Éditorial : non au 19 mars !
Dans la contrariété
et une douleur souvent tue, chacun peut constater une reprise
des initiatives de communes, d'élus, et bien sûr
de la FNACA (Fédération nationale des anciens
combattants d'Algérie), visant à célébrer
cette date infâme ; où, la France victorieuse
sur le terrain a capitulé devant les représentants
du FLN.
2008 : Le secrétaire d'état
aux Anciens Combattants, Jean-Marie Bockel, s'est montré assez
favorable à cette date qui, a-t-il dit, doit garder toute
sa place. Notre ministre de l'éducation dite nationale,
Xavier Darcos, a cru gagner les élections locales à Périgueux
en inaugurant un lieu affublé de ce nom. Il y a quand même
eu une justice : il a été battu !
2009 : En mars le maire de
Valence va inaugurer une place du 19 mars. Il sait que
le Cercle algérianiste va rassembler une manifestation de
protestation, mais il maintient sa position pour, semble-t-il,
honorer une promesse de campagne. Tiens donc ! C'est
nouveau : un homme politique soucieux de tenir ses promesses
électorales. Bien évidemment, nous ne sommes pas dupes... Dans
l'édition Pays Basque du journal Sud-Ouest du 17 janvier
2009, le journaliste invité (c'est curieux, ils ne répondent
presque jamais à nos invitations !) rapporte que la
FNACA reste fidèle au 19 mars qui marque le cessez-le-feu
en Algérie... etc.
Ne baissons pas les bras et usons
d'une argumentation que nul ne peut contester.
1°) Tout à fait légalement en
2003, un texte de loi a fixé au 5 décembre l'hommage
aux morts pour la France en AFN. Or en droit français seule
la loi peut défaire la loi. Point ! C'est curieux comme
en France, la représentation nationale est incontestable
quand cela arrange et remise en cause quand cela ne convient
pas à certains... Éternel débat entre la légalité et la légitimité.
En 1940 la désobéissance militaire pour illégale qu'elle fût
de la part d'un général à titre provisoire s'avéra en 1944
légitime. En 1961 la désobéissance militaire pour légitime
qu'elle fût de la part de nos généraux (non à titre provisoire
mais par leurs états de services) fut condamnée lourdement
comme illégale.
2°) Si le secrétariat aux Anciens
Combattants considère que le 19 mars marque la fin de
la guerre d'Algérie, pourquoi alors continue-t-il d'accorder
des cartes du combattant pour des périodes allant jusqu'au
4 juillet 1962 ?
3°) Plusieurs présidents de la
République se sont déclarés ouvertement opposés aux commémorations
à cette date. Ainsi :
- Valery Giscard d'Estaing le
19 mars 1980 : L'anniversaire des accords du 19 mars
1962, mettant fin à la guerre d'Algérie, n'a pas à faire l'objet
d'une célébration.
- François Mitterrand le 24 septembre
1981 : S'il s'agit de marquer le recueillement national
et d'honorer les victimes de la guerre d'Algérie, je dis que
cela ne peut pas être le 19 mars.
- Nicolas Sarkozy : Il n'est
pas question que le 19 mars soit une date officielle
de commémoration. Il est arrogant de condamner et de mépriser
la douleur qui fut la vôtre et celle de vos familles lorsque
vous fûtes chassés de vos terres, de vos maisons, et séparés
de vos amis. Je le répète, c'est par respect pour vous que
je n'accepterai pas que la date officielle de la commémoration
des morts de la guerre d'Algérie soit celle du cessez-le-feu,
qui de surcroît, n'a pas été respecté.
4°) Les victimes d'après le 19 mars
62 constituent l'argument majeur : civils européens et
musulmans, harkis et autres auxiliaires, et (la FNACA l'oublie)
les dizaines de militaires réguliers abattus ou enlevés. Inutile
d'énumérer, chacun de vous est au courant... Il est sans doute
unique dans l'Histoire de France qu'une communauté ait eu
plus de morts et de disparus après la fin proclamée d'un conflit
que pendant toute la durée dudit conflit. Un jour, Ben Bella
a écrit que dans une Algérie indépendante il ne pouvait se
permettre la présence de plus d'un million de chrétiens et
juifs. Il est maintenant devenu incontestable que des dizaines
de milliers de gens non favorables au FLN ont disparu et ont
été massacrés. La preuve la plus évidente de cette sorte de
reconnaissance, c'est que nos ennemis cherchent maintenant
des prétextes à ces massacres d'après mars 1962, par
exemple en accusant l'OAS ! Le journaliste attentif aux
propos de la FNACA de Biarritz, cité plus haut, ajoute :
en dépit de la controverse historique qui ne ramènera pas
les victimes des massacres perpétrés après cette date par
le FLN Il semble donc que même auprès de la FNACA on comprend
que le cessez-le-feu n'en fut pas vraiment un.
5°) Pour l'Algérie du FLN, le
19 mars marque la défaite de la France. Où a-t-on vu
(à part dans une nation à tendance masochiste ou collabo !)
un pays qui commémorerait ce que l'ennemi d'hier célèbre comme
une victoire ? Même l'Allemagne qui a pourtant renié
à juste titre le nazisme ne commémore pas sa défaite !
D'autre part, au moment où on prétend enseigner la citoyenneté
et le sens national à des jeunes issus de l'immigration
il est hautement improbable (quand on connaît le respect du
musulman pour l'autorité réelle et la force) que ceux-ci,
majoritairement d'origine algérienne, aient du respect pour
une France qui commémore sa défaite...
La FNACA campe sur une position
de principe dictée par les doctrinaires qui l'animent ou au
moins la noyautent. Ces positions de principe sont dictées
par une certaine tendance qui est derrière la FNACA, et qui
reçoit aujourd'hui le renfort idéologique d'autres mouvances
qui croient acheter la paix sociale par une capitulation rampante
et le rejet en bloc de la colonisation, rejet érigé en dogme
comme l'a dénoncé Évelyne Joyaux dans un éditorial du Cercle
Algérianiste. Cette tendance oublie pourtant que, lors des
émeutes de Sétif en 45, le délégué local du PC a eu les deux
bras tranchés à coups de hache par les émeutiers et que, dans
les jours suivants, parmi les milices d'Européens participant
à la répression se trouvaient nombre de communistes. Ces
mêmes communistes qui oublient que leur organe officiel d'expression
condamnait alors des troubles fomentés par l'Étranger sur
une terre française. Ce parti qui loue le déserteur Maillot !
Ce parti dont un membre écrivait à l'un des nôtres en 1997
qu'on devait aujourd'hui à De Gaulle la France algérienne !..
Hypocrites, et mal placés pour nous donner des leçons !
Il faut savoir que la FNACA a
été déclarée indésirable dans les casernes dans les années
quatre-vingt sous l'autorité du ministre socialiste Charles
Hernu. En effet, les délégués locaux de cette association
faisaient le forcing auprès des commandants de garnisons
et des Chefs de Corps pour impliquer les militaires dans leur
cérémonie et y obtenir la participation de troupes, tentant
ainsi de grignoter du terrain pour rendre le 19 mars
inévitable et finir par l'officialiser. Au-delà de ces positions
doctrinaires ou de principe, il y a aussi une réalité bien
peu glorieuse : le prétendu cessez-le-feu, c'était
avant tout pour certains, la quille et la fin du danger,
tout au moins pour ceux qui n'étaient pas planqués. C'était
la fin du risque pour eux ; pas pour les autres, ils
s'en moquaient ! Cela relevait tout simplement de l'égoïsme,
le même qui a caractérisé l'accueil de la métropole quelques
semaines plus tard...
Ne nous démobilisons pas, même
si le découragement nous saisit parfois. Nous avons la loi
pour nous. Ne nous lassons pas d'utiliser tous ces arguments
en écrivant aux élus, à la presse, sans nous retrancher derrière
nos responsables d'associations. Pour cela Internet offre
de nouvelles possibilités d'expression qu'il serait dommage
de négliger. Même si la date du 5 décembre n'a objectivement
pour nous pas de réelle signification, il faut y adhérer en
y participant plus nombreux encore, afin de marginaliser quantitativement
le 19 mars. Que ceux qui le peuvent se rendent à Valence
dans quelques semaines. Il en va de la lutte contre la commémoration
du 19 mars comme de celle pour notre mémoire en général :
nous le devons précisément à nos morts d'après le 19 mars
1962.
Dans un livre de photos du 3e
RPC paru en 1957, le Colonel Bigeard concluait par ces mots :
La piste est sans fin (...)
Nous continuons parce qu'il faut continuer. Ceux qui nous
ont quittés nous regardent et ils ne nous ont pas encore
dit de nous arrêter.
L'Echo de l'Oranie