DJAZAIR vous connaissez ?

 

Juin 2000, Monsieur CHlRAC, recevait solennellement à Paris, son homologue algérien Ie Président BOUTEFLIKA .

Haut responsable du F.L N., Monsieur BOUTEFLlKA, était en mars 1962, I'émissaire de l'Etat Major Général de l'A.L N., cette armée qui campait aux frontières du Maroc et de la Tunisie, et qui attendait la signature des "accords d'Evian" pour entrer en Algérie.

A ce titre, Monsieur BOUTEFLIKA, participa au sein du "groupe de Tlemcen", à la lutte féroce et meurtrière entre les multiples factions du F.L.N. pour le pouvoir laissé vaquant par le gouvernement français.

Autour du tandem BEN BELLA et BOUMEDlENE, ces hommes combattirent les dirigeants du G.P.R.A., qui venaient de signer le soi disant cessez le feu du 19 mars 1962, et certaines willayas qui acceptaient mal ces résistants de l'extérieur. Ce sont eux, également qui pratiquèrent la politique de la terreur et de l'épuration ethnique envers les populations européennes et les musulmans demeurés fidèles à la France.

De cette période, Mohamed HARBY, un des chefs de la rébellion a écrit: "La recherche d'une clientèle et l'absence d'esprit de responsabilité, ont favorisé les excès effroyables. Des dizaines de milliers d'hommes, harkis et supplétifs de l'armée française furent assassinés souvent avec sauvagerie".

Ces "excès" se sont traduits, par le massacre de prés de 150 000 musulmans fidèles à la France. En outre ces tueries avaient toutes été voulues et programmées par les dirigeants du F.L.N.

Ce sont ces "excès" que Monsieur BOUTEFLIKA a couverts sinon encouragés. En sa qualité de haut dignitaire du F.L.N., et ayant participé et soutenu BEN BELLA et BOUMEDlENE, dans leur course au pouvoir, il porte immanquablement une grande responsabilité dans tous ces drames.

Monsieur MESSMER, qui à l'époque était le ministre des armées, et un serviteur efficace et zélé, du maître en trahison et félonie, a bien connu monsieur BOUTEFLIKA. Lui qui menaçait des pires sanctions, les officiers français qui contrevenaient aux ordres d'abandon sait de quoi il parle quand il affirme au journaliste du "monde" le 25/09/2000 . " Monsieur BOUTEFLIKA est un ancien F.L.N., et je le tiens pour l'un des principaux complices des crimes contre les Harkis ".

Des complices, il s'en est trouvé en grand nombre, parmi les porteurs de valises mais aussi dans les plus hautes sphères du gouvernement français. Monsieur MESSMER en a trop dit ou pas assez sur ces "complices" !!

Devenu Président de la République Socialiste Algérienne, Monsieur BOUTEFLIKA, n'a rien perdu de son mépris, de ses haines recuites, ni de ses anciens réflexes. Ainsi, invité à l'Assemblée Nationale et sur les chaînes publiques de télévision, il s'est permis d'insulter la mémoire des combattants français musulmans et l'œuvre de la France.

Les propos de Monsieur BOUTEFLIKA ont "choqué" Monsieur CHIRAC. Mais cela n'empêchera pas le Président de la République Française de se rendre en voyage d'état en Algérie.

En effet, Monsieur BOUTEFLIKA, accueillera son homologue français à Alger en mars prochain. La date de ce voyage n'est pas encore connue.

Il se pourrait bien que le Président algérien invite Monsieur CHlRAC, à participer aux cérémonies de la commémoration du soi disant cessez le feu du l9 mars 1962, afin de lui marquer toute la reconnaissance que doit le F.L.N., au gouvernement français de l'époque pour son abandon de l'Algérie. On comprendrait ainsi les raisons de la gêne des services de l'Elysée à communiquer la date exacte du voyage, sachant que pour des millions de français. le mois de mars 1962 fut celui du Golgotha de l'Algérie Française et le début de l'exode.

Si ce déplacement en Algérie devait avoir lieu à cette date, nous suggérerions au Président de la République Française d'aller déposer une gerbe de fleurs rue d'lsly et devant la poste d'Alger où furent massacrés, par des militaires français, des hommes des femmes et des enfants venus crier leur amour de la patrie un certain 26 mars 1962.

Monsieur CHIRAC, pourrait également demander à son homologue algérien, d'ordonner la destruction de la chape de béton qui recouvre le magnifique monument aux morts d'Alger. Ainsi il pourrait déposer une gerbe de fleurs en l'honneur de tous "ces africains revenus de loin pour défendre le pays" et qui sont tombés sur les champs de bataille de la grande guerre et pour la libération de la France.

Par ailleurs, si ce monument du sculpteur LANDOWSKY, déplaît à 1a nomenklatura du F.L.N., Monsieur CHlRAC pourrait demander au gouvernement algérien de bien vouloir restituer ce monument, qui trouverait rapidement un lieu prestigieux à Paris pour y être installé.

Cette visite d'état qui s'annonce sous les pires hospices, et l'organisation de "l'Année de l'Algérie en France", furent décidées au cours de l'inoubliable voyage de Monsieur BOUTEFl.lKA.

Pour le gouvernement français il était manifestement urgent d'organiser une telle manifestation. Et pour bien marquer tout l'intérêt qu'il portait à cette entreprise, Monsieur CHIRAC, désigna en qualité de Président organisateur, un très ancien et fidèle ami du F.L.N., Monsieur BOURGES.

Cette désignation a du enchanter Monsieur BOUTEFLIKA et tous les porteurs de valises. En effet. cet éminent personnage, fut le conseiller politique de Monsieur MICHELET ministre de la justice en 1962. Au sein du cabinet ministériel, Monsieur BOURGES occupa une fonction particulière, celle de "délégué près des personnes du F.L.N., détenus en France". De sorte qu'en pleine "guerre" et tout au long des négociations avec les représentants du G.P.R.A., Monsieur BOURGES membre du cabinet du ministère entretenait des relations avec les prisonniers F.L.N. afin de les informer du développement des événements.

Les sympathies de Monsieur BOURGES pour le F.L.N. furent si profondes qu'à l'indépendance de l'Algérie, il s'empressa de prendre la nationalité algérienne et pour couronner le tout devint le conseiller particulier de BEN BELLA, après avoir été son délégué. Certains historiens vont jusqu'à prétendre qu'en réalité monsieur BOURGES exerçait le fonction de premier ministre "occulte" du gouvernement algérien.

Tout cela se passait dans les années 1962 et 1963, au moment où les français d'Algérie étaient traqués, enlevés, assassinés, que les Harkis étaient massacrés et que tous n'avaient plus le choix qu'entre "la valise et le cercueil".

Monsieur BOURGES, conseiller particulier de BEN BELLA, participait ainsi au gouvernement F.L.N. et cautionnait la politique d'épuration ethnique.

C'est cette éminente personnalité, cet ami du F.L.N., que le Président de la République a honorée en le désignant à la présidence de cette "Année de l'Algérie".

Le 6 novembre dernier, au cours d'une conférence de presse, quatre ministres, deux algériens et deux français, sont venus présenter "DJAZAIR", nom donné à cette "Année".

A cette conférence, Monsieur BOURGES a annoncé que plus de l 800 manifestations allaient être organisées dans plus de 100 villes de France, et que le coup d'envoi sera donné à Bercy, le 31 décembre, où se produiront les chanteurs algériens et musiciens algériens .

Le réveillon de fin d'année s'annonce "chaud".

Un site Internet a naturellement été créé. Toutes les manifestations sont répertoriées ainsi que les noms de tous ceux qui soutiennent ces initiatives.

Il serait bien trop long, ici, de décrire ou d'analyser tous ces projets qui se dérouleront dans plus de cent villes françaises. A cet égard nous savons que le CERCLE ALGERIANlSTE. a adressé un dossier à tous les maires qui accueillaient ces manifestations pour leur rappeler un peu l'histoire de l'Algérie, marquée par ces Français qui ont aimé cette terre façonnée par leurs efforts et leurs sacrifices.

Des colloques, des concerts, des expositions, des journées du livre et du film seront organisées. Mais sachez qu'aucune de ces manifestations ne traitera des cent trente années de présence française en Algérie.

Cette période, qui peut-être qualifiée de "siècle d'or" de l'Algérie est passée aux oubliettes de l'histoire.

Mieux encore, les quelques et rares expositions sur la peinture ou la littérature des années ou l'Algérie était composée de départements français, sont présentées de telle sorte que l'empreinte de la culture française n'est pas évoquée.

Cette volonté de gommer cent trente années de présence française est révélatrice des buts des organisateurs et de tous leurs soutiens, de transformer et d'imposer une fausse lecture de l'histoire.

L' "Année de l'Algérie" sera donc une année de propagande pour le gouvernement algérien.

Ces manifestations "culturelles" permettront de cautionner le régime actuel de l'Algérie, qui est tout, sauf un modèle de démocratie, et d'occulter la désespérante situation du peuple algérien après quarante ans de despotisme du F.L.N.

A cet égard, il faut noter que de très nombreuses oppositions apparaissent au sein de la communauté algérienne et kabyle. Ainsi l'humoriste FELLAG, a déclaré qu'il boycottait ces manifestations, précisant même: "Quand on voit la situation de la culture en Algérie que le pouvoir a étranglée jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer, on se demande pourquoi ils veulent l'exporter. Qu'ont-ils fait là-bas pour la culture ? Est-ce qu'ils vont exporter le désert culturel qu'ils ont fabriqué eux-mêmes"

Poser la question est déjà y répondre. Et on ne peut qu'approuver cette remarque, qui dresse le constat d'une réalité affligeante.

Mais alors que sera cette "Année de l'Algérie" ?

Est-il si absurde d'affirmer que d'oublier la présence française en Algérie, est non seulement une erreur mais une faute qui ne peut que plonger la conscience du peuple algérien dans une amnésie qui ne lui permettra pas d'assumer son passé et d'envisager ainsi un avenir.

Cette "Année" aurait pu être mise à profit pour faire progresser la vérité historique et inviter l'Algérie à revisiter son passé récent.

Cette "Année" aurait pu être, pour les autorités françaises l'occasion de reconnaître enfin l'œuvre civilisatrice de tous ces français, qui ont bâti l'Algérie et qui ont du l'abandonner à la fureur et à l'anarchie.

Mais rien de tout cela ne se réalisera, comme n'ont jamais été tenues les promesses de bâtir "un mémorial de la France d'Outre Mer" qui aurait été un lieu de mémoire, de culture et d'histoire des français de "là-bas".

Une fois encore, nous constatons que des moyens financiers importants sont accordés par l'Etat et ses relais, pour satisfaire des intérêts contraires à ceux de notre pays.

Cette "Année de l'Algérie" élaborée sur l'oubli et le mensonge sera une nouvelle blessure pour la mémoire des français d'Algérie. Ce gâchis et ces occasions manquées, suscitent que mépris, envers ceux qui ont réalisé et qui collaboreront à cette misérable entreprise.

A quand une " Année de l'Algérie Française" ?

Jean-Yves DERRIEU

Président du Cercle Algérianiste de Paris

Créée le 16/12/2002 par RPr