La gestion "coloniale"
des Harkis par la presse.
Sur la loi du 23 Février
2005, tout le monde s'est exprimé et surtout ses adversaires.
Ils ont à peu près dit tout et n'importe
quoi sur le sujet.
Mais que dire des Harkis ?
Il faut croire qu'ils n'ont pas abandonné
le cliché du Harki des douars parlant mal le Français.
Des élites de la communauté
Harkie Mohand Hamoumou sur notre site se sont exprimés
sur cette loi, mais sans qu'ils ne trouvent aucun écho
dans la presse traditionnelle.
Aussi, toujours dans le souci d'enrichir
le débat, nous publions cet appel de Abdelkader Hamiche
au propos très pertinent :
"Les Harkis se sont
battus pendant quarante-trois ans pour qu'enfin la France reconnaisse
les sacrifices qu'ils ont consentis pour elle et pour qu'elle
esquisse une digne réparation des préjudices qu'ils en ont subis
en retour. Ils ont obtenu satisfaction avec le vote de la loi
du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution
nationale en faveur des Français rapatriés.
Pour imparfaite qu'elle soit, cette loi est dorénavant
notre patrimoine et celui de tous les Rapatriés.
A ceux qui voudraient nous en dépouiller sous des
prétextes spécieux, nous disons que nous ne nous laisserons pas
faire.
Aux élus de tous bords qui ont porté, défendu, voté
et préservé cette loi, nous marquons notre reconnaissance et leur
disons que nous serons toujours derrière eux."
Texte adressé aux rédactions de Libération, Le Monde,
Marianne, l'Evénement, l'Express, le Nouvel Observateur et autres
publications...
Prenant prétexte de l'article 3 de la
loi du 23 février 2005, les Socialistes, à la suite de Bernard
Derosier, député du Nord et président de l'Amicale France-Algérie
(qui faisait lui-même écho à des récriminations du FLN contre
la loi), font au Gouvernement un procès d'intention : celui de
vouloir réhabiliter la colonisation, voire, c'est sous-entendu,
le colonialisme.
Or, dans la loi elle-même ou dans les
discours des élus de Droite et de Gauche qui l'ont portée et votée,
puis, pour certains, reniée, il n'est nullement fait mention de
"colonisation". Il y est question du "rôle positif
de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord".
Ce faisant, il est question de deux choses :
1°/ rétablir un semblant d'équilibre dans
le traitement de la Guerre d'Algérie à l'école, ce que les Pieds-Noirs
et Harkis réclament depuis des décennies ;
2°/ rendre hommage ou tout simplement
de ne pas oublier les centaines de milliers d'hommes et de femmes
de toutes origines qui ont participé à cette oeuvre qu'on voudrait
voir reconnue comme partiellement positive.
Comme on le voit, il n'est pas question
dans cette loi de demander aux manuels scolaires de faire un "bilan"
positif de la présence française outre-mer. Si cela avait été
le cas, alors un procès en réécriture de l'Histoire eût pu, en
effet, être intenté au Gouvernement. Les promoteurs de cette loi
et ceux, de droite et de Gauche, encore une fois, qui l'ont votée,
l'ont fait avec précaution et ont pesé tous les mots.
Cela n'a pas empêché les Socialistes et
leurs affidés de se jeter à corps perdu dans une querelle absurde.
Sûrs de leur mauvaise foi, ils ont utilisé
à mauvais escient des mots qui n'étaient ni dans le texte de la
loi ni dans l'esprit des législateurs.
Cette campagne n'aurait eu aucun écho
si une certaine presse, n'avait pris le relais des pétitionnaires.
Or, ce qu'on peut, la limite, admettre
d'opposants politiques, mêmes tardifs en l'occurrence, est intolérable
de la part d'une institution qui a l'honneur d'exercer la mission
d'éclairer le peuple. Le mot de "colonisation", répété
à longueur de colonnes dans Libération, le Monde ou d'autres organes
de presse ne passe pas. C'est pourtant précisément ce qu'on lit
depuis bientôt un mois. En effet, à aucun moment cette presse
ne dit précisément ce qu'il y a dans cette loi en utilisant les
mots justes, ceux qui figurent dans l'article 4 de la loi du 23
février 2005 dont l'intitulé exact est " portant reconnaissance
de la Nation et contribution nationale en faveur des Français
rapatriés ".
En revanche, nombre de commentaires sur
la loi elle-même et sur les débats qu'elle entraîne sont libellés
avec des mots importés dont le mot " colonisation ".
Dans le genre, le pompon revient à Libération.
Parmi les 31 invocations de la loi du
23 février 2005 recensées dans Libé depuis entre le 7 et le 26
décembre dans 32 articles consacrés à divers objets, on trouve
4 fois seulement mention du "rôle positif de la présence
française outre-mer", formule qui correspond au contenu de
l'article et qui a été reprise par les élus socialistes pour la
combattre. A propos du Collectif (antillais) du même nom, Libé
parle 3 fois de " loi de la honte " et 1 fois, citant
Ségolène Royal, qui s'est crue obligée d'en rajouter, de "
loi révisionniste sur la colonisation ".
Les 23 autres évocations de la loi utilisent
une formule post-fabriquée [" rôle positif " de la colonisation].
La manipulation, grossière, consiste à placer des guillemets avant
et après " rôle positif " et de remplacer " présence
française outremer ", qui figure dans le texte de la loi,
par " colonisation " qui n'y figure pas. Cette formule
est systématiquement employée par
Libération dans les titres et sous-titres
d'articles et éditos signés par d'éminentes personnalités du journal
(Pierre Marcelle, Antoine de Baecque, Didier Hassoux, Jacques
Amalric, Renaud Dely, Antoine Guiraz, Jean-Pierre Thibaudat, Vanessa
Schneider, Jean-Michel Thénard) mais aussi, ce qui est très grave,
d'interviews et de papiers de personnalités extérieures invitées
qui n'en font pas mention dans leurs interventions. Curiosité
: ni Libération, mais aussi ni le Monde, ni le Nouvel Observateur,
ni Marianne, ni l'Express, ni l'Evénement, n'a trouvé de signature
en faveur de cette loi. Ainsi, il s'est trouvé une majorité de
Députés et de Sénateurs pour la voter mais personne hormis son
auteur, qu'on tâche de salir par ailleurs, pour la défendre ?
Ce faisant, à la suite des contempteurs
de la loi, vous trompez volontairement vos lecteurs. Or, ce qui
se comprendrait à peu près de la part de politiciens (qui s'en
sont bien gardés, en tout cas dans leurs écrits) ou de polémistes,
n'est pas digne de ceux qui sont supposés éclairer le public.
Alors, combattez cette loi si vous ne l'approuvez pas mais, de
grâce, pour de bonnes raisons, et non sur la base d'un procès
d'intention.
Devant tant de mauvaise foi, on est obligé
de se poser la question de la vraie raison qui pousse ses opposants
et leurs relais médiatiques à combattre la loi du 23 février avec
autant d'acharnement.
Petit rappel pour ceux qui l'on oublié
: cette campagne a été lancée en France par Bernard Derosier,
député du Nord et Président de l'Amicale France-Algérie, après
les déclarations incendiaires de Bouteflika, elles-mêmes suivie
d'une violente campagne de presse en Algérie. Or, cette loi n'a
qu'un objet, tout entier contenu dans son intitulé : porter "
reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur
des Français rapatriés ", autrement dit, Pieds Noirs et Harkis.
On sait que le pouvoir algérien entretient depuis quelques décennies
d'excellentes relations avec les organisations de Pieds-Noirs
qui ont pignon sur rue et qu'il n'a rien contre une reconnaissance
par la France de ses torts envers eux ; on sait aussi qu'il ne
veut faire aucune concession quant à la question harkie, laquelle
est brandie à chaque tournant de l'Histoire mouvementée de la
politique intérieure algérienne.
Dans l'esprit de leurs ennemis, la loi
du 23 février 2005 " réhabilite " les
Harkis ou plutôt elle leur rend justice officiellement et
définitivement. Du coup, elle dérange le lobby algérien
pris dans toute son acception (pouvoir et presse algériens,
partis de gauche " anti-colonialistes " rétrospectifs,
hagiographes des porteurs de valises, droits-de l'hommistes à
géométrivariable, anti-génocidaires sélectifs
et leurs porte-voix que sont l'Humanité, Libération,
le Monde, le Nouvel-Obs, Marianne, l'Evénement et l'Express).
La preuve de leurs mauvaises intentions est que pas même
un membre de notre communauté, même parmi les plus
proches de cette mouvance, n'a été cité à
témoigner. Aucune personnalité pied-noir ou harkie
il en existe pourtant beaucoup point trop fougueuses ou
regardantes n'a été invitée à
donner son point de vue.
Et pour cause ! La plus conciliante, la
plus complaisante d'entre elles, aurait refusé d'aller dans ce
sens. Or, il s'agissait, en l'espèce et à l'évidence, d'un combat
camp contre camp.
La loi du 23 février 2005 dérange par
son contenu d'ensemble, dont les implications n'ont été perçues
qu'après coup, d'où le retard à l'allumage des Socialistes. Il
faut bien peser l'enjeu pour les Algériens : si la France reconnaît
le combat historique des Harkis à ses côtés comme légitime ; si
elle leur reconnaît le statut de victimes d'un génocide (elle
ne va pas jusque là, et, d'ailleurs, nous n'en demandons pas tant)
ou, tout du moins, d'un massacre organisé et concerté ; si, de
surcroît, elle admet un droit des Harkis à obtenir réparation,
alors le mythe de l'unanimité du peuple algérien derrière le FLN
s'écroule et emporte avec lui tout l'édifice idéologique sur lequel
Bouteflika et sa bande, leurs amis, leurs complices, leurs clients
et leurs porte-voix ont fondé a posteriori la légitimité d'un
état indépendant et dictatorial. Or, toute la Gauche française
s'est construite autour de l'engagement des forces auto-proclamées
progressistes aux côtés du FLN et de l'Etat algérien.
Saisie sous cet angle, la loi du 23 février
2005 prend tout son sens et la polémique avec elle. Alors, tout
s'explique. Et, certes, la première partie de l'article 4 de la
loi est important sur le plan des principes. Il est juste en effet
que les " programmes scolaires reconnaissent en particulier
le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment
en Afrique du Nord " parce qu'il s'agit là d'une réalité
indéniable. Tout aussi important et d'une portée politique cette
fois, la suite de l'article " [les programmes scolaires]
accordent aux sacrifices des combattants de l'armée française
issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont
droit ". Il s'agit là d'une reconnaissance sans réticence
de l'engagement des Harkis aux côtés de la France. Et une reconnaissance
d'autant moins symbolique qu'elle est confirmée et confortée par
l'article 5 qui stipule " Sont interdites : - toute injure
ou diffamation commise envers une personne ou un groupe de personnes
en raison de leur qualité vraie ou supposée de harki, d'ancien
membre des formations supplétives ou assimilés ; - toute apologie
des crimes commis contre les harkis et les membres des formations
supplétives après les accords d'Evian. L'Etat assure le respect
de ce principe dans le cadre des lois en vigueur ".
Le lobby pro-algérien a déclenché son
offensive anti-loi du 23 février en se servant de la première
partie de son article 4 comme d'un prétexte. En vérité, c'est
la deuxième partie de l'article qui est dangereuse politiquement
pour l'Algérie, ses amis, ses complices, ses clients, ses porte-voix
et ses thuriféraires puisqu'elle met fin à la pensée unique relativement
à la Guerre d'Algérie en disant clairement : " Oui ! il était
possible d'avoir une appréciation positive de la présence française
en Algérie et oui ! il était possible pour un musulman d'Algérie
d'aimer assez la France pour prendre les armes afin qu'elle s'y
maintienne ! " Mieux, et sans doute les Algériens, leurs
amis, leurs complices, leurs clients, leurs porte-voix et leurs
thuriféraires l'ont-ils parfaitement compris, c'est l'article
5 de la loi du 23 février 2005 qui donne au précédent toute sa
portée et en fait bien autre chose qu'une nième motion de principe
sans portée : une profession de foi sincère et un engagement vrai.
C'est cela que nous, Harkis et enfants
de Harkis, savions, clamions et revendiquions depuis quarante-trois
ans. Et voici que ce droit que l'on nous contestait d'avoir une
autre vision de ce qui s'est passé là-bas, et voici que ce droit
que l'on nous contestait de prendre une autre option que celle
d'autres Musulmans d'Algérie, voici que ces droits ne nous sont
plus contestables parce que, pour la première fois, ils sont gravés
dans le marbre de la loi et que celle-ci met fin dorénavant à
l'absolue impunité des fauteurs de haine que sont les Algériens
et leurs affidés quand ils insultent les Harkis. Nous vivions
jusqu'à présent sous le règne d'une vérité unique, celle que les
Algériens avaient imposée a posteriori grâce à leurs amis, leurs
complices, leurs clients, leurs porte-voix et leurs thuriféraires.
Une vérité unique assise sur la certitude
d'une impunité totale qui permettait à une brochette de pseudo-intellectuels
de pérorer sur France-Culture à la suite de Françoise Gaspard
(en 1989) sur le thème " Harkis = traîtres ou victimes ".
Une vérité unique qui faisait écrire à
un Jean Daniel délirant, dans une lettre qu'il m'adressa en 2000
: " Je souhaite que le gouvernement algérien pardonne aux
Harkis " ( !) Une vérité unique qui autorise Benjamin Stora,
auto-proclamé (et proclamé par ses amis) historien de la Guerre
d'Algérie, à dire qu' " il serait temps que l'on se pose
la question sur ce qu'on fait les Harkis, les Harkis ont choisi
la France et ils ont perdu ", sous-entendu qu'ils ont mérité
ce qui leur est arrivé.
Une impunité qui autorisa le dessinateur
Siné à écrire à propos des enfants
de Harkis solidaires du choix historique de leurs pères
" Qu'ils crèvent ! " et qui permet
aujourd'hui à des auteurs algériens de venir en
France mettre en scène et jouer des pièces de théatre
subventionnées par le contribuable français sur
le thème " Harkis = traîtres ".
Tout cela est fini et c'est une grande
nouvelle !
Abdelkader Hamiche
Béziers pour Harkis.info