Editorial : deux poids, deux mesures
Les lecteurs de l'Écho de l'Oranie
n'ont certainement pas manqué de suivre, avec un intérêt parfois
douloureux, les remous qui se sont produits autour de la stèle
de Marignane, érigée à la mémoire de ceux qui ont fait le
sacrifice de leur vie pour que survivent les départements
français d'Algérie.
De nombreux incidents ont marqué
cette manifestation du souvenir. Depuis le rassemblement au
cimetière Saint-Laurent de Marignane, marqué par l'intervention
des CRS à la suite de l'arrêté préfectoral interdisant cette
inauguration susceptible d'entraîner des troubles de l'ordre
public, depuis la déclaration du ministre délégué aux anciens
Combattants qui estimaient que ce projet choquait légitimement
tous ceux qui se sont attachés à l'uvre historique du « général »,
jusqu'à l'assignation devant le tribunal administratif de
Marseille et la condamnation prononcée à l'encontre du maire
de Marignane l'enjoignant à déplacer la stèle.
Nous ressentons une profonde
amertume et une profonde injustice face à cette décision
a affirmé Jean Favarel, vice-président de l'ADIMAD.
Oui, nous ressentons tous un amer
sentiment d'injustice.
Car ce n'est pas la première
fois malheureusement qu'un rassemblement ou l'inauguration
d'une stèle du souvenir provoque un véritable
tollé - (sous-titre du Figaro du 7 juillet 2005)
- et les vives réactions de ceux qui par idéologie
politique ou par lâcheté coupable voudraient
effacer le souvenir gênant de cette guerre et des sacrifices
consentis pour le maintien de l'Algérie Française
dans le sein de la France.
Prenons seulement l'exemple de
la stèle de Béziers. On peut lire, sur la plaque : Province
de Constantine. En mémoire des victimes civiles et militaires
de l'Algérie Française du 8 mai 1945 à Sétif, à juillet 1962.
8 mai 1945, que voilà une date
à ne pas rappeler à nos pseudos historiens. Pour eux, ce sont
les Algériens qui ont eu à souffrir des événements de Sétif.
Mais les Pieds-Noirs persistent
et signent. Ne voilà-t-il pas qu'ils ont ajouté les portraits
de Jean-Marie Bastien-Thiry, de Roger Degueldre, d'Albert
Dovecar et d'Albert Piegts. C'est insupportable pour la pensée
politiquement correcte.
Un élu communiste écrit à Nicolas
Sarkozy afin de réclamer la suppression des ajouts qui ont
transformé la stèle en monument pro-OAS - (Nice Matin du
11 octobre 2008).
Et personne ne s'indigne parmi
les intellectuels qui nous imposent leurs idées, ni parmi
les princes qui nous gouvernent ; personne ne s'indigne
devant les hommages rendus à ceux qui ont été les ennemis
de la France.
la fin de la guerre d'Indochine,
un triste sire, Boudarel, tortionnaire des soldats français
prisonniers au camp d'extermination n113 est réintégré dans
l'enseignement supérieur. Y a-t-il eu des élus ou un quelconque
tribunal administratif pour faire annuler cette nomination ?
Boudarel n'était pas le seul...
Amrane-Minne, poseuse de bombes
pour le FLN, de ces bombes qui ont tué et mutilé de façon
horrible de nombreux innocents, enseigne comme Maître de conférence
à l'Université de Toulouse.
Une place Maurice Audin, mathématicien
communiste, combattant pour le FLN est inaugurée par
Delanoë, maire de Paris, en présence de l'ambassadeur
d'Algérie. L'exemple fait tâche d'huile. On inaugure
à Saint-Denis, à Echirolles. Et pourquoi se
gêner ? Á Saint-Ouen, on dévoile
une plaque : rue Nadia Guendouz, combattante du FLN,
sans doute pour la remercier d'avoir massacré des citoyens
Français qui voulaient rester Français.
Il est vrai qu'à Montreuil, déjà,
on a érigé une statue à la gloire de Ho Chi Minh, un des pires
ennemis de notre pays, créateur des camps o des milliers
de nos jeunes militaires ont été exterminés.
Quelques vieilles personnes -
mais chacun sait que les vieilles personnes radotent - ont
pu s'écrier Il n'y a qu'en France qu'on voit
ça. Vous avez vu une rue Cambronne à Londres
ou une place Maréchal Foch à Berlin ?
Alors l'Écho de l'Oranie qui s'est
pourtant toujours tenu dans une ligne polémique des plus modérées
s'interroge aujourd'hui.
Pourquoi cette volonté permanente,
ce farouche désir de vouloir effacer à tout prix ce que fut
le combat de tout le peuple Pied-Noir ?
Est-ce parce que l'on souhaite
que soit enterré encore plus profondément tout ce qui a trait
aux combattants pour l'Algérie Française ? Est-ce parce
que l'on veut ajouter à l'opération oubli de ce qui
s'est réellement passé, l'oubli de ceux qui ont souffert,
de ceux qui ont été martyrisés, de ceux qui sont morts, Français
d'origine et Harkis français, dans un combat mené au nom de
la France ?
Pourquoi cette fâcheuse tendance
à vouloir ensevelir sous le linceul de l'oubli les sacrifices
consentis par les soldats venus d'Afrique du Nord se battre
dans les tranchées de Verdun, o du corps expéditionnaire
qui s'est battu à Monte-Cassino, puis en Provence et en Alsace,
pour la libération de la France ?
L'opinion française est cruellement
indifférente. Les Français sont des veaux aurait dit, nous
ne savons plus trop quel général. L'opinion veut ignorer des
vérités trop criantes qui la sortiraient de son petit confort
moral et lui donneraient un légitime sentiment de culpabilité.
Elle veut ignorer les massacres
du 26 mars à Alger et du 5 juillet à Oran.
Même les écrivains et les hommes
politiques de bonne foi, parce qu'ils se sentent aujourd'hui
mauvaise conscience, mettent tout en uvre pour ne pas réveiller
de douloureux échos et donc pour oublier et faire oublier
la perte d'une terre que les Pieds-Noirs avaient su faire
prospérer.
De bonnes âmes se lamentent sur
les conditions de vie que l'on connaît actuellement dans les
prisons françaises. Nous aussi. Mais se sont-elles préoccupées
du sort tragique des soldats qui ont été faits prisonniers
par les fellaghas et du calvaire qu'ils allaient endurer ?
Non, bien sûr.
Il est vrai que pour les militaires
pieds-noirs, la question du calvaire ne se posait pas. Ils
étaient immédiatement égorgés. Mais, dans un souci de justice,
qui a voulu savoir, à part l'historien Raphaël Delpard, ce
que fut le martyre de ceux qui furent épargnés.
Le gouvernement français de l'époque
avait même ordonné aux quelques rares d'entre eux qui avaient
survécu de garder un silence absolu, sous peine de mettre
en danger la vie de leurs camarades s'il en restait encore
retenus dans l'Algérie du FLN.
Encore une fois, une injuste volonté
de vouloir étouffer la vérité.
C'est face à cette volonté de
silence et d'oubli, face à des décisions administratives iniques,
face à des inaugurations scandaleuses que nous crions à l'injustice.
Car il est certain, qu'il y a
eu en France, pays de l'égalité, deux poids et deux mesures.
Et ce sont les Pieds-Noirs, n'en déplaise à certains, qui
subissent le poids de cette injustice.
De nos jours, le bon La Fontaine,
se souvenant des animaux malades et de la peste, aurait pu
écrire :
Le lion en uniforme à deux étoiles
dit : Pour moi satisfaisant ma soif de puissance j'ai
sacrifié quelques départements, beaux fleurons de la France,
et avec, par la même occasion, de Pieds-Noirs, un bon million.
Et le renard parlementaire ou
ministre de demander si c'était un péché, vu que le Pied-Noir
était digne de tous les maux.
Ainsi dit le renard et flatteurs
d'applaudir :
On osa trop approfondir
du tigre militaire, ni de l'ours garde mobile, ni des autres
puissances,
les moins pardonnables offenses ».
Le Pied-Noir vint à son tour et dit :
J'ai souvenance d'avoir, des terres défrichées
par mes aïeux,
retirée ma pauvre pitance.
ces mots, on cria haro sur le
benêt qu'il fallait étouffer, ce maudit animal ce pelé, ce
galeux d'o venait tout le mal.
Et La Fontaine de conclure pour
notre journal, sans changer un seul mot : Selon
que vous serez puissant ou misérable les jugements
de Cour vous voudront blanc ou noir.
L'Echo de l'Oranie