N°318 Septembre-Octobre 2008

 

En guise d'éditorial :

Homélie du père François Scotto, le 5 juillet 2008, Saint-Pierre d'Arène, Nice

“Chers amis, soyez les bienvenus,

Nous voici, une fois de plus, réunis autour du Christ pour célébrer dans la prière et faire mémoire de ceux qui ne sont plus : ces victimes du 5 juillet 62 à Oran.

Qu'un peuple célèbre son indépendance dans la joie, quoi de plus normal ; cela se voit partout.

Mais pourquoi un tel massacre ? Pourquoi une telle chasse à l'homme ? Pourquoi tant de crimes et d'attentats après des accords qui devaient assurer la sécurité des personnes et des biens ? Pourquoi, devant nos militaires obéissant à des consignes de non-intervention, pourquoi un tel déferlement barbare que les médias se sont bien gardés, et ce pendant longtemps, de mettre en lumière, à la honte de ceux qui ont laissé faire ; pire qui ont livré volontairement à la mort ceux qui avaient choisi de servir sous notre drapeau ?

Oui, que sont tous ces hommes et femmes devenus ?

Anciennes questions... Auront-elles un jour leurs réponses ?

Personne ne peut se réjouir de la mort de ses enfants, ni de la perte d'une province dont on sait le rôle de pont qu'elle pouvait jouer entre deux mondes si différents et que le temps pouvait peu à peu amener à s'apprivoiser !

Pourquoi nier, contre toute vérité, l'effort de plus d'un siècle de la France pour apporter à ses citoyens, le pain, l'instruction et la paix par un dur labeur, avec le respect et la sécurité, à l'ombre du drapeau et de la croix.

Le temps qui passe fait que les témoins deviennent plus rares et que le devoir de mémoire se doit, comme il l'a été, d'être mis par écrit et en images, par ceux qui l'ont vécu de l'intérieur, qui y ont souffert, capables d'en donner ainsi une version ou une vision, sinon partielle et partiale, au moins vraie parce que vécue dans la sueur et le sang.

Et nous remercions vivement les personnes qui, ici et ailleurs, ont mis par écrit et en images leur témoignage.

Nous sommes réunis ce matin dans cette église pour prier à la mémoire des victimes du 5 juillet 62 à Oran. Que Dieu accueille en son Royaume ceux qui ont reçu en leur vie son message d'amour !

Mais ce matin, nous sommes invités à prier spécialement pour les Chrétiens qui sont en Algérie et dans les autres pays d'Islam, où le pouvoir joue l'ambiguïté, proclamant son respect des religions mais multipliant tracasseries, surveillance et contrôles à l'encontre des Chrétiens, tout en revendiquant la liberté et l'égalité des cultes dans l'hexagone.

Malgré une certaine tolérance en certains endroits, les nations islamiques font des Chrétiens des citoyens de seconde zone et multiplient les entraves à l'exercice des cultes étrangers.

L'Islam pratique le prosélytisme le plus large mais refuse absolument la réciprocité.

Oui, nos Chrétiens sont en danger de mort pour leur foi. Prêtres et évêques assassinés en Turquie, en Irak !

Èglises brûlées en Inde, en Iran, etc.

Chez nous, France 2, enlève les Saints du calendrier, parle de vacances de printemps mais pas de Pâques, des vacances d'hiver mais pas de No‘l, sans réaction des Chrétiens. Acceptation de la polygamie, de la répudiation !

En Algérie, une loi, entrée en vigueur en septembre 2006, vise officiellement à garantir la tolérance et le respect entre les différentes religions.

Dans les faits, elle vise à empêcher la conversion des musulmans vers le christianisme et prévoit des peines de prison et des amendes pour quiconque incite à convertir un Musulman ou distribue des documents écrits ou audio-visuels visant à ébranler la foi musulmane. C'est le texte.

Ce n'est plus la valise ou le cercueil.

C'est la conversion ou la prison en cas de délit.

Nous prions aussi pour nos frères chrétiens de ce pays, pays de Saint Augustin et de tant de Saints ; et, comme dans toute persécution, le sang des martyrs est semence de Chrétiens : est-ce de nouveau l'glise du silence et des martyrs ? Mais après la passion, n'y a-t-il pas résurrection ?

Prions aussi pour les Chrétiens de notre France, où la grande apostasie renforce l'intégrisme et notre faiblesse augmente l'intolérance.

Je veux terminer par une leçon d'espérance. Le Seigneur nous appelle à voir plus loin, à Lui faire confiance. Tout n'est-il pas dans la main de Dieu ?

Mais devant l'apostasie de tant de nos concitoyens, devant la honte et la peur d'afficher nos racines chrétiennes, devant la dégradation et la perte des valeurs qui nous valaient le respect des nations, il faudra beaucoup de courage aux Chrétiens pour se ressaisir et faire en sorte que notre Pays redevienne ce qu'il a longtemps été pour beaucoup : comme une lumière, un phare de civilisation, de paix, de respect et de prospérité pour ses enfants.

Que Dieu accueille en son Royaume toutes ces victimes des guerres, spécialement celles du 5 juillet 62 à Oran.

Que Dieu nous fasse don de sa Paix, Amen.”

L'Echo de l'Oranie