Crédit de la page: Article de Harkis.info

De faux Harkis contre les Harkis

Après l'article sur les faux moudjahidins, au tour des faux Harkis par Abdelkader Hamiche

  Le débat sur la loi du 23 février 2005, ou plutôt la polémique artificielle née de son article 4, a un gros avantage secondaire : celui d'obliger les différents protagonistes à se découvrir. Ainsi, sans doute pour répondre à mon appel au soutien des élus qui ont porté, défendu et voté la loi, l'association « Harkis et Droits de l'Homme » de Madame Fatima Besnaci-Lancou a lancé un appel pour l'abrogation des articles 4 et 13 de la loi du 23 février 2005.

  Pour mémoire, que disent ces articles ?

  Le premier, qui a été largement commenté dans toutes la presse abrogationniste, et explicité ici-même, demande aux programmes scolaires de reconnaître « en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer ». Le second, dont on n'avait pas parlé jusqu'à présent, autorise à « demander le bénéfice d'une indemnisation forfaitaire les personnes de nationalité française (...) ayant fait l'objet, en relation directe avec les événements d'Algérie pendant la période du 31 octobre 1954 au 3 juillet 1962, de condamnations ou de sanctions amnistiées, de mesures administratives d'expulsion, d'internement ou d'assignation à résidence (...) » En clair, cette disposition vise les anciens membres de l'OAS condamnés puis amnistiés qui n'ont pas pu bénéficier des dispositions de l'article 1 de la loi du 3 décembre 1982 parce qu'ils n'étaient pas fonctionnaires, militaires ou magistrats.

  La loi du votée par les Socialistes le 3 décembre 1982 est à l'origine d'une injustice inexplicable que personne en vingt-quatre ans n'avait osé corriger, alors même que cette loi avait bénéficié d'un toilettage en 1987 : elle rétablissait les anciens putschistes ou sanctionnés comme tels qui étaient fonctionnaires, militaires ou magistrats dans leurs droits au regard de la retraite avec effet rétroactif mais elle ne disait rien pour les autres. C'est cette injustice que l'article 13 tente de réparer en instituant une possibilité d'indemnisation forfaitaire pour les intéressés, selon une procédure parfaitement encadrée par un décret en Conseil d'Etat des plus précis. Concrêtement, sont visées les personnes dont la retraite de base est moindre du fait de l'abandon d'une activité professionnelle consécutive à une sanction pour faits en relation avec les événements d'Algérie (en clair, ceux qu'on appelle les « activistes »). Elles pourront, si elles parviennent à prouver 44 ans plus tard leur manque à gagner et sous réserve d'un avis favorable d'une commission ad hoc, prétendre à une « indemnité forfaitaire égale, pour chaque trimestre d'inactivité, à 70% du quart du montant annuel du minimum vieillesse » sachant, comme le précise le décret du Conseil d'Etat réduite pro rata temporis ».

  Qui cet « avantage » peut-il concerner ? Au-delà des personnes condamnées à des peines d'emprisonnement ferme ou assignés à résidence, pas grand monde, assurément. On imagine mal en effet des activistes libres de leurs mouvements rester les bras croisés sans rien faire à une période (les années soixante) où il y avait du travail à revendre, si on ose dire. Restent les condamnés ayant purgé une peine de prison ferme ou d'assignement à résidence. L'indemnisation forfaitaire à laquelle ils ont droit s'élèverait à 2275 € Ępour chaque trimestre d'emprisonnement ou d'inactivité forcée, sachant qu'aucun n'a « fait » plus de quelques mois. Aux Français de juger.

  Mais, de toute évidence, c'est là le cadet des soucis de nos pétitionnaires. Il leur suffit de comprendre « OAS » pour dire « non ». Cette énième pétition de droits-de-l'hommistes sélectifs n'a évidemment rien à voir avec la justice et beaucoup avec la haine. Une haine qu'on entrevoit également dans certaines chapelles de l'autre camp, où on se fait peur en faisant mine de croire que cet article 13 profitera à d'anciens FLN (?).

  Venant de Madame Besnaci-Lancou et de sa filiale de la Ligue des Droits de l'Homme, on n'est pas étonné. Et, d'une certaine façon, on peut même lui tirer son chapeau pour cette persévérance dans l'erreur. Elle, au moins, avance à découvert. Son combat résolument porté sur la défense des bourreaux de son père, elle le mène au vu et au su de tous. Elle fait partie, et elle l'assume, de ces enfants de Harkis de gauche auxquels on a inoculé le virus du victimisme, leur permettant ainsi de résoudre leur propre conflit intérieur en donnant l'absolution à leur père d'avoir, à leurs yeux, commis le péché de fidélité à la France. Ce sont ni plus ni moins que des racistes, ces enfants de Harkis qui ne comprennent pas que leurs parents « arabes » musulmans aient fait un choix contraire à d'autres « arabes » musulmans prétendus plus nombreux (l'Histoire a déjà fait litière de cette fable). Car c'est du racisme que de suivre, rétrospectivement, en l'occurrence, la thèse selon laquelle les Harkis ont fauté en ne respectant pas l'adage selon lequel « qui se ressemble s'assemble ».

  Parmi eux, il y a les faibles, malades et manipulés, comme Madame Besnaci-Lancou, qui, encore une fois, dit ce qu'elle pense et avance à découvert. Ce qui ne l'excuse en rien. Mais il en est qui, depuis quarante ans pour certains, mènent sournoisement le même combat que nos ennemis. Gaullistes ou Socialistes, voire, pour certains, Gauchistes, la plupart élus, ils occupent le devant de la scène, investissant les organismes-clés de gestion de la question harkie comme le Fonds d'Action Sociale, dirigeant des associations « nationales » sans adhérents mais grassement financées et parrainées par les politiques qui leur ouvrent les portes des commissions et autres groupes de travail, créant des structures comme UNIR où enfants d'immigrés et de Harkis sont mélangés, freinant des quatre fers les initiatives capables de sortir définitivement les Harkis de leur position de sous-citoyens assistés, comme, en 1999, une certaine procédure judiciaire auprès de la Cour européene des droits de l'homme. Ils entretiennent des relations cordiales avec l'Algérie (où on les voit dans les cortèges officiels des ministres ou du Président en visite) avec laquelle certains font du commerce, et où les mêmes ont tenté une carrière politique, dans le giron du FFS, notamment, à l'occasion de la tentative d'ouverture en 1991-92, en un temps où les Harkis de Narbonne étaient bastonnés et gazés par de gardes mobiles déchaînés.... Ils sont tous médaillés de l'Ordre National du Mérite. Et vrai, ils ont bien mérité de ceux qui avaient intérêt à ce que la parole des Harkis fût étouffée !

  Ceux-là sont impardonnables et doivent être d'autant plus combattus que ce sont le plus souvent des enfants de Harkis (ou plus encore de notables « français musulmans » n'ayant jamais combattu) qui ont eu la chance de faire des études, d'obtenir des positions enviables et qui sont capables d'écrire des livres. Il faut d'autant plus les combattre que ce sont des lettrés qui auraient pu se mettre au service de leur communauté pour la tirer vers le haut et l'amarrer définitivement au quai France au lieu de contribuer à les ballotter d'une rive à l'autre par l'écho qu'ils donnent au chant des sirènes algériennes, et par le rejet des Pieds-Noirs qu'ils entretiennent dans l'esprit de nos jeunes. Il faut les combattre durement car, soutenus qu'ils sont par le ban et l'arrière-ban du lobby algérien qui leur ouvrent l'accès aux médias (cf Dalilah Kherchouche qu'on a entendue partout à la télévision dire fièrement que son père était aussi un agent du FLN), ils font bien du mal aux Harkis qu'ils divisent et qu'ils rendent suspects de double jeu : Algériens de cœur et Français par intérêt comme beaucoup d'immigrés.

  Sur cette liste -qui ne manquera pas de s'enrichir d'autres noms- il en est trois qui, par leur engagement politique à gauche et par leurs pratiques anciennes et actuelles, trompent délibérément les Harkis et qui doivent être démasqués. M. Ali Aissaoui préside UNIR, une association créée sous l'égide des clubs 89 de Jacques Toubon, richement dotée financièrement et qui travaille en étroite concertation avec l'Elysée pour mobiliser indifféremment enfants de Harkis et d'immigrés sous la dénomination improbable de « Français musulmans ». Plusieurs signataires de cette pétition en font partie, dont M. Amar Assas, élu socialiste et protégé de M. Jean-Louis Bianco, Président du Conseil Général des Hautes-Alpes et qu'on a connu en son temps peu scrupuleux quant à l'usage qu'il faisait des fonds destinés aux Rapatriés. M. Smaïl Boufhal est un vieux de la vieille. Elu socialiste de Grand-Couronne et fidèle de Laurent Fabius, il a toujours entretenu d'excellentes relations avec l'Algérie où il peut aller et venir à sa guise, contrairement à beaucoup de vrais Harkis.

  Les intentions de tout ce beau monde sont évidentes : servir leurs maîtres politiques et le lobby pour lequel ils travaillent, qui grignotent petit à petit la loi du 23 février 2005. C'était l'article 4 ; voici maintenant l'article 13 tandis que Gilles Manceron parle de l'article 3 et alors qu'il est question dans la presse d'abrogation de l'ensemble de la loi.

  Il arrivera un moment où, s'ils ne sont pas vigilants, les Harkis perdront tout.

  A. Hamiche -

  Beziers pour Harkis.info

Mis en page le 11/01/2006 par RP