poète, en explique le langage choisi, la syntaxe, en fait chanter la musique: Ce furent Rimbaud, Verlaine, Apollinaire, René Char, tant d'autres dont l'œuvre devient plus humaine, plus accessible. Seul un poète peut témoigner ainsi pour des poètes et Maurice Lethurgez est un poète dans toute l'acception de ce mot trop souvent détourné, un poète habité par sa cosmogonie car ne sommes-nous pas, chacun de nous, un monde qui interfère avec les mondes singuliers et pluriels des hommes ? Mais le poète en a conscience, et tend des passerelles de mots et d'émois. Ses œuvres : " Génèse et Présence ", " Eloge de Nissaba ", " Adamah " et " Car il ventait devant ma porte ", lus à haute voix, médités et compris d'âme à âme, expriment la quintessence d'une pensée tumultueuse et forte où coulent des mots qui se frayent un chemin et que l'on n'oublie pas.

Mais pourquoi Maurice Lethurgez vient-il devant vous, au sein de cette chaire algérianiste, puisque notre ami est né fort loin de notre pays perdu, à Hénin-Liénard ? Dans les années 50, c'est la guerre. Comme beaucoup de jeunes hommes du terroir métropolitain, il a découvert notre Algérie et l'a aimée, il a découvert une oranaise, et elle a incarné l'amour et la beauté. De cette double découverte a découlé pour ce fils du Nord un infléchissement définitif : sa vérité est semblable à la notre, fille du soleil et des dieux méditerranéens. C'est d'un poète de ce pays là que Maurice Lethurgez va vous parler ce soir: Gabriel Audisio. Je vous remercie.

Geneviève de Ternant