N°320 Janvier-Février 2009

Editorial : “deux poids, deux mesures”

Les lecteurs de l'Écho de l'Oranie n'ont certainement pas manqué de suivre, avec un intérêt parfois douloureux, les remous qui se sont produits autour de la stèle de Marignane, érigée à la mémoire de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour que survivent les départements français d'Algérie.

De nombreux incidents ont marqué cette manifestation du souvenir. Depuis le rassemblement au cimetière Saint-Laurent de Marignane, marqué par l'intervention des CRS à la suite de l'arrêté préfectoral interdisant cette inauguration “susceptible d'entraîner des troubles de l'ordre public”, depuis la déclaration du ministre délégué aux anciens Combattants qui estimaient que “ce projet choquait légitimement tous ceux qui se sont attachés à l'œuvre historique du « général »”, jusqu'à l'assignation devant le tribunal administratif de Marseille et la condamnation prononcée à l'encontre du maire de Marignane l'enjoignant à déplacer la stèle.

“Nous ressentons une profonde amertume et une profonde injustice face à cette décision” a affirmé Jean Favarel, vice-président de l'ADIMAD.

Oui, nous ressentons tous un amer sentiment d'injustice.

Car ce n'est pas la première fois malheureusement qu'un rassemblement ou l'inauguration d'une stèle du souvenir provoque “un véritable tollé” - (sous-titre du Figaro du 7 juillet 2005) -  et les vives réactions de ceux qui par idéologie politique ou par lâcheté coupable voudraient effacer le souvenir gênant de cette guerre et des sacrifices consentis pour le maintien de l'Algérie Française dans le sein de la France.

Prenons seulement l'exemple de la stèle de Béziers. On peut lire, sur la plaque : “Province de Constantine. En mémoire des victimes civiles et militaires de l'Algérie Française du 8 mai 1945 à Sétif, à juillet 1962.”

8 mai 1945, que voilà une date à ne pas rappeler à nos pseudos historiens. Pour eux, ce sont les Algériens qui ont eu à souffrir des événements de Sétif.

Mais les Pieds-Noirs persistent et signent. Ne voilà-t-il pas qu'ils ont ajouté les portraits de Jean-Marie Bastien-Thiry, de Roger Degueldre, d'Albert Dovecar et d'Albert Piegts. C'est insupportable pour la pensée politiquement correcte.

Un élu communiste écrit à Nicolas Sarkozy afin de réclamer “la suppression des ajouts qui ont transformé la stèle en monument pro-OAS ” - (Nice Matin du 11 octobre 2008).

Et personne ne s'indigne parmi les intellectuels qui nous imposent leurs idées, ni parmi les princes qui nous gouvernent ; personne ne s'indigne devant les hommages rendus à ceux qui ont été les ennemis de la France.

la fin de la guerre d'Indochine, un triste sire, Boudarel, tortionnaire des soldats français prisonniers au camp d'extermination n113 est réintégré dans l'enseignement supérieur. Y a-t-il eu des élus ou un quelconque tribunal administratif pour faire annuler cette nomination ?

Boudarel n'était pas le seul...

Amrane-Minne, poseuse de bombes pour le FLN, de ces bombes qui ont tué et mutilé de façon horrible de nombreux innocents, enseigne comme Maître de conférence à l'Université de Toulouse.

Une place Maurice Audin, mathématicien communiste, combattant pour le FLN est inaugurée par Delanoë, maire de Paris, en présence de l'ambassadeur d'Algérie. L'exemple fait tâche d'huile. On inaugure à Saint-Denis, à Echirolles. Et pourquoi se gêner ? Á Saint-Ouen, on dévoile une plaque : rue Nadia Guendouz, combattante du FLN, sans doute pour la remercier d'avoir massacré des citoyens Français qui voulaient rester Français.

Il est vrai qu'à Montreuil, déjà, on a érigé une statue à la gloire de Ho Chi Minh, un des pires ennemis de notre pays, créateur des camps o des milliers de nos jeunes militaires ont été exterminés.

Quelques vieilles personnes - mais chacun sait que les vieilles personnes radotent - ont pu s'écrier “Il n'y a qu'en France qu'on voit ça”. Vous avez vu une rue Cambronne à Londres ou une place Maréchal Foch à Berlin ?”

Alors l'Écho de l'Oranie qui s'est pourtant toujours tenu dans une ligne polémique des plus modérées s'interroge aujourd'hui.

Pourquoi cette volonté permanente, ce farouche désir de vouloir effacer à tout prix ce que fut le combat de tout le peuple Pied-Noir ?

Est-ce parce que l'on souhaite que soit enterré encore plus profondément tout ce qui a trait aux combattants pour l'Algérie Française ? Est-ce parce que l'on veut ajouter à l'opération “oubli”  de ce qui s'est réellement passé, l'oubli de ceux qui ont souffert, de ceux qui ont été martyrisés, de ceux qui sont morts, Français d'origine et Harkis français, dans un combat mené au nom de la France ?

Pourquoi cette fâcheuse tendance à vouloir ensevelir sous le linceul de l'oubli les sacrifices consentis par les soldats venus d'Afrique du Nord se battre dans les tranchées de Verdun, o du corps expéditionnaire qui s'est battu à Monte-Cassino, puis en Provence et en Alsace, pour la libération de la France ?

L'opinion française est cruellement indifférente. “Les Français sont des veaux” aurait dit, nous ne savons plus trop quel général. L'opinion veut ignorer des vérités trop criantes qui la sortiraient de son petit confort moral et lui donneraient un légitime sentiment de culpabilité.

Elle veut ignorer les massacres du 26 mars à Alger et du 5 juillet à Oran.

Même les écrivains et les hommes politiques de bonne foi, parce qu'ils se sentent aujourd'hui mauvaise conscience, mettent tout en œuvre pour ne pas réveiller de douloureux échos et donc pour oublier et faire oublier la perte d'une terre que les Pieds-Noirs avaient su faire prospérer.

De bonnes âmes se lamentent sur les conditions de vie que l'on connaît actuellement dans les prisons françaises. Nous aussi. Mais se sont-elles préoccupées du sort tragique des soldats qui ont été faits prisonniers par les fellaghas et du calvaire qu'ils allaient endurer ? Non, bien sûr.

Il est vrai que pour les militaires pieds-noirs, la question du calvaire ne se posait pas. Ils étaient immédiatement égorgés. Mais, dans un souci de justice, qui a voulu savoir, à part l'historien Raphaël Delpard, ce que fut le martyre de ceux qui furent “épargnés”.

Le gouvernement français de l'époque avait même ordonné aux quelques rares d'entre eux qui avaient survécu de garder un silence absolu, sous peine “de mettre en danger la vie de leurs camarades s'il en restait encore retenus dans l'Algérie du FLN”.

Encore une fois, une injuste volonté de vouloir étouffer la vérité.

C'est face à cette volonté de silence et d'oubli, face à des décisions administratives iniques, face à des inaugurations scandaleuses que nous crions à l'injustice.

Car il est certain, qu'il y a eu en France, pays de l'égalité, deux poids et deux mesures. Et ce sont les Pieds-Noirs, n'en déplaise à certains, qui subissent le poids de cette injustice.

De nos jours, le bon La Fontaine, se souvenant des animaux malades et de la peste, aurait pu écrire :

Le lion en uniforme à deux étoiles dit : “Pour moi satisfaisant ma soif de puissance j'ai sacrifié quelques départements, beaux fleurons de la France, et avec, par la même occasion, de Pieds-Noirs, un bon million.”

Et le renard parlementaire ou ministre de demander si c'était un péché, vu que le Pied-Noir “était digne de tous les maux”.

Ainsi dit le renard et flatteurs d'applaudir :
“On osa trop approfondir
du tigre militaire, ni de l'ours garde mobile, ni des autres puissances,
les moins pardonnables offenses ».
Le Pied-Noir vint à son tour et dit :
“J'ai souvenance d'avoir, des terres défrichées par mes aïeux,œ
retirée ma pauvre pitance”.

ces mots, on cria haro sur le benêt qu'il fallait étouffer, ce maudit animal ce pelé, ce galeux d'o venait tout le mal.

Et La Fontaine de conclure pour notre journal, sans changer un seul mot : “Selon que vous serez puissant ou misérable les jugements de Cour vous voudront blanc ou noir”.

L'Echo de l'Oranie