N°301 - Novembre-décembre 2005

USQUE TANDEM BOUTEFLIKA...

« Jusques à quand Bouteflika abuseras-tu de notre patience ! »... Si le sujet n'était pas si grave, on serait tenté de parodier la fameuse invective du grand Ciceron à l'encontre du triste sire qu'était Catilina : « Usque tandem Catilina... ».
Oui ! Jusques à quand Bouteflika continuera-t-il ses rodomontades ? Et surtout, jusqu'où le laissera-t-on aller ?
Au mois de mai, c'est à Sétif, qu'il s'emporte contre ce qu'il appelle « le colonialisme français ». Que lui reproche-t-il ? De s'être rendu coupable d'un crime contre l'humanité, d'un crime comparable au génocide nazi de la « Shoah ».
Au mois d'août, à Tlemcen, il persiste et signe, et cette fois, dans un propos incendiaire à l'égard de notre pays, il a l'outrecuidance d'affirmer que les Français « n'ont pas d'autre alternative que de reconnaître qu'ils ont torturé, tué, exterminé les populations algériennes de 1830 à 1962 ».
Nos gouvernants ont-ils relevé les injures faites à la France ?... Ont-ils seulement protesté lorsque Bouteflika, invité à l'Assemblée Nationale, a bafoué les règles les plus élémentaires de la courtoisie, en traitant des citoyens français, les harkis, nos frères de luttes et de souffrances, de « collaborateurs ». Nos élus ont-ils seulement protesté ? Ont-ils fait autre chose que de baisser la tête et d'applaudir la péroraison d'un acte d'accusation qui leur était servi à domicile ?...
Un seul député, Monsieur Luca, des Alpes-Maritimes, a réagi, exigeant des excuses pour ce manquement aux règles de l'hospitalité accordée. Honneur à lui pour son courage solitaire.
Et les autres ?
N'aurait-il pas fallu rappeler à Monsieur Bouteflika le sens exact du mot génocide, qui est la destruction méthodique d'un groupe ethnique, comme le firent les nazis qui voulaient l'extermination du peuple juif, ou les Turcs massacrant les Arméniens, ce que la France n'a jamais permis sur la terre algérienne.
Certes, Monsieur Bouteflika s'inscrit dans le mouvement de pensée d'une intelligentzia islamique radicale qui, se sentant frustrée de ne pas avoir de génocide comparable à celui des Juifs ou des Arméniens, à exhiber aux yeux du monde bien-pensant, remonte maintenant aux croisades, ou à défaut, au « colonialisme français »...
N'aurait-il pas fallu rappeler à Monsieur Bouteflika, les milliards engloutis par la France dans les immenses travaux d'assainissement entrepris et menés à bien dans les zones insalubres de l'Algérie ? Lui rappeler les hôpitaux, les infirmeries, les dispensaires, les centres de secours, les consultations itinérantes, disséminés jusque dans les coins les plus reculés du pays ?
Abd-el-Kader, lui-même, au plus fort de sa lutte contre les Français, remerciait les religieuses Trinitaires pour les soins qu'elles apportaient aux femmes arabes... Mais l'Emir, lui, était grand...
Faudrait-il lui rappeler les efforts de nos enseignants qui acceptaient des postes isolés dans les bleds et les djebels, et qui, dépassant leur mission de pédagogues, se répandaient dans les douars pour soigner le trachome endémique et la gale, sans parler de la lutte contre les poux ? Combien d'entre eux ont trouvé la mort des mains du F.L.N. pour services rendus ?
L'Echo de l'Oranie publiera bientôt la liste nominative des 68 instituteurs assassinés.
N'aurait-il pas fallu lui rappeler le dévouement de nos médecins de colonisation, préservant les populations rurales avec désintéressement, soignant maladies et infirmités, faisant reculer typhus paludisme et choléra, et payant parfois de leur vie - les exemples sont nombreux - leur générosité à l'égard de fellahs misérables.
Mais pourquoi faire l'honneur de rappeler quoi que ce soit à qui ne veut pas savoir ?

Adressons-nous plutôt aux princes qui nous gouvernent, à ceux qui s'avancent dans la voie annoncée et politiquement correcte d'un futur traité « d'amitié », plus soucieux d'éviter des vagues que de parler net et de fâcher. Rappelons-leur seulement qu'une politique qui accepte, sans les relever, de telles offenses, de telles insultes, ne peut acquérir aucun prestige ; qu'il n'y a aucune grandeur à abdiquer devant la bassesse.

L'Echo de l'Oranie