En guise d'éditorial :
Homélie du père François Scotto, le 5 juillet 2008,
Saint-Pierre d'Arène, Nice
Chers amis, soyez les bienvenus,
Nous voici, une fois de
plus, réunis autour du Christ pour célébrer dans la
prière et faire mémoire de ceux qui ne sont plus :
ces victimes du 5 juillet 62 à Oran.
Qu'un peuple célèbre son
indépendance dans la joie, quoi de plus normal ;
cela se voit partout.
Mais pourquoi un tel massacre ?
Pourquoi une telle chasse à l'homme ? Pourquoi
tant de crimes et d'attentats après des accords qui
devaient assurer la sécurité des personnes et des biens ?
Pourquoi, devant nos militaires obéissant à des consignes
de non-intervention, pourquoi un tel déferlement barbare
que les médias se sont bien gardés, et ce pendant longtemps,
de mettre en lumière, à la honte de ceux qui ont laissé
faire ; pire qui ont livré volontairement à la mort
ceux qui avaient choisi de servir sous notre drapeau ?
Oui, que sont tous ces hommes
et femmes devenus ?
Anciennes questions... Auront-elles
un jour leurs réponses ?
Personne ne peut se réjouir
de la mort de ses enfants, ni de la perte d'une province
dont on sait le rôle de pont qu'elle pouvait jouer entre
deux mondes si différents et que le temps pouvait peu
à peu amener à s'apprivoiser !
Pourquoi nier, contre toute
vérité, l'effort de plus d'un siècle de la France pour
apporter à ses citoyens, le pain, l'instruction et la
paix par un dur labeur, avec le respect et la sécurité,
à l'ombre du drapeau et de la croix.
Le temps qui passe fait
que les témoins deviennent plus rares et que le devoir
de mémoire se doit, comme il l'a été, d'être mis par
écrit et en images, par ceux qui l'ont vécu de l'intérieur,
qui y ont souffert, capables d'en donner ainsi une version
ou une vision, sinon partielle et partiale, au moins
vraie parce que vécue dans la sueur et le sang.
Et nous remercions vivement
les personnes qui, ici et ailleurs, ont mis par écrit
et en images leur témoignage.
Nous sommes réunis ce matin
dans cette église pour prier à la mémoire des victimes
du 5 juillet 62 à Oran. Que Dieu accueille en son Royaume
ceux qui ont reçu en leur vie son message d'amour !
Mais ce matin, nous sommes
invités à prier spécialement pour les Chrétiens qui
sont en Algérie et dans les autres pays d'Islam, où
le pouvoir joue l'ambiguïté, proclamant son respect
des religions mais multipliant tracasseries, surveillance
et contrôles à l'encontre des Chrétiens, tout en revendiquant
la liberté et l'égalité des cultes dans l'hexagone.
Malgré une certaine tolérance
en certains endroits, les nations islamiques font des
Chrétiens des citoyens de seconde zone et multiplient
les entraves à l'exercice des cultes étrangers.
L'Islam pratique le prosélytisme
le plus large mais refuse absolument la réciprocité.
Oui, nos Chrétiens sont
en danger de mort pour leur foi. Prêtres et évêques
assassinés en Turquie, en Irak !
Èglises brûlées en Inde,
en Iran, etc.
Chez nous, France 2, enlève
les Saints du calendrier, parle de vacances de printemps
mais pas de Pâques, des vacances d'hiver mais pas de
No‘l, sans réaction des Chrétiens. Acceptation de la
polygamie, de la répudiation !
En Algérie, une loi, entrée
en vigueur en septembre 2006, vise officiellement à
garantir la tolérance et le respect entre les différentes
religions.
Dans les faits, elle vise
à empêcher la conversion des musulmans vers le christianisme
et prévoit des peines de prison et des amendes pour
quiconque incite à convertir un Musulman ou distribue
des documents écrits ou audio-visuels visant à ébranler
la foi musulmane. C'est le texte.
Ce n'est plus la valise
ou le cercueil.
C'est la conversion ou la
prison en cas de délit.
Nous prions aussi pour nos frères
chrétiens de ce pays, pays de Saint Augustin et de
tant de Saints ; et, comme dans toute persécution,
le sang des martyrs est semence de Chrétiens :
est-ce de nouveau l'glise du silence et des martyrs ?
Mais après la passion, n'y a-t-il pas résurrection ?
Prions aussi pour les Chrétiens
de notre France, où la grande apostasie renforce l'intégrisme
et notre faiblesse augmente l'intolérance.
Je veux terminer par une
leçon d'espérance. Le Seigneur nous appelle à voir plus
loin, à Lui faire confiance. Tout n'est-il pas dans
la main de Dieu ?
Mais devant l'apostasie
de tant de nos concitoyens, devant la honte et la peur
d'afficher nos racines chrétiennes, devant la dégradation
et la perte des valeurs qui nous valaient le respect
des nations, il faudra beaucoup de courage aux Chrétiens
pour se ressaisir et faire en sorte que notre Pays redevienne
ce qu'il a longtemps été pour beaucoup : comme
une lumière, un phare de civilisation, de paix, de respect
et de prospérité pour ses enfants.
Que Dieu accueille en son
Royaume toutes ces victimes des guerres, spécialement
celles du 5 juillet 62 à Oran.
Que Dieu nous fasse don de sa
Paix, Amen.