Éditorial
: Commencerait-on à nous rendre justice ?...
Depuis bientôt un demi-siècle,
un peuple tout entier, arraché à ses foyers, à ses racines,
à ses uvres, à sa terre natale, dans l'un des plus grands
exodes qu'ait connus l'Histoire moderne, clame son désir
de justice... Mais, pendant ce demi-siècle, ses clameurs
se sont perdues dans les sables d'un désert voulu par
des politiciens arrivistes et des intellectuels malveillants...
Et, là-dessus, le vent de l'Histoire, ou plutôt le vent
d'une politique associant le laxisme coupable à la lâcheté
défaitiste, dispersait dans les dunes de l'indifférence
le moindre cri de ces exilés. Les sables de la mauvaise
foi, en couches successives et solidifiées, semblaient
devoir recouvrir, inexorablement, les preuves irréfutables
de l'ignominieuse trahison qui avait frappé ces exilés,
Pieds-Noirs et Harkis. Et, sur ce morne paysage, l'opportunisme
des pseudo-historiens du moment avait dressé un monument
à la gloire de celui qui avait délibérément trompé et
trahi ceux qui Ð pauvres naïfs Ð l'avaient porté à la
tête d'un État en proie au désordre, au laisser-aller,
à la déliquescence...
Pourtant, des profondeurs
de son bannissement, ce peuple continuait à exprimer
son désespoir, malgré la lassitude de certains
qui ne voulaient plus se répéter devant
l'inanité de leurs actions et l'apathie des autres,
qui se résignaient déjà à
attendre que des archéologues de l'Histoire, déblayant
les strates accumulées, finissent par dégager
la vérité... Dans les siècles
à venir.
Or, voici que la vérité
sur cette trahison est tellement criante qu'elle n'a pas
attendu les travaux des temps futurs, réservés aux réhabilitations
et aux condamnations érudites que l'on destine à quelques
rares initiés, voici qu'elle se manifeste à la face de
tous, apparaissant dans la lumière d'une évidence irréfutable.
Voici, enfin, qu'un vent contraire vient balayer les strates
de la mauvaise foi et mettre à jour une justice qui n'a
plus les yeux bandés par la veulerie et le cynisme.
Et cette vérité
est si prégnante qu'un journaliste, dont la plume fait
autorité en France, Alain Duhamel, a éprouvé le besoin
de l'exprimer dans le numéro spécial thématique (n¡122
de novembre-décembre 2009) de la revue Historia consacré
aux Grands traîtres de l'Histoire.
L'Écho de l'Oranie vous livre
ici le dialogue relaté par Historia entre son journaliste
et Alain Duhamel :
- Historia : Quel
est selon vous l'acte de trahison le plus retentissant
de la Ve république ?
- (c'est l'Écho qui souligne) ;
- Alain Duhamel : Sans
hésitation, celui du Général de Gaulle, vis-à-vis des
Français d'Algérie - idem - Ses plus proches
collaborateurs témoignent qu'il avait l'intention
d'agir pour l'indépendance de l'Algérie, dès 1958,
mais il était trop intelligent pour dévoiler ses objectifs,
dès le départ. En fait, il s'est retrouvé dans l'obligation
de mettre sur pied un simulacre pédagogique. Cette
trahison a eu des conséquences certainement indispensables,
mais néanmoins inhumaines, tant pour le million
de Pieds-Noirs que pour beaucoup d'Algériens.
- Historia : Est-il
possible de distinguer plusieurs natures de trahison,
depuis le début de la Cinquième République ?...
- Alain Duhamel : De
Gaulle et l'Algérie, c'est vraiment une trahison de nature
politique. Si j'ose dire, c'est une trahison
d'État.
Que voilà un vent nouveau
pour l'Histoire, un vent rafraîchissant auquel nous n'étions
pas habitués, que nous n'espérions plus voir souffler,
mais aussi un vent qui décape, qui érode peu à peu ce
monument, cette statue du Commandeur que d'aucuns ont
édifiée à la gloire de l'homme aux deux étoiles, et qui
commence à se déliter sous la morsure de ce vent de vérité
dont nous saluons le passage. Est-ce à cause de cela que
certains se sont crûs obligés de tenir colloque pour redorer
un blason bien terni et bien mis à mal par ces évidences
qui surgissent maintenant et que nul ne peut nier ?
Éditorial : Commencerait-on
à nous rendre justice ?...
C'est ainsi qu'il a été organisé
deux journées sur le thème : Charles De Gaulle,
chrétien, homme d'État - L'influence de sa foi chrétienne
sur son action à la tête de l'État, clôturées par une
allocution du cardinal Vingt-trois.
Le choix d'un tel sujet, vraiment
trop « gros » - pour parler de
façon triviale ; puisqu'on ne peut parler
de cette récupération hagiographique avec
sérieux - a soulevé sur le forum internet
(http://www.france-catholique.fr/De-Gaulle-homme-d-Etat-chrétien.html)
un concert de remarques indignées et scandalisées,
et elles ne viennent pas toutes de Pieds-Noirs.
Celui-ci, historien, agrégé
de l'Université a écrit : Les proches des victimes
de la fusillade de la rue d'Isly, des 3 200 compatriotes
disparus en Algérie entre les accords d'Évian et l'indépendance,
des centaines de Pieds-Noirs enlevés et disparus à Oran,
des dizaines de milliers de Harkis livrés à la vindicte
du FLN, apprécieront à sa juste valeur la tenue d'un colloque
consacré à la soi-disant imprégnation chrétienne d'un
chef de l'État qui a utilisé le mensonge comme méthode
habituelle de gouvernement et qui a utilisé son droit
de grâce avec un sens éminent du pardon et de la charité
...
Celui-là, plus lapidaire écrit :
De Gaulle, homme d'État chrétien ? Où sont les témoignages
de charité ? Le cur aimant ? La pitié ?
On ne voit que rancune, sournoiserie, trahisons, orgueil,
dédain, morgue... Comme qualités chrétiennes, on fait mieux.
Il y a des pages et des pages
de ces déclarations, les unes plus indignées et plus virulentes
que les autres. L'espace réservé à cet éditorial ne permet
pas de les rapporter toutes.
L'Écho de l'Oranie, pour sa
part, a sélectionné une lettre de Madame Bernadette Ryter-Leonelli,
adressée à Monseigneur Vingt-Trois, que nous publions
ci-après, in extenso, avec l'aimable autorisation de celle
qui l'a rédigée. Cette missive est la synthèse pratiquement
exhaustive de tout ce que les internautes ont pu exprimer
sur la toile, et nous adressons à son auteur, nos remerciements
reconnaissants et nos chaleureuses félicitations pour
le courage qu'elle a manifesté. Que les autres nous pardonnent
de n'avoir pas eu la possibilité de les citer.
« Éminence,
La décision d'élever le général
de Gaulle au rang de grand Chrétien avec votre bénédiction
a plongé dans la consternation la plus totale tous ceux
qui furent marqués par la tragédie algérienne. J'en fais
partie.
Habitués à lutter contre la
désinformation depuis près d'un demi-siècle nous pouvons
constater une fois de plus, à l'instar du professeur Maurice
Allais, qu'une extraordinaire tentative de falsification
de l'Histoire s'est développée à propos de l'Algérie,
qui mérite d'être dénoncée.
C'est une constatation sans
cesse renouvelée que les clans qui l'emportent, réécrivent
l'Histoire à leur façon, qu'ils passent sous silence leurs
fautes voire leurs crimes.
Va-t-on également assister
à une réécriture de l'Évangile ?
En évoquant le parcours
politique du Général de Gaule nous sommes
loin du parcours de vie d'un chrétien qui a uvré
pour sa foi, la propagation et la défense de celle-ci !
La longue histoire de l'Église
nous apprend - hélas ! - que bon nombre de ses membres
s'en sont montrés gravement indignes, mais de nos jours
l'accès à la connaissance de tous les documents ne nous
permet plus de dire :
Mon Dieu pardonne-leur, ils
ne savent pas ce qu'ils font !
La France, hier fille aînée
de l'Église, n'a peut-être aujourd'hui que les saints
qu'elle mérite ! Les récentes révélations de Monsieur
Duhamel dans le journal Historia considérant le général
de Gaulle comme le plus grand traître du XXe siècle,
précisément en raison de sa politique algérienne, est
une étincelle de vérité qui, nous l'espérons, ouvrira
la voie à d'autres révélations occultées : 10 000
Pieds-Noirs, 700 soldats assassinés ou disparus.
C'est une lourde responsabilité
que prend l'Église en se faisant complice de ceux qui
veulent balayer d'un trait de mémoire : Les fruits
amers et sanglants d'une politique basée sur le mensonge,
le parjure et la haine.
De l'avis même de ses proches,
le général de Gaulle était vindicatif, rancunier, cynique,
xénophobe. Une opinion apparemment largement partagée.
Au lendemain de sa mort nous
pouvions lire :
Le général de Gaulle est
mort d'un arrêt cardiaque... Ainsi donc, il avait un cur !
Peu de mois après ses déclarations
fracassantes sur l'hécatombe que connaîtrait l'Algérie,
si : nous étions assez lâches ou assez stupides
pour l'abandonner ; ou encore de sa poignante affirmation
que : de Dunkerque à Tamanrasset, il n'y avait que
des Français à part entière,
il déclarait : Les verriez-vous
avec leurs djellabas dans les couloirs de Matignon ?..
Les Harkis ? Ce magma
dont il faut se débarrasser au plus vite...
Un magma de 150 000
personnes qu'il abandonna sans pitié aux nouveaux maîtres
de l'Algérie, barbares d'un autre âge : Les tortionnaires
du FLN. Dépecés vifs, suspendus à des crochets de boucherie,
égorgés, bouillis, enterrés vivants.
Parlant des pieds-noirs :
Qu'est-ce que ces Lopez, Hernandez ou autre Segura qui
se réclament Français ?.... Lorsque Monsieur Peyrefitte
évoqua le triste spectacle de ces Pieds-Noirs et Harkis
sur les quais des gares, engourdis et terrassés par la
souffrance, il rétorqua :
N'essayez pas de m'apitoyer...
Qu'ils souffrent, ils ne seront pas les premiers !
Du colonel Bastien-Thiry qu'il
refusa de gracier, il déclara : La France a besoin
de martyrs Ð je le lui offre, il le mérite !
Une exécution qui tétanisa
la France entière, toutes opinions confondues.
Le général de
Gaulle est en outre le grand responsable du massacre de
la rue d'Isly, le 26 mars 1962, et de l'horrible
carnage du 5 juillet à Oran, surnommé
l'Oradour-sur-Glane algérien.
Sanguis martyrum, semen christianorum,
avait écrit un prêtre au lendemain de la messe de Requiem
célébrée le 26 mars 1963, poursuivant : Ces
victimes assassinées sont des martyrs de la foi à la Patrie
et à l'Église. Cette flaque de sang pur, où le pouvoir
a glissé et perdu l'équilibre, a lavé les Français de
leur léthargie criminelle ! Une léthargie coupable
et durable qui tente de s'insinuer au sein même de l'Église
en voulant jeter dans les charniers de l'Histoire ceux
qui furent crucifiés sur une croix de Lorraine.
Je dois à Votre Éminence
l'assurance du respect dû à sa charge, mais
ne peux dissimuler mon profond désarroi .»
Nous conclurons cet éditorial
en revenant sur ce vent de l'Histoire dont on nous a tant
bassinés pour justifier la fatalité, voire la légitimité,
de tous nos malheurs. Pour une fois qu'il s'est mis à
souffler en notre faveur, appuyons sur la chanterelle
et, puisque nous sommes en période de vux, souhaitons
qu'il nous apporte en même temps que la certitude qu'il
est en train de s'attaquer à la pyramide élevée à l'imposture,
la consolation de savoir qu'enfin, une saison nouvelle
est en train de fleurir.
Les uns et les autres, nous
avons inlassablement semé. Nos efforts n'auront pas été
inutiles. Nous passerons, car c'est le lot de toute destinée
humaine. Mais dans les sillons tracés, nos semailles ne
passeront pas. Fasse le vent nouveau germer encore et
encore pour nos petits-enfants et ceux qui viendront après,
les épis de la vérité. Ce sera le souhait de l'Écho de
l'Oranie pour la nouvelle année. Ainsi soit-il, aurait
dit Monseigneur Vingt-trois.