N°303 - Mars-avril 2006

A Propos des Aspects Positifs de la Présence Française en Algérie...

Sans débat parlementaire, presque en catimini, le président de l'Assemblée nationale, porte parole d'une commission créée pour la circonstance, a proposé au Chef de l'Etat, la suppression, « sans tambour ni trompette », - et on veut nous faire croire qu'en français actuel, ça veut dire « sans reniement ni renoncement » - de la loi du 23 février 2005, « portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ».

Ce qui, dans cette loi, gêne le plus nos intellectuels bien pensants, c'est le fameux article 4 qui préconise que « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle Positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accorde à l'Histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ».

Notre intention n'est pas de polémiquer - ce qui serait stérile - pour savoir si, dans notre Constitution, l'exécutif doit supplanter le législatif et si le fait du prince peut, d'un trait de plume, effacer les travaux de l'Assemblée. Si les députés trouvent la chose à leur goût, tant mieux - ou tant pis - pour eux... De toute façon, si le document incriminé revenait au PalaisBourbon, les « godillots » qui ont voté le texte comme un seul homme voteraient, sans le moindre état d'âme - à l'exception de quelques trop rares courageux qui sont venus manifester le 3 février à Saint-Laurent du Var - la disparition d'un texte devenu maladroit pour les uns, infâme pour les autres, alors que tous l'avaient encensé quelques mois auparavant.

Ce que nous voulons seulement rappeler, -mais les dimensions d'un éditorial sont trop réduites pour les exprimer... et l'on peut se demander si les dimensions d'une encyclopédie seraient assez vastes pour les contenir - ce que nous voulons rappeler, disions nous, ce sont des vérités incontestables, admises et reconnues par n'importe quel citoyen de bonne volonté et de bon sens.

Par exemple, en Algérie:

- L'indéniable création d'un pays moderne avec des infrastructures que bien des territoires qui n'ont pas eu la chance de connaître « l'abominable » présence française, pourraient envier : des routes (un réseau de 56 000 kilomètres), des ouvrages d'art, des ponts, des tunnels, des voies ferrées, des gares, des aéroports et des ports. On oublie trop souvent que le magnifique port commercial d'Oran, avec sa jetée de 2823 mètres de long, le puissant port, militaire de Mers-el-Kébir, sont des créations uniquement françaises... Nos intelligents sophistes, loin de s'écraser en silence devant l'uvre colossale que la France et les Pieds Noirs ont accompli dans ce domaine, vous expliqueront, néanmoins, que tout ceci fut fait dans le seul but de transporter les productions d'un pays colonisé vers la métropole colonisatrice...

- L'incontestable transformation de steppes desséchées, ravagées par les sauterelles, ou au contraire, de zones marécageuses infestées par les moustiques porteurs de paludisme, en terres riches et fécondes, transformation qui avait fait du pays une puissance agricole... Les géopoliticiens, toujours en retard d'une information, vous répliqueront que ce fut au seul profit des colons... Vous croyez ?... Allez donc dire aujourd'hui aux nombreux propriétaires terriens indigènes, les « colons » arabes - on les oublie ceux-là - aux innombrables journaliers des douars, à tous ceux qui ont déserté une terre ingrate pour les bidonvilles urbains, que la source de revenus, importants ou modestes, que leur procurait cette agriculture, tarie de nos jours avec la disparition des merveilleux champs de primeurs, d'orangers et d'agrumes de Perrégaux et de Relizane, par exemple, n'était pas un fait positif de la présence française.

- L'indubitable installation et le bon fonctionnement d'un système d'irrigation, avec de nombreux barrages et d'innombrables canaux et canalisations, arrosant jusqu'aux coins les plus arides et les plus reculés du territoire algérien, alimentant en eau les bleds et les cités... Normal ! argumenteront les économistes chagrins, c'était pour irriguer les pieds d'une vigne dont les Algériens n'avaient que faire. Sans blague !... Demandez aux riverains du Sig - pour ne citer qu'eux, ici - si la présence française n'était pas positive, maintenant que leur barrage des Cheurfas est envasé et asséché, la compagnie des dragages n'étant plus là, pour assurer son entretien... Demandez encore aux Algériens oranais, des beaux quartiers et des faubourgs, si la présence française n'était pas positive, maintenant que l'eau potable n'est trop souvent distribuée à Oran, que quelques heures par jour et parfois seulement quelques jours par semaine, du fait que les conduites du barrage de Béni-Bahdel sont passablement obstruées et hors d'état de fonctionner normalement.

- L'irréfutable effort de la France sur le plan de l'enseignement avec la création et le développement des Facultés de Lettres, de Sciences, de Médecine et de Droit, à Alger ; le développement de l'enseignement secondaire avec de prestigieux lycées et collèges mis en place dans chaque ville, avec l'application des lois de Jules Ferry, valable sans discrimination pour la métropole comme pour les départements français d'Algérie, et pourvoyant les villages et les douars d'écoles publiques, avec l'implantation de lycées professionnels et de centres d'apprentissage... Halte-là ! crieront nos philosophes pisse-vinaigre, ce fut pour développer la culture de la puissance dominante ou pour former une main d'uvre au seul profit des Européens... Voyez-vous ça ! ... Faut-il relever l'injure qui est faite aux promotions d'enseignants métropolitains et pieds-noirs, spécialement formés à l'enseignement dans le bled, à l'Ecole Normale de la Bouzaréah notamment, professeurs et instituteurs qui se sont dévoués parfois jusqu'à la mort pour certains ? Faut-il se livrer au recensement de toutes les élites algériennes (médecins, ingénieurs, juristes, journalistes...) qui jouissent aujourd'hui de ce qu'a eu de positif l'enseignement et la formation que leur a offerts la nation française ?... Faut-il demander aux penseurs, aux poètes, aux romanciers, aux essayistes algériens d'aujourd'hui - ils sont nombreux et certains de grand talent - pourquoi ils continuent à s'exprimer sans scrupules -et c'est tout à leur honneur - dans un français irréprochable, dans une langue apprise au contact d'une présence française, positive, grande et généreuse, qui leur a ouvert toutes grandes les portes de la pensée moderne ?...

- L'admirable et incontestable fondation d'un réseau sanitaire avec l'implantation de 123 hôpitaux, de très nombreux laboratoires de recherche, d'innombrables dispensaires, d'antennes médicales itinérantes, avec des médecins - c'est vrai qu'à l'origine, on les appelait médecins de « colonisation » - se répandant dans les douars et les mechtas, et payant trop souvent de leur vie, le recul, voire l'éradication des épidémies, des maladies endémiques : paludisme, trachome, choléra, typhus... Que diront encore à cela, ceux qui clament la volonté de génocide de la France, à l'égard des populations du Maghreb, avec une mauvaise foi qui confond par tout ce qu'elle a de stupide et d'odieux ?...

Nous pourrions continuer longtemps cet inventaire de tout ce que la France a apporté de positif sur cette terre d'Algérie que nous avons tant aimée. Mais à quoi bon ? répéteront certains de nos compatriotes... Nous finirions par nous exaspérer à force de vouloir convertir ceux qui ne veulent pas voir et convaincre ceux qui ne veulent pas entendre, au sein d'une intelligentsia française embourbée dans son idéologie bien pensante, et dans les rangs des politiciens, esclaves du politiquement correct. Les uns et les autres ne voulant ouvrir leurs yeux qu'aux violences perpétrées lors des innombrables combats menés contre les tendres agneaux du F.L.N., et bouchant obstinément leurs oreilles aux diatribes injurieuses contre leur propre pays, que pousse Bouteflika, de l'autre côté de la Méditerranée.

Bouteflika ? ... Tiens ! quand on parle du loup...

Car, finalement, il nous faut lui rendre cette justice et reconnaître en toute objectivité que le moins borné - la langue française offre des mots plus précis, mais plus mal sonnants - de tous ces beaux esprits que sont nos intellos et nos hommes politiques, c'est bien sûr Maître Bouteflika.

A l'heure de vérité, au moment d'une opération vitale pour lui, alors que bon nombre d'Algériens le disaient déjà mort, il n'a pas choisi un praticien local, un chirurgien venu des facultés d'Kin-Tekbalet, de Zouch-el-Brehal ou de Ras-el-Kioun, mais il a opté fort sagement -ou fort lâchement - pour un des hauts-lieux de la médecine militaire française, le Val de Grâce, o les éminents spécialistes qui interviennent, sont pour la plupart des officiers de cette armée française qu'il a tant cherché à souiller.

Heureusement pour lui, à l'instar de milliers d'Algériens qui viennent régulièrement se faire hospitaliser en France et creuser encore davantage le trou de la sécurité sociale, il a su se souvenir à temps, de tout ce que la France pouvait représenter de grand, de généreux, de bon et de positif

L'Echo de l'Oranie