Mur des Disparus en Algérie

Le 25 novembre 2007, une émouvante cérémonie réunit à Perpignan plus de 5 000 personnes d'après le minuscule entrefilet du Figaro, plus de 7 000 personnes d'après les média locaux, pour rendre hommage et donner une sépulture virtuelle aux milliers de Disparus, civils, militaires, harkis, de toutes ethnies et religions, lors des derniers mois tragiques de l'Algérie Française.

Tenue à bout de bras par le Cercle Algérianiste national et son président, Thierry Rolando, magnifiquement réalisé par l'équipe du Cercle Algérianiste de Perpignan dirigée avec efficacité par sa présidente, Suzy Simon-Nicaise, ce mur, dans son émouvante simplicité, égrène les noms et prénoms de 2 619 personnes dont nul n'a plus entendu parler et qui n'ont droit à aucun cercueil.

Nous savons que cette liste, Hélas ! est encore incomplète et les efforts de tous visent à donner à ceux dont les noms manquent cette reconnaissance posthume.

Organiser une telle manifestation, canaliser une telle foule, n'était pas chose aisée. Ce fut pourtant remarquablement réalisé et toute l'équipe perpignanaise mérite les plus chaleureuses félicitations.

Sur un mur nu, des plaques de bronze portent les noms, une sculpture de Gérard Vié, plante un couteau dans nos cœurs.

Pour les 1 200 personnes qui représentaient les familles des disparus, toutes n'ayant pu faire le voyage, le moment fut particulièrement bouleversant: Déchiffrer sur les plaques de bronze le nom de celui, de celle dont le temps n'a pu effacer le visage dans les mémoires arrachait à ces familles d'une dignité parfaite des larmes de douleur mais aussi de soulagement: Un lieu existe où elles pourront évoquer leur proche, un lieu existe où sa présence n'est pas définitivement effacée de la mémoire des hommes. A tous ceux qui ont Ïuvré pour que ce lieu existe, merci.

Les discours prononcés par Thierry Rolando, président national et Suzy Simon-Nicaise, présidente du cercle local, précédèrent ceux du Maire de Perpignan, Monsieur Alduy qui rappela son engagement et celui de son père au moment de l'arrivée massive des Européens d'Algérie et des Harkis en terre catalane. Puis ce fut son adjoint, Jean-Marc Pujol, issu de note communauté dont l'émotion transparaissait dans la voix. Monsieur Alain Marleix, représentant de l'Etat à cette cérémonie, rappela les engagements pris par le Président de la République, lorsqu'il était candidat. Pour leur concrétisation, nous attendons les faits.

Une lettre bouleversante de Pierre Dimech à son père disparu, fut lue et arracha des larmes à plus d'un auditeur.

La présence de la musique de la Légion Etrangère donnait une solennité particulière à la cérémonie.

Oserais-je ajouter un mot personnel ? Lorsque je participais au colloque sur les Disparus, en cette même ville de Perpignan en 2004, je me remémorais l'immense émotion que j'avais ressentie, à Jérusalem, devant le mur des milliers, des millions de malheureux disparus dans la pire horreur de notre XXe siècle, la Shoah.

Mais, bien modestement, je pensais aussi que nos morts, nos pauvres morts, n'avaient pas, eux non plus, une pierre où reposer leur tête. Je lançais alors cette idée de mur des disparus... Honneur à Suzy Simon-Nicaise et son équipe qui ont réalisé mon rêve un peu fou.

Honneur à ceux qui ont tant travaillé pour réunir ces noms enfouis dans des archives trop longtemps inaccessibles : Colette Ducos-Ader, Jean Monneret, Maurice Faivre. Courage pour continuer les recherches, pour trouver des dossiers encore inexplorés. Oui ! Le travail n'est pas fini. A l'heure qui sonne, notre âge et la mort de tant des nôtres nous imposent de passer le relais. Nous le faisons avec confiance. L'Histoire ne peut que nous donner justice.

Geneviève de Temant
27 Novembre 2007