Harkis et Justice

Le Président de la République algérienne, M. Bouteflika, lors de sa visite en France, en juin 2000, a traité les Harkis de Collabos. Le Président de la République française, M. Chirac, a décidé peu après, en janvier 2001, que la journée du 25 septembre serait une journée nationale d'hommage aux Harkis.

Aussitôt, M. Marcel Peju, ancien assistant de J.P. Sartre considéré comme un supporteur des porteurs de valise, a cru utile d'écrire (Jeune Afrique - L'Intelligent, février 2001) que cette décision était un hommage aux collabos, faisant explicitement référence aux propos de M. Bouteflika. Les associations et amis des Harkis onr demandé que quelqu'un les défende ; les associations proches de l'ASAF, dont notamment l'U.N.C., amie, alliée et partenaire de l'ASAF, ont chargé celle-ci de porter l'affaire devant la justice.

1ère bonne surprise :

A l'automne 2001, jugeant en 1ère instance, la 17ème Chambre correctionnelle du Tribunal de Paris, se prononçait sans ambiguïté, traitant l'article de M. Peju de caricature outrageante. La revue Jeune Afrique - L'intelligent (?!) et M. Marcel Peju étaient condamnés chacun à 15 000F d'amende et à publier la condamnation dans leur journal et dans deux autres journaux, au choix de l'ASAF.

2e bonne surprise :

Les condamnés ont fait appel tablant sur la loi d'amnistie à venir en juillet 2002, après l'élection présidentielle et amnistiant, par tradition, les délits de diffamation par voie de presse. Sauf en 2002 puisque les délits de diffamation envers les agents de l'autorité publique n'ont pas été amnistiés.

3e bonne surprise :

La cour d'appel (11e Chambre) du Tribunal de Paris confirmait (5 mars 2003), le jugement et aggravait les dépens en dépit de deux témoignages :

- l'un écrit par J.M. de la Gorce se disant gaulliste (de gauche) et affirmant que les Harkis n'étaient pas militaires.

- l'autre, à l'audience, par M. Oussedik, spécialiste de ce type de procès, affirmant (sous la fois du serment...) que les Harkis ne pouvaient pas être militaires puisqu'ils avaient été abandonnés.

Pas de chance pour les comparses de M. Peju, le général Maurice Faivre, bien connu -et adhérent- de l'U.N.C., historien reconnu, avait eu l'idée et l'intelligence de fournir au général Gillis, le décret d'octobre 1961, signé De Gaulle, attestant que les services rendus par les Harkis étaient de nature militaire. Copie du décret fournie à la Cour en pleine audience.

Au total on peut estimer :

- que la justice française a démenti -indirectement, peut-être- M. Bouteflika. ;

- qu'il a enfin été démontré, devant la justice française, que l'assimilation de la rébellion algérienne à la résistance en France de 1940 à 1944 est une mystification, destinée à transmuter en héros les traîtres et demi-traîtres (objecteurs de conscience, déserteurs et saboteurs, porteurs de valise...

- qu'on ne peut plus impunément ajouter l'insulte à l'abandon quand on parle des Harkis

Bernard Gillis

Président de l'ASAF

La Voix du Combattant, n° 1685, mai 2003

crée le 5/5/2003 par RP